Techniques de défense

[LoutredeMer]

Salut,

J'aimerais connaître des gestes de défense qui ne me feront pas trop mal (je n'ai plus 20 ans). Merci.

[PhD Smith]

Ce n'est pas ce qui manque sur YT, attention au bullshido, mais ces mouvements résument ce que tu peux en partie faire: https://www.youtube.com/watch?v=gTIdY-comng
En résumé, distance, et attention. La fuite est la meilleure des défenses. Je ne compte plus les récits de ceintures noires d'arts martiaux qui ont utilisé des techniques de défense inapplicables dans la rue.
Il y a la chaîne de Franck Roppers souvent moquée sur les réseaux, mais on peut voir des mises en situation: https://www.youtube.com/watch?v=TYehO-7jFZc
C'est de la vraie SD mais attention aux suites judiciaires.

[Etienne Beauman]

Au corps à corps, à moins d'avoir une solide expérience des arts martiaux, tu seras toujours désavantagé par rapport à un ou des agresseurs qui eux auront peut être encore 20 ans. Le seul truc a vraiment travaillé sur le court terme c'est plutôt le mental, pendant une agression transformer ta peur en rage et être prêt à arracher une oreille avec tes dents ou planter tes doigts dans les yeux du mec en face sera bien plus utile que de maitriser tel ou tel mouvement que t'arriveras pas en contexte à reproduire.
Ne les laisse passe venir au corps à corps, s'il y viennent griffe, mord, hurle essaie d'attraper un doigt et de le casser, écrase lui les orteils si t'as des talons, bref lui faire mal vite pour qu'il lâche prise et avoir une occasion pour fuir en courant.
Pour éviter le contact, une bombe lacrimo dans la main et ta main dans ta poche, tu changes de trottoir à l'avance si en face ça fait pareil tu sors la bombe et t'arrose sil vient vers toi. Mieux encore peut être, Il y a aussi des lampes incapacitantes, j'envisageais d'en acheter une à un moment, mais il y a de telle différence de prix (on en trouve à plus de 150€) que je me suis jamais décidé. Si quelqu'un a déjà test !

[Mirages]

Un bon coup de genou dans les couilles et n'importe quel agresseur est HS le temps pour toi d’être très loin. Après c'est infaillible s'il n'y en a qu'un...

[Jean-Francois]

J'aimerais connaître des gestes de défense qui ne me feront pas trop mal (je n'ai plus 20 ans). Merci.

À mon avis, le premier geste est la préparation: ne pas se mettre dans une situation où il pourrait y avoir un danger. Ça demande d'évaluer pas mal de paramètres et n'est pas toujours faisable (surtout si le danger potentiel vient de l'entourage proche).
Ensuite, comme d'autres l'ont dit: éviter l'engagement. Prendre ses distances, dissuader, etc.
Après, il reste essayer de surprendre par un mouvement/coup/utilisation d'un objet/etc. qui n'est pas attendu et qui donnera un peu d'avance sur l'agresseur afin de prendre ses distances ou attirer l'attention.

[D'après le peu que tu dis dans ton autre message, attirer l'attention c'est ce que tu as fait (?).]

Jean-François

[Florence]

Au corps à corps, à moins d'avoir une solide expérience des arts martiaux, tu seras toujours désavantagé par rapport à un ou des agresseurs qui eux auront peut être encore 20 ans.

Et même avec une solide expérience des AM, rien n'est garanti, ne serait-ce que parce que l'immense majorité des arts martiaux sont des versions édulcorées des vrais arts de combat, régis par des conventions que ne respectent évidemment pas les auteurs de violence en dehors d'un dojo …

Le seul truc a vraiment travaillé sur le court terme c'est plutôt le mental, pendant une agression transformer ta peur en rage

Ce n'est certainement pas un travail sur le court terme …


#Mirages: le coup dans les bijoux de famille, faut encore être dans la bonne position et face à un agresseur qui ne s'en méfie pas du tout pour qu'il ait une quelconque efficacité. Ca a l'air facile dans les films, ça ne l'est pas vraiment dans la réalité (angle, espace disponible pour donner le coup, mouvements de la "victime", vêtements qui atténuent la force d'impact, etc.).

[LoutredeMer]

Merci les amis.

@Phd Smith
J'ai regardé les 2 vidéos. Je vais m'exercer sur ces mouvements avec un pote ce week end.

@JF
J'allais seulement chercher un colis dans un relais-colis dans un supermarché...

[Etienne Beauman]

Et même avec une solide expérience des AM, rien n'est garanti, ne serait-ce que parce que l'immense majorité des arts martiaux sont des versions édulcorées des vrais arts de combat, régis par des conventions que ne respectent évidemment pas les auteurs de violence en dehors d'un dojo …

Oui, on est d'accord, rien n'est garanti, mais j'ai personnellement était témoin d'un ipon asséné par une femme d'environ trente ans un midi en plein Mac donald à Londres qui venait de se faire insulter par un connard d'une vingtaine d'année, puis bousculer.
Il lui a fallu une bonne minute pour se relever, et il a quitté les lieux sans dire un mot.
Le mec s'attendait pas du tout à ça.
Et c'est principalement ce qui fera la différence : l'effet de surprise, la plupart des agresseurs s'en prennent à des cibles qu'ils jugent faciles, et que pour surprendre un mec venu pour en découdre, il faut être expérimenté ou réussir à lui faire mal très vite.

Ce n'est certainement pas un travail sur le court terme …

Oui, bien sûr, mon propos était de se focaliser sur ce qui pourrait faire la différence assez vite, comme déjà dit le mieux c'est la fuite, donc il vaut mieux travailler son cardio que de s'inscrire dans un club de self défense qui va nous apprendre des techniques, qu'on ne sera pas utilisé, et faussement nous rassurer. Pour ça que je parlais aussi d'arme à distance, mais pour être prêt à s'en servir, il faut déjà se mettre dans cet état d'esprit, acheter la lacrimo, avoir la main dessus quand on est dans la rue, être aux aguets, choisir ses itinéraires, etc.

[Jean-Francois]

@JF J'allais seulement chercher un colis dans un relais-colis dans un supermarché...

Je ne le savais pas. J'ai pris ta question comme une question générale. On ne peut effectivement se préparer pour l'imprévu". Tu es tombée sur quelqu'un avec un problème mental?

À mon avis, ça ne sert pas à grand-chose de s'exercer un peu à quelques mouvements de parade; pour que de tels gestes soient efficaces, il faut qu'ils deviennent réflexes, ce qui demande de nombreuses répétitions. À moins d'être prête à persévérer, si tu veux faire des exercices, fais de la (re)mise en forme comme le propose Étienne.

Jean-François

[Mirages]

Après ce qui compte énormément c'est le mental, si t'as peur de rien ça se capte par les mouvements comme la démarche et tous les signes non-verbaux. t'as d'un coté la "victime" qui va se faire tout le temps agresser, de l’autre "l'homme-métal" ou la wonderwoman qui seront jamais emmerdés, plus toutes les nuances entre les deux et sur d'autres plans.

Et je te parle pas de ta taille, musculature, age, morphologie ou autre. Une brindille peut être évitée des charognards de la violence car coriace dans son esprit.

Après c'est selon, si tu crains rien tu peux te balader dans les milieux mal famés la nuit sans rien risquer, mais plus tu seras fragile, plus il faudra adapter les environnements, endroits et les situations à risque en fonction de ce que tu maitrises mentalement ou là où tu es sur un pied d'égalité avec les inconnus peuplant les univers où tu te plonges.

Un malade mental qui est en plus violent je veux bien, mais la deuxième fois dans la journée c'est à cause de quoi ?

[nikola]

Les couilles, les yeux, les genoux…

[shisha]

Faire face à la peur engendrée par ce traumatisme grâce à du courage et à la raison (ce que tu sembles faire). Car sinon cette peur prendra de plus en plus de place dans ton quotidien (sortir dehors la main tremblante, rester cloîtrée chez soi et ou devenir folle/fou et finir en hp).

Aussi, accepter qu'on ne contrôle pas entièrement sa vie et qu'on peut mourir à tout moment si malchanceux à cause des autres ou événement majeur peut peut-être aider.

Même face à un pratiquant d'art martiaux aguerri, l'agresseur potentiel aura l'avantage de la surprise et ou d'être armé.

[LoutredeMer]

Quand j'y repense aujourd'hui, c'était une situation totalement absurde pour tout le monde en présence Un seul employé pour s'occuper à la fois d'une caisse avec une file de 4 personnes, et de la délivrance des colis au comptoir à côté.

Du coup un malade mental (1m85, 95 kg au jugé) de la file à la caisse se met à me hurler dessus en me disant que je devais passer prendre mon colis à 9h et pas à 16h30, que je "faisais chier tout le monde" etc etc. Quand il a vu que je lui répondais avec le sourire, en lui demandant entre autre si 15h c'était bon aussi, (et que j'étais bien décidée à avoir mon colis), il m'a demandé touours en hurlant si "je me foutais de sa gueule" et m'a dit qu'il allait me mettre un paing.

J'ai répondu que "je l'attendais celle-là", toujours avec le sourire, et le type qui l'accompagnait lui a dit de se calmer et de plutot s'adresser à la direction du supermarché et à un homme..., parce qu'il y avait visiblement un manque de personnel. Un autre homme qui passait s'est campé à coté de moi en me disant qu'il ne bougeait pas (pour me protéger). Le temps que je donne les 3 numéros de colis et de consigne, le grand malade me fixait méchamment sans arrêt. Le préposé très dévoué a été chercher le colis pour moi sur ma demande au fond du magasin (sinon j'aurais dû passer à coté du fou et je ne voulais pas).

C'est à la sortie que je me suis mise à trembler, alors j'ai tranquillement fait le tour complet d'un rond-point pour faire demi-tour et rentrer chez moi et un motard est venu à coté de moi pour me hurler dessus qu'il fallait mettre mon clignotant. Quand je lui ai répondu "Ta gueule!" parce que ça commençait à bien faire, il a serré ma voiture par la gauche avec sa moto pour me faire ralentir et arrêter mais je n'ai pas cédé, alors il est parti.

Durant ces événements, j'ai eu la bizarre impression "d'être en enfer", vraiment.

[Lambert85]

Les motards tiennent trop à leur moto (leur attribut mâle), tu as bien réagi !

[Mirages]

Bienvenue dans la violence ordinaire... t’inquiètes, dans les cas que tu décris ça aboie plus que ça mord.
(Sauf envers une femme parce que certains mecs se sentent plus forts et ils ont l'impression d'avoir des couilles pour une fois... )

[richard]

Une femme tue sa compagne. Ce qu’il y a d’embêtant dans cette histoire c’est qu’on va le compter en féminicide comme s’il avait été commis par un homme.

[LoutredeMer]

@lambert et Mirages

Oui... c'était pourtant une petite ville bien calme il y a 3 ans...

Ca change, et je suis bien décidée à me prémunir. J'ai vraiment ressenti du danger. Et je me fie à mes sens.

[Jean-Francois]

Oui... c'était pourtant une petite ville bien calme il y a 3 ans...

En même temps, ça ne doit pas arriver souvent et des personnes ont pris ta défense (dont l'accompagnateur du connard, qui l'a désapprouvé). C'est aussi important de le remarquer.

Tu as bien réagi. Àma, ça aurait pu dégénérer si tu avais montré des gestes agressifs. L'auto-défense ne t'aurait pas vraiment servie non plus pour le motard. Et, dans son cas, souviens-toi qu'il est en position de faiblesse par rapport à une voiture (fermée et stable sur ses roues). S'il devient agressif, tu peux le filmer avec ton cellulaire et porter plainte (photographie la plaque).

Jean-François

[Igor]

Un autre homme qui passait s'est campé à coté de moi en me disant qu'il ne bougeait pas (pour me protéger).

Je suis vraiment troublé (et désolé) d'apprendre ce qui vous est arrivé, surtout après notre dernière discussion portant sur cette agression d'une enseignante.

Heureusement que les bons Samaritains existent encore!

[Dominique18]

Durant ces événements, j'ai eu la bizarre impression "d'être en enfer", vraiment.

Et il y a de quoi! Tu peux retirer l'adjectif "bizarre" de ta phrase.

Plusieurs réflexions précisent ce qu'il y a à connaître (Jean-François, Etienne,..).
Le contact physique est à éviter, la fuite restant l'option à privilégier, dans la mesure du possible.
L'état de stress provoqué par la situation d'agression paralyse, voire tétanise, et fait perdre ses moyens.
La gestion mentale, dans une situation de conflit avec une autre personne, voire plusieurs, demande des heures d'entraînement et de conditionnement.

La vidéo proposée par PhD Smith résume l'essentiel:

https://youtu.be/gTIdY-comng

J'apprécie la pédagogie de Fabrice avec qui j'ai eu l'occasion d'échanger, sur d'autres sujets: clair, pragmatique, réaliste, lucide.

Deux références pour disposer d'un peu de culture à ce niveau, "ça peut servir un jour"... Plus qu'on ne le pense.
Les deux livres qui suivent font autorité, ce sont les dernières éditions, leurs contenus ont été remaniés pour suivre l'époque en cours et coller au plus près de la réalité, notamment sur le plan de la législation en vigueur. Il ne s'agit pas de manuels de cuisine avec des recettes "magiques", mais ils définissent et étudient dans les détails les contextes, dont "l'effet tunnel***", dévastateur en situation d'agression.





Le deuxième s'adresse plutôt à des professionnels, ou à des personnes possédant déjà 'un niveau de connaissances avancé qui souhaitent se perfectionner, mais il peut cependant permettre au profane d'y trouver nombre d'éléments directement applicables sur le terrain (attitudes, gestion de la communication, zones de protection gestion de l'espace,...).

Deux outils qui peuvent être efficaces, avec un peu d'entraînement (il faut passer un minimum de temps pour savoir manipuler correctement, c'est à dire utiliser le plus rapidement possible ces outils en cas d'urgence, ce qui suppose qu'ils sont toujours disponibles aisément, prêts à servir):

- une lampe de ce type, avec fonction stroboscopique:



https://www.amazon.fr/Aufachieve-Puissa ... hdGY&psc=1

- celui que l'on oublie toujours, et qui peut être redoutable: le sifflet*!



https://www.amazon.fr/HONGECB-Sifflets- ... 105&sr=8-6

Un sifflement strident intense surprend, interpelle, paralyse momentanément l'agresseur (mouvement de surprise réflexe qui coupe son action en cours) et avertit d'autres personnes d'une situation de danger potentiel.

Le bon vieux sifflet à roulette est toujours d'actualité, peut-être moins puissant sur le plan sonore, quoique...

Autres outils...

Une simple revue**, roulée constitue également une arme, en introduisant une distance supplémentaire par rapport à l'agresseur.
Personne ne se méfie d'un magazine roulé tenu dans une main.

Un stylo-bille basique, un "Bic" tout simple peut faire office de kubotan.

Mise en situation, un spécialiste de la question: Robert Paturel.

A méditer l'introduction de la vidéo...

https://youtu.be/ExO2pMuZmoY

(Son partenaire d'entraînement est Olivier Vignau, avec son apparence de petit père tranquille. Un type redoutable.)

https://youtu.be/pASwH5I6dBM

Le combat au sol et ce qu'il faut en penser:

https://youtu.be/ZDHTCIuK6TA

Plus que les techniques, c'est le message de Paturel à considérer, dont des éléments figurent dans les posts des intervenants (Etienne notamment).

* le sifflet fait partie du matériel obligatoire dans les épreuves de trail en montagne, avec la couverture de survie et une ration d'eau minimum.

** un peu extrême, mais les propositions y sont:

https://youtu.be/P198l3x-34U

*** "l'effet tunnel":

https://www.kmkc3.com/self-defense-femi ... on-tunnel/

Il y a pas mal d'analyses pertinentes sur ce site, par exemple la lecture des expressions faciales, le contrôle de la peur lors d'une agression,...

[Dominique18]

Bienvenue dans la violence ordinaire... t’inquiètes, dans les cas que tu décris ça aboie plus que ça mord.
(Sauf envers une femme parce que certains mecs se sentent plus forts et ils ont l'impression d'avoir des couilles pour une fois... )

Oui et non.
Ca peut très vite dégénérer, les garde-fous se sont éloignés.

[LoutredeMer]

Je vais faire court pour ce soir, visiblement cette histoire m'a un peu fatiguée. Merci à tous pour les conseils, et si d'autres femmes lisent ce fil, qu'elles n'hésitent pas à se prémunir aussi, ça arrive n'importe quand et n'importe où.

[Dominique18]

Je vais faire court pour ce soir, visiblement cette histoire m'a un peu fatiguée. Merci à tous pour les conseils, et si d'autres femmes lisent ce fil, qu'elles n'hésitent pas à se prémunir aussi, ça arrive n'importe quand et n'importe où.

Une précision....

La dernière édition du livre de Roland Habersetzer (publié chez Budo éditions, alors que l'avant-dernière l'était chez Amphora).



Présentation de l'éditeur:

La présentation de l’éditeur

Voici votre guide de protection personnelle

Un autre livre de référence revient dans la série des grands classiques de Sensei Habersetzer.

Parce que toute personne a le droit, et même le devoir, de protéger sa vie. Mais de le savoir ne suffit pas. Il faut être mentalement prêt, et physiquement capable, d'assumer la situation le moment venu. Une probabilité que personne ne peut exclure. Voici un manuel pratique pour faire face au danger !

De par sa présentation claire, méthodique et réaliste, cet ouvrage, plus que jamais d’actualité, a été dès sa première édition la source de répertoires techniques que l'on retrouve aujourd'hui dans de nombreux systèmes de combat-défense enseignés dans les dojos d'arts martiaux ou utilisés par les professionnels des métiers de la sécurité. Intégrant le meilleur du Ju-jitsu, du Tai-jitsu, de l'Aiki-jitsu, du Judo, du Karaté, ainsi que les fondamentaux modernes du concept «Tengu » de l’auteur, il propose plusieurs niveaux de lecture, pour accompagner le lecteur dans sa progression en capacité de défense, en lui laissant un large choix de panachage entre techniques et réponses tactiques responsables, et toujours en conformité avec le cadre légal.

Ces pages, largement illustrées, constituent une base de données accessible à tous, incontournable pour être prêt, au cas où...

Un manuel de 330 pages, 780 dessins, 180 photos

Des précisions de la part de l'auteur:

La présentation de l’auteur sur sa page Facebook

« J’aimerais signaler à mes amis la toute récente parution chez Budo Editions de mon ouvrage « Répondre à l’agression. Actions immédiates, efficaces, responsables ». Avec trois précisions qui me paraissent importantes.

D’abord, que je n’ajoute pas un nouveau manuel de self-défense à la pléthore qui en existe déjà : des publications qui se plagient les unes les autres, en faisant semblant d’innover dans un registre pourtant connu depuis des siècles par tous les peuples qui ont eu à se battre pour survivre (mais dans des approches actuelles souvent fortement discutables sur le plan légal comme sur le plan de l’application pratique). Et pour cause : je fus, après les classiques de Moshe Feldenkrais (« Manuel pratique de Jiu-Jitsu », 1944) puis de Jim Alcheik (« Méthode de Jiu-Jitsu », 1956), que je découvris lors de mes premiers pas sur les tatamis, l’un des tous premiers à consacrer un travail structuré à la problématique de la défense à main nue, à partir du Karaté, du Judo, de l’Aikido, le Tai-jitsu (en soulignant d’emblée les possibilités quasi infinies de combinaisons possibles). Techniques que l’on apprenait alors uniquement en dojos, avec des Sensei responsables et en keikogi…

Rappelez-vous (??) : il y eut d’abord mon petit livre « Apprenez-vous-même la self-défense » (Eyrolles, 1971), suivi de « La Self-défense » (Marabout, 1974) revisité dans «Le Guide Marabout de la self-défense » (1978), puis l’important « Défense pour tous» (Amphora, 1984), qui évolua après plusieurs rééditions jusqu’au « Self-défense pratique » (Amphora, 2008), tandis que j’avais créé parallèlement un « Auto-défense : réussir…80 clés » (Amphora, 1999). Sans mentionner les publications que je consacrais parallèlement au Jiu-Jitsu japonais. C’est donc assez dire que je ne me joins pas opportunément aujourd’hui à un mouvement qui prend de plus en plus d’ampleur et jusque dans ses dérives : je fis partie des pionniers dans le domaine. Même que mes travaux furent aussitôt largement diffusés, parfois traduits mais plus souvent copiés le plus illégalement du monde (un comportement bien généralisé de nos jours mais que j’ai connu depuis toujours !). Mal copiés, finalement, quand je vois dans quantité de publications récentes surfant sur cette vague de peur et (donc) de repli qui paralyse nos sociétés, des aberrations et des incitations à se comporter avec une naïveté telle qu’elle pourrait amener la personne qui se laisse tenter tout droit ou à l’hôpital ou en prison…

J’en viens ici à ma seconde précision. Les photos et dessins de mes manuels n’ont jamais mis en scène, comme c’est le cas dans les revues, livres et vidéos d’aujourd’hui, des « guerriers » musclés se défendant en tenues de combat, s’affrontant avec force bâtons et couteaux, cognant (bien) plus que nécessaire, au mépris des lois régissant ce type de comportement. L’ouvrage que je vous présente ici conserve quant à lui l’éthique et les impératifs de contrôle (aussi bien technique que mental) qui furent présents dans ma propre approche du sujet dès mon premier essai de 1971 (on posait alors avec des tenues portées au quotidien, et on n’avait pas l’air de sortir d’un scénario de guérilla urbaine). La nuance est fondamentale. Il s’agit en effet toujours dans mon intention d’illustrer « la défense du faible contre l’agresseur » (sous-titre du livre de M.Feldenkrais) non l’affrontement de deux « guerriers » plus formatés l’un comme l’autre pour le combat de rue (à coups de techniques plus exotiques et plus inutilement violentes les unes que les autres, à grand renfort d’entraînements en salle de musculation) qu’imprégnés de l’esprit de l’autodéfense. Je reste quant à moi toujours adepte de la recommandation de Jigoro Kano, père du Judo : « Vaincre sans convaincre n'est rien », une visée humaniste que l’on est en droit d’attendre des vrais instructeurs (auxquels je préfère bien entendu d’authentiques « Sensei ») des choses guerrières : l’efficacité dans la mesure et le respect de la vie, non cet acharnement inutile et destructeur si souvent proposé (dans une surenchère lassante mais surtout extrêmement inquiétante dans une banalisation qui est un réel danger pour tous).

Je voudrais enfin attirer l’attention sur le fait que mon « Répondre à l’agression » reprend bien entendu les illustrations (780 dessins, 180 photos) qui ont fait le succès des éditions précédentes, cependant dans une nouvelle et plus agréable mise en page, qu’il a été encore augmenté, et qu’il est cette fois tout en couleurs !

J’espère que ceux qui ouvriront ce manuel, que j’ai encore une fois revisité avec soin, garderont à l’esprit ce choix qui a toujours été le mien, à savoir rappeler que discernement et prudence en la matière priment sur tout le reste. Je laisse aux naïfs inconscients de l’enjeu et des conséquences d’actes irréfléchis la responsabilité de comportements condamnables. Je souhaite aux autres une bonne pratique, sur fond de saines réflexion et préparation à l’aide de ce livre, pour le cas où il leur faudra quand-même se battre un jour pour ne pas avoir à subir. Car si l’instinct de conservation est dans la nature des hommes, et qu’il est certainement utile de le cultiver (en l’éduquant !), il se trouve aussi que l’instinct de destruction est hélas présent dans celle de beaucoup d’entre eux. C’est, sans équivoque, du premier qu’il est toujours question dans un propos que je tiens depuis 50 ans, et il ne doit y avoir la moindre confusion possible avec le second. Même en tenant compte du changement des normes sociétales au cours du dernier demi-siècle. C’est une question d’éthique et de responsabilité pour les enseignants comme pour les enseignés, que je ne crois pas inutile de rappeler ici ».

Ne pas se battre,
ne pas subir,
rester en vie.

[Florence]

Une paire de questions à tous les intervenants sur ce fil :

- quelle expérience de violence/bagarre réelle (pas de simples menaces et hors une salle d'entrainement/dojo) ?
- si expérience, quel(s) résultats ?

Pour ma part, passablement de bagarres dans ma lointaine jeunesse, généralement sans plus de conséquences qu'un oeil au beurre noir, l'une ou l'autre contusion et des blessures à l'amour propre.

- Plusieurs cas où je suis intervenue pour faire cesser ou prévenir une agression/bagarre dans la rue ou dans un bistrot (à Genève). La plupart du temps, peu de contacts physiques et beaucoup de parlottes pour calmer le jeu, 2 cas où j'ai dû "aller au charbon" pour désarmer (batte de baseball) ou incapaciter un agresseur. Utilisé mes compétences en arts martiaux mais ce ne sont pas les techniques spectaculaires qui m'ont servi, au contraire des réflexes automatiques de parade et d'évitement, qui ne s'apprennent pas en lisant des manuels ou en visionnant des tutos …

- Un cas d'agression subite et sans provocation il y a une quinzaine d'années (un piéton enragé qui a ouvert brusquement ma portière et m'a filé un coup de poing au visage, trop rapide pour que je puisse faire davantage que minimiser l'impact). Malgré plus de 50 ans de pratique des arts martiaux, sentiment de sidération et d'impuissance totale cette fois-ci …

Ma conclusion: les cours genre "les 10 gestes qui sauvent en 10 leçons faciles" sont un leurre dangereux …

[Dominique18]

Ma conclusion: les cours genre "les 10 gestes qui sauvent en 10 leçons faciles" sont un leurre dangereux …

Entièrement d'accord avec toi.
Les posts que j'ai commis sont très clairs a ce niveau.

Expériences personnelles :
- plus de négociations et de désamorçages de conflits que d'actions, ce qui représente quelques expériences
- une fuite dans les couloirs du métro (s'entretenir en pratiquant des sports d'endurance, ça peut servir. Une bonne montée d'escalier quand on est habitué à la course à pied peut faire la différence).
Ce jour-là, j'ai rencontré fortuitement les mauvaises personnes et je me suis pris une bonne montée d'adrénaline...

- deux autres fuites par anticipation pour m'éloigner d'un lieu de conflit potentiel. J'ai ressenti une agressivité latente, comme dans la situation où on rapproche un bidon d'essence d'une allumette. Il ne se serait peut-être rien passé, j'ai préféré ne pas le savoir.

- trois cas où j'ai tenté de séparer les protagonistes d'une bagarre en les éloignant l'un de l'autre, dont une descente musclée d'un bus scolaire. J'étais simple spectateur, parent d'élève, pas concerné au premier degré. Aucune autre personne n'a réagi, le calme plat

- un cas où j'ai foncé dans le tas (ah la folle impétuosité de la jeunesse...) pour éviter à une personne de se faire abîmer. Ce furent plus des mouvements réflexes qu'autre chose, en me protégeant, tout en mettant la personne à l'abri. Il y eut une distribution de baffes, je ne le nie pas.

Il y a peut-être une explication à ce comportement : comme beaucoup, j'ai subi une bonne dose de harcèlement scolaire, harcèlement qui a duré dans le temps.

Un matin, alors que nous attendions, élèves de sixième, notre professeur de mathématiques, dans la cour d'un vieux lycée, j'ai collé de fort méchante façon mon poing dans la figure de l'un de mes harceleurs. Il est parti à l'infirmerie, avec un beau cocard. Il y eut dans les rangs une sorte de stupéfaction.
J'étais plutôt très fluet, à l'époque, un peu plus rembourré actuellement, mais pas de quoi rivaliser avec la carrure d'un vigile de magasin.

Mon geste est difficile à expliquer, parce j'étais très timide, effacé, plutôt inhibé. Rien ne laissait prévoir cette réaction.
J'ai découvert que je pouvais désormais agir et non plus subir. Une espèce de révélation, et un bien fou dans la tête.

Le deuxième harceleur officiait en classe de seconde. J'étais devenu sa tête de turc, je ne sais pas pourquoi. Ça durait...
Je l'avais prévenu. J'ai attendu que le prof de gym ne soit plus à proximité et regarde dans une autre direction. Le coup est parti immédiatement. Je l'ai regardé dans les yeux, alors qu'il était assis par terre, en lui disant froidement : la prochaine fois, tu ne te relèves pas.

J'étais devenu ce que Robert Paturel appelle un animal.
Un harceleur ne manifeste aucune empathie pour sa ou ses victimes. Ce ne sont que des choses, des jouets, susceptibles de l'amuser. Elles n'ont pas d'existence dans sa réalité, il leur dénie d'ailleurs ce droit. Comme tout bon pervers, le harcèlement est une forme de perversité, le harceleur ne craint qu'une chose : le coup de bâton. Quand ce bâton est bien réel, et non symbolique, et qu'il fait mal, ça contribue à le faire redescendre les deux pieds sur terre, brutalement. Je n'ai jamais cru, par expérience, à l'atterrissage en douceur.
J'ai peut-être tort, mais jusqu'à preuve du contraire, je ne l'ai jamais observé.