richard a écrit : 27 oct. 2020, 13:26Salut les gones! J’ai eu du temps —et des difficultés— à admettre que les vitesses mesurées ne sont pas les « vraies » vitesses et ce n’est que récemment que j’ai compris que les distances mesurées ne sont pas de même les « vraies » distances. La vèritė est ailleurs!
En fait, il y a deux points de vue en opposition à ce sujet
Point de vue 1 : le point de vue relativiste réaliste.
C'est le point de vue selon lequel il y aurait de "vraies" distances, de "vraies" durées, une "vraie" simultanéité et de "vraies" vitesses. Il s'agit des grandeurs que nous mesurerions dans le "bon référentiel inertiel", le référentiel inertiel immobile par rapport à un hypothétique éther, un milieu de propagation des ondes de lumière comme des ondes de matière.
C'est un point de vue à ce jour très minoritaire. Il a été défendu par De Broglie, Bohm, Bell. Il est à ce jour défendu par Bricmont, Percival, Scarani, Valentini, Popper, Arminjon sur la base de modèles mathématiques cohérents et compatibles avec les faits d'observation. Toutefois, ces modèles ne prévoient pas de faits nouveaux qui seraient observables à ce jour (les effets nouveaux prédits sont trop petits pour être observables). Devant l'absence de faits d'observation permettant, à ce jour, de mettre en évidence les effets observables associés à ce milieu supposé de propagation des ondes, le point de vue majoritaire actuel est le point de vue 2.
Point de vue 2 : le point de vue relativiste positiviste
C'est le point de vue selon lequel le principe de relativité du mouvement est supposé
parfaitement respecté en toute circonstance. Aucun référentiel inertiel n'est privilégié vis à vis de ses collègues (1). L'invariance de Lorentz qui en découle (une condition mathématique requise pour avoir, notamment,
invariance de l'équation de propagation des ondes lumineuses (2)) est inviolable. Cette invariance des lois de la physique vis à vis d'un changement de référentiel inertiel interdit toute possibilité de mesurer notre vitesse vis à vis de ce milieu supposé (3). La notion de "vraie" durée, "vraie" simultanéité, "vraie" distance, "vraie" vitesse est une illusion réaliste. Cette illusion consiste à attribuer aux propriétés que nous mesurons, un caractère objectif, un caractère qui serait intrinsèque aux phénomènes et objets observés indépendamment de toute considération d'observation et d'observation ou classe d'observateurs.
Un peu de nuance dans ce monde de certitudes parfois un peu exagérées
En fait, tel qu'exprimé ci-dessus, le point de vue 2 est trop tranché. On peut très bien accepter l'interprétation positiviste de la physique (4), sans pour autant condamner, de façon tranchée, ferme et définitive, l'hypothèse d'un référentiel inertiel privilégié. On peut, de façon plus nuancée, dire que les connaissances scientifiques dont nous disposons à ce jour nous amènent à considérer l'hypothèse d'un référentiel privilégié comme (très) spéculative. Cette hypothèse n'est, à ce jour, pas utile pour rendre compte des faits d'observation.
Le comportement des ondes de matière et de lumière présente, toutefois, une assez nette analogie avec le comportement usuel des ondes dans un milieu de propagation (5).
Une certaine prudence peut donc être jugée légitime vis à vis d'un rejet, qui se voudrait ferme et définitif, de l'hypothèse d'un milieu de propagation des ondes de lumière et de matière. Le caractère spéculatif de l'hypothèse d'un milieu de propagation des ondes de lumière et de matière et l'absence de faits d'observation tendant à valider cette hypothèse, relativisent mais (à mon sens) ne disqualifient pas fermement l'intérêt de modèles mathématiques cohérents visant à prédire des effets observables induits par une telle hypothèse (ouvrant ainsi la porte à une possible confirmation ultérieure par observation (6)).
(1) La Relativité restreinte est très démocratique. En Relativité Restreinte, tous les observateurs inertiels sont égaux. La Relativité Restreinte est respectueuse des appartenances de chacun à son référentiel inertiel préféré. Eu égard à la nature humaine, voir "mammifèrienne", cela ne devrait toutefois pas empêcher telle ou telle catégorie d'observateurs inertiel (au repos dans un même référentiel inertiel) de considérer que, son groupe d'appartenance, est
Le groupe des "bons observateurs", tous les autres étant de "mauvais observateurs", des observateurs dans l'erreur qu'il faut combattre et soumettre pour les amener au bon point de vue : le leur.
(2) Attention de ne pas confondre invariance et covariance
- La vitesse de la lumière est invariante. Elle est la même dans tous les référentiels
- La vitesse du son dans un milieu (et l'équation correspondante de propagation des ondes) est seulement covariante. Elle reste la même si on change l'observateur ET le système observé (le milieu de propagation des ondes sonores) de référentiel inertiel.
- Les distances sont covariantes. Un mètre n'a la même longueur que son on change le mètre ET les insttruments de mesure de longueur de référentiel
- Les durées sont covariantes. Si je change une expérience de physique ET son observateur de référentiel, les durées des différentes étapes du phénomènes restent les mêmes.
- La durée propre (le tic-tac d'une horloge mesurée dans le référentiel où elle est au repos donc avec une autre horloge elle aussi au repos dans le même référentiel) est invariante. On peut toutefois la calculer même si l'on n'est pas dans le référentiel auquel correspond cette mesure de durée propre.
(3) En fait, l'invariance de Lorentz n'est pas une condition tout à fait suffisante pour rendre inobservable notre vitesse vis à vis d'un référentiel privilégié. Des conditions topologiques très spéculatives relativement à notre espace-temps, conditions auxquelles je ne crois pas du tout, permettent, en théorie, d'avoir un espace-temps de métrique
parfaitement plate, cet espace-temps possédant, cependant, un référentiel inertiel privilégié qu'on peut appeler référentiel immobile. On peut citer, à titre d'exemple, un espace-temps amusant : l'espace temps statique hypertorique (que je vois surtout comme un jouet mathématique).
(4) Selon le point de vue positiviste, les propriétés que nous mesurons et attribuons aux objets et phénomène physiques observés ne sont pas intrinsèques aux objets et phénomènes observés, mais sont des propriétés de notre
interaction avec ces objets et phénomènes.
(5) On a le même type d'équation, l'équation de propagation des ondes : d²rond/drond x² - (1/c²) d²rond/dt²) f = 0. L''invariance de Lorentz, et donc l'impossibilité de mesurer notre hypothétique vitesse absolue par rapport à un supposé milieu de propagation des ondes lumineuses, découle de l'invariance de la vitesse c de la lumière intervenant dans cette équation de propagation des ondes (quand il s'agit d'ondes lumineuses).
(6) Ce ne serait pas la première fois qu'une hypothèse physique est émise, modélisée, puis confirmée par observation. On peut citer, à titre d'exemple, l'hypothèse atomique rejetée par Mach comme étant métaphysique (notamment dans sa polémique avec Boltzmann relativement à son modèle statistique de la croissance de l'entropie modélisant l'évolution irréversible d'un gaz parfait isolé dans un modèle mathématique cinématique à la base réversible et même time-symmetric ) puis confirmée ultérieurement par Einstein par modélisation du mouvement Brownien et confirmation des effets prédits.