Relativité générale et accélérations en RR

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Relativité générale et accélérations en RR

#1

Message par curieux » 02 févr. 2019, 11:11

Pour séparer ce sujet de celui sur la RR qui traite aussi des accélérations mais pas comme le fait la RG.

Je vais commencer de façon un peu décousue mais bon, on verra ce que ça donne.
En fait, les cas qui font intervenir une accélération ont été les prémisses de l'introduction à la relativité générale.
Einstein n'était pas satisfait de la RR pour expliquer l'univers parce que cela impliquait un monde sans matière, et donc sans gravitation.
En remarquant le principe d'équivalence entre une accélération quelconque et l'accélération due à la pesanteur il en a posé les jalons.


Dans l'expérience de pensée d'une cabine, tirée par un câble, en mouvement accéléré et en imaginant
ce qui arrivait à un rayon lumineux la traversant latéralement,
il en a déduit que vue dans la cabine, la lumière devait aussi avoir une trajectoire parabolique identique
à celle de la chute d'un corps dans un champ de gravitation.
voir les schémas.
RG0.jpg
RG1.jpg
-----------------------------

L'éclipse de 1919 allait prouver ce principe d'équivalence.
Les photos d'étoiles autour du disque solaire montraient clairement que leurs positions semblaient s'écarter du soleil.
(et non pas, comme je l'ai lu dans certaines vulgarisations, que les étoiles allaient se coller au soleil comme des mouches.)
La trajectoire de la lumière des étoiles était bien courbée dans le sens prévu, un écartement radial.
Voir le schéma.
RG.jpg
-----------------------------

Une autre expérience a permis de comparer les fréquences des rayons gamma émis par un isotope de fer radioactif, mesures faites
à deux niveaux séparés de 22.5 m. Voir Expérience de Pound et Rebka (1960)

h = 22.5 m
Rrecep = 6.378137e6 m (rayon Terre)
Remis = Rrecep + h
c = 3e8 m/s

Equation d'Einstein rigoureuse :
z = décalage temporel

z : 1-((Rrecp * Remis * c^2 - 2 * G * Mt * Remis) / (Rrecp * Remis * c^2 - 2 * G * Mt * Rrecp))^0.5 ;

z = 2.446e-15 = T'/T°

(avec l'équation simplifiée z = g * h / c^2; z = 2.455e-15, valable seulement pour de faibles hauteurs.)

Dans cette expérience, la RG était confirmé à 10% près.

L'expérience fut répétée en 1965 et l'accord obtenu fut de 1%.



----------------
Les horloges retardent dans un champ de gravitation. (par rapport à un référentiel neutre, sans gravité ni accélération)
La réciproque est vraie, les horloge placées hors d'un champ de gravitation avancent par rapport à celle restées au sol.

C'est ce qui est constaté dans le système GPS, les logiciels embarqués appliquent un algorithme correctif.
Sans cela le décalage cumulé rendrait l'ensemble inopérant au bout de quelques jours seulement.

Dans la pratique, l'algorithme fait deux corrections, une pour le retard du à la vitesse, une pour l'avance due à l'altitude.
Les deux ne se compensent pas, -7.2 µs pour la RR et +45.5 µs pour la RG.
données : HSatel = 20 180 000 m; Vsat = 3 875 m/s ; Rt = 6 378 137 m; deux tours en 24h

La bonne explication n'a aucun rapport avec la lumière mais est donnée par la quantité des temps propres différents dus à une vitesse limite.
Il est faux de dire que la différence s'expliquerait par une sorte d'énergie potentielle agissant sur les fréquences des signaux.
Une horloge mécanique n'émet aucun signal de nature électromagnétique.

Le temps propre donné par une horloge n'est pas d'origine électromagnétique mais interne à tout ce qui produit un phénomène périodique.
Autrement dit, même ce qui rythme le vivant est impacté par les équations de la RR.
Le décalage spectral gravitationnel est juste un cas particulier lorsque la lumière (ici des rayons gamma en l'occurrence) est utilisée.
Comme en RR, Einstein partait de l'hypothèse que, localement, une accélération ne pouvait être distinguée d'un champ de gravitation par aucune expérience interne à l'endroit de leur application.
C'est le complément du principe employé par Galilée, aucune expérience interne à un référentiel n'est capable de distinguer le mouvement propre de ce référentiel.
De nombreuse expériences lui ont données raison.
Vous ne pouvez pas consulter les pièces jointes insérées à ce message.
Le rôle de la physique mathématique est de bien poser les questions, ce n'est que l'expérience qui peut les résoudre. [Henri Poincaré]

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Re: Relativité générale et accélérations en RR

#2

Message par curieux » 03 févr. 2019, 15:41

Pour passer à une situation concrète, on va jouer aux extra-terrestres.

Imaginons que l'on veuille envoyer une fusée habitée sur une étoile pas trop lointaine.
Serait-ce réalisable et dans quelles conditions ?

On peut proposer Véga de la Lyre située à 25.3 années lumière de notre système.
Passons directement aux calculs en supposant que notre fusée subisse une accélération propre constante compatible avec celle de notre planète.
Pour des raisons de simplification, je choisis Ao ~= 9.5 m/s², le voyage sera on ne peut plus confortable.
(si on croise les doigts pour ne pas rencontrer un petit caillou en route...)

En accord avec la RR, quel sera le temps vécu dans la fusée, ainsi que le temps vécu pour le sédentaire ?

Code : Tout sélectionner

365.25 jours = 31557600 secondes
9.4607304725808 E+15 mètres = 1 AL
accélération 1m/s² = 0.105264822906252 AL/an² 
Célérité lumière c = 1

accélération propre  : 9.49984973509 m/s² dans le but d'obtenir :
accélération propre  : 1.000000000000 AL/an² = a0
Distance à parcourir : 12.65 AL = distance à mi-chemin de Véga de la Lyre

Temps astronaute T0  : 3.3055 an(s)  : T0 = c / a0 * ArgCosh(1 + a0 * distance / c^2)
Temps terrien    T   : 13.6133 an(s) : T  = c / a0 * Sinh(a0 * T0 / c)
T/T0                 : 4.1183
à multiplier par 2 pour tenir compte de la phase de décélération. (Distance = 25.3 AL)

a0 * t = v / sqr(1 - v²/c²) = v * Cosh(ArgTanh(v/c)) = v * gamma
v² = a0² * T² * (1 - v²/c²)
v = (a0 * T) / sqr(c² + a0² * T²)
v = dx/dt = a0 * T / sqr(1 + (a0 * t / c)²)
et par intégration :
 a) x(T)  = c² / a0 * [sqr(1 + (a0 * T / c)²) - 1]
 b) x(To) = c² / a0 * [cosh(a0 * T0 / c) - 1]
 c) x = integrate(0, T, 1e6) [Méthode Simpson]
-----------------------------------------------------------------------
d'où :

vérif distance x(T)      : 12.65 AL; fonction de (13.6133206823315  ans)
vérif distance x(To)     : 12.65 AL; fonction de ( 3.30554223404817 ans)
x méthode de Simpson     : 12.6499999999984 AL, Intégration avec 1 000 000 de découpes (en 1.875 sec.)
vitesse au point x       : 0.997 312 870 500 492 c
gamma final(mi-parcours) : 13.6500000000036 = 1/sqr(1-vitesse²/c²) = Cosh(ATanh(vitesse / c))
-----------------------------------------------------------------------
Distance propre fusée    : 2.45349235718155 AL (fonction de 12.65 AL) à mi-chemin
Le voyage se décompose en deux parties.
Dans un premier temps, accélération pendant plus de 3 ans (temps propre de la fusée) qui va l'amener à presque 'c'.
A mi-parcours, retournement de la fusée qui va décélérer jusqu'à une vitesse nulle aux approches de Véga.

Dans son référentiel, la fusée aura parcourue 4.9 AL en 6.61 ans
Dans son référentiel, le terrien la verra parcourir 25.3 AL en 27.22 ans

Voilà qui est intéressant pour le voyageur on dirait !
(On espère qu'il aura prévu de placer sa solde en banque avec un bon rapport...)

Mais est-ce réalisable ?
Concrètement, peut-on espérer qu'un habitant de cette étoile fasse le trajet aussi ?
Suspense, je vous laisse mariner un peu avant de donner la réponse. :D
Le rôle de la physique mathématique est de bien poser les questions, ce n'est que l'expérience qui peut les résoudre. [Henri Poincaré]

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Re: Relativité générale et accélérations en RR

#3

Message par curieux » 04 févr. 2019, 10:07

La solution va probablement vous surprendre si vous êtes amateurs de conquêtes interstellaires.
Désolé de casser un peu les rêves de certains mais voilà :
Selon la RR, une accélération propre n'est pas limitée dans le temps.
La seule contrainte est la vitesse finale toujours inférieure à la vitesse de la lumière.


La limite est cependant purement physique, exactement comme pour expédier une fusée à propergol classique.
En l'état actuel des connaissances, le seul moyen approprié pour exploiter une accélération sur d'aussi longues
périodes serait de pouvoir emporter une quantité égale d'antimatière et de matière qu'on combinerait de façon
à produire suffisamment de photons éjectés vers l'arrière de la fusée.


L'accélération se calcule de façon classique, par conservation de la quantité de mouvement.
Ainsi, pour une accélération de 10 m/s², de manière à conserver un confort acceptable, une fusée
de 300 000 tonnes (3 * 10^8 kg) devra éjecter l'équivalent de 10 kg de photons chaque seconde à la vitesse de la lumière (3 * 10^8 m/s).
a = Vej * mej/s / Minit soit 10 m/s² = c * (10kg/s) / 3e8 kg

Un calcul rapide laisse supposer qu'il ne faudrait pas plus de To = 3 * 10^7 secondes pour vider les réservoirs.
Un an = 3.15 * 10^7 secondes.
Un calcul plus rigoureux tiendra compte de la variation de la masse de la fusée avec le temps, ce qui augmentera
l'autonomie, mais pas de façon à la rendre illimitée, on s'en doute bien.
Le problème avec une accélération propre constante consiste à devoir ajuster constamment, à la baisse,
la quantité de matière éjectée à chaque seconde.

En conservant une masse finale confortable pour les opérations d’atterrissage à destination,
on peut tabler sur un rapport maxi de 6.9(*) si la masse finale est 1/1000 de la masse initiale,
soit 6.56 ans si le mélange combustible varie de 10 à 0.01 kg par seconde en fin de parcours.
et T(**) = 4.55 * 3*10^7 secondes si M = Mo / 100, soit 4.34 ans.


On peut espérer encore augmenter l'autonomie en envisageant une période relativement longue de vol libre sans accélération.
Par exemple, un an d'accélération, un an de vol libre, suivi d'un an de décélération.
Autorisant ainsi un voyage de 3 ans en temps propre du vaisseau au lieu de 2, c'est à dire un accès à un système solaire plus éloigné.


Autrement dit, on n'a pas de méthode plus simple (hormis le problème de la fabrication d'antimatière)
qui rendrait une expédition lointaine théoriquement faisable.

Pour fixer un ordre de grandeur, un voyage vers le centre de notre galaxie prendrait 10.3 ans d'accélération,
immédiatement suivie du même temps de décélération, pour parvenir à vitesse nulle.
Soit plus de 20 ans en temps propre de trajet dont aucune fusée n'aurait les ressources pour le mener à terme.


Avec la théorie présentée ici, une expédition vers Véga de la Lyre est la seule éventualité acceptable
pour des astronautes prêts à sacrifier 6.6 ans dans un voyage sans retour.
Vous serez d'accord avec le fait que cela ne laisse pas grand marge de manœuvre pour jouer les extraterrestres.


(*)t = Tannee * ((999 * Log(100) * Mo) / (1000 * c) + (999 * Log(10) * Mo) / (1000 * c) - 999 / (100 * c))
soit environ t = 3.155e7 sec * ln(1000), avec 10kg initial et 0.01kg éjectes au final.

(**)t = Tannee * ((99 * Log(10) * Mo) / (50 * c) - 99 / (10 * c))
Donc, pour encore se rabattre sur les p'tits hommes gris venant du fin fond de la galaxie il ne reste plus que le voyage sans déplacement, et de devoir replier l'espace grâce à l'épice exploitée sur la planète Arrakis. :mrgreen:
Le rôle de la physique mathématique est de bien poser les questions, ce n'est que l'expérience qui peut les résoudre. [Henri Poincaré]

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