jean7 a écrit : 24 juin 2020, 01:56Le plaisir de l'écoute peut être décorrélé de la qualité du son.
Oui, bien sûr! Mais ce n'est pas une justification à n'importe quoi non plus!
Ce n’est d’ailleurs pas du tout remis en cause par personne dans le milieu (
ingé son en studio et/ou mecs comme moi qui font de la MAO à la maison) puisque nous utilisons tous des « saturateurs » (
disto/overdirve, etc.) et autres «
analaog tube amp effect » qui ajoutent ce que l’on nomme des « harmoniques musicales » aux sons « trop purs » (
disons ça comme ça), ce qui, dans l'absolu, détériore la qualité et/ou la pureté du son. Donc oui, en ce sens!
C’est d’ailleurs ce qui a, au tout début du numérique, créé plusieurs polémiques voulant que le son numérique était trop « propre et pur »
VS le son « analogique ».
Sauf que... ...il est nécessaire de bien comprendre et de ne pas tout mélanger :
Par exemple, avant l’ère du numérique, il était pratique courante de pousser le gain d’entrée des micros (
captant instruments et/ou voix) afin d’aller « chatouiller » les limites (
taper juste un peu dans le rouge) des préamp d’une console, d’un EQ, d’un compresseur, d’un channel strip, etc. Pourquoi? Parce ça créait (
à cause des lampes) de la distorsion harmonique « musicale » (
comprendre « douce » et pas perçu comme étant de la distorsion au sens littéral du terme).
Tout ceci n’est pas une impression, on l’observe et le mesure si l’on utilise des appareils de mesure (
des harmoniques s’ajoutent et se répètent bel et bien à différentes fractions/octaves, etc.).
Mais c’est justement parce que ce sont des harmoniques (
fraction/produit de fréquences/notes existantes) — dosé/ajusté par un humain — que le résultat est « plaisant » à l’oreille. Et faut aussi saisir, qu’ici, le terme « distorsion » n’a donc pas le même sens qu’une distorsion « grasse » qu’on ajoute comme effet « artistique » à une guitare, par exemple, ni à la distorsion harmonique de base que génère tout appareil (
THD) sans même monter le gain. Il est important de bien effectuer ces distinctions.
Donc si l’on suit bien le raisonnement, lors de
LA CAPTURE, c’est à dire lors
DE L’ENREGISTREMENT (et surtout lorsque
dosé/ajusté par un humain) par exemple d’une voix, oui, utiliser un préamp analogique à transistor de qualité et/ou à lampe qui ajoutent de la disto harmonique quand on pousse un peu le gain apporte un petit quelque chose, une « chaleur » qui plait à tous les humains (
manifestement, ce n’est pas remis en cause par personne). Ça ajoute une certaine « chaleur » au son (
d’où pourquoi, par la suite, son nées toute sorte de qualificatifs de plus en plus vaseux et vaporeux).
Mais, encore une fois, faut bien saisir, qu’à l’écoute, personne dans le grand public, chez les profanes, ne va pouvoir dire : «
ha oui, j’entend de la distorsion plaisante à l’oreille ». Non, c’est pas de cette orrde, c’est bcp plus subtil. Mais on (
tous dans l’industrie, lors du passage de l’analo au numérique, avec mesure à l’appui) c’est tous rendu compte que faire des prises « sans faire chauffer les lampes », surtout pour des voix, créait l’absence d’un « petit quelque chose ». Tout ça est bien réel (
mais réglé de nos jours avec des émulations en plugin lorsque pas de préamp à lampe dispo). Mais ça concerne la phase d’enregistrement, de captation et de mixage. Ça n’a rien à voir avec la restitution (
du produit fini) qui, elle, nécessairement, ce doit d’être faite de la façon la plus « neutre » possible afin d’être fidèle, justement, à ce que l’artiste et son ingé son ont voulu créer en séances d’enregistrement en studio. C'est ça que peu discernent, très souvent!
Donc, ceci étant dit, lorsque tout est mixé (
voix, guitare, basse, batterie, etc.) et que le morceau est pressé sur CD (
et/ou en fichier/format lossless sur ordi), c’est là que les absurdités, l’incompréhension, l’ignorance et les croyances forment des idiophiles et/ou des mecs qui mélangent un peu tout sur les forums et IRL.
Concernant les idiophile, dans les cas les plus pires, c’est-à-dire les adeptes de HIFI fortunées (
souvent des dentistes, des avocats, des notaires, histoire de bien caricaturer 
) qui claquent 15,000$ pour un ampli et tout autant pour des HP et 850$ pour un câble de 3 pieds (
oui, ça existe pour vrai!) et des « pyramides en bois africain » supposé « ioniser l’air » (
et autres conneries) pour améliorer la qualité audio de leur système/pièce, ben eux ne connaissent même pas la notion de disto harmonique au sens de « la chaleur de lampe » d’un preamp lors de l’enregistrement. Pas plus que n’importe quel individu de grand public qui n’a jamais trempé dans le milieu de l’enregistrement musical.
Eux sont dans une recherche de pureté/restitution (
la plus fidèle) absolue, imaginaire et fantasmée! ...sans réaliser que le quatuor qui joue live (
l’exemple d’EB), devant, eux, mais caché par des rideaux, ne sonnera jamais pareil qu’un enregistrement (
restituée par 2 HP) où nous sommes obligé d’appliquer des EQ, un minimum de compression, reverb, etc. Du coup, ils trouvent plus « pur et fidèle» un enregistrement audio que le quatuor réel présent et jouant devant eux.
Et à l’opposé, il y a tout un tas d’individus qui mélange un peu tout, en prétendant, par exemple (
j’utilise l’exemple le plus rependu et connu) que le CD sonne « moins bien » qu’un microsillon en vinyle alors que là (
contrairement à la chaleur des lampes qui est mesurables scientifiquement concernant les harmoniques lorsqu’on pousse le gain à l’enregistrement), absolument rien ne peut justifier que le vinyle sonne « mieux », puisque la disto « non musical », le
noise floor, la plage dynamique, bref, tout est moindre en terme de
qualité objective et tout est pire en terme de défauts et d’artéfacts concrets.
Alors, oui, il pourrait être tentant de conclure que certains apprécient tous ces petits défauts de restitution d’antan et que c'est ce qui fait le charme des microsillons, sauf que dans la quasi-totalité des cas, ce n’est pas le cas, car les qualificatifs que ces individus emploi pour justifier leur préférence ne correspondent pas du tout! Avec le même amp et les mêmes HP, le microsillon ne « dégage » pas plus de « chaleur harmonique » (
plaisantes) qu’un CD sur la même chaîne de diffusion. Le son n’est pas plus « défini » ou « aéré », etc., etc. Bref, le fait de voir et de savoir que c’est un microsillon créer un effet qui s’apparente à l’effet McGurk. Bref, techniquement, tout est « moins » pour un microsillon (
j’épargne les détails, mais il est impossible, entres autres, de descendre trop bas dans les basses freqs, par exemple, à cause de l’espace que ça nécessite entre les sillons, ce qui empêche de placer alors le nombre de morceaux suffisant sur le disque, etc.).
Bref, au final (
je passe de nombreux détails), ce qu’il faut saisir, c’est que « la chaleur », c’est un truc qui concerne l’enregistrement et le mixage, mais qu’ensuite, plus un système est « neutre » et n’ajoute rien, plus il restituera fidèlement ce qui a été enregistré!
Et il se trouve que 16-bit/44.1kHz est suffisant comme « format/média » final (
en rapport avec les capacités d'audition humaines).
Ensuite, en 2020, est-ce qu’un DAC d’un lecteur CD à 300$ restitue moins fidèlement ce qui est enregistré sur le CD qu’un DAC à 3500$? Pas dans les limites de l’audition humaine. Est-ce qu’un câble HIFI à plus de 100$ fait une différence perceptible? Personne n’a jamais réussi à le démontrer en blind test. Je ne sais pas si c’est encore valide, mais à une époque, même James Randi offrait une grosse somme (
tout comme pour la démonstration de pouvoirs psy) à n’importe qui pourrait battre le hasard en blind test concernant du matos HIFI.
Et sinon, pour finir, il y a des notions et anecdotes intéressantes à connaitre...
Il arrive très souvent (
enfin, au moins une fois à quiconque qui à bossé en studio et/ou qui bosse avec un DAW à la maison) en cour de session qu’on active une EQ ou un comp et que tous les individus présents en studio se disent : «
ouais, ça sonne vraiment mieux avec »... ...pour se rendre compte quelques minutes plus tard qu’on avait pas bien enclencher l’EQ et/ou le comp.

Ça m’est arrivé moi-même plus d’une fois! Et là tu te dis, mais putain que c’est fort la suggestion!
Dernière chose... ...l’Individu lambda profane ne se doute pas, mais vraiment pas à quel point toute musique enregistrée n’a en fait rien de « naturelle ». Et ici je en cause pas du tout des effets de type autotune pour corriger la hauteur des
pseudo-chanteurs «
entertainer » qui ne savent pas vraiment chanter, mais de tout enregistrement, quel qu’il soit. Parce que pour que 2 HP puissent reproduire de façon « plaisante » plusieurs pistes mixées, il est impératif de jouer de l’EQ, du compresseur, de la reverb et du delay. Pas pour que les auditeurs discernent ces effets, mais simplement pour « égaliser/lisser » le tout. Même sans parler des « tubes » hyper compressés et « léchés» dans la réalisation, même pour un « quatuor jazz » l’ingénieur qui capte et mixe ne pourra pas se contenter de juste faire des niveaux. C’est pratiquement impossible.
Du coup, toute cette ignorance (
en plus des croyances) donne parfois lieu à des situations paradoxales et rigolotes... ...par exemple un groupe qui demande à l’ingé son, après un premier
ruff mix écouté, s’il est possible que ça puisse sonner moins compressé et plus « naturel ». L’ingé s’exécute alors, mais le groupe n’est tjrs pas satisfait. Et ça se répète comme ça 3 ou 4 fois... ...jus'au moment où l’ingé son ne les écoute plus et applique la « recette habituelle » avec un peu plus d’EQ, de compression et autres « effets » pour finalement entendre de la part du groupe : «
ouais, c’est ça, là ça sonne naturel »
...parce que nous ne savons pas en réalité ce qui sonne naturel et que lorsque nous assistons à une prestation live, le fait de regarder avec les yeux indique au cerveau de ne pas se soucier des grands écarts de dynamique, etc. Alors que sans les yeux et hors contexte « live », le cerveau devient 1000x plus exigeant sur ce qu’il entend et afin de pouvoir effectuer une correspondance avec le show « live » tout doit être «lissé/sublimé » avec une flopée d’effets (
non artistiques, effets qui n'ont pas pour vocation à être perçu comme des effets).
Bref, c’est un peu la même chose quand, par exemple, on parle avec des amis IRL lors d’une soirée. Sauf si l’un d’eux parle vraiment tout bas, le cerveau s’accommode très bien des différents écarts de niveaux des voix (
et de la voix très grave de « Patrick » et/ou stridente de »Sophie ») . Mais si l’on enregistre cette soirée et qu’on la réécoute sans traiter l'enregistrement avec EQ+comp, ben ça va sonner « ultra cheap », non naturel et aurons du mal à discerner clairement les mots de chacun (
et la voic de Patrick générera trop de basses freq, et la voix de sophie sera trop aigu, etc.) parce que nous sommes habitués (
et ça devient une référence inconsciente) d’entendre les voix toujours au même niveau (
avec Highpass/lowpass+comp) à la radio, à la TV, etc (
car très compressé).
Bref, tout ceci n’est pas que mon opinion perso, il existe des sources documentées pour tout ce que j’évoque et raconte!