Bon, j'avais débuté une version PDF, mais les 990 pages ne me paraissent pas indispensables (sérieux, me suis déjà tapé des ouvrages et sujets bien plus complexes) depuis que je viens de constater que la page Wiki dédiée à cet ouvrage synthétise et résume chacun des chapitres du livre en détail. Mais bon, je possède cette version PDF dans laquelle je peux me référer et approfondir advenant que certains me suggèrent tel ou tel passage pour mieux comprendre ce que, peut-être, je ne saisirait pas bien.

Je livre ici mes remarques au gré de l’avancement de mes lectures.
Concernant la double valeur (d’usage/d’échange) de la marchandise, le fétichisme de la marchandise, la force de travail humaine correspondante et le fait que ces marchandises deviennent alors des « porte-valeurs » du fait que ceux qui les produisent ne consomment pas nécessairement ce qu’ils produisent, d’où le lien qui se rompt du temps où l’homme ne produisait que pour ses propres besoins immédiats, la description des processus m’apparait correcte, sauf qu’en attribuer la cause au capitalisme m’apparait être complètement erroné.
Jusqu’à maintenant, je maintiens que le capitaliste est surtout un effet qu’une cause.
Premièrement, avant le capitalisme, l’individu qui, P. Ex., cultivais x ou y pour nourrir sa famille (ou son village), ne produisait pas nécessairement et précisément uniquement là quantité nécessaire (parfois moins, parfois plus). Une multitude de facteurs et d’impondérables pouvait interférer sans compter qu’il est pratiquement impossible d’évaluer précisément ce qui sera nécessaire avec les impondérables. Et sans compter qu’il y a une différence entre ce qui est strictement nécessaire pour survivre « à la dure » et ce qui est nécessaire pour jouir d’avoir à disposition un peu plus que nécessaire sans devoir tout compter systématiquement.
Deuxièmement, dès qu’une forme de science et de technologie qui résulte de cette première émerge, la complexification d’objets de toute sorte n’a plus rien à voir avec des outils, des vêtements et des meubles « simples », etc., pouvant être utilisés par tous ceux qui les fabriquent. Si l’on prend l’exemple d’un objet technologique complexe de notre époque, comme une voiture (essence ou électrique, peu importe), ce dernier « objet » est un assemblage complexe de divers technologies, pièces et composants qui sont virtuellement et pratiquement impossibles d’être fabriqués et utilisés que par un seul homme (ou une seule famille), de leurs propres mains. Du coup, lorsque Marx dit (je reformule à ma façon) que l’homme ne peut plus se sentir concerné par ce qu’il fabrique puisqu’il ne l’utilise pas lui-même, qu’il accumule pour vendre, etc. bla-bla-bla, c’est une fatalité qui concerne avant tout le développement de toute science et technologie au sein d’une société (donc de toute sophistication), quel que soit le système, puisqu’il devra, nécessairement, avoir des individus qui (possèdent l’expertise et qui) produisent des vis et des boulons, du plastique qui entrera dans la conception de PCB, des résistances électriques, des câbles, des pièces, etc. Conséquemment, comment quelqu’un pourrait-il « s’émanciper » en ne fabriquant que des boulons et un autre que du papier cul? Par exemple? Et un autre en ne faisant que ramasser les ordures dans une ville? À moins de survivre dans les bois et de se torcher avec des feuilles de végétaux, ce sont des problématiques qui se rencontreront dans toute société, peu importe le système en place.
Ce genre de grief porté contre le capitalisme, de « jugement péjoratif » envers ce dernier où l’on lui attribue la cause de ce qui « aliène » l’individu se trompe complètement de cible àma. C'est la nécessité de spécialisation requise par la science, les technologie et donc de l'industrialisation (nécessaire) et de toute sophistication de façon de vivre qui cause tout ça!
Conséquemment, il est pratiquement impossible qu’un seul individu (et donc tous les individus simultanément) puisse posséder « les moyens de sa production » dans un monde ou des millions d’expertises, de techniques, de connaissances, de technologies et de procédés entrent en jeux dans la fabrication d’objet complexe. Nécessairement, capitalisme ou non, certains se « spécialiseront », dans ce que l’on nomme « entrepreneuriat~gestion » afin de réunir, structurer et produire ce qui nécessite le concours d’une foultitude de nécessités pour un produit technologique x ou y. Et ces derniers individus ne peuvent pas être simultanément les mêmes qui possèdent toutes les autres expertises pour fabriquer un produit complexe. Donc par simple corollaire, difficile pour tous de posséder l’entièreté « des moyens de leur production ».
Bon, je ne suis qu’au début (mis à part tous les résumés que j’ai lus depuis 3 semaines ici et là), mais déjà, jusqu’à maintenant, j’ai l’impression, bien que les descriptions que je lis soient assez exactes et des plus intéressantes, que Marx n’a pas réalisé que les causes fondamentales de ce qu’il « dénonce » ne sont en réalité pas produites par le « Capital », mais par plusieurs autres facteurs dont la résultante forme le capitalisme. Autrement dit, il confond corrélations, causes et effets (quand il ne fait pas que décrire des processus, mais qu’il condamne le système au passage).
Et, encore une fois, concernant l’aliénation, l’on aurait beau retourner à l’époque des chasseurs-cueilleurs et/ou à une époque où un individu qui possédait une « ferme » pouvait subvenir par lui-même à presque tous ses besoins (en plus de « posséder les moyens de sa production » puisqu’héritée de père en fils). Sauf que la charge de travail pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille l’aliénait pas nécessairement plus ou moins que le chasseur-cueilleur et/ou que celui qui est dans la dèche de nos jours et qui doit se farcir 60h et plus de travail au SMIC. Quand l’on doit tout fabriquer soi-même et quand la femme (stéréotype de genre juste pour les besoins de l’exemple, ne pas taper) doit laver le linge à la rivière, faire des vêtements, etc., bref, posséder « les moyens de sa production » et devoir produire tout ce qui est nécessaire à soi et sa famille, peu importe les époques, ne garantit pas du tout d’avoir plus de temps pour les loisirs, développer son intellect, nourrir sa culture, jouir de la vie et s’émanciper, etc.
Jusqu’à maintenant, j’ai surtout l’impression que l’interprétation de Marx (quand il juge le système et cause d'aliénation) est très teintée par son époque et les situations alors exécrables du temps où les syndicats n’étaient pas encore ce qu’ils sont aujourd’hui, entre autres, etc.
Vais poursuivre mes lectures...