DictionnairErroné a écrit : 09 mai 2022, 17:25Supposons qu'avant le Big Band (s'il a eu lieu)...
Dans une échelle de temps choisie de telle sorte qu'il y ait un zéro temporel, il n'y a pas d'avant le Big Bang. On notera que passer d'une échelle de temps t commençant à moins l'infini à une échelle de temps T commençant à zéro ne pose pas de problème mathématique ; il suffit de poser T = T0 exp(t/T0) où T0 désigne l'age de l'univers dans l'échelle de temps à Big Bang pour l'unité de temps choisie (1).
La pertinence/commodité d'une échelle de temps à Big Bang en T = 0 par rapport à une échelle de temps rejetant le Big Bang à t = - infini repose sur le fait que les
unités de Planck sont très pratiques. En effet, les résultats des mesures de h (constante de Planck), c (vitesse de la lumière) et G (constante universelle de la gravitation) sont parfaitement reproductibles. Ce sont des constantes avec une excellente précision + fiabilité + reproductibilité.
Cette notion d'informations à la fois
accessibles et repoductiblement observables est fondamentale en physique, tout particulièrement concernant le découpage des évènements en deux catégories : les évènements passés et les évènements futurs.
- Un évènement passé est, par définition, un évènement laissant des traces accessibles, décodables et reproductiblement observables (c'est, en fait, une définiton des évènements passés, pas une propriété des évènements passés (2)).
- un évènement futur est, par définition, un évènement ne laissant pas de traces qui soient à la fois accessibles Et décodables ET repoductiblement observables ET par tout le monde.
Une trace du passé, un enregistrement irréversible d'information, une évolution s'accompagnant donc d'une création d'entropie, demande une gigantesque fuite d'informations, dites non pertinentes, hors de notre portée d'observateur macroscopique (selon une grille de lecture thermodynamique statistique à mon sens commune à tous les êtres vivants). L'information
beaucoup, beaucoup, beaucoup plus grossière et appauvrie qui nous reste accessible, a en contre partie la qualité d'être extrêmement
redondante, stable, résistante aux agressions de l'environnement. Elle est donc reproductiblement observable et c'est précisément ce qui garantit son intersubjectivité (3).
Il est donc très commode de privilégier un choix d'unités de mesure de temps, de distance et d'énergie pour lequel les grandeurs physiques h, c et G sont des constantes.
L'existence d'un zéro temporel est donc une conséquence mathématique de ce choix d'unités physiques. C'est un choix qui accorde bien plus de valeur aux observations reproductibles (donc intersubjectives) plutôt qu'aux observations qui ne le sont pas. C'est tout à fait normal (une normalité presque synomyme de reproductibilité d'ailleurs)
Tous nos choix reposent sur des informations auxquelles nous accordons notre confiance...
...et cette confiance repose sur la reproductibilité de ces informations (ou la validité de sources que nous jugeons fiables parce que l'expérience, donc la reproductibilité, nous a reproductiblement prouvé qu'elles l'étaient. L'argument d'autorité est un argument qui me semble donc tout à fait défendable dans les domaines où l'on ne dispose pas d'une compétence suffisante pour avoir une opinion personnelle fiable).
Ca n'est pas parfait. Cette reproductibilité des infos que nous considérons justes (en raison de leur reproductibilité) peut découler, à notre insu, de biais de sélection, du choix, donc, de sources d'information confirmant ce que nous avons envie de croire (par exemple parce que nous y sommes culturellement/idéologiquement très attachés)...
...mais nous ne savons pas faire mieux à tous les coups.
(1) 13.8 Mds si l'unité de temps choisie est le nombre d'unités de temps de Planck correspondant, aujourd'hui, à un an. En effet, comme le soleil n'existait pas lors du Big Bang (et encore moins, donc, la rotation de la terre autour du soleil), la notion d'année doit être comprise, en fait, comme un nombre fixe de fois le temps de Planck. Le
temps de Planck (5.39 10^-44 s) a en effet possiblement une pertience physique environ un temps de Planck après le Big Bang.
(2) Je ne suis pas très loin de penser que la croissance de l'entropie des systèmes isolés, ou plutôt ce qui remplace(ra ?) cette définition de façon appropriée dans les domaines de la physique où cette définition est trop grossière, n'est pas une propriété de l'écoulement irréversible du temps mais une
définition de l'écoulement irréversible du temps.
(3) C'est parce que des tas d'états microphysiques distincts
nous semblent identiques que
"le" passé nous semble figé. Une goutte d'encre une fois diffusée dans un verre d'eau semble dans un état fixe, parce que c'est ainsi qu'elle nous apparait. Cette apparente fixité découle, en fait, de notre myopie d'observateur macroscopique. C'est cela qui caractérise un état d'équilibre : la constance des observables caractérisant cet état à notre échelle d'observation macroscopique.
- l'existence systématique de traces du passé et l'absence de traces systématiques du futur
- l'existence de souvenirs du passé et l'inexistence de souvenirs fiables et reproductibles du futur,
- la distinction évènements passés/évènements futurs,
- le principe de causalité,
- l'impossibilité d'un démon de Maxwell,
- l'impossibilité d'une production de travail lors d'un cycle monotherme,
d'écoulent de l'enregistrement d'informations reproductiblement observables quand recueillies à l'échelle macroscopique. C'est cette propriété, cette limitation de notre accès à l'information qui engendre l'apparente violation de la symétrie CPT et l'apparente violation de conservation de l'information respectées, par contre, par les lois fondamentales de la physique.