abc a écrit :Si nous ne prenons pas notre destin en main il ne se prendra pas en main tout seul à notre place.
jean7 a écrit : 04 juil. 2019, 03:09Les Gilets Jaunes ont bien essayé.
C'est un point de vue. Pour ma part :
- pointer du doigt des problèmes sans solution depuis des décennies (pour des raisons dont, de mon point de vue, les causes réelles sont souvent très imparfaitement comprises et dont certaines conséquences sont prises pour des causes)
- réclamer que l'on trouve des solutions à ces problèmes,
me semble être une première étape importante.
Elle a été une opportunité de secouer l'opinion publique ainsi que les élus, de provoquer le dialogue et le mouvement plutôt que l'immobilisme (pour le reste, à savoir certains dommage occasionnés lors des manifestations, on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs comme on dit. Toutefois, à l'inverse, on ne doit pas confondre compréhension et acceptation).
Ce mouvement a aussi stimulé un début de réflexion. Toutefois, de mon point de vue, beaucoup de chemin reste à parcourir pour aboutir à :
- une meilleure compréhension des causes de nos problèmes,
- l'identification des options à envisager pour les neutraliser ou les contourner,
- puis l'adhésion aux objectifs visés,
- et enfin l'adhésion aux moyens à mettre en œuvre et à leur enchainement/planning,
- peut-être bien en prenant connaissance et en s'inspirant, notamment, du rapport Meadows (1)
en vue de favoriser la résolution de nos plus graves problèmes avant que leurs conséquences ne deviennent encore bien plus graves (empoisonnement divers, pandémies, guerres, famines) que celles déjà constatées.
Je pense notamment :
Cette première étape doit toutefois être suivie de l'acquisition des informations et compétences +
capacité d'écoute + dialogue
avec toutes les parties (celles qui sont concernées par les problèmes et celles qui, au moins en partie, ont une part de compétence pour y apporter des solutions non immédiates) afin de développer peu à peu une réflexion et une analyse
partagée en profondeur.
Dans cette réflexion collective approfondie, on doit chercher à réduire le plus possible le risque d'erreur dans nos jugements :
- quant aux propositions réalistes et réellement bénéfiques à moyen terme
- par opposition aux propositions qui paraissent favorables (en raison de leurs retombées positives à court terme par exemple) et sont en réalité nuisibles au contraire (quand on dispose d'un recul et d'une connaissance suffisante pour réduire le risque de se tromper).
abc a écrit :J'aurais plutôt dit : Pour pouvoir engager notre volonté il nous faut d'abord être clair et nous mettre d'accord sur les efforts et compromis que nous sommes prêts à faire et sur les résultats que nous pensons ainsi obtenir !
jean7 a écrit : 04 juil. 2019, 03:09Il reste la question purement technique de la construction de ce "nous mettre d'accord". Rien ne permet de le faire à l'échelle où il est nécessaire de le faire pour certains problème.
En fait, à une échelle modérée, cela ne se voit effectivement pas bien. Toutefois, si on regarde les choses à une échelle plus globale, en prenant suffisamment de recul pour tâcher d'identifier (de notre mieux) l'ensemble des interactions, on s'aperçoit que de nombreux mécanismes d'interaction tendent à faire évoluer la société dans le sens où nous la poussons par l'expression de nos attentes dans tous nos actes et toutes nos décisions sans même en avoir conscience.
La direction suivie sous notre pression collective conduit parfois (par des mécanismes complexes et souvent sur du long terme) à des dysfonctionnements de notre société. La pression de l'opinion publique favorise aussi parfois (par erreur de jugement) des mécanismes de prises de pouvoir pas forcément favorables à l'intérêt collectif. Par ailleurs, en terme d'analyse des causes et conséquences, nous attribuons parfois, dans un approche qui peut s'avérer superficielle dans certains cas, ces dysfonctionnements au denier maillon ou à l'avant dernier maillon de l'arbre des causes.
Pour illustrer l'idée avec une image choc (donc caricaturale mais présentant par contre l'avantage d'être claire il me semble), c'est analogue au cas d'une enquête sur le renversement d'un piéton sur un passage clouté suivi d'un délit de fuite. Dans l'analogie en question, l'enquêteur réussirait à identifier le véhicule en cause. Toutefois, pressé de conclure, il terminerait un rapport interne (destiné à sa seule hiérarchie) par la conclusion suivante :
"les résultats d'expertise ont établi de façon certaine que les blessures occasionnées sur ce piéton ont été causées par un pare-choc de voiture. Or c'est un constat qui a pu être fait à de très nombreuses reprises. Nous suggérons donc de tenter de convaincre le ministre du transport de pousser le parlement à promulguer une loi interdisant d'équiper les voitures avec cet accessoire dangereux pour les piétons."
abc a écrit :Il n'y a pas de tierce personne susceptible de nous contraindre à faire ce que nous n'avons pas majoritairement décidé, et ce, avec une volonté et une capacité à convaincre suffisantes pour surmonter l'opposition de minorités réticentes (Une minorité motivée peut bloquer les décisions d'une majorité molle ou attentiste).
jean7 a écrit : 04 juil. 2019, 03:09Oui, mais il n'y a pas de solution pour créer une décision ou une vision du problème (de la forme que devrait prendre sa résolution) de façon majoritaire à l'échelle nécessaire. Dans la situation actuelle, ce qui est opérationnel, c'est uniquement la capacité d'action de puissants.
Pour ma part je rajouterais...
... et en fait les puissants c'est nous. Toutefois, parfois, nous l'ignorions car nous ne sommes pas toujours conscients des mécanismes et interactions complexes dont nous sommes acteurs sans même le savoir.
Par ailleurs, il y a bien plus d'eau et d'énergie dans la mer et ses milliards des milliards de gouttes d'eau ainsi réunies que dans la poignée des plus puissants et plus orgueilleux torrents de montagne dévalant avec arrogance la pente du haut de leur montagne.
jean7 a écrit : 04 juil. 2019, 03:09Croire que du chaos des chacun pour soi (ce à quoi conduit inévitablement un "agissons pour résoudre le problème) sans capacité de concertation puisse émerger autre chose que l'évolution bien comprise et voulue de ceux qui peuvent de part leur puissance opérer facilement des ajustements conséquents n'est pas raisonnable.
Pour ma part, j'aurais plutôt dit : croire que du chaos d'attentes en écart mortifère avec nos réels besoins puisse émerger autre chose qu'une évolution violemment contraire à l'intérêt de tous (y compris ceux auxquels nous attribuons plus de pouvoir que celui, en fait, bien supérieur de la masse globale des moins puissants), voir même à notre survie, est à mon avis une erreur d'évaluation. Elle est dangereuse car elle nous amène à choisir des moyens, voir même des objectifs erronés qui
- soit ne sont pas efficaces (or le temps presse),
- soit, pire encore, sont susceptibles de conduire, à moyen terme (voir à court terme), à des conséquences en opposition marquée avec à nos réels besoins.
jean7 a écrit : 04 juil. 2019, 03:09Mais surtout, le "nous" là-dedans a de vraies raisons d'être démotivé car il n'y a que très minoritairement la vision que ce que nous avons fait pour résoudre nos problèmes ait produit l'évolution que nous souhaitons. Qu'avons-nous pour nous convaincre du contraire?
Comme le dit l'adage.
Ils ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait.
(1) Sur un étang, des feuilles de nénuphar ont commencé à se développer voilà 3 ans. Leur surface double tous les mois. Au bout de maintenant 3 ans, ces feuilles de nénuphar ont envahi la moitié de la surface de l'étang. Combien d'années supplémentaires seront nécessaires pour couvrir la totalité de la surface de l'étang ?