richard a écrit : 27 oct. 2021, 17:42
Jean-Francois a écrit : 27 oct. 2021, 16:37Vos symptômes pouvaient très bien être dus à autres choses qu'aux pilules.
Est-ce stupide?
Absolument pas. Ce qui est étonnant, c'est qu'après tout ce temps passé sur le forum, vous ne semblez jamais vous être intéressé sérieusement aux sciences cognitives, c'est à dire, aux mécanismes qui régissent nos opinions et nos croyance. Notre raisonnement naturel est malheureusement peu fiable. Nos déductions sont souvent le fruit de biais cognitifs. Et un des plus important en médecine et para médecine est le "post hoc ergo proper hoc". Qui veut dire à la suite de, donc, à cause de. Autrement dit, nous avons tous une tendance naturelle à attribuer un effet à une cause qui la précède, sans qu'il y ait forcément un lien entre elles. À l'origine, c'est très pratique, ça permet de deviner assez vite qu'un gros nuage noir risque de faire tomber de la pluie, ou que manger certaines baies peut nous rendre malade. Mais le problème, c'est qu'il peut y avoir moult raison à l'évolution d'une pathologie au delà de l'efficacité propre du traitement. Pour en citer quelques un :
- l'évolution naturelle vers la guérison (ou l'aggravation)
- la régression vers la moyenne (en cas de patho chronique)
- les facteurs externes (sommeil, alimentations, autres traitements etc...)
- la relation patient-thérapeute (confiance, charisme, coût du traitement)
- les croyances du patients
- les réactions neurobiologiques réelles liées à la prise d'un traitement, placebo ou non
- etc..
Et ceci est encore régi par un nombre conséquent de biais. Par exemple, si vous croyez en votre traitement, vous vous focaliserez beaucoup plus les jours qui suivent sur les moments où ça va mieux que les moments où ça va moins bien. Il s'agit de la perception sélective.
Il y a aussi l'effet de halo, l'effet d'ancrage, l'hypothèse ad hoc etc...
D'où l'intérêt des études randomisées en double aveugles qui permettent d'éliminer ces biais, pour cerner uniquement l'efficacité propre du traitement.
Donc non, ce n'est pas stupide. Les médecins qui pratiquaient la saignée au moyen âge étaient doté d'un QI approximativement identique au notre. Idem pour les sacrifice humain pour influencer la météo chez les peuples d'Amérique du sud (maya, aztèques...) Tout simplement, ils avaient fait un lien entre deux éléments qui pourtant n'en avait pas.
Notre connaissance en sciences cognitives aujourd'hui nous incite à la plus grande humilité quant à notre perception de l'efficacité des soins dont on dispose.