Wow !
On est en plein dans le scepticisme appliqué, là. Remontons aux sources, et comptons les sophismes !
La source choisie par Horus est un éditorial d'un journaliste
conservateur, admirateur d'
Alain Finkelkraut, qui source son propos sur un article paru dans
la Presse.. Quand on prétend lutter contre les biais idéologiques, il est étonnant de choisir une source très connoté politiquement, surtout quand on voit à quelle point elle est biaisée.
Le titre de l'éditorial est un magnifique épouvantail : "Air Canada contre la politesse", quand il s'agit de remplacer une formule de politesse "bonjour, mesdames et messieurs" par une autre : "bonjour tout le monde".
L'épouvantail se poursuit dans le premier paragraphe :
"Bonjour
Monsieur! Bonjour
Madame! La Presse nous apprend ce matin que bientôt, ces formules qui relèvent de la politesse la plus élémentaire seront congédiées par Air Canada . "
Je souligne le singulier, car ce ne sont pas ces formules individuelles qui sont concernées par le communiqué d'Air Canada, mais la formule collective "mesdames et messieurs", qui s'adresse à l'ensemble des passagers. Le point à son importance dans l'interprétation qu'en fait Bock-Coté juste ensuite :
"Pourquoi? Pour éviter de
mégenrer les clients, évidemment! "
Quand le motif de la décision est d'inclure tous les passagers dans cette salutation :
"Nous voulons garantir un espace inclusif pour tous, y compris les personnes qui s’identifient au genre X."
S'ensuit un long paragraphe sourcé sur rien, et qui constitue une fabuleuse pente glissante s'achevant sur " À travers cela s’impose le nouvel idéal d’une humanité indifférenciée, où l’identité des individus deviendrait exclusivement subjective, l’autoréférentialité la plus absolue devenant désormais la norme. "
S'enchaînent ensuite :
- Un appel à la popularité "Le commun des mortels, naturellement, et pour d’excellentes raisons, n’y comprend pas grand-chose."
- Un appel à l'ancienneté "Pourquoi bannir une formule de politesse inscrite aussi intimement dans les mœurs? "
- Un appel au bon sens " Il s’amuse alors de cette niaiserie en se disant que le monde est devenu fou."
- Un appel à la nature " On ne va quand même pas nier que l’humanité soit constituée d’hommes et de femmes"
Puis Bock-Coté se pose en victime dans un superbe procés d'intention : "Et on fait passer ceux qui s’opposent à ce démantèlement d’une référence anthropologique absolument fondamentale inscrite dans la définition même de l’humanité pour des réactionnaires transphobes s’opposant à la fois à la «Science» et à l’ouverture à la diversité" , couplé avec un amalgame, les transgenres n'étant pas concernés (les transgenres demandent à être désigné par le genre auquel ils s'identifient, pas à ne pas être désignés par un genre - Bock-Coté amalgame transgenre et non-binaires)
L'épouvantail se poursuit :
" Parce qu’encore une fois, il faut le noter, on cherche à faire passer pour une vérité scientifique définitivement établie l’inexistence du masculin et du féminin. L’idéologie aime se maquiller sous les traits de la science. "
Air Canada ne justifie pas sa décision par la science, mais par la morale - utiliser une formule de politesse qui fasse en sorte que personne ne s'en sente exclu. Il ne s'agit pas de nier l'existence du masculin et du féminin, mais de reconnaître qu'il existe des personnes qui ne se reconnaissent pas dans ces 2 catégories, et de choisir d'éviter de les froisser.
On est en plein dans le sujet : une mesure qui arrange une toute petite minorité sans rien enlever aux autres devient, en brandissant l'épouvantail de la "théorie du genre", un péril majeur pour la civilisation.
Pour les échantillons statistiques, comme dans d'autres domaines, il n'y a pas que la taille qui compte.
Raisonner a l'instinct sur des problemes de probabilites, c'est le desastre assuré. (Spin Up)
Une graphe sans échelle, c'est bon pour la poubelle