GERARD Roland a écrit :L'extrait est sans doute concis, et il résume d'autant mieux la difficulté : Des espèces très voisines, dinosaures / oiseaux
Très voisines, très voisines... les oiseaux étaient :
1) nettement plus petits que les autres dinosaures de la fin du Crétacé. Or, de façon pas très étonnante, la taille a clairement été discriminante à la limite Crétacé/Tertiaire (les espèces de petite taille ont des effectifs supérieurs et se contentent de ressources alimentaires moindres)
2) si l'on se fie à leur régime alimentaire actuel, pour une bonne part insectivores. Ce n'était clairement pas le cas des autres dinos (qui formaient d'ailleurs un bloc très hétérogène).
3) Il ne faut pas commettre l'erreur de caser les oiseaux dans les groupes qui sont restés indifférents à la crise KT. Tout ce que prouve leur survie, c'est qu'ils ne sont pas tous morts (désolé pour la lapalissade). Malgré les récentes découvertes spectaculaires chinoises, c'est un groupe qui se fossilise mal et les données sont rares, en plus d'être d'interprétation très discutée (tester les hypothèses sans données, c'est de la haute voltige) : certains chercheurs estiment qu'ils se sont presque tous éteints, d'autres qu'ils ont presque tous survécu. En revanche, des groupes qui n'ont très clairement eu l'air de s'apercevoir de rien, il en existe, ce sont les crocodiles et les amphibiens... et ça cadre parfaitement avec l'explication par les chaînes alimentaires.
ammonites / nautiles
Des groupes proches, les ammonites et les nautiles ?? Ouhlàlà, non, ni taxonomiquement ni écologiquement. Les céphalopodes sont un univers à eux tout seuls, vous savez. Une vague allure générale commune, sans plus. Les nautiles n'avaient en rien le même régime alimentaire (pour ce qu'on en sait) : les nautiles sont des animaux plutôt indolents et occasionnellement charognards là où les ammonites semblent avoir été des prédatrices actives, ce qui encore une fois n'est pas incohérent avec les effets d'une météorite. Et là encore, c'est un groupe sur lequel on a peu de données. Aujourd'hui, les nautiles sont très peu diversifiés et plutôt discrets, et c'était déjà le cas à l'époque : leur heure de gloire était passée depuis belle lurette au Crétacé.
Si une météorite est la cause de l'extinction massive, les ravages causés auraient du avoir les mêmes conséquences sur des espèces voisines.
Pourquoi vous arrêter en si bon chemin ? Après tout, si des espèces occupant exactement les mêmes niches avaient vraiment réagi de façon radicalement différente à cette extinction, aucune cause ne serait à même d'expliquer une distinction aussi arbitraire. Conclusion : la crise KT n'a pas eu de cause.
J'ai fourni l'argument majeur, mais il y en a d'autres.
1 Le passage Crétacé - tertiaire s'accompagne d'un changement radical de climat : De chaud et humide sur toute la planète, il devient équivalent à celui d'aujourd'hui, avec des zones polaires, tempérées, tropicales et équatoriale aux température très différentes. La chute d'une météorite ne peut expliquer une modification aussi importante et définitive du climat du globe terrestre. Il y a donc eu un autre phénomène.
Radical ? Tout ce qu'il y a de plus graduel et routinier, au contraire. Le climat, il n'y a pas moins stable à l'échelle géologique. La limite Crétacé-Tertiaire ne fait pas spécialement exception à la règle, mais pourquoi le devrait-elle ?
2 La période assite à une grande régression marine. Ainsi la France qui à la fin du secondaire était recouverte par la mer, excepté la Bretagne et le Massif central, se trrouvait à sec dès le début du tertiaire. Le reflux de l'océan ne peut être redevable de la chute d'un météorite. Donc il y a eu un autre phénomène.
Idem. Le niveau de la mer, ça fluctue par nature. Qu'il y ait eu une régression à la fin du Crétacé n'est un scoop pour personne.
3 Toujours à la même époque les volcans du deccan (ouest de l'inde) ont connu une phase très active et qui dura longtemps. Impossible d'incriminer une météorite. Donc il y a eu un autre phénomène.
Moui, ça aussi ça arrive. A quoi vous attendiez-vous ? A ce que la dynamique du globe s'interrompe miraculeusement pendant les dix millions d'années qui ont précédé la fin du Crétacé pour assister ébahie à la chute de la météorite ? Tous ces événements sont réels, mais, pour les deux premiers, ils n'ont rien d'exceptionnel. Un volcanisme aussi intense que celui qui a créé les trapps du Deccan est plutôt rare, mais ce n'est pas un cas unique et effectivement, la météorite n'y est certainement pour rien (on peut en revanche légitimement s'interroger sur la participation des volcans en question à l'extinction de masse, mais ce n'est pas du tout ce que vous nous dites). Et ensuite ?
4 Bien que constestée, l'étude récente qui fait tomber la météorite 300 000 ans avant la disparition de dinosaures n'est pas invalidée.
Il faut tout de même être très prudent avec cette étude, qui s'appuie sur des datations d'une extrême précision. C'est tout à fait le genre d'études pour lesquelles la probabilité d'une erreur est assez élevée : la plus subtile erreur d'interprétation peut radicalement fausser le résultat. Donc, prudence.
Changement de climat, régression marine, importantes éruptions volcaniques en Inde sont certainement liés
Allons bon. Pourquoi donc ? A bien y chercher, vous trouverez toujours une conjonction de phénomènes semblables à n'importe quelle période géologique. La Terre et le climat sont tout sauf des cadres immuables à l'échelle des millions d'années. D'ailleurs, quitte à chercher d'obscures causalités tentaculaires, vous auriez tout aussi bien pu inclure la météorite dans ce sombre complot. A ce degré de spéculation, inutile de se priver.