Super !Akine a écrit : 19 août 2018, 19:06D'accord, je vois mieux. J'avais bien compris quelque chose comme ça.Exaptator a écrit : 17 août 2018, 22:18Bonne question. En fait, je distingue ce qui est de l'ordre du subjectif qui est toujours particulier, voire singulier : autrement dit : ce qui appartient aux perceptions/reconnaissances-sensations-affects-représentations/notions/intuitions, de ce qui est de l'ordre du formel par un langage qui est toujours général, voire universel : autrement dit : ce qui consiste en définitions/concepts, formulations et applications de règles logiques.Akine a écrit : 17 août 2018, 20:56 Par contre j'aimerais qu'Exaptor détaille la manière dont il s'y prend pour opérer la scission entre la "perception" et les "concepts/théories", autrement dit ce qui caractérise et distingue pour lui l'abstraction de l'intuition (espace et temps par exemple).
La distinction que j'opère c'est donc implicitement celle qui existe entre ce que l'on appelle une intuition et ce que l'on appelle une abstraction.
Sans un langage oui, aucune connaissance formelle n'est possible, une connaissance formelle étant toujours une formulation langagière.Akine a écrit : 19 août 2018, 19:06Certes. Tu penses donc que sans le langage aucune connaissance formelle n'est possible.Exaptator a écrit :Cette distinction se fait dans le langage et par le langage selon ce à quoi l'on réfère lorsque l'on parle d'une chose, car tout le monde tombera d'accord pour dire que lorsque l'on essaye de se faire une représentation de ce qu'est un triangle, l'on ne s'en fait qu'une notion particulière, le concept nous échappant tant qu'on ne parvient pas à le définir et en tirer des implications générales.
Non parce que tout langage n'a pas nécessairement une fonction logique. Les corbeaux ont un langage, mais il est dépourvu que je sache de connecteurs logiques.Akine a écrit : 19 août 2018, 19:06 Ne serait-ce pas d'ailleurs, partant de là, un point de départ pour définir ce dernier ?
Akine a écrit : 19 août 2018, 19:06 En fait, l'abstraction serait du coup la capacité de relier un symbole à une notion (ex. la notion de nombre), plutôt que de former directement (spontanément) cette notion dans l'esprit (ce qui selon toi ne serait pas possible "formellement").
C'est plus complexe que ça. L'abstraction ce serait la capacité de traiter de généralités, voire d'universalités. Une notion c'est un ensemble de représentations mentales, toutes des cas particuliers dans des situations particulières mentalement associées. C'est une sorte de définition en extension. Alors qu'un concept c'est une définition en compréhension, autrement dit : mettant en rapport une appartenance à un genre proche (c'est donc général) et au moins une distinction spécifique (c'est aussi général). Ceci ne peut se faire sans une forme de langage.
Une abstraction ce n'est donc pas exactement ne rien se représenter en rapport à un symbole pour une notion donnée, car il est possible pour soi de se servir de représentations elles-mêmes particulières (mentales, ou schématiques) comme de symboles ou de signe pour des choses similaires. Une abstraction nécessite toujours l'usage d'une forme de langage, même lorsque les signes permettant d'exprimer ce langage sont des représentations.
Quant à la notion de nombre, celle d'un élève de CM2 par exemple, je ne pense pas du tout qu'elle soit facilement communicable ni même bien claire pour cet élève, qui n'en possédera probablement pas le concept. En effet, ou bien l'on peu définir un nombre de manière générale et dans ce cas l'on en exprime le concept, ou l'on ne le peut pas et dans ce cas l'on ne sait pas ce qu'est un nombre. Cet élève ne saura probablement pas définir le concept de nombre, même s'il a normalement déjà appris à faire des opérations avec des nombres et bien les exécuter.
Oui, l'expérience mentale précède le concept.Akine a écrit : 19 août 2018, 19:06 Mais pourtant tout doit bien provenir de l'expérience mentale en premier lieu, les mots ne viendraient qu'après, car dans le cas contraire on saurait immédiatement le sens d'un mot (l'association que celui-ci doit évoquer) simplement en l'entendant, n'est-ce pas ? Pourquoi dès lors le seul fait de nommer quelque chose mènerait-il intrinsèquement à un ordre de réalité supplémentaire ? Se représenter un triangle, en quoi est-ce différent de l'acte de "nommer" celui-ci, non pas dans le langage sonore des hommes mais dans ce qu'on pourrait appeler le langage intime (propre à chacun) de l'esprit ? En d'autres termes est-ce que l'image générique du triangle que l'on conçoit lorsqu'on veut évoquer le concept en question ne pourrait pas elle-même faire office de "mot" ? Après tout c'est un symbole, un symbole un peu fluctuant, mais pas plus qu'une lettre qu'on trace, un ensemble de qualia uniquement perceptibles par celui dans l'esprit duquel il nait mais dont la signature unique et particulière ne laisse aucun doute sur sa spécificité...
Non, celle-ci ne suffit pas à le produire hors d'une forme de langage même propre à soi, utilisant des représentations comme symboles ou signes.
Je connais un petit bonhomme qui sait reconnaître un triangle et me dire que c'est un triangle quand je lui en montre un, mais qui fera aussi de même, me disant : "c'est un triangle", si je lui montre un losange....
Par le langage que permet notre capacité à nous représenter des images particulières, voire singulières, nous parvenons à traiter de choses générales, voire universelles qui sont par conséquent d'un autre ordre que nos représentations prise alors comme symboles ou signes.
Je ne parle pas de l'ordre des réalités formelles ou générales (c'est la même chose) comme d'un ordre "supplémentaire" de réalité. Je ne saurais même pas ce que cela pourrait signifier dans le cadre conceptuel qui est celui que je propose.
Pour nous humains c'est évident. Mais cela ne veut pas dire que l'intuition soit à elle seule ce qui permet l'abstraction. Le langage est un plus.Akine a écrit : 19 août 2018, 19:06 Serait-ce à dire que ce qu'on appelle "langage" a plus à voir avec ce qu'on appelle "intuition" que ce qu'on pourrait croire ?
Attention, si le langage est bien ce qui permet l'abstraction et de penser des généralités, il ne faut pas confondre :Akine a écrit : 19 août 2018, 19:06 Et puis, lorsque l'on apprend à parler, personne n'est là pour nous définir les termes, puisqu'il faudrait le faire en l'absence le langage ! Par quel mécanisme associe-t-on alors les sons que l'on entend dans la bouche des grandes personnes (à ce moment-là tout le monde paraît grand) à la fonction du mot ? Ne faut-il pas qu'une "représentation" déjà abstraite, idiosyncrasique à la personne, de la notion préexiste quelque part ?
- 1) penser ou traiter des généralités avec - 2) cette autre faculté qui est celle de reconnaître des similitudes.
Dans les premières phases d'apprentissage d'un langage l'on ne prend fait et acte que des premières fonctions ou usages du langage en question.
Je le répète : un langage n'a pas pour seuls fonctions : une fonction logique et de définition conceptuelle. Le langage permet aussi de nommer des objets similaires reconnus et présentés comme tels. Un enfant peut en effet se faire rapidement des notions de plein de choses et pouvoir nommer et reconnaître des objets qu'on lui a montrés en les nommant. - Les corbeaux ont un langage. - Ce n'est pas contradictoire avec ce que je dis par ailleurs.
Attention, tu utilises ici "concevoir" pour "se représenter". Concevoir des objets parfaitement formels est tout-à-fait possible, formellement. Ce que l'on ne peut pas faire par contre : c'est se représenter quoi que ce soit de façon purement formelle.Akine a écrit : 19 août 2018, 19:06Et, la capacité d'abstraction ne pourrait-elle se trouver être en définitive que l'"illusion procédurale du vécu" ? C'est-à-dire qu'on ne pourrait rien concevoir de parfaitement formel, mais que l'on manipulerait ces concepts par la simple action d'une habitude donnant l'impression d'avoir levier effectif sur de pures abstractions ?
- Se représenter une chose, c'est s'en faire une idée, autrement dit : c'est s'en faire un schéma mental.Akine a écrit : 19 août 2018, 19:06Je ne nie pas que le langage parlé apporte une certaine clarté au discours, facilite la mémorisation et la compréhension en compactant en quelque sorte le concept auxquels les mots font référence, mais en faire le seul vecteur de la pensée abstraite m'apparait un peu abusif (pour l'instant, n'ayant pas entendu tes arguments à ce propos).
- Concevoir une chose, c'est la définir formellement tout en en tirant les implications logiques. Cela passe par un langage.
J'espère que les précisions apportées te parleront.Akine a écrit : 19 août 2018, 19:06 Je n'apporte pas de réponses définitives pour l'instantpuisque je viens de concevoir clairement ces questions (d'où l'énoncé un peu brouillon peut-être
). Mais ça m'intéresserait d'avoir ton avis. Même s'il n'est pas en ma faveur !
Son introduction à son traité sur les principes de la connaissance humaine est tout-à-fait édifiante.Akine a écrit : 19 août 2018, 19:06Je n'ai pas lu celui-ci mais je vois ce que tu veux dire par là. Du coup c'est fort à propos, ça rejoint ma toute dernière question, je trouveExaptator a écrit :Berkeley avait raison sur au moins un point : il n'existe pas de notion ou d'idée générale.
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