Salut Ghost,
Puisque tu m'interpelles nommément dans le titre de cette nouvelle enfilade, je serais bien incivil de te laisser sécher. Merci pour le truc. Il n'est pas impossible que je te le retourne, un de ces jours.
Tu dis :
Tout d'abord j'ai deux remarques à faire :
- Tu es le seul ici à reconnaître la possibilité d'un inné élevé concernant la bonté.
- Après 3 ou 4 ans de débat tu confonds toujours une discipline qui nécessite énormément d'acquis (les échecs) avec une attitude naturelle (la bonté) qui ne nécessite pratiquement aucun acquis.
L'inné
inégal porte plus sur
les facilités d'apprentissage que sur
le contenu de ces apprentissages.
C'est pour
apprendre qu'il y a des surdoués et des sousdoués. L'inné fournit la largeur du
rectangle. L'acquis-apprentissage fournit la hauteur. Et l'aire du rectangle représente la performance.
Par exemple, certains enfants dessinent beaucoup mieux que d'autres (ou chantent mieux, ou sont plus gentils).
Il n'y a pas de gênes spécifiques au dessin, au chant ou à la gentillesse. Chaque individu a plutôt un faisceau de configurations génétiques qui facilitent tel ou tel autre
type général d'apprentissage. Sans aucun apprentissage (par exemple si l'enfant n'a jamais eu l'occasion de pratiquer le dessin), son potentiel restera à l'état de potentiel.
L'enfant se développe, avec ses moyens du bord, dans un environnement qui moule~organise plus ou moins heureusement l'épanouissement de ses talents
au départ immensément polyvalents. Par exemple, si tu étais né dans une famille de talibans, tes dons (présumés) pour la musique se seraient développés d'une autre façon.
Concernant la
"bonté", même si tu dis
« Laissons tomber toutes définitions du bien et du mal », je vais essayer de circonscrire quelques termes.
Grosso modo, je considère qu'une action est
"bonne" si ses conséquences entraînent, globalement, plus de bonheur que de malheur. Dans le cas contraire, elle est
"mauvaise". Et les règles de la bonne conduite (en société) renforcent l'apprentissage de comportements bénéfiques à tous. Idéalement.
Normalement, un enfant apprend vite que s'il tapoche tout le monde, il va se faire tapocher lui aussi, et que mieux vaut pas. Certains l'apprennent moins vite que d'autres (comme pour le dessin). On dit de ceux-là qu'ils sont
"mal élevés". Peut-être que ça leur a simplement été mal expliqué (par la vie). Aussi, on ne peut pas tous être champion en tout. Au final, les champions restent rares et spécialisés.
Quand quelqu'un a
pris l'habitude d'être doux~bon~gentil, ça devient
comme une seconde nature. Ça lui vient tout seul et il
est doux~bon~gentil. Pareillement, l'apprentissage de la conduite à bicyclette développe une seconde nature. Via le produit
Résultat = Inné x Acquis, l'enfant devient cycliste ou devient doux~bon~gentil. Ou les deux, pourquoi pas?
Es-tu d'accord avec moi que l'habitude devient une seconde nature? Es-tu d'accord que quelqu'un qui a acquis l'habitude d'être doux~bon~gentil
est devenu doux~bon~gentil?
Si tu penses qu'il l'était
au départ, il faudra que tu m'expliques où c'était inscrit dans ses gènes

. À ce stade, il n'y a que des potentialités polyvalentes~polymorphes. C'est l'acquis qui leur donne une forme plutôt qu'une autre. Et, pour le dessin, un embryon d'
homo sapiens est bigrement mieux parti qu'un embryon de morue. Pour le
doux~bon~gentil, c'est moins évident.
Concernant ta seconde remarque, je réponds simplement NON.
Tu dis aussi :
voici ce qu'il ressort des diverses élucubrations sceptiques concernant le bien, le mal et le bonheur :
1- Le bien et le mal sont indépendants de l'intelligence, de l'idiotie, du tempérament etc… On peut donc dire qu'ils sont indépendants de tout.
2- Le bonheur est fortement dépendant des progrès technologiques mais ceux-ci ne sont pas indispensables.
J'ai déjà dit (puisque ça m'est autant évident que ça l'est à toi) que :
Denis a écrit :Bien sûr (qu'il) y a des saints géniaux et des saints idiots. Il y a des salauds géniaux et des salauds idiots. Il y en a aussi (...) qui sont grands et d'autres qui sont petits. Certains sont actifs et d'autres sont passifs. Tu veux que je continue ou tu as compris?
Puisqu'on est d'accord là-dessus, pourquoi radoter? Il est aussi inutile de ruminer nos points d'accord que nos points de désaccord (comme la métempsycose ou l'authenticité du
"Victor Hugo" qui inspire un médium). C'est
sur la frontière étrange où nos opinions se détachent qu'il peut être détordant (j'insiste sur le
"peut-être") de promener la loupe mentale. Pas en plein milieu de nos pays de l'Accord et du Désaccord.
Même commentaire sur ton point 2 que sur ton point 1.
J'émets quand même un gros bémol sur ton
« ils sont indépendants de tout ». L'habitude (seconde nature) d'être
doux~bon~gentil est certainement fortement modulée par les acquis, même si elle est peu corrélée avec d'autres secondes natures acquises. Et quand des variables sont peu corrélées, il n'y a rien de surprenant à observer une grande diversité dans les cas de figure.
Mais puisqu'on est d'accord qu'il y a des saints géniaux, des saints idiots, des salauds géniaux et des salauds idiots, mieux vaut ne pas le redire 20 fois. Vas tu le redire (en d'autres mots) encore souvent?
Ghost a écrit :J'ai bien réfléchi à ça et voilà ma conclusion :
Puisque mon bonheur est sensé dépendre essentiellement des progrès technologiques et des plaisirs matériels que peut m'offrir la vie, je ne vois plus aucune objection pour fonder ma secte. Tout est prêt : site internet, téléphone payant avec divers services comme la voyance et la médiumnité, sens de la persuasion avec arguments scientifiques à la clé et enregistrements d'entités très persuasifs. Après tout pourquoi devrais-je m'en priver ? Bon, je pourrais aussi m'amuser à détrousser quelques mémés, mais le jeu n'en vaut pas la chandelle. La mise en place d’une belle escroquerie « légale » me paraît le plus simple, le plus rentable, le plus intelligent et le moins risqué.
Je m'en frotte les mains d'avance et je te remercie (ainsi que tous les autres sceptiques) de m'avoir ouvert les yeux.
Je te gage ma gomme que tu dis tout ça au second degré (ou plus).
Désolé. Je ne commente que le premier degré. Question d'hygiène moralo-intellectuelle. Sus à la vaseline et aux torsions rhétoriques.
Tu dis enfin :
A bientôt ! Je viendrai peut-être te trouver au canada avec mon jet privé, qui sait ?
Sauve qui peut !

Denis
Les meilleures sorties de route sont celles qui font le moins de tonneaux.