LePsychoSophe a écrit : 19 mai 2019, 15:12Je connais pas Keyn...équoi? Si quelqu'un est motivé pour une petite expli'?
Keynes est l'économiste qui a convaincu Roosevelt de lancer des grands travaux pour lutter contre le chômage de la crise de 1929. Les grands travaux sont financés par la dette publique et la planche à billet: cela relance l'économie (c'est ainsi qu'on a bâti le barrage Hoover près de Las Vegas) et les emplois. Les avantages: les entreprises privées ont des contrats sûrs qui ne dépendent pas de l'écroulement des marchés, l'état n'a pas à augmenter les impôts pour les entreprises et les particuliers. En gros, Keynes justifie l'intervention de l'état dans l'économie. Cela existait avant, mais Keynes était contre le laisser aller de l'économie: le marché se régule lui-même quant à l'offre et la demande. Si il y a la crise et le chômage, on attend que ça passe. Keynes dit non: l'état intervient, régule le marché privé car c'est un agent économique comme les autres.
https://fr.wikipedia.org/wiki/John_Maynard_Keynes
Depuis les années 80 avec le néo-libéralisme thatchérien et réganien, l'état est considéré comme un mauvais gestionnaire: l'état providence est une notion inutile, la mondialisation est bénéfique pour tous le monde en transférant l'emploi des pays riches vers les pays pauvres en "délocalisant"... Nous en ressentons les conséquences.
Les avantages et les inconvénients de la dette publique en économie sont en gros: l'état s'endette pour investir dans les infrastructures car les entreprises privées ne veulent pas les faire. Celles-ci reportent donc sur l'état la nécessité d'investir donc de s'endetter pour cela (elles externalisent) et cela n'apparaît pas dans leurs bilans annuels. Un exemple: les USA ont investi dans la construction d'autoroutes à travers le continent alors que les entreprises américaines clamaient que c'était de l'argent perdu et des dépenses inutiles. Peu importe, la construction des autoroutes a permis le développement de l'économie américaine et donc des recettes fiscales pour l'état fédéral. Les entreprises ont eu tort et les marchés aussi. Cela contredit aussi l'argument que l'état est un mauvais gestionnaire. L'inconvénient est qu'on attend que la croissance apporte les rentrées fiscales pour payer la dette.
Les libéraux ou la droite clament aussi que les services publics coûtent cher: en agent public en impôt, etc. Mais comme les retraités (votant à droite) touchent leur retraite des actifs et veulent aussi avoir accès aux services publics (hôpitaux, soins, continuité administratives...), ils sont dans une contradiction: moins d'impôts et toucher une meilleure retraite mais les services publics sont de moins en moins accessibles: on ferme des hôpitaux pour des raisons financières. Donc les retraités sont fous. Un peu comme les gilets jaunes: moins d'impôts et plus de services publics.
Depuis les années 80 et les réformes boursières et la déréglementation financière, les états peuvent emprunter sur les marchés financiers moins chers que par les emprunts nationaux et les banques. Cela a étonné Reagan qui a vu qu'il fallait faire la même chose: la dette ne coûte rien à des taux nuls voire négatifs, les USA ont emprunté aussi sur les marchés financiers. On emprunte sur les marchés parce que c'est pratique, mais on vulnérable face aux marchés. L'inverse, posséder sa dette au niveau national est plus sûr car aucun pays ou fond boursier ne peut contrôler l'économie nationale.
C'est le cas de la Chine communiste. Elle a su jouer de la mondialisation en devenant l'atelier du monde tout en suçant la technologie occidentale (en promettant le marché intérieur chinois, mais en contrôlant le capital des entreprises filiales en possédant 50 % des parts et en acquérant la technologie par ces mêmes filiales). Bref, l'état en Chine est efficace et ce n'est pas le marché libre qui est à l'origine de sa réussite. La dette chinoise est privée (id est n'est pas monnayable sur les marchés, mais elle est au niveau des provinces et dans l'économie noire et illégale).
là, on se lance dans des notions économiques. Mon côté extrême gauche me dit qu'il faut pomper l'argent là où il est : des millions par ci par là qui dorment... Mon côté extrême droite me dit qu'il faut recentraliser l’économie sur le pays au maximum mais on peut le voir du côté écolo-bobo en mode économie locale et/ou circulaire si vous préférez. Plus l'économie est à étage et éloignée plus elle est financiarisée.
C'est le côté Trump qui a plu aux américains: fermer les frontières face à la Chine et au Mexique où se sont délocalisées les industries est une bonne idée protectionniste. Le protectionnisme est l'ennemi à abattre pour les économistes "modernes" car elle empêche la mondialisation et la finance internationale. Donc oui, se recentrer sur un marché régional est une bonne idée: le cinéma sud-coréen a vécu protégé du cinéma américain et a pu se développer par une politique de subventions. On appelle ça du protectionnisme mais il ne s'agit pas de spécialisation économique par pays, mais d'avoir du travail localement. La finance ne fait pas d'économie entrepreneuriale, mais financière: le profit, le rendement au mépris de l'humain et du travail.
l'UE impose par ses Grandes Orientations de Politique Economique le gel des salaires depuis 5 ans consécutifs
L'UE était censé protéger l'emploi en Europe, mais les accords de libre-échange depuis les années 70 ont au contraire cassé l'activité économique intérieure. Et je ne parle pas de l'austérité imposée à la Grèce par la "Troïka" qui n'avait aucun compte à rendre au niveau démocratique. L'UE est néo-libérale (concurrence non faussée) et elle est tiraillée par les conflits internes: la Pologne veut continuer à faire que les chauffeurs routiers polonais soient payés en charges sociales polonaises (peu par rapport aux charges sociales françaises). Elle en profite et une harmonisation sociale en Europe est impossible car la Pologne n'a pas à se tirer une balle dans le pied économiquement, et pendant ce temps, les entreprises polonaises ne payent pas l'entretien des routes nationales françaises à la charge du contribuable français.