Exaptator a écrit : 17 août 2018, 22:18
Akine a écrit : 17 août 2018, 20:56
Par contre j'aimerais qu'Exaptor détaille la manière dont il s'y prend pour opérer la scission entre la "perception" et les "concepts/théories", autrement dit ce qui caractérise et distingue pour lui l'abstraction de l'intuition (espace et temps par exemple).
Bonne question. En fait, je distingue ce qui est de l'ordre du subjectif qui est toujours particulier, voire singulier : autrement dit : ce qui appartient aux perceptions/reconnaissances-sensations-affects-représentations/notions/intuitions, de ce qui est de l'ordre du formel par un langage qui est toujours général, voire universel : autrement dit : ce qui consiste en définitions/concepts, formulations et applications de règles logiques.
La distinction que j'opère c'est donc implicitement celle qui existe entre ce que l'on appelle une intuition et ce que l'on appelle une abstraction.
D'accord, je vois mieux. J'avais bien compris quelque chose comme ça.
Cette distinction se fait dans le langage et par le langage selon ce à quoi l'on réfère lorsque l'on parle d'une chose, car tout le monde tombera d'accord pour dire que lorsque l'on essaye de se faire une représentation de ce qu'est un triangle, l'on ne s'en fait qu'une notion particulière, le concept nous échappant tant qu'on ne parvient pas à le définir et en tirer des implications générales.
Certes. Tu penses donc que sans le langage aucune connaissance formelle n'est possible. Ne serait-ce pas d'ailleurs, partant de là, un point de départ pour définir ce dernier ?
En fait, l'abstraction serait du coup la capacité de relier un symbole à une notion (ex. la notion de nombre), plutôt que de former directement (spontanément) cette notion dans l'esprit (ce qui selon toi ne serait pas possible "formellement").
Mais pourtant tout doit bien provenir de l'expérience mentale en premier lieu, les mots ne viendraient qu'après, car dans le cas contraire on saurait immédiatement le sens d'un mot (l'association que celui-ci doit évoquer) simplement en l'entendant, n'est-ce pas ? Pourquoi dès lors le seul fait de
nommer quelque chose mènerait-il intrinsèquement à un ordre de réalité supplémentaire ? Se représenter un triangle, en quoi est-ce différent de l'acte de "nommer" celui-ci, non pas dans le langage sonore des hommes mais dans ce qu'on pourrait appeler le langage intime (propre à chacun) de l'esprit ? En d'autres termes est-ce que l'image générique du triangle que l'on conçoit lorsqu'on veut évoquer le concept en question ne pourrait pas elle-même faire office de "mot" ? Après tout c'est un symbole, un symbole un peu fluctuant, mais pas plus qu'une lettre qu'on trace, un ensemble de qualia uniquement perceptibles par celui dans l'esprit duquel il nait mais dont la signature unique et particulière ne laisse aucun doute sur sa spécificité...
Serait-ce à dire que ce qu'on appelle "langage" a plus à voir avec ce qu'on appelle "intuition" que ce qu'on pourrait croire ?
Et puis, lorsque l'on apprend à parler, personne n'est là pour nous définir les termes, puisqu'il faudrait le faire en l'absence le langage ! Par quel mécanisme associe-t-on alors les sons que l'on entend dans la bouche des grandes personnes (à ce moment-là tout le monde paraît grand

) à la fonction du mot ? Ne faut-il pas qu'une "représentation" déjà abstraite, idiosyncrasique à la personne, de la notion préexiste quelque part ?
Et, la capacité d'abstraction ne pourrait-elle se trouver être en définitive que l'"illusion procédurale du vécu" ? C'est-à-dire qu'on ne pourrait rien concevoir de parfaitement formel, mais que l'on manipulerait ces concepts par la simple action d'une habitude donnant l'impression d'avoir levier effectif sur de pures abstractions ?
Je ne nie pas que le langage parlé apporte une certaine clarté au discours, facilite la mémorisation et la compréhension en compactant en quelque sorte le concept auxquels les mots font référence, mais en faire le seul vecteur de la pensée abstraite m'apparait un peu abusif (pour l'instant, n'ayant pas entendu tes arguments à ce propos).
Je n'apporte pas de réponses définitives pour l'instant

puisque je viens de concevoir clairement ces questions (d'où l'énoncé un peu brouillon peut-être

). Mais ça m'intéresserait d'avoir ton avis. Même s'il n'est pas en ma faveur !
Berkeley avait raison sur au moins un point : il n'existe pas de notion ou d'idée générale.
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Je n'ai pas lu celui-ci mais je vois ce que tu veux dire par là. Du coup c'est fort à propos, ça rejoint ma toute dernière question, je trouve
Richard a écrit :
C’est pareil pour le monde nous ne ne percevons que sa surface externe (les phénomènes), nous ne pouvons pas avec nos sens pénétrer l’intérieur. Pour les scientifiques il faut faire un effort d’imagination, pour les spirituels on peut se tourner vers la méditation, la prière.
Oui, d'accord. Mais du coup la métaphore est un peu spécieuse du coup. Parce que le phénomène (autrement dit ce que l'on capte avec nos sens
après traitement par le cerveau (parce qu'avant ça ne se distingue pas du monde : un signal électrique dans mon nerf optique ou dans le fil de mon ampoule, c'est toujours le monde, pas mon esprit)) n'a rien à voir avec la réalité du monde. Non ?