Inso a écrit : 12 août 2021, 11:28
Les deux. Voir 150 mm de pluie en 12h succédant à une journée à 90 mm en Allemagne est quand même exceptionnel. Le phénomène de "goutte froide" stable et donc de pluies très fortes pendant un temps prolongé est bien une conséquence du réchauffement climatique (tout comme la stagnation des canicules dans l'ouest américain).
150mm de pluie en 12h est exceptionnel
à un endroit donné, c'est sûr, mais on en parle et on le constate à cause du résultat d'une mauvaise gestion de l'urbanisation:
notre-planete.info a écrit :Le changement climatique, ce basculement planétaire et global du climat engendré par nos activités a de multiples conséquences. Si les vagues de chaleur de plus en plus régulières et puissantes sont des manifestations très probablement corrélées au réchauffement climatique, c'est encore beaucoup moins clair pour les inondations dont les conséquences sont principalement liées à un enjeu (présence d'habitations) mal ou pas du tout pris en compte.
En effet, la plupart du temps, c'est le mauvais aménagement du territoire qui reste la cause première d'inondations catastrophiques. Cela peut se traduire sur le terrain par une imperméabilisation à outrance, la perte de couvert forestier, d'espaces naturels, de haies, de zones humides qui font office d'éponge et de barrières naturelles : les sols, saturés en eau, ne peuvent plus absorber des précipitations exceptionnelles qui se déversent alors dans les fonds de vallées, rapidement inondées.
En outre, les lits majeurs des rivières sont dorénavant occupés par les activités humaines et les logements, il suffit de précipitations exceptionnelles (avec une période de retour qui n'est pas compatible avec les vues à court terme de nos sociétés) pour que le cours d'eau occupe naturellement et de nouveau son lit... Les images de cette catastrophe sont édifiantes : le lit majeur de l'Ahr était tout simplement bétonné et occupé par des habitations... Un cas d'école que l'on retrouve dans la plupart des inondations de vallées.
L'étude de la situation géographique des zones inondées à Schuld est édifiante également : cette commune est encastrée dans une vallée où coule l'Ahr, un affluent du Rhin. Elle est située à 250 m d'altitude en contrebas de plateaux d'environ 400 m d'altitude. Or, ceux-ci sont très largement cultivés et dépourvus de haies (dont les fonctions écologiques et hydrologiques sont essentielles) et encore moins de couvert forestier à même d'absorber et freiner une partie du ruissellement.
Sur un siècle (pour des mesures fiables), on retrouve un peu partout en Europe des précipitations exceptionnelles de cette ampleur.
En France par exemple:
La plus grande précipitation en :
- une année est de 4.020 mm au mont Aigoual au Gard en 1913 ;
- une journée est de 1.000 mm à Saint Laurent de Cerdans dans les Pyrénées Orientales le 18/10/1940 ;
- une demi-heure est de 80 mm à Bordeaux le 20/07/1883.
La crue la plus importante qui a causé le plus de dommages depuis le 20ème siècle est celle du Tarn à Montauban le 04/03/1930. L'eau est montée de 17.000 mm soit 17 m en 24 heures et elle est montée de 7 m en ville.
Le changement climatique a pour effet également de "déplacer" les épisodes de fortes pluies sur des régions jusqu'à là épargnées d'où certains records enregistrés récemment.
Peut-être serait-il préférable de réfléchir à une urbanisation plus favorable au changement climatique afin de limiter l'impact à court terme que tout miser sur le ralentissement de celui-ci à long terme ?
