Apocalypse cognitive
- Dominique18
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Apocalypse cognitive
Le dernier opus de Gérald Bronner, parution le 6 janvier. Titre choc pour contenu chic... ou l'inverse, il faut voir...
Une interview et des extraits...
https://www.lepoint.fr/sciences-nature/ ... 6_1924.php
https://www.lepoint.fr/sciences-nature/ ... 3_1924.php
Une interview et des extraits...
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Re: Apocalypse cognitive
Dominique
Ton site exige un abonnement pour livrer l'article. Tu serais gentil de copier l'article au complet et de nous le servire sous forme de "spoiler".
Merci
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« Dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire. » George Orwell
- Dominique18
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Re: Apocalypse cognitive
Désolé!
J'y retourne! Premère partie.
J'y retourne! Premère partie.
En route vers l’« Apocalypse cognitive »
Dans son essai à paraître le 6 janvier, le sociologue Gérald Bronner analyse la façon dont notre cerveau réagit à la surinformation. Extraits.
Publié le 01/01/2021 à 09:40 | Le Point
En route vers l’<< Apocalypse cognitive >>
Extraits
« Apocalypse cognitive », de Gérald Bronner (Puf, 372 p., 19 €, parution le 6 janvier).
Notre cerveau : zone de combats
Dire qu’il y a quelque chose de possiblement mortifère dans ces circuits du plaisir n’a rien d’exagéré. Et ce qui est vrai pour le rat ne l’est pas moins pour l’humain. En effet, nos circuits de récompense à court terme peuvent rapidement prendre possession de notre esprit. Le terme est un peu fort mais il a une traduction physiologique très concrète : la production de dopamine accompagnant la jouissance à court terme a tendance à donner un avantage décisif aux régions postérieures du cerveau (comme l’amygdale ou l’hippocampe) plutôt qu’au cortex préfrontal, qui régit les préférences de long terme et lutte contre certaines de nos intempérances. Cette lutte entre le court-termisme vorace et nos capacités de pondération se joue en partie dans le nucleus accumbens, un ensemble de neurones situés au cœur de notre cerveau, dans la zone corticale prosencéphalique. Cette zone joue un rôle important dans notre système de récompense et toutes formes d’accoutumance. Si le niveau de dopamine est durablement élevé dans le nucleus accumbens, en raison par exemple de stimulations répétées de phénomènes agréables/jouissifs, les connexions le reliant à l’hippocampe se renforcent et cela instaure un cercle vicieux qui relève de l’addiction. Chez l’homme, ce circuit de récompense préside à des sources de plaisirs très variés : consommation de drogue ou de nourriture, écoute d’un morceau de musique ou encore validation d’un contenu sur les réseaux sociaux. Ces circuits ne réagissent pas qu’aux récompenses effectives, ils sont également sensibles à la probabilité ou à la promesse de récompenses : plus ces récompenses se rapprochent ou paraissent possibles, plus l’activité des réseaux dopaminergiques s’intensifie. Une étude de neuropharmacologie a même révélé que le cerveau des cocaïnomanes produisait de la dopamine lorsqu’on leur montrait des images ou des vidéos du secteur où ils se fournissent en drogue !
Le coup du marshmallow
Cette capacité à résister à des tentations du court terme a été illustrée par une expérience célèbre menée par Walter Mischel, de l’université Stanford. Une friandise (un marshmallow) était proposée à un enfant de maternelle. Avant que l’expérience ne commence, on lui indiquait que, s’il attendait quelques minutes avant de manger ce bonbon, il lui en serait offert un deuxième. L’enfant était laissé seul face à son dilemme, observé derrière un miroir sans tain par les chercheurs. Entre 1969 et 1974, ce ne sont pas moins de 550 bambins qui ont été confrontés au test du marshmallow. Il s’agissait d’établir une mesure du contrôle de soi : être capable de différer un plaisir à court terme pour obtenir un bénéfice supérieur à moyen terme. Cette aptitude à résister au plaisir à court terme lorsqu’il en est de notre intérêt n’est pas sans rapport avec le fait que la dérégulation du marché de l’information permet des sollicitations incessantes dont nous avons vu qu’elles s’immiscent facilement dans la physiologie de nos addictions. Moins de la moitié des enfants passèrent avec succès le test du marshmallow.
Le gorille invisible
Deux psychologues de l’université de Harvard, Christopher Chabris et Daniel Simons, ont filmé une scène apparemment banale : une équipe d’individus vêtus de tee-shirts blancs et une autre arborant des tee-shirts noirs se faisant des passes avec un ballon de basket. Les deux psychologues ont demandé à des sujets volontaires de visionner le film et de compter le nombre de passes que l’équipe blanche effectuait. La bonne réponse était : 35 passes, mais cela n’avait aucune importance. En réalité, pendant ce film surgissait un drôle de personnage – une étudiante vêtue d’un costume de gorille – qui se faufilait quelques instants entre les joueurs, faisant face à la caméra et se frappant la poitrine. Le plus incroyable, et c’était le but de l’expérience, c’est que la moitié des participants n’ont pas vu le gorille. […] Tout à leur concentration de réaliser convenablement la tâche qui leur était confiée, ils se montraient aveugles à cet événement pourtant surprenant – et qui durait neuf secondes – du surgissement d’un gorille au beau milieu de l’expérience. Non moins intéressants sont les résultats obtenus par Daniel Levin et Bonnie Angelone (2008), deux autres professeurs de psychologie qui ont voulu tester le sentiment que cette expérience inspirait à leurs étudiants. On leur décrivait en détail le protocole expérimental et on leur demandait s’ils pensaient qu’ils auraient vu le gorille. Pourtant initiés par leurs cours à la question de la cécité partielle de notre attention, ces étudiants furent 90 % à déclarer qu’eux auraient vu le gorille ! Nous sommes donc beaucoup trop optimistes quant à notre capacité à résister à ces phénomènes de tunnel attentionnel. Aveugles aux évidences et inconscients de notre cécité, telle est notre condition mentale dans certaines circonstances.
La lutte des clashs
Notre capacité à nous indigner peut faire de nous les dupes de toute forme de manipulation, y compris commerciale. Ainsi, en 2014, à l’approche de la Coupe du monde de football, le site de paris en ligne Paddy Power a-t-il fait croire – photo truquée à l’appui – qu’il avait fait couper de nombreux arbres de la forêt amazonienne pour qu’un message d’encouragement à l’équipe d’Angleterre soit visible du ciel. Comme on pouvait s’y attendre, le message a suscité l’indignation : comment pouvait-on se livrer à de tels enfantillages publicitaires quand cette forêt est le poumon de la planète à l’heure du réchauffement climatique ? La marque a laissé sereinement cette indignation enflammer les réseaux sociaux, excitant même la fureur morale en tweetant : « Nous n’avons pas coupé tant d’arbres que cela. » Une fois le sommet de la colère atteint, elle a fait savoir que cette photo n’était qu’un montage en dévoilant le making-of de toute l’affaire. L’astuce suprême a consisté à livrer un message conjointement à Greenpeace : « Tout le monde est devenu fou dans cette affaire, mais toutes les quatre-vingt-dix minutes on coupe un nombre d’arbres qui correspond à 122 terrains de football et personne n’en a rien à faire. » Cette indignation collective contrôlée a offert au site de paris en ligne une visibilité inespérée peu avant le plus grand événement sportif de la planète.
La gifle de Manuel Valls
Lorsque Manuel Valls a été giflé lors de la campagne des primaires de la gauche en 2017, bien que cet événement n’ait eu aucun sens politique déterminant, il a tourné en boucle et a suscité des millions de vues sur les plateformes de vidéos en ligne. On pourrait en dire autant de mille micro-incidents qui peuvent être rapportés de près ou de loin à des expressions de conflictualité. Malgré nos dénis, ces incidents nous intéressent : quelque chose en nous oriente notre disponibilité mentale vers eux.
Comme le montre le graphique (ci-dessus), de tous les événements qui ont ponctué la carrière de Manuel Valls, qui fut – faut-il le rappeler ? – Premier ministre de la France, c’est cette gifle qui a suscité le plus de demandes d’information sur Internet. Faut-il rappeler également qu’il était chef du gouvernement lors des terribles attentats contre Charlie Hebdo et ceux du 13 novembre ? Et, entre tous les événements historiques que cet homme politique a eu à gérer, ce serait donc ce soufflet qui aurait mérité le plus notre attention ?
La peur au ventre
D’autres types de récits performatifs peuvent – au sens littéral – empoisonner les esprits. Ainsi les symptômes d’électrosensibilité sont-ils considérés par l’orthodoxie de la science comme relevant du domaine du psychosomatique. Il demeure qu’ils se muent en souffrance réelle pour ceux qui ont endossé ces récits sous forme de croyances. En effet, comme le montre une étude réalisée par des neuroscientifiques au moyen de l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle, les personnes se déclarant sensibles aux ondes réagissent significativement plus que les autres à une exposition fictive par une modulation spécifique de l’activité du cortex cingulaire antérieur et du cortex insulaire. En d’autres termes, le fait d’avoir endossé le récit d’une hypersensibilité à la présence d’ondes stimule ce que les spécialistes nomment une « neuromatrice de la douleur ». De la même façon, des psychologues ont montré que le fait d’être exposé à un reportage télévisé sur les effets néfastes des champs électromagnétiques sur la santé provoquait non seulement un sentiment d’anxiété, mais encore une augmentation de la perception déclarée d’une stimulation Wi-Fi fictive ! Les récits anxiogènes ne sont donc pas toujours sans effets et, dans ce domaine, le proverbe « Mieux vaut prévenir que guérir » n’est pas aussi sage qu’il y paraît.
Self-sévices
Le résultat d’une étude menée par des psychologues dans le domaine du sport permet de préciser les enjeux de notre situation contemporaine. Ces chercheurs ont étudié les réactions émotionnelles des participants aux Jeux olympiques de Barcelone en 1992 (1), en particulier de ceux qui sont montés sur le podium. Leur découverte ne devrait plus nous étonner à présent mais elle demeure fascinante : ceux qui ont gagné une médaille d’argent paraissaient moins heureux que ceux qui ont gagné une médaille de bronze. L’interprétation des auteurs est que les médaillés d’argent songeaient souvent qu’ils avaient raté la plus haute marche de peu alors que ceux qui avaient remporté la médaille de bronze envisageaient un monde où ils ne seraient pas du tout montés sur le podium et s’en sentaient donc heureux. Le résultat de ce que ces auteurs ont nommé « une pensée contrefactuelle » montre que la frustration ne dépend pas seulement de la comparaison avec autrui mais aussi de la nature des mondes possibles envisagés. Si la situation que j’occupe me conduit à me comparer à ceux qui ont moins que moi, j’en sortirai plus satisfait que si, au contraire, elle m’incite à me comparer à ceux qui ont davantage.
Mensonge privé, vérité publique
Plutôt que des êtres hétéronomes ballottés par les intentions malveillantes d’un mystérieux système de domination, les individus sont souvent des acteurs stratégiques qui tentent de concilier leurs intérêts matériels et symboliques. Ils affichent parfois dans le discours une vertu qu’ils malmènent au jour le jour. Certains d’entre eux le font par pure hypocrisie mais, là encore, il n’est même pas besoin d’endosser une interprétation si misanthropique. Il suffit de se rappeler qu’il existe des conflits au cœur même de notre cerveau. La résolution de ces conflits vient souvent de ce que nous acceptons de céder à des satisfactions à court terme en nous promettant de régler le problème à long terme. […] Une expérience menée par trois psychologues (2) a bien mis en évidence ce phénomène. Il s’agissait de proposer aux sujets de l’étude de louer pour le soir même ou le lendemain des films de fiction soit relevant d’une catégorie de pur divertissement (par exemple The Mask), soit proposant un contenu plus exigeant (par exemple L’Odeur de la papaye verte). Les participants à l’expérience ont plutôt sélectionné les films divertissants pour le soir-même et les films plus exigeants pour le lendemain. Encore une fois, nous nous imaginons souvent avoir des appétits plus nobles que ceux qui nous animent en réalité. Dans le même ordre d’idée, les économistes Katherine Milkman, Todd Rogers et Max Bazerman se sont livrés, en 2009, à une intéressante comparaison entre les souhaits émis par des utilisateurs d’une plateforme Web de location de films et ce qu’ils regardaient effectivement. Leurs souhaits s’orientaient vers des films d’auteurs, des documentaires, des productions assez exigeantes… mais, en réalité, ils louaient plutôt des fictions grand public et populaires. D’une façon générale, toutes les études montrent que les sondés déclarent préférer les chaînes de télévision, les radios et les médias considérés comme exigeants, sans rapport direct avec leur consommation culturelle. Pour le dire plus crûment : en France, les gens affirment adorer Arte mais regardent TF1.
Ces vérités publiques apparaissent donc dès lors que l’on est en mesure d’agréger les données qui résultent de nos choix privés. Au moment où les mondes numériques prennent tant de place dans nos vies, l’agrégation de ces données, si elle permet l’apocalypse cognitive, pose un nouveau problème de taille : les informations et les choix qui nous sont proposés sur les réseaux sociaux, les plateformes d’achat de livres ou de consommation de fictions dépendent des traces d’intérêt que nous avons déjà laissées dans cet univers. De la sorte, le risque est grand que les algorithmes amplifient la médiocrité de nos choix et nous y enferment plutôt qu’ils nous aident à nous en émanciper et à édifier nos esprits§
(1) Medvec, Madey & Gilovich (1995). (2) Read, Loewenstein & Kalyanaraman (1999).
- Dominique18
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Re: Apocalypse cognitive
Deuxième partie.
Gérald Bronner : « L'arme du crime idéale : l'écran »
INTERVIEW. Croyances, fake news, surinformation… Nous sommes les proies de nouveaux manipulateurs. Gérald Bronner analyse ce « tournant civilisationnel ». Propos recueillis par Guillaume Grallet, Sébastien Le Fol et Géraldine Woessner
Modifié le 30/12/2020 à 17:11 - Publié le 30/12/2020 à 15:41 | Le Point
Clair-obscur. Gerald Bronner, chez lui a Nancy, le 18 decembre.
Clair-obscur. Gérald Bronner, chez lui à Nancy, le 18 décembre.
Le Point : Si vous deviez résumer d'une phrase l'idée centrale de votre livre…
Gérald Bronner : Comment penser les conditions sociales pour que notre cerveau puisse donner la meilleure part de lui-même. Aujourd'hui, tout notre environnement est organisé pour que sa face obscure prenne de plus en plus d'importance dans la vie publique. Il ne s'agit pas d'éradiquer les pulsions en nous, mais de nous protéger de nous-mêmes ! Ce qui nous menace, c'est que la vie publique soit contrôlée par les régions postérieures du cerveau, et non plus par le cortex orbitofrontal. Dans le cerveau, il y a toute notre histoire. Celle de la servitude, tout d'abord. Nous pouvons devenir esclaves de tout un tas de boucles addictives… Ce risque est un peu dystopique et en même temps bien réel.
Libéré de ses chaînes biologiques (la faim, le froid…), l'homme du XXIe siècle serait donc menacé d'une nouvelle servitude.
On peut décrire l'histoire de l'humanité par un indice qui a été rarement exploré : la disponibilité mentale. Le ministre Jean Perrin, également Prix Nobel de physique en 1926, rêvait qu'à partir du moment où l'homme se serait affranchi de sa servitude biologique (nourriture, survie), la disponibilité mentale ainsi libérée lui permettrait d'accomplir des progrès spectaculaires.
Cette prophétie était exacte. La disponibilité mentale a été multipliée par huit depuis le début du XIXe siècle : nous avons externalisé nombre de nos gestes physiques (grâce à la machine à laver pour les tâches domestiques, par exemple) et cognitifs (qui sont algorithmisés par l'IA). Huit fois plus de temps de disponibilité cérébrale, c'est considérable ! Selon mes estimations, nous disposons de 1 139 000 000 d'années de cerveau disponible en France. La question est : que va-t-on faire de cette richesse ? Si c'est pour regarder des vidéos de chatons, au secours ! Le cambriolage de ce trésor est en train de se produire par une logique de marché et par l'arme du crime idéale : l'écran. Comme 80 % de nos informations sensorielles sont visuelles, l'écran a toutes les qualités pour attirer notre attention.
L'écran est-il en lui-même nocif ?
L'écran n'est qu'un média. La toxicité vient du fait que le marché de l'information s'est, dans le même temps, totalement dérégulé. Et l'offre de contenu a littéralement explosé. Dans les années 1950, une psychologue a parlé de l'« effet cocktail » : lorsque vous discutez avec quelqu'un au cœur du brouhaha d'un cocktail, vous n'écoutez que cette conversation. Mais votre cerveau entend bien plus : il peut soudainement attirer votre attention sur certaines informations. Si quelqu'un prononce votre prénom, par exemple, ou le mot « sexe », vous allez l'entendre, et réagir. Sur les écrans, nous sommes constamment la proie d'informations qui répondent à des attentes immémorielles de notre cerveau, ce qu'on appelle les « saillances » : la sexualité, la conflictualité… Tout concourt à ce que nous nous abandonnions à quelque chose de satisfaisant, mais qui ne sera pas forcément optimal pour le cerveau. Là est le danger : le marché des idées et des images répond de plus en plus immédiatement à nos attentes.
Vous voulez dire que, pour capter notre attention, les fournisseurs de contenus jouent sur nos instincts les plus basiques ?
Exactement. Les sites clickbait (« appâts à clics »), qu'on appelle « putaclic » en français, jouent par exemple sur notre refus de l'incomplétude, un truc fondamental du cerveau : face à une pièce qui manque, notre cerveau va nous faire reconstruire le puzzle. Cette dimension exploratoire est l'un des aspects les plus extraordinaires de notre cerveau. « Les 10 meilleurs… », « 5 choses que vous ne saviez pas sur… » : notre cerveau est instinctivement accroché. Il est essentiel de comprendre ces mécanismes, car sinon on peut être très facilement manipulé. Un certain nombre de campagnes de publicité ont été construites sur le goût de la conflictualité… Et notre instinct pour le sexe demeure un moteur puissant.
Comment apprend-on à reconnaître et à débusquer les manipulateurs ?
Il y a des acteurs qui jouent sciemment sur nos dispositions les plus obscures, que l'on nomme aussi les « dark patterns », et une partie du monde numérique - y compris les médias conventionnels - tire cyniquement sur ces ficelles. Le problème est que, comme nous sommes tous devenus des acteurs du marché de l'information, nous sommes à la fois victimes et bourreaux de ces techniques pour attirer l'attention dans ce cocktail mondial qu'est devenue notre contemporanéité. Il faut donc éviter d'avoir une lecture seulement manichéenne de la situation au risque de passer à côté de l'essentiel.
Gérald Bronner, un spécialiste des croyances
1969 Naissance à Nancy
1997L'Incertitude (Puf)
2003L'Empire des croyances (Puf)
2009La Pensée extrême (Denoël)
2010L'Inquiétant Principe de précaution, avec Étienne Géhin (Puf)
2013La Démocratie des crédules (Puf)
2014 La Planète des hommes (Puf) Élu membre de l'académie des Technologies
2017 Élu membre de l'Académie nationale de médecine
2019 Déchéance de rationalité (Grasset)
Depuis 2012, il est professeur à l'Université de Paris.
Sommes-nous plus manipulables qu'avant ?
Nous le sommes dans la mesure où cette dérégulation se traduit par une fluidification de l'offre, qui va de plus en plus tenter d'épouser la demande, et activer ces aspects ancestraux de notre cerveau. C'est vraiment l'homme préhistorique qui revient sur le devant de la scène contemporaine ! L'exemple le plus frappant reste la sexualité : les vidéos pornographiques sont de loin les plus regardées dans le monde, dans tous les pays. Les données nous permettent de mesurer l'évaporation du temps de cerveau disponible : 629 millions d'années s'évaporent, chaque année, par le visionnage de ces vidéos pornos sur un seul site ! Je ne le condamne pas. Mais le risque est que ce trésor de disponibilité disparaisse peu à peu dans des contemplations triviales, ludiques, conflictuelles, bassement intuitives… À la fin cela représente une perte pour l'humanité, car c'est dans ce trésor que se situent aussi les meilleures chances pour notre espèce de relever les grands défis qui la menacent !
D'où le titre de votre livre : « Apocalypse cognitive ».
Je ne prophétise pas la fin des temps : le terme vient du latin apocalypsis, qui signifie « révélation ». Notre contemporanéité nous tend un miroir de ce que nous sommes, et le reflet, bien que déplaisant, est réaliste car formé par les traces numériques que nous laissons collectivement. Le monde moderne nous dévoile à nous-mêmes ! C'est un peu inquiétant mais c'est aussi une formidable opportunité politique. Le problème est que de grands récits idéologiques, comme toujours, cherchent à détourner l'enseignement de cette « révélation ».
Lesquels ?
Deux grandes matrices narratives dominent aujourd'hui et inspirent toutes les idéologies qui nous mènent vers l'impasse. La première, c'est celle de « l'homme dénaturé » : la vieille idée rousseauiste, selon laquelle la bonne nature de l'homme serait pervertie par son environnement. Jadis, les religions ont imaginé qu'une force malfaisante conduisait les humains aux péchés. Aujourd'hui, cette force maléfique est le capitalisme, par exemple. Toute une série d'auteurs, souvent inspirés par l'école de Francfort, comme Pierre Bourdieu, Noam Chomsky…, soutiennent que l'offre créerait artificiellement une demande. Ce récit exonère l'humanité de ses tendances les plus sombres et médiocres. C'est aberrant, car toutes les données convergent pour dire que, en réalité, nous sommes aussi cela ! Bien sûr, nous cherchons à le dissimuler. Mais le fait de rendre gratuits les musées n'a pas conduit les foules à s'y précipiter. Ce n'est pas forcément grave, mais le refus de voir cette réalité conduit à nous fonder sur une anthropologie naïve, produisant des idéologies qui se fracasseront toutes sur la réalité. Par exemple, quelles que soient les bonnes intentions égalitaristes, une partie de notre bonheur dépendra toujours de la contemplation du malheur des autres.
Et la seconde idéologie ?
L'autre grande idéologie accepte le reflet que lui renvoie le miroir contemporain. Ce sont les néopopulistes, qui cherchent à donner une légitimité politique à ces aspects les plus immédiats de notre cerveau, en revendiquant l'intuition, le « bon sens ». La crise de la pandémie en a été un formidable révélateur ! Donald Trump est à l'origine de la science de l'intuition, en disant qu'il « sentait bien » l'hydroxychloroquine. Ce populisme utilise les moyens numériques pour s'adresser directement au peuple. Le langage politique lui-même est contaminé par cette logique, de même que les médias, qui sont prisonniers, malheureusement, de la fluidification entre l'offre et la demande. Un professionnel de l'information ne peut survivre qu'en captant, lui aussi, une partie de la disponibilité mentale du public.
Notre monde contemporain nous renvoie malgré nous au néolithique… Est-ce une fatalité ?
Je pense que nous sommes à un carrefour civilisationnel. Pardon d'utiliser un ton un peu emphatique, mais comment l'éviter ? Mon livre montre pourquoi les deux grands récits dominants aujourd'hui, « l'homme dénaturé » et le néopopulisme, sont inopérants pour comprendre notre situation. Il propose une solution rationaliste pour les écarter, basée sur une anthropologie réelle, et humaniste. Ce combat est peut-être la grande bataille politique de notre temps. Elle se mène partout, y compris dans les tranchées des réseaux sociaux.
Vous déplorez les méfaits de la dérégulation du marché de l'information et en appelez à une régulation. Qui va réguler ? N'y a-t-il pas là un risque de censure ?
Lorsqu'on parle d'information, l'ombre de la censure est toujours présente. Les Gafa ont tenté des formes de régulation, sans grand succès, ou avec des conséquences inquiétantes. D'un autre côté, l'absence de régulation ne se traduira pas par plus de liberté, mais par plus de servitude vis-à-vis des faces obscures de notre cerveau. Selon moi, la meilleure régulation sera celle du développement de l'esprit critique. Mais cela prendra du temps. Il est donc normal que, à court terme, on réfléchisse à des formes de régulation, dont les coûts ne seraient pas supérieurs aux bénéfices.
Votre maître, le sociologue Raymond Boudon, avait lui une vision assez optimiste de cette dérégulation. Il croyait à un ordre spontané. Vous vous démarquez de lui ?
Il y a l'espoir, chez certains libéraux, que, la logique de marché faisant bien les choses, elle permettra à terme au produit le plus performant d'émerger, en particulier dans le domaine cognitif. C'est ce qu'espérait Raymond Boudon, et c'est une belle idée. Mais ce n'est pas ce qui advient. Parce que, en réalité, le marché dérégulé sélectionne les meilleurs produits, non pas du point de vue argumentatif et de la connaissance, mais les plus satisfaisants pour le cerveau ! Voilà ce qui est en train de se produire. La terrible leçon du monde contemporain est que, sur un marché dérégulé, la vérité ne se défend pas toute seule. Elle a besoin qu'on l'aide.
Est-ce que le récit rationaliste n'est pas extraordinairement décevant ? Bien loin de l'aspect transcendantal que permet le récit islamiste, par exemple, comme l'explique l'anthropologue franco-américain Scott Atran ?
Oui, il est désenchantant. Il était banal d'être rationaliste il y a trente ou quarante ans, tout le monde l'était plus ou moins, comme tout le monde se disait laïque. Mais, aujourd'hui, c'est devenu un combat héroïque. Il faut avoir conscience que notre civilisation et ses valeurs sont menacées.
L'intérêt économique ne va-t-il pas pousser les nations à optimiser le temps de cerveau disponible de leurs citoyens ?
Les nations se retrouvent dans une situation de dilemme du prisonnier. En cherchant à maximiser ses intérêts personnels, on aboutit à un désintérêt collectif. Il faut des instances internationales pour des questions qui concernent l'humanité. Car l'évaporation du temps de cerveau disponible à moyen ou long terme nous rendra inaptes à répondre aux menaces qui ne manqueront pas de surgir, l'actualité pandémique récente nous le rappelle cruellement : dérèglement climatique, baisse de l'efficacité des antibiotiques, collision avec des astéroïdes géocroiseurs de grande taille…
Ne survalorise-t-on pas les capacités intellectuelles ? Le modèle méritocratique occidental, qui repose sur la compétition cognitive et les diplômes, a-t-il atteint ses limites ?
Certaines tâches remplies par les cols blancs ne sont pas plus complexes cognitivement que celles d'un mécanicien ou d'un plombier qui établit des diagnostics. Il faut en finir avec ce mépris infondé. Être très critique aussi avec ceux qui prétendent parler au nom du peuple tout en lui assignant le destin de l'irrationalité. Certains, comme le philosophe Frédéric Lordon, considèrent que le complotisme est la façon que le « peuple » a de faire de la politique : c'est très paternaliste, en réalité. Je préfère défendre l'accès universel à la pensée critique et au développement de soi-même. Si on dit « l'islamisme pour toi c'est bon, pour toi les théories du complot c'est bon », je trouve cela révoltant. Surtout si l'on se prétend de gauche. C'est pourquoi le rationalisme est un humanisme. Le relativisme opère un nivellement par le bas, le rationalisme recherche l'égalité par le haut. Il faut avoir des exigences dans une société, même si elles sont utopiques.
Risquons-nous à la science-fiction. Si on ne prend pas conscience de la dérive que vous décrivez, quel est le pire scénario qui nous attend ?
C'est l'affaissement. Plus une société se complexifie, plus le prix de la complexité en excède les bénéfices. Ce qui pourrait nous arriver, c'est que nos entités politiques collectives se fragmentent peu à peu. On voit bien que les lenteurs de l'Europe se traduisent par un coût politique. Donc, à un moment, une des solutions, c'est de faire exit. Un des dangers serait de revenir à une logique uniquement nationale, à un souverainisme qui, je pense, est une régression, dans la mesure où il peut nous rendre inaptes à répondre collectivement à des dangers collectifs.
Votre livre souligne la nécessité de penser contre soi-même. Que requiert cet exercice ?
Toute l'histoire de la pensée ne dit pas autre chose. Pour penser contre soi-même, il faut d'abord être capable de se regarder bien en face et d'accepter cet enchevêtrement de biologique et de social qui nous constitue. Une fois cela fait, nous devons mettre en examen nos intuitions et nos désirs, qui nous commandent de voir le monde d'une certaine façon plutôt que comme il est. La bonne connaissance de notre cerveau, encapsulé dans un marché de l'information dérégulé, est la meilleure condition de notre déclaration d'indépendance mentale. Dans tous les récits initiatiques, il faut accepter de passer par les enfers pour espérer entrevoir le paradis.
Vous êtes un penseur mais aussi un père. Comment éduquez-vous votre fille ?
Comme chacun sait, c'est la chose la plus dure du monde. Je crois que ce qu'on peut faire de mieux est d'aimer, de donner confiance et de permettre l'autonomie de ce petit être humain qui grandit. J'ai par mille conversations attiré son attention sur certaines formes d'erreurs de raisonnement et sur la façon de penser méthodiquement. Mais elle s'est construite aussi bien en dehors de la socialisation familiale, et c'est très bien ainsi §
Re: Apocalypse cognitive
Merci Dominique,
Tu ne réagis pas vraiment aux articles que tu nous proposes. Qu'as-tu à en dire?
Moi je trouve que c'est rafraîchissant dans la mesure où c'est différent des schémas auxquels nous sommes habitués. Bien que tout ne soit pas nouveau pour moi dans ce texte, l'approche globale est vraiment différente de ce que je suis habitué à traiter.
Je regrette d'être trop vieux pour braser dans ma tête les modèles cristallisés qui y habitent. Je regrette que ma capacité d'apprentissage soit trop diminuée pour tirer parti des idées nouvelles (pour moi) qui sont mises en valeur dans ces articles.

Tu ne réagis pas vraiment aux articles que tu nous proposes. Qu'as-tu à en dire?
Moi je trouve que c'est rafraîchissant dans la mesure où c'est différent des schémas auxquels nous sommes habitués. Bien que tout ne soit pas nouveau pour moi dans ce texte, l'approche globale est vraiment différente de ce que je suis habitué à traiter.
Je regrette d'être trop vieux pour braser dans ma tête les modèles cristallisés qui y habitent. Je regrette que ma capacité d'apprentissage soit trop diminuée pour tirer parti des idées nouvelles (pour moi) qui sont mises en valeur dans ces articles.

« Dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire. » George Orwell
- DictionnairErroné
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Re: Apocalypse cognitive
Ils disent que le cerveau est élastique. J'ai fait l'essai. J'ai pris de vieux élastiques dans le fond de mon tiroir et testé leur élasticité, ils ont tous pété sous la moindre tension.Kraepelin a écrit : 03 janv. 2021, 20:51 Je regrette d'être trop vieux pour braser dans ma tête les modèles cristallisés qui y habitent. Je regrette que ma capacité d'apprentissage soit trop diminuée pour tirer parti des idées nouvelles (pour moi) qui sont mises en valeur dans ces articles.
La connaissance: Un ignorant qui sait qu'il est ignorant est bien moins ignorant qu'un ignorant qui ne sait pas qu'il est ignorant.
- Dominique18
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Re: Apocalypse cognitive
J'avoue avoir un faible pour Gérald Bronner qui réussit l'exploit, en tant que sociologue, son domaine de prédilection, d'aller au-delà de sa discipline en toute transdisciplinarité. Il apporte un plus au niveau de la connaissance du fonctionnement du cerveau, dans un registre social et sociétal.
Je me suis commandé son dernier livre.
J'ai dévoré les précédents.
Je soumets ces articles à votre jugement éclairé, afin qu'on puisse éventuellement établir des échanges fructueux.
Je suis passionné par le fonctionnement de l'être humain dans toutes ses expressions et dimensions. Ce qui ne veut pas dire que j'accepte tout et n'importe quoi. Comme Gérald Bronner, je reste fasciné par la mise à disposition d'un savoir, à différents niveaux, de savoirs qu'on n'aurait jamais imaginée il y a quelques années.
Et par les multiples contradictions rencontrées, comme par exemple l'existence et la persistance de phénomènes et de dérives sectaires, conjugués à la prolifération de pseudo-sciences.
Je me suis commandé son dernier livre.
J'ai dévoré les précédents.
Je soumets ces articles à votre jugement éclairé, afin qu'on puisse éventuellement établir des échanges fructueux.
Je suis passionné par le fonctionnement de l'être humain dans toutes ses expressions et dimensions. Ce qui ne veut pas dire que j'accepte tout et n'importe quoi. Comme Gérald Bronner, je reste fasciné par la mise à disposition d'un savoir, à différents niveaux, de savoirs qu'on n'aurait jamais imaginée il y a quelques années.
Et par les multiples contradictions rencontrées, comme par exemple l'existence et la persistance de phénomènes et de dérives sectaires, conjugués à la prolifération de pseudo-sciences.
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Re: Apocalypse cognitive
C'est ça le problème avec les transfuges, peu de réflexions, pas de profondeurs, analyse médiocre. L'exemple parfait d'un esprit plat à l'oeuvre, un surfer!
La connaissance: Un ignorant qui sait qu'il est ignorant est bien moins ignorant qu'un ignorant qui ne sait pas qu'il est ignorant.
Re: Apocalypse cognitive
"Certains, comme le philosophe Frédéric Lordon, considèrent que le complotisme est la façon que le « peuple » a de faire de la politique : c'est très paternaliste, en réalité. Je préfère défendre l'accès universel à la pensée critique et au développement de soi-même. Si on dit « l'islamisme pour toi c'est bon, pour toi les théories du complot c'est bon », je trouve cela révoltant. Surtout si l'on se prétend de gauche. C'est pourquoi le rationalisme est un humanisme. Le relativisme opère un nivellement par le bas, le rationalisme recherche l'égalité par le haut. Il faut avoir des exigences dans une société, même si elles sont utopiques."
Lordon a dit de lui qu'il a la réflexion d'un premier année de socio donc ça ne tiens pas comme exemple ! ça relève pas de l'analyse épistomomachinchose mais du règlement de compte ! ça vaut rien !
qui décide de ce qui relèverai du complotisme ou de "l'accès universel à la pensée critique et au développement de soi-même"
et qu'est ce que c'est que cette association entre la gauche et le un prosélytisme islamique voire appel au djihad !
Bon franchement ...6/20 en partiel de premier année de socio
Lordon a dit de lui qu'il a la réflexion d'un premier année de socio donc ça ne tiens pas comme exemple ! ça relève pas de l'analyse épistomomachinchose mais du règlement de compte ! ça vaut rien !
qui décide de ce qui relèverai du complotisme ou de "l'accès universel à la pensée critique et au développement de soi-même"
et qu'est ce que c'est que cette association entre la gauche et le un prosélytisme islamique voire appel au djihad !
Bon franchement ...6/20 en partiel de premier année de socio
Re: Apocalypse cognitive
bon j'ai survolé viteuf et j'en ai repéré deux ou trois autres fientes, ça vole pas haut mais ça éclabousse bien fort.
Donc c'est ça l'intellectuel organique du pouvoir (légion d'honneur...comme El Sissi et Hanouna)
Au moins le IIIeme Reich avait de la pointure en ce domaine lui.

Donc c'est ça l'intellectuel organique du pouvoir (légion d'honneur...comme El Sissi et Hanouna)
Au moins le IIIeme Reich avait de la pointure en ce domaine lui.

- Dominique18
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Re: Apocalypse cognitive
Mode d'emploi, please...DictionnairErroné a écrit : 04 janv. 2021, 01:25C'est ça le problème avec les transfuges, peu de réflexions, pas de profondeurs, analyse médiocre. L'exemple parfait d'un esprit plat à l'oeuvre, un surfer!
Comprends pas.
Évidemment, si on ne fait pas l'effort de lire et de comprendre ce que Bronner raconte...
C'est marrant, il ne s'est jamais fait dézinguer par l'AFIS.
Lordon n'est pas une référence fiable. De l'idéologie de et encore de l'idéologie. Je l'ai déjà traité. Désolé les petits, Bronner ne se survole pas, il se lit et il se comprend. Après, on peut critiquer en toute connaissance de cause. Il réussit quand même à débattre intelligemment avec des carrures comme Étienne Klein.
Dans Le goût du vrai et Je ne suis pas médecin, mais..., les deux derniers écrits d'Étienne Klein, ça m'étonnerait qu'on ne puisse pas faire un rapprochement avec Bronner dans son dernier livre que j'attends.
C'est une chose de commenter, façon chaîne d'infos en continu, c'en est une toute autre de se plonger dans des livres, denses, difficiles, et de les analyser.
Je retrouve là le même genre de commentaires sur pour certains livres de Pascal Bruckner.
https://www.lexpress.fr/actualite/socie ... 36807.html
Ce qui nous renvoie au post de Phil 98:
viewtopic.php?f=20&t=16231&start=1000#p586003
Pour comprendre ce qu'ont produit les dérives d'une sociologie animée par son leitmotiv principal, le déterminisme social, qui continue de faire les délices d'une bonne partie de la gauche et l'adulation de l'extrême gauche.
C'est évident que Gérald Bronner ne peut pas et ne va pas faire des heureux. Il s'en explique parfaitement, avec subtilité. Ça ne vous ai jamais apparu suspect que ce petit monde avait toujours la science en horreur sauf quand on pouvait s'en servir en la détournant, pour servir "la cause"?
J'ai édité un post au sujet des difficultés dans les universités françaises, avec une série de vidéos.
On peut commencer par là pour comprendre ce que raconte Bronner. Ce qui ne veut pas dire approuver mais faire l'effort d'assimiler et de comprendre, EN PROFONDEUR.
viewtopic.php?f=13&t=16244&p=581260&hil ... A9#p581254
Quant à déceler une forme d'idéologie/d'idéologisme chez Gérald Bronner, bon courage !
Que le premier qui y arrive paie son coup!
Spartacus, tu peux avoir des éclairs de lucidité, mais pourquoi faut-il que tu la ramènes en débitant de somptueuses conneries ?
Tes références nauséabondes te dévalorisent.
Dans ton cas, ne fais pas appel au IIIème Reich, mais aux kmers rouges et à la Chine de Mao!
Dans un autre ordre d'idées, Kraepelin va être content. Il peut avoir accès à ce que je pense, pour partie.
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Re: Apocalypse cognitive
Merci

Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d'alu.
Avant, j'étais indécis, maintenant je n'en suis plus très sûr...
Les marmottes qui pissent au lit passent un sale hiver (Philippe Vuillemin)
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Re: Apocalypse cognitive
Ce sont des généralités qui ne mènent nulle part, c'est ennuyant.Dominique18 a écrit : 04 janv. 2021, 08:56Mode d'emploi, please...DictionnairErroné a écrit : 04 janv. 2021, 01:25C'est ça le problème avec les transfuges, peu de réflexions, pas de profondeurs, analyse médiocre. L'exemple parfait d'un esprit plat à l'oeuvre, un surfer!
Comprends pas.
La connaissance: Un ignorant qui sait qu'il est ignorant est bien moins ignorant qu'un ignorant qui ne sait pas qu'il est ignorant.
- Dominique18
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Re: Apocalypse cognitive
C'est l'une des raisons pour lesquelles une lecture approfondie du livre qui correspond à un projet suite à une somme de travaux est indispensable.
Une interview ou un exposé ne sont à prendre que pour ce qu'ils sont : des présentations succinctes et des survols.
Comme Bruckner, Bronner dispose de facultés d'investigation intéressantes.
Pour ces deux là, on ne peut pas parler d'escroquerie intellectuelle au contraire d'autres.
On peut ne pas adhérer, ne pas être d'accord, c'est ce qui est le plus dynamique.
A préciser, cf. les extraits du livre, que les travaux de Bronner et de ceux qui oeuvrent dans cette voie trouvent leur application dans les formations des forces d'intervention de haut niveau, des forces spéciales. Il faut sortir de sa zone de confort et aller voir ce qui se passe ailleurs. Pour les prises de décisions, les stratégies, les négociations... Dans ces milieux, on a bien autre chose à faire et à vivre que se regarder le nombril. Les généralités qui ne mènent nulle part, on repassera.
Le coup du marshmallow est un classique. De même que celui du gorille invisible.
Son pire ennemi, c'est toujours soi-même.
Une interview ou un exposé ne sont à prendre que pour ce qu'ils sont : des présentations succinctes et des survols.
Comme Bruckner, Bronner dispose de facultés d'investigation intéressantes.
Pour ces deux là, on ne peut pas parler d'escroquerie intellectuelle au contraire d'autres.
On peut ne pas adhérer, ne pas être d'accord, c'est ce qui est le plus dynamique.
A préciser, cf. les extraits du livre, que les travaux de Bronner et de ceux qui oeuvrent dans cette voie trouvent leur application dans les formations des forces d'intervention de haut niveau, des forces spéciales. Il faut sortir de sa zone de confort et aller voir ce qui se passe ailleurs. Pour les prises de décisions, les stratégies, les négociations... Dans ces milieux, on a bien autre chose à faire et à vivre que se regarder le nombril. Les généralités qui ne mènent nulle part, on repassera.
Le coup du marshmallow est un classique. De même que celui du gorille invisible.
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Re: Apocalypse cognitive
Chépa...

J'dirais plutôt ses ex-femmes moi

Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d'alu.
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Re: Apocalypse cognitive
Ça peut se discuter.
Mais ça vient après, de toute façon. Apprendre à se méfier de soi est une bonne façon de se faire confiance.
Mais ça vient après, de toute façon. Apprendre à se méfier de soi est une bonne façon de se faire confiance.
Re: Apocalypse cognitive
Je ne sais pas si apprendre à se méfier de soi est une façon de se faire confiance, mais j'observe que se méfier de soi estDominique18 a écrit : 04 janv. 2021, 14:59 Apprendre à se méfier de soi est une bonne façon de se faire confiance.
un exercice rarement pratiqué sur les pages du forum (du moins ouvertement) où le narcissime et les batailles de coq sont prédominant.
Je préfaire la réflection de Mark Twain:
“Le danger, ce n'est pas ce qu'on ignore, c'est ce que l'on tient pour certain et qui ne l'est pas.”
« Dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire. » George Orwell
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Re: Apocalypse cognitive
Je préfère Tête de cochon!

La connaissance: Un ignorant qui sait qu'il est ignorant est bien moins ignorant qu'un ignorant qui ne sait pas qu'il est ignorant.
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Re: Apocalypse cognitive
Le forum n'est-il pas un reflet de la société ?Kraepelin a écrit : 04 janv. 2021, 15:49 j'observe que se méfier de soi est
un exercice rarement pratiqué sur les pages du forum (du moins ouvertement) où le narcissime et les batailles de coq sont prédominant.
Et même si il devait n'y cohabiter que des "élites", le résultat serait le même (voir pire...)

Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d'alu.
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Re: Apocalypse cognitive
Hébin je me méfie de moi-même, cognitive ment parlant, sinon ce serait invivable au quotidien.
Pour le narcissisme exacerbé, l'étalage, le quart d'heure de gloire médiatique à la Warhol, parlons de moi, il n'y a que ça qui m'intéresse... Je constate, je pratique à l'insu de mon plein gré.
Bref, je suis bêtement et stupidement humain.
Pour le narcissisme exacerbé, l'étalage, le quart d'heure de gloire médiatique à la Warhol, parlons de moi, il n'y a que ça qui m'intéresse... Je constate, je pratique à l'insu de mon plein gré.
Bref, je suis bêtement et stupidement humain.
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Re: Apocalypse cognitive
Ça commence mal
Va falloir supporter la frustration.
La sortie du livre de Gérald Bronner est repoussée à la fin du mois.
C'est malin. Va falloir que je demande au Psy si Lacan a prévu quelque chose dans ces cas-là.
Va falloir supporter la frustration.
La sortie du livre de Gérald Bronner est repoussée à la fin du mois.
C'est malin. Va falloir que je demande au Psy si Lacan a prévu quelque chose dans ces cas-là.
Re: Apocalypse cognitive
Le déterminisme social ne signifie pas qu’un Arabe va nécessairement être chômeur, il explique comment beaucoup de gens d’origine maghrébine sont très souvent chômeurs.Dominique18 a écrit : 04 janv. 2021, 08:56 Pour comprendre ce qu'ont produit les dérives d'une sociologie animée par son leitmotiv principal, le déterminisme social, qui continue de faire les délices d'une bonne partie de la gauche et l'adulation de l'extrême gauche.
Ce n’est pas incompatible avec ce qu’écrit Bronner.
L’homme descend du singe, or l’homme est fait à l’image de Dieu. Donc Dieu est King Kong.
-+- Cavanna, François -+-
-+- Cavanna, François -+-
- Dominique18
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Re: Apocalypse cognitive
Exact, ça méritait d'être précisé.
Sauf qu'au niveau de la sociologie, ce courant est majoritaire et ne devie pas beaucoup de sa ligne directrice. D'un ouvrage à l'autre, les écrits sociologiques tournent en rond.
Ils consolident une sorte de chapelle, un prêt à penser, une sorte de pensée unique.
Je ne vais pas me livrer à un réductionnisme de mauvais aloi, mais c'est curieux de constater qu'il y a une convergence nette entre plusieurs courants de l'extrême gauche activiste et revendicative et des facs où l'enseignement est très orienté et reposé sur une base de sociologie.
On y retrouve par exemple Geoffroy de Lagasnerie.
Source (entre autres):
https://laicite-republique.org/-colloqu ... 2019-.html
Programme :
https://www.hiram.be/luniversite-sous-influence/
Gérald Bronner dans ses œuvres :
https://m.youtube.com/watch?v=50vCP9rEWbc
Où on comprend très vite que ses recherches et sont raisonnement s'appuient sur des données scientifiques actualisées précises, rigoureuses, alors que nombre de ses "collègues" brassent du vent. Ce qui fait une différence notable, et conduit à une longueur d'avance.
Parler de déterminisme social en 2021, me semble complètement dépassé.
Sauf qu'au niveau de la sociologie, ce courant est majoritaire et ne devie pas beaucoup de sa ligne directrice. D'un ouvrage à l'autre, les écrits sociologiques tournent en rond.
Ils consolident une sorte de chapelle, un prêt à penser, une sorte de pensée unique.
Je ne vais pas me livrer à un réductionnisme de mauvais aloi, mais c'est curieux de constater qu'il y a une convergence nette entre plusieurs courants de l'extrême gauche activiste et revendicative et des facs où l'enseignement est très orienté et reposé sur une base de sociologie.
On y retrouve par exemple Geoffroy de Lagasnerie.
Source (entre autres):
https://laicite-republique.org/-colloqu ... 2019-.html
Programme :
https://www.hiram.be/luniversite-sous-influence/
Gérald Bronner dans ses œuvres :
https://m.youtube.com/watch?v=50vCP9rEWbc
Où on comprend très vite que ses recherches et sont raisonnement s'appuient sur des données scientifiques actualisées précises, rigoureuses, alors que nombre de ses "collègues" brassent du vent. Ce qui fait une différence notable, et conduit à une longueur d'avance.
Parler de déterminisme social en 2021, me semble complètement dépassé.
- Dominique18
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Re: Apocalypse cognitive
Gérald Bronner présente ses recherches:
https://www.youtube.com/watch?v=o1BFFKqJNK4
Marché de l'information, intuition et croyances...
Où si on n'apprend pas à réfléchir et si on se laisse aller à faire confiance à son intuition, on se fait avoir par... soi-même.C'est toujours la faute ds autres! Mais nous sommes un autre pour les autres... Quand on confie les clés du camion, il vaut mieux savoir à qui.
..."Il y a un espoir, parce que la façon dont on va utiliser son cerveau n'est pas encore écrite"....
..."Comme dans tout récit initiatiques, il faut d'abord passer par l'enfer."...
https://www.youtube.com/watch?v=o1BFFKqJNK4
Marché de l'information, intuition et croyances...
Où si on n'apprend pas à réfléchir et si on se laisse aller à faire confiance à son intuition, on se fait avoir par... soi-même.C'est toujours la faute ds autres! Mais nous sommes un autre pour les autres... Quand on confie les clés du camion, il vaut mieux savoir à qui.
..."Il y a un espoir, parce que la façon dont on va utiliser son cerveau n'est pas encore écrite"....
..."Comme dans tout récit initiatiques, il faut d'abord passer par l'enfer."...
- DictionnairErroné
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Re: Apocalypse cognitive
J'ai hâte de voir ce livre d'instruction.Dominique18 a écrit : 09 janv. 2021, 18:03 ..."Il y a un espoir, parce que la façon dont on va utiliser son cerveau n'est pas encore écrite"....
La connaissance: Un ignorant qui sait qu'il est ignorant est bien moins ignorant qu'un ignorant qui ne sait pas qu'il est ignorant.
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