Florence a écrit : 29 déc. 2022, 19:55Toujours le même refrain, "tant que les gros sont pas forcés d'agir, y'a pas de raison que les petits se décarcassent"

Avec un point important qui n'est pas toujours bien entendu :
les "gros" (investisseurs, industriels, enseignes commerciales)
investissent dans, fabriquent et vendent ce que le consommateur appelle de ses voeux. En dernier ressort, c'est le consommateur qui pilote la production parce que c'est à lui que l'on doit vendre des biens et des services. Pour ne pas entendre ce point important, on le range parfois dans une boîte en y collant l'étiquette "stigmatisation".
Et pourtant, la publicité serait hors de prix et plomberait mortellement les marges si les choix d'investissement se tournaient vers la protection de notre biosphère et de notre climat au lieu d'aller dans le sens de ce que demandent les consommateurs, notamment du pouvoir d'achat,
donc des produits peu coûteux pour être concurrentiel donc être d'un prix attractif pour le consommateur...
...Or faire évoluer nos modes de production vers des options nouvelles, moins nuisibles à notre biosphère et à notre climat, ça ne peut pas être gratuit ou moins coûteux (sinon on le ferait déjà à très grande échelle).
Un discours
déresponsabilisant et victimisant trop fréquent, et ce depuis plusieurs décennies à mon sens (ce qui explique la difficulté d'en sortir) favorise l'immobilisme :
- en fustigeant quelques coupables,
- en qualifiant de stigmatisation toute information tendant à mettre à jour notre responsabilité collective.
Il s'agit de la responsabilité :
- de nous informer,
- de nous former.
Il s'agit d'acquérir ainsi les compétences requises pour savoir :
- les actions ou choix que nous devons appuyer,
- les actions ou choix que nous devons combattre ou freiner,
- les conséquences de ces choix,
puis d'obtenir une adhésion quant à l'acceptation des conséquences, plus que vraisemblablement
antagonistes à nos attentes actuelles de maintien (voir même d'augmentation) du pouvoir d'achat.
Ce
changement culturel de priorité et de grille de lecture est très, très difficile à réussir.
Je vois ça comme une difficulté majeure. Les autres difficultés (non négligeables) seraient, me semble-t-il :
- la difficulté technique de trouver et mettre en place, sans se tromper, les bonnes solutions (1)
.
- ET de convaincre l'opinion que ce sont les bonnes solutions,
.
- ET de ne pas nous tromper dans l'évaluation quantitative de leurs conséquences,
.
- ET de réaliser une information de qualité sur tous ces points en direction de l'opinion publique,
.
- ET d'obtenir l'adhésion malgré les conséquences anticipables en termes de décroisssance,
.
- ET de parvenir à débunker les critiques les pères-Noël de compétion habituels de l'arène politique. Ils ne manqueront pas d'en faire leur beurre politique au détriment des objectifs de relèvement des défis climatique et écologique (en prétendant, bien sûr, exprimer ainsi "la volonté du peuple").
(1) Notamment les
modes de production de l'énergie électrique. Cette production serait responsable des
2/3 des émissions anthropiques mondiales de gaz à effet de serre. Evidemment, il faudra donc bien parvenir, aussi, à réduire sa consommation.
Il y a aussi besoin d'agir :
Le chantier est colossal, cf.
- La transition énergétique n'a pas besoin de miracle, mais de 62 000 milliards $
(je ne suis pas convaincu par cette étude optimiste mais elle est quand même intéressante à lire).
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- Le Plan de transformation de l'économie française du shift project de Jancovici
(Concentré sur la décarbonation. C'est un bon début)
.
- Écologie, progrès et décroissance : Arthur Keller et Aurélien Barrau. qui considère la nécessité impérieuse, inéluctable, d'une grande descente énergétique et matérielle pour protéger notre biosphère, donc une décroissance voulue plutôt que, de toute façon, violemment subie par suite de l'épuisement des ressources non renouvelables ET des ressources renouvelables.
La croissance verte est une supercherie. Notre économie mondiale est une pyramide de Ponzi. On constate un dépassement des limites planétaires, un effondrement du vivant, une explosion des pollutions et de la toxicité des habitats, des problème graves d'accès à des ressources stratégiques, des problèmes d'accès à des ressources vitales, une nourriture saine et de l'eau potable.
Je pense (ou plutôt je sais) qu'Arthur Keller a raison. J'avais déjà conclu à l'absurdité et au caractère destructeur d'un objectif de croissance sans limite en 1994 et j'avais commencé à faire des conférences sur ce sujet (qui me préoccupait), puis pris par mon (changement de) travail (et peut-être un peu aussi par le désir d'oublier cette source de stress et ce supplément de travail) j'avais eu tendance à l'oublier.
Ce chantier ne peut pas se résumer à quelques slogans simplistes et démagogiques habituels, yfokon, yaka, yzonka avec de grosses pancartes pour fustiger l'inaction climatique et écologique...
...la notre en fait, mais bon, nous préférons attribuer ça à quelques coupables. C'est psychologiquement plus confortable mais c'est un confort qui risque de nous coûter horriblement cher si nous ne nous décidons pas à en sortir très très rapidement.
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