Faux
Il s'agit encore de cette culture de bashing antipsychanalyse qui rode sur le forum et qui encourage des ignorants de passage ou incrustés ici de dire n'importe quoi et son contraire pourvu que ce soit dénigrant pour la psychanalyse. Allo, la recherche de vérité et la considération objective des choses pour ce qu'elles sont.
En ce qui regarde la thérapie de conversion, dans les faits, les vrais, la psychanalyse ne l'a jamais encouragée et les piliers de la psychanalyse l'ont même le plus souvent dénoncé. En 1903, interrogé pour la première fois de sa carrière sur l'homosexualité par un journaliste autrichien dans le contexte d'un scandale impliquant une importante personnalité traduite en justice pour homosexualité, Freud donne son avis:
« L’homosexualité ne relève pas du tribunal et j’ai même la ferme conviction que les homosexuels ne doivent pas être traités comme des gens malades, car une telle orientation sexuelle n’est pas une maladie. Cela ne nous obligerait-il pas à caractériser comme malades de nombreux grands penseurs que nous admirons précisément en raison de leur santé mentale [...] Les personnes homosexuelles ne sont pas des malades » (cité par Kenneth Lewes, The Psychoanalytic Theory of Male Homosexuality, NY Meridian).
La table était mise!
Bien sûr, rien n'est si simple. Une analyse des constructions délirantes et des pathologies secondaires aux troubles de l'attachement montre que l'homosexualité y est très imbriquée. Freud a bien dû le constater lui aussi, ce qui l'a conduit à une théorisation plus complexe de l'homosexualité .
Pourtant 33 ans après l'interview de Vienne, Freud dans une lettre, aujourd'hui célèbre, répond à la mère d'un jeune homosexuel où il dédramatise explicitement le diagnostic en invitant sa correspondante à ne pas considérer l'homosexualité de son fils comme une « maladie ».
« Je crois comprendre d’après votre lettre que votre fils est homosexuel. J’ai été frappé du fait que vous ne mentionnez pas vous-même ce terme dans les informations que vous me donnez à son sujet. Puis-je vous demander pourquoi vous l’évitez ? L’homosexualité n’est évidemment pas un avantage, mais il n’y a là rien dont on doive avoir honte, ce n’est ni un vice, ni un avilissement et on ne saurait la qualifier de maladie ; nous la considérons comme une variation de la fonction sexuelle, [...]. C’est une grande injustice de persécuter l’homosexualité comme un crime – et c’est aussi une cruauté [...] En me demandant s’il m’est possible de vous venir en aide, vous voulez sans doute demander si je puis supprimer l’homosexualité et faire qu’une hétérosexualité la remplace. La réponse est que, d’une manière générale, nous ne pouvons promettre d’y arriver. [...]. « Ce que la psychanalyse peut faire pour votre fils se situe à un niveau différent. S’il est malheureux, névrosé, déchiré par des conflits, inhibé dans sa vie sociale, alors la psychanalyse peut lui apporter l’harmonie, la paix de l’esprit, une pleine activité qu’il demeure homosexuel ou qu’il change. »
Bien sûr, en cherchant un peu, on finira par trouver des psychanalystes qui se sont commis en faveur des traitements contre l'homosexualité, mais c'est que les psychanalystes sont partout dans l'histoire de la psychiatrie et que rarement quelque chois de bon ou mauvais se soit fait sans que des psychiatres psychanalystes y aient été mêlés. Même les fondateurs des écoles concurrentes de la psychanalyse étaient eux-mêmes psychanalystes à l'origine.
Non! Les chantres de la thérapie de conversion sont bien plutôt les grands amis des anti-psychanalystes: les béhavioristes. Les sexologues béhavioristes William Masters et Virginia Johnson, des starts du béhaviorisme américain, ont fait plus que leur part dans le mensonge en publiant de résultats cliniques fabriqués de toutes pièces (
les behavioristes de cette époque aiment tant les résultats de recherches cliniques qu'ils en inventaient) prétendant parvenir à changer l'orientation sexuelle de leurs patients. Les tentatives de confirmation externes ont ensuite démasqué la supercherie et Master a dû avouer sa falsification. La technique de base de master reste pourtant la même aujourd'hui alors qu'elle est encore pratiquée pour "convertir" des pédophiles et d'autres paraphilies criminalisés. Les modalités reposent sur les techniques aversives. Il s'agit de coupler un stimulus négatif à tout contenu homosexuel (par exemple des images d'hommes nus). Les stimuli négatifs utilisés sont des sensations déplaisantes (douleur, nausée induite par un médicament, etc.). Après un certain nombre de répétitions, le stimulus sexuel à contenu homosexuel est supposé devenir un stimulus conditionnant déclenchant automatiquement une réponse d'anxiété et/ou de stress physique élevé chez le patient. Le stimulus aversif le plus souvent utilisé était l'électrochoc de faible intensité, mais des stimuli olfactifs (ammoniaque) leur sont préférés par certains expérimentateurs. Aujourd'hui, ces techniques aversives ont parfois combiné à des techniques de rétroaction biologique consistant à équiper le sujet d'un instrument de mesure de son excitation sexuelle et à intercaler un signal lumineux pour avertir le patient que son niveau d'excitation était trop élevé avant de l'exposer au stimulus aversif. De façon concomitante, le procédé consiste ensuite à présenter des stimuli sexuels alternatifs (par exemple des images de femmes nues) et de les associer à des sensations plaisantes soit par simple disparition de la douleur, soit, le plus souvent, en invitant le patient à se masturber jusqu'à l'orgasme. D'autres variantes visant à augmenter l'excitation face à des stimuli hétérosexuels ont été expérimentées, notamment sur les « agresseurs sexuels » [
Bon, je confesse m'être auto-plagier en repiquant ula partie de l'article sur la question que j'ai publié il y a quelques années sur wikidédia et qui s'y trouve encore, même s'il a été un peu défiguré par les altérations militantes apportées par d'autres contributeurs].
« Dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire. » George Orwell