Mirages a écrit : 05 avr. 2020, 20:13J'observe une légère glissade capitaliste (le modèle économique)
La politique fiscale actuelle n'est, à mon avis, pas la cause mais une partie (nettement insuffisante,à elle seule, comme le souligne cette remarque) de la solution. La cause, selon moi, de cette précarisation de l'emploi, c'est le fait que, peu à peu, la machine remplace l'homme.carlito a écrit : 05 avr. 2020, 18:22La réalité est l'impact de politiques économiques/fiscales qui précarisent de plus en plus une majorité de salariés, le nies-tu? Si l'on parle uniquement de chômage, pour les pays "à coût de main d'oeuvre plus élevé", quid des Etats-unis, Angleterre, Allemagne, Pays-bas...etc? qui, eux, ne sont pas loin du plein emploi. Le chômage de masse en France est structurel...et ne baisse pas malgré tout les "efforts" consacrés aux entreprises. (le CICE devait permettre la création d'1 million d'emploi, la blague!)
Le développement de la délocalisation dans les pays à bas coût de main d’œuvre et la facilité, pour les entreprises, de trouver sur le marché du travail des personnes prêtes à accepter des contrats précaires en est la preuve.
En effet, si la machine ne tendait pas à remplacer l'homme dans de nombreuses tâches, la réponse au besoin de travail par appel à une main d’œuvre humaine délocalisée dans les pays à bas coût de main d’œuvre (salaires + charges) et/ou par des offres d'emploi présentant un caractère précaire ne suffirait pas. Il serait nécessaire de recourir au (quasi)plein emploi dans les pays à coût de main d’œuvre plus élevé et proposer des contrats moins précaires afin de pourvoir au besoin de travail humain des entreprises.
Qu'en résulte-t-il ?
Peu à peu, mécaniquement, à cause de cette mécanisation croissante de toutes les formes de travail, le besoin de travail humain (donc l'offre d'emploi humain) diminue. Ce sont les machines, autrement dit le capital (puisque c'est dans l'outil de production que le capital s'investit) qui peu à peu remplace le travail humain.
De ce fait, les revenus de l'activité économique se déplacent mécaniquement, des revenus du travail humain (les salaires) vers les revenus du travail des machines, c'est à dire vers les bénéfices tirés du capital investi (notamment) dans les machines, autrement dit les revenus du capital.
Quelle est la solution ?
Revenir à une époque antérieure ? Remettre en place des tâches manuelles là où maintenant des machines ou des robots agissent à notre place ? Ce n'est pas possible car on n'accepterait jamais la perte considérable de pouvoir d'achat, voir même l'incapacité de répondre à nos besoins primaires (sur planète peuplée de 7 milliards d'êtres humains, la démographie est une partie problème) qui résulterait de cette considérable baisse de productivité de nos entreprises.
Taxer les robots dans un pays donné ?
Ce serait favoriser la délocalisation des entreprises vers les autres pays.
Fermer les frontières ?
Ce serait accepter la baisse de pouvoir d'achat découlant de l'impossibilité de laisser jouer la concurrence internationale. C'est alors, en effet, se refuser à acheter des produits et services moins coûteux car produits dans des pays mieux armés pour produire les produits et services concernés au meilleur prix.
A cette perte initiale de pouvoir d'achat par fermeture des frontières (ou surtaxation excessive des produits étrangers) s'ajoute l'inévitable perte de compétitivité (donc, petit à petit, l'augmentation des coûts, donc des prix à quantités produites égales, donc la perte de pouvoir d'achat induite) des entreprises nationales n'ayant plus à faire d'effort de compétitivité requis pour lutter contre la concurrence internationale (auquel s'ajoute la perte de poids et de pouvoir politique par rapport à des pays petit à petit mieux armés et plus puissants économiquement donc susceptibles de nous faire subir des décisions reflet de leurs intérêts nationaux).
Alors, quelle est la solution ?
A mon avis la solution c'est que, à terme, chacun dispose d'une source de revenus provenant pour partie du travail et pour partie du capital. En effet, étant donné que peu à peu les revenus économiques se déplacent mécaniquement des revenus du travail vers les revenus du capital, il faut favoriser (dans un délai à établir) l'accession de chacun à des revenus du capital.
Comment ?
En taxant le capital à une échelle nationale ?
C'est faire fuir le capital donc l'investissement, donc l'emploi, les produits et les services associés (c'est à dire notre pouvoir d'achat) vers d'autres pays.
En taxant le capital à une échelle mondiale ?
C'est tuer la poule aux œufs d'or en dépensant, sous forme de revenus, l'argent qui doit, au contraire, être investi de façon à maintenir (et éventuellement développer) notre source de revenus réels (les produits et les services) dans l'entité destinée à les produire : l'entreprise, l'exploitation agricole, la compagnie de production ou de transport de ceci ou cela...
Comment, donc favoriser l'accès du plus grand nombre aux revenus du capital ?
Selon moi, Il faut parvenir à trouver le moyen, dans la durée, de favoriser l'accession du plus grand nombre
- à des revenus sous forme de stock options (et d'actions d'autres entreprises)
- à la compétence requise pour gérer ce capital et ses revenus de façon prudente avec une vision à moyen et long terme
- à une certaine dose de protection vis à vis des aléas divers liés à ce capital et à sa gestion (mais pas trop quand même pour ne pas nous faire perdre notre sens des responsabilités dans les choix d'investissement relatifs à la gestion de notre capital)
- En fait, le tout premier capital à acquérir, ça devrait être notre logement, pour le plus grand nombre d'entre nous, le plus systématiquement possible.
- Le second capital, c'est celui qui devrait être investi dans des fonds de pension pour nous assurer, à la retraite, des revenus moins dépendants des revenus du travail (en raison de leur tendance mécanique à s'amenuiser par l'effet de la concurrence de la machine).
- à la préservation de notre environnement,
- à la préservation de l'accès à l'eau potable,
- à la résolution des problèmes de malnutrition et de santé dans les pays où ce n'est pas encore le cas, etc, etc
Comment et par qui, ces entreprises à but environnemental et "lucratif" (c'est à dire garantes d'une rémunération de ses actionnaires, nous dans l'hypothèse envisagée) devraient elles être rémunérées ?
Obligatoirement par l'état et/ou des organisations internationales reconnues et sous la responsabilité d'états ayant passé les accords internationaux appropriés, et ce, en fonction de l'atteinte d'objectifs fixés dans le cadre de contrats signés entre l'état (ou l'organisme responsable d'un type d'action environnementale ou sociétale visée) et l'entreprise désireuse de répondre à un appel d'offre lancé par l'état (ou l'organisation internationale émettrice de l'appel d'offre).
Comment équilibrer le budget de l'état avec ces dépenses supplémentaires ?
On ne peut plus continuer à augmenter l’impôt. Il tue l'emploi et l'activité économique et il rencontre de fortes résistances sociales à tous les niveaux. Donc il faut réduire d'autres dépenses de l'état. Il faut bien qu'on y parvienne (et là ça va être l'objet de négociations très difficiles avec les bénéficiaires actuels de lignes de budget dans lesquelles il faudra bien faire des coupes, sans compter que certains lignes de budget sont insuffisantes et doivent donc être mieux dotées)
Est-ce que cette évolution est très difficile ?
Oui.
Est-ce que la difficulté, c'est de trouver des solutions concrètes ?
Non. Enfin si bien sûr, mais beaucoup moins que la plus grosse difficulté.
C'est quoi la plus grosse difficulté ?
La plus grosse difficulté, c'est de nous mettre d'accord sur ces solutions et leur mise en œuvre et d'arriver à ne pas systématiquement trouver que "l'on" nous demande trop (Un peu comme-ci "on" ça ne devait pas être nous ! Comme si nous ne devions pas être les responsables de cette demande) individuellement ou à notre catégorie socio-professionnelle, notre nationalité, la communauté de ceux ayant notre couleur de peau, la catégorie de ceci ou de cela perçue comme une sorte d'extension de notre égo.
Si notre seule action est le vote sans changement profond de nos attentes et de nos objectifs, rien ne changera. Sans une volonté politique et une approche réaliste de notre part, les responsables économiques et politiques, qu'ils nous veulent du bien ou soient (pour certains d'entre eux) surtout désireux d'accéder à une fonction prestigieuse ne peuvent pas résoudre nos problèmes de société, notamment la crise écologique. Ils n'en ont pas le pouvoir car le pouvoir c'est nous, l'opinion publique, qui le détenons et l'exerçons dans une large part sans le savoir.
La difficulté c'est aussi :
- de trouver les moyens de contrôle et l'organisation permettant de nous assurer qu'il n'y a pas détournement de fonds et/ou détournement des ressources ainsi affectées par des personnes ou par des groupes désireux de mettre la main dessus à leur profit.
- de mettre en place une philosophie de recrutement, de gestion des compétences et de management permettant de garantir l'efficacité de telles organisations (le risque étant de rapidement tomber dans le piège de la lourdeur bureaucratique des grosses organisations et une paperasserie inefficace, paralysante et couteuse en terme de volume de travail)
Eu égard à la nécessité d'avancer de façon collective et internationale, une organisation qui devrait montrer l'exemple et prendre des initiatives allant dans ce sens, il me semble que ce devrait être (notamment) :
- la communauté européenne (mais elle devrait d'abord se débarrasser de sa tendance naturelle à viser la perfection, celle-ci étant trop souvent synonyme de règles et normes lourdes, complexes et hyper contraignantes, paralysant l'action donc néfastes à son efficacité)
- en s'appuyant sur des valeurs de respect de l'homme, de la société et de notre environnement,
- tout en veillant à un équilibre harmonieux entre préservation de l'intérêt collectif et préservation de la responsabilité et de la liberté individuelle d'action et d'opinion.