Salut les amis !
J'émerge d'un long sommeil numérique. Près d'un an sans internet.
Heureusement, j'avais existé quelque cinquante-trois ans sans lui, alors j'ai pu me souvenir comment on vit.
Mais pendant ce temps, ça cause. Et parfois de vous, sans que l'on n'y puisse mais.
Ainsi, à peine reconnecté, réveillè-je, si vous le permettez, ce sujet à cause d'un petit problème sémantique que je viens de découvrir (et qui ne semble pas avoir attiré l'attention de notre docte Cartaphilus) :
Jean-Francois a écrit : 11 mars 2021, 14:23
Corwin a bien défendu le caractère raciste du machin.
Ceux qui n'ont pas lu mes interventions pourraient se méprendre.
Je n'ai pas à proprement parler
défendu le caractère raciste du Livre d'Urantia, mais bien plutôt, évidemment,
dénoncé celui-ci.
Puisqu'on est là, on peut rappeler que le LU est raciste, selon les critères d'aujourd'hui, simplement parce qu'il considère que l'humanité est divisée en races.
Mais supprimer le concept de race humaine (pour le remplacer par « ethnie », « culture », « type » etc.) n'a pas fait un seul raciste en moins, car le vrai problème n'est pas de considérer que de telles races existent, mais bien de prétendre établir une hiérarchie entre elles.
Sur ce plan (voir notamment
cette page de ce fil) le LU pèche gravement, puisque non seulement il crée une telle division, mais encore il procède à un classement, en mettant les blancs en haut de la liste, et tout en bas les noirs.
Et que dire de ce "raciales" qui suggère que "juif" est une race […] J'ai un peu l'impression que ne pas être juive est plus une qualité qu'un défaut selon le ou les auteurs du texte.
Comme c'était l'usage à l'époque de sa rédaction (la première moitié du vingtième siècle) le LU utilise le mot race sans modération. Peu après le débat tenu ici, j'ai pu juger sur leur forum (dans un sujet disparu suite à une énième refonte du site) que cette habitude ne choque aucun adepte. La plupart, à l'instar de Claudem, nient pourtant, contre toute évidence, que le LU soit raciste. D'autres cependant (comme un certain Dominikos) le reconnaissent et le déplorent, tentant de l'expliquer par la nécessité qu'auraient eu « les révélateur célestes » d'adapter leur discours aux mentalités de ceux qui ont reçu le message. Même entre eux, aucun « urantien » n'assume la radicalité de ces contenus.
Concernant les juifs, on trouve cette phrase (c'est moi qui souligne) :
187:1.5 Quarante ans exactement après la crucifixion de Jésus, durant le siège de Jérusalem, tout le Golgotha fut couvert de milliers et de milliers de croix sur lesquelles périssait, jour après jour, la fleur de la race juive.
Pour le reste, peut-on parler d'antisémitisme ? Les auteurs ne s'intéressent qu'aux juifs de l'antiquité, en tant que peuple choisi pour véhiculer certains concepts religieux jusqu'à la naissance de Jésus.
On trouve ça et là quelques remarques :
121:3.10 Les femmes avaient plus de liberté dans tout l’empire romain qu’en Palestine avec leur statut limité, mais la dévotion familiale et l’affection naturelle des Juifs surpassaient de loin celles du monde des Gentils.
121:4.1 Au point de vue moral, les Gentils étaient quelque peu inférieurs aux Juifs.
121:7.8 L’évangile de Jésus, tel que Paul l’avait incorporé dans le culte du christianisme d’Antioche, se mélangea avec […] La robuste moralité de la religion juive établie.
Mais des critiques existent :
121:7.1 À l’époque de Jésus, les Juifs […] avaient construit un mur de séparation rigide entre eux et le monde des Gentils, et considéraient toutes les habitudes des Gentils avec un suprême dédain. Leur culte suivait la lettre de la loi et ils se complaisaient dans une forme de satisfaction de soi basée sur le faux orgueil de leur généalogie.
Il s'agit là d'une référence au concept de « peuple élu » qui, selon l'ouvrage, aurait été inventé durant l'exil à Babylone par les prêtres judéens, lesquels auraient falsifié en ce sens les textes sacrés. Cela dit, les auteurs leur trouvent beaucoup d'excuses
(LU 97:7.1).
121:7.5 Mais, quand la religion juive de bonnes œuvres et de soumission à la loi succomba à la stagnation de l’inertie traditionaliste, le mouvement d’évolution religieuse se déplaça vers l’ouest chez les peuples européens.
Cela dit, cette dénonciation du formalisme religieux ne concerne pas que les juifs. Elle s'applique à tous les courants spirituels
(voir par exemple le fascicule 99 et le paragraphe 195:9.10.
Jean-Francois a écrit : 10 mars 2021, 12:52tout ce qu'on trouve dans ce bouquin n'est pas forcément faux mais tout n'est pas forcément vrai.
Quand on s'attarde un peu sur l'ouvrage (ce que l'on peut être tenté de faire, car il y a des parties assez distrayantes) on se rend compte que les auteurs tentent de proposer une version de la tradition judéo-chrétienne débarrassée de certaines bizarreries et absurdités. Par exemple, j'ai toujours trouvé incompréhensible l'épisode, au tout début de la Bible, où Dieu défend à Adam et Eve de manger du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal
(Genèse 2.17). Pourquoi diable interdire cette connaissance, alors que cette religion, et toutes les autres, s'évertuent justement à nous enseigner de ce qui est bien et ce qui est mal ?
Le LU nous donne une réponse :
73:6.3 Il est possible que “ l’arbre de la connaissance du bien et du mal ” soit une figure de rhétorique, une désignation symbolique couvrant une multitude d’expériences humaines
Noter que le rédacteur de ce passage, un peu évasif, émet cela comme une hypothèse. Mais il s'agirait ici de l'ange qui gardait le paradis terrestre. Or les anges ne sont que des sous-fifres. Il en va tout autrement de l'auteur du fascicule 2, une très haute autorité céleste, qui attire notre attention sur le grand risque qui existe à ne cultiver qu'une connaissance partielle, par rejet de la vérité. Il en résulterait en effet une culture qui ne serait qu'une combinaison de vrai et de faux, une composition de bien et le mal, laquelle nous condamnerait
« à devenir des proscrits dans l’univers » (2:7.4).
Remarquez, cela laisse entendre que nous ne sommes donc pas encore des proscrits dans l’univers. Pourtant y'a pas grand monde qui nous visite.
Cela dit, le livre d'Urantia me paraît pourtant bien être lui-même une belle combinaison de vrai et de faux, de bien et de mal.
Mais il faut ça, parait-il, pour intéresser les hommes…