Gims rêve du Wacanda.

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PhD Smith
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Gims rêve du Wacanda.

#1

Message par PhD Smith » 13 avr. 2023, 21:00

Gims, rappeur, est intervenu pour parler de l'histoire africaine afro-centriste, de l'électricité des pyramides et pour peut-être imaginer un N. :vole: Tesla africain; la chaine YT "Nota Bene" reprend le buzz:
https://www.youtube.com/watch?v=0kS49rhRKQU
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Lambert85
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#2

Message par Lambert85 » 13 avr. 2023, 22:28

Il doit en fumer de la bonne !
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#3

Message par uno » 13 avr. 2023, 23:53


Florence
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Re: Gims rêve du Wacanda.

#4

Message par Florence » 14 avr. 2023, 10:21

PhD Smith a écrit : 13 avr. 2023, 21:00 Gims, rappeur, est intervenu pour parler de l'histoire africaine afro-centriste, de l'électricité des pyramides et pour peut-être imaginer un N. :vole: Tesla africain; la chaine YT "Nota Bene" reprend le buzz:
https://www.youtube.com/watch?v=0kS49rhRKQU
Je viens de visionner Nota Bene, excellente vidéo qui remet bien des choses (dont ce Gims) en place, en douceur et en rationalité.

Les élucubrations sur l'histoire fantasmée de l'Afrique et de l'Egypte ne datent pas d'hier, depuis les pyramidiocies datant des courants zozotériques du 19éme siècle (Blablablatsky et consorts entre autres) jusqu'aux mouvements afro-centriques actuels, motivés par tout un tas d'ignorants revanchards comme le personnage cité ci-dessus, en passant par le crétin candidat à la présidence des USA en 2016 qui voyait des silos à grains dans les pyramides ou par les Russes affiliés à Putin ou Wagner dans leur campagne pour séparer l'Afrique du monde occidental sous prétexte d'anti-impérialisme (sauf le leur) …

… et les idiots utiles comme Gims participent à l'asservissement de l'Afrique et à l'aggravation des conflits inter-communautaires via leur généreux épandage de sottises.
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Re: Gims rêve du Wacanda.

#5

Message par Lambert85 » 14 avr. 2023, 11:32

J'ai vu un extrait de Ane-Ouna où l'on voyait Gilles Verdez tenter de défendre Gims en disant "je ne sais pas si ce qu'il dit est faux, je ne suis pas historien" ! Et l'historienne gênée qui tentait de rectifier en y mettant tant de précautions que c'était hilarant.
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Re: Gims rêve du Wacanda.

#6

Message par Jean-Francois » 14 avr. 2023, 14:01

Florence a écrit : 14 avr. 2023, 10:21Les élucubrations sur l'histoire fantasmée de l'Afrique et de l'Egypte ne datent pas d'hier, depuis les pyramidiocies datant des courants zozotériques du 19éme siècle (Blablablatsky et consorts entre autres) jusqu'aux mouvements afro-centriques actuels
À propos de ces derniers, il y a une dizaine d'années, le forum a reçu la visite d'un (potentiellement un autre pseudo) prosélyte de cette mouvance. Mais la discussion a fait long feu qu'il est difficile de dialoguer avec une photocopieuse.

Jean-François
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Re: Gims rêve du Wacanda.

#7

Message par PhD Smith » 14 avr. 2023, 18:52

J'ai regardé les liens du forum. En effet, Pianky faisait de la publicité pour ces sites, dont certains ont disparu (changement de nom de domaine).
Un article de "Jeune Afrique" (revue assez vieille quand même): https://www.jeuneafrique.com/1435199/cu ... lectrique/
Jeune Afrique a écrit :Le rappeur congolais Gandhi Djuna a bien fait de supprimer le terme « maître » qu’il accolait à son pseudonyme « Gims ». Les maîtres et maitresses d’écoles ne lui confieraient pas leur enseignement de l’histoire…

Pyramides électriques
Récemment, en interview sur la chaîne Youtube de l’émission « Oui Hustle », Gims remettait au goût du jour une fake news vieille de plusieurs décennies, infox qui frise le complotisme. Le chanteur y relaie la théorie selon laquelle les Égyptiens disposaient, dès l’Antiquité, d’un système électrique. Il évoque de l’or qui se trouverait au sommet des pyramides : « L’or, c’est le meilleur conducteur pour l’électricité… C’était des antennes ! Les gens avaient l’électricité et les historiens le savent. »

Il aurait donc été question d’une énergie sans fil, condition pour l’élaboration de techniques perfectionnées. Mais les égyptologues rappellent que d’or, il n’y avait point, lors de l’érection des pyramides égyptiennes construites à partir de pierre, de calcaire, de granite et de quartzite, 2 400 ans avant Jésus-Christ. Ce n’est que 850 ans plus tard que de l’or aurait été plaqué, pour des raisons esthétiques, sur certaines pointes… d’obélisques, mais toujours pas de pyramides. Jusqu’à preuve du contraire, l’électricité n’aurait été domestiquée et produite par l’homme qu’à la fin du XIXe siècle…

Dans la même interview, Gims affirme que « l’Afrique a peuplé l’Europe avant les Européens ». Ceux qu’il nomme « Afropéens » auraient été « décimés » par les « Yam Nahade », des populations venues d’Asie et aujourd’hui considérées comme « les vrais Européens ». Le chanteur évoque également une « notion de la chevalerie » qui daterait, elle aussi, de l’Égypte antique, illustrée, selon lui, par « des tableaux » qui seraient « classés et cachés dans des catacombes ». Les Égyptologues situent pourtant bien plus tard la domestication du cheval par les Égyptiens…

Théories farfelues
La fascination pour l’Égypte ancienne infuse le hip-hop francophone depuis trente-cinq ans et la création du groupe IAM dont les pseudonymes Akhenaton, Kheops ou Imhotep sont directement inspirés de cette mythologie. Mystérieux s’il en est, ce pan de l’histoire africaine a inspiré nombre de théories farfelues. En 2020, Elon Musk affirmait que ces mêmes pyramides avaient été construites par des… extraterrestres.

Plusieurs sondages récents démontrent que la crédulité fait son nid dans une société française qui, de ce point de vue, semble s’américaniser davantage. Ainsi, l’institut Ifop dévoilait, le 13 avril dernier, que 14 % des Français croient qu’aucun homme n’a marché sur la lune et que 15 % pensent que le massacre de Boutcha, en Ukraine, était une mise en scène. Un terreau propice aux théories de Gims et ses 11 millions d’abonnés sur Youtube.
Et coincidence, "Jeune Afrique" veut célébrer le centenaire d'Anta Diop, le père de afro-centrisme francophone et espère que Pape N'Dyaye, le ministre de l'éducation nationale rendra justice à l'afro-centrisme:
https://www.jeuneafrique.com/1413253/cu ... -lafrique/
En 1908, alors que l’expansion coloniale s’accélère, le manuel Hachette des classes de 6e enseigne ainsi : « On discute beaucoup de l’origine des Égyptiens. Les égyptologues les plus compétents, M. Maspéro en particulier, les tiennent pour un peuple de sang mêlé mais où domine le sang sémitique, c’est-à-dire le sang des descendants de Sem, fils de Noé. Les Égyptiens seraient donc venus d’Asie alors que les Grecs les croyaient venus d’Afrique, des pays du Sud et de l’Éthiopie ».

En 1954, Diop ramène sur le devant de la scène égyptologique ces témoignages d’époque, d’ « occidentaux », qui, d’Hérodote à Strabon, mentionnent la peau noire et l’ascendance africaine des anciens Égyptiens. « L’apport de Cheikh Anta Diop est d’avoir jeté un pavé dans la mare et forcé les milieux scientifiques à considérer cette question avec plus d’attention, ne serait-ce que pour tenter de la contredire, poursuit la paléontologue. Aujourd’hui, personne ne nie la très forte influence africaine sur la constitution de la civilisation égyptienne, ni son peuplement ancien depuis la ceinture subsaharienne, au moment de la remontée des moussons vers le Nord, aux environs de 10 000 avant notre ère. Mais il faut relativiser et tenir également compte du rôle important qu’ont joué les cultures du Néguev et du delta du Nil tournées vers le Levant ».

En 1960, la Sorbonne finit par octroyer à Cheikh Anta Diop le doctorat pour la thèse qu’il n’avait pu lui soumettre une décennie plus tôt. Il n’empêche, le monde académique, occidental comme égyptien, l’a longtemps traité par l’ignorance, et parfois par le mépris. Martin Bernal, professeur d’histoire à l’université américaine de Cornell, relance le débat dans les années 1990 avec le premier des trois tomes de Black Athena : les racines afro-asiatiques de la civilisation classique, paru en 1987, un an après la mort de Diop. Pour son auteur, la civilisation grecque, considérée comme étant à l’origine de la civilisation occidentale, est le fruit d’une période de colonisation égyptienne et phénicienne, c’est-à-dire afro-asiatique. Dans la lignée de Diop et de Said, Bernal dénonce « l’appropriation, par l’Occident, de la culture du Proche-Orient antique pour servir son propre projet ».

Idéologie politique ou démarche historienne ?
« Chaque époque a son filtre de pensée, et les sciences humaines, dont fait partie l’histoire, n’y échappent pas, met en garde Béatrix Midant-Reynes. Des institutions comme le CNRS sont aujourd’hui très sensibles aux grandes questions sur le climat, à l’invention de l’anthropocène, etc., et, dans quelques années, la recherche actuelle apparaîtra marquée par ce débat. De la même manière, les recherches de Diop se situent à la charnière des indépendances africaines, au moment où ces jeunes États revendiquaient une identité et une épaisseur historique qu’on leur avait niées. Le problème, c’est quand l’idéologie politique vient se calquer sur la démarche historienne ».

Faire parler certains faits pour démontrer une conviction souvent radicale, et non étudier sans a priori l’ensemble des faits pour en tirer des conclusions, voilà le reproche que l’académisme cartésien de la recherche européenne a adressé à Cheikh Anta Diop. En 1996, dans L’Afrique de Cheikh Anta Diop : histoire et idéologie, François-Xavier Fauvelle, l’actuel titulaire de la première chaire d’études africaines au Collège de France, dissèque pour la première fois la méthode et la pensée de l’intellectuel sénégalais. Pour Diop, écrit-il, « l’établissement de la vérité ne nécessite pas la mobilisation des faits. La vérité découle d’un simple raisonnement logique […]. Les faits sont annexes. Ils permettent tout au plus une vérification ».

« Son travail est en effet un travail de thèse, réplique l’historien béninois panafricaniste Amzat Boukari-Yabara, mais l’auteur s’appuie sur des sources largement occidentales, antiques et modernes, ainsi que sur la linguistique et l’ethnologie. Or les universitaires français persistent dans leur obsession à vouloir retirer sa scientificité à Cheikh Anta Diop et à se concentrer précisément sur l’Égypte, alors qu’il a traité de nombreux autres sujets. »

Un dialogue de sourds, où chaque partie considère l’autre comme étant hors sujet, résume-t-il, faisant écho au regret qu’avait exprimé l’égyptologue espagnol Josep Cervelló Autuori à l’issue d’un colloque qui, en mars 1996, avait réuni pour la première fois, à Barcelone, des égyptologues reconnus de « l’école de Dakar » et de l’académisme occidental : « L’Académie occidentale continue, consciemment ou inconsciemment, à construire “sa” vérité, qu’elle croit universelle et évidente, en vertu de sa méthode scientifique et philosophique, et les éléments, issus de démarches peu orthodoxes, que peuvent lui apporter des groupes étrangers à peine intégrés à son univers discursif, l’intéressent à peine. Les intellectuels noirs africains, de leur côté, actifs [dans leurs milieux] mais passifs en dehors, paraissent chercher, avec leur propre académisme et à l’usage de leur segment politico-universitaire, une série de catégories culturelles propres à expliquer le passé, le présent et les caractéristiques qui définissent leurs sociétés. Si le dialogue importait davantage à ces derniers, peut-être n’auraient-ils plus besoin de recourir aux accusations de racisme […] contre les Occidentaux “qui n’écoutent pas”. »

Mélanine et groupes sanguins
Les progrès exponentiels des technologies, notamment dans le domaine de la génétique, permettront-ils de trancher définitivement le débat des origines et de l’apparence physique des anciens Égyptiens ? Dans son chapitre de l’Histoire générale de l’Afrique, Diop réclamait une analyse poussée des grains de mélanine et des groupes sanguins des momies qui, pour lui, confirmerait une ascendance et une apparence négroïdes subsahariennes. En 1985, un an après la parution de cet ouvrage, un chercheur parvenait à étudier l’ADN d’un enfant égyptien momifié. Il a cependant fallu des années de progrès pour que la paléogénétique puisse se développer, dans les années 2010. Les premières découvertes de cette nouvelle discipline ont parfois contredit – et parfois confirmé – les conclusions de Cheikh Anta Diop.

En 2017, des scientifiques de l’Institut Max-Planck, en Allemagne, publient ainsi, dans la revue Nature, les conclusions de leurs recherches génétiques sur 151 momies, du Nouvel empire à la période romaine : « Nos analyses révèlent que les anciens Égyptiens partageaient davantage d’ascendance avec les Proches-Orientaux que les Égyptiens contemporains, qui ont reçu un apport subsaharien à des périodes plus récentes [post-romaines]. Au vu de ces premières recherches, l’élément subsaharien apparaît bien moins important en Égypte que Diop ne le supposait. »

À l’inverse, en 2018, des généticiens britanniques découvraient que « l’homme de Cheddar », comme d’autres congénères du mésolithique exhumés en Europe, avait la peau noire, les cheveux crépus et les yeux bleus. D’autres séquençages permettent aujourd’hui d’avancer qu’entre – 40 000 et – 6 000, les habitants de l’Europe avaient la peau et les cheveux sombres, loin des représentations scolaires européennes – ce qui paraît confirmer la thèse de Diop d’un peuplement récent de l’Eurasie par l’Afrique.

« La paléogénétique va bouleverser bien des choses, mais elle n’est pas encore assez pointue pour pouvoir donner le détail des physionomies, tempère la préhistorienne Béatrix Midant-Reynes. Ainsi nul ne peut dire à quel moment et sous quelles influences sont apparus les “traits négroïdes” chers à Diop ».

L’exploration des origines de l’humanité ne fait que débuter et n’a pas fini de surprendre, à l’École de Dakar comme au Collège de France. « L’Égypte n’appartient qu’à elle-même, mais elle s’est constituée sur le sol africain, par des peuples d’Afrique. Et toute sa partie sud, aux portes du Soudan, a été, pendant des millénaires, sa région la plus dynamique, le berceau de sa construction idéologique et de sa monarchie. Pour nous c’est une évidence, peut-être faut-il davantage le dire au grand public », conclut la préhistorienne française. En commençant par les écoles, où les plus jeunes éprouvent toujours une véritable fascination pour les pharaons.

Roman national
Las, en 2017, les participants à un colloque de l’université de Toulouse II sur le thème « La France au miroir de l’Égypte. Impérialisme culturel, patrimoine et savoirs scolaires (1880-2015) » avaient constaté que, si l’enseignement de l’Égypte ancienne s’était beaucoup amenuisé dans le primaire et le secondaire, sa présentation restait fidèle au prisme obsolète de la IIIe République, celui d’une Égypte fille de l’Orient et mère des civilisations européennes : « À partir de 2008, l’Égypte est diluée dans l’histoire de l’Orient et la leçon sur les débuts de l’écriture. […] Son évocation sert également de porte d’entrée sur l’Antiquité et sur la Gaule, et donc sur le roman national ».

L’évidence que l’Égypte ancienne était africaine est loin d’être acquise. Pis, au début de janvier 2023, un sondage révélait qu’un Français sur cinq âgé de 18 à 24 ans pensait que les pyramides égyptiennes avaient été bâties par des extraterrestres. Cette « conversion des regards de la France sur l’Afrique et de l’Afrique sur la France » qu’invoque régulièrement le président français Emmanuel Macron ne devrait-elle pas commencer par l’enseignement de l’africanité de l’Égypte ancienne ?

« Cheikh Anta Diop a été un pionnier de la décolonisation de l’Histoire et de la revalorisation de la narration historique africaine. Pourtant, il reste banni des programmes scolaires, et les universités refusent d’aborder ses travaux », regrette Amzat Boukari-Yabara. Le chantier ne serait pourtant pas si pharaonique pour Pap Ndiaye, l’actuel ministre français de l’Éducation nationale, historien des minorités noires et dont le père, Tidiane, était un compatriote et un contemporain de Cheikh Anta Diop.

Ndiaye n’appelait-il pas, il y a un an dans JA, « à tourner définitivement la page de la Françafrique et à engager la France dans un nouveau chemin dans ses relations avec le continent » ? Car, au-delà de l’amélioration des relations entre la France et les peuples africains, la reconnaissance partagée de l’africanité de l’Égypte ancienne touche à l’universel, rappelait le poète de négritude Aimé Césaire : « Les historiens ont toujours considéré l’Égypte comme une sorte de fait à part en Afrique, on oubliait même que l’Égypte était une nation africaine. En redonnant à l’Afrique son passé, Cheikh Anta Diop a peut-être redonné son passé à l’humanité. »
C'est bien joli de faire un roman national panafricain, mais historiquement, l'Egypte du Nouvel Empire a conquis et pillé et égyptianisé la Nubie noire sa voisine du sud. Et ce n'est pas à l'Europe qu'il faut changer cette image, mais à l'Egypte actuelle: rappeler son africanité à l'Egypte politique qui reste encore marqué par son panarabisme, mais ça change si Al-Sissi se tourne comme puissance régionale vers l'Afrique: https://www.rfi.fr/fr/afrique/20190212- ... economique
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Re: Gims rêve du Wacanda.

#8

Message par Lambert85 » 14 avr. 2023, 21:37

Avec Netflix qui confie le rôle de Cléopatre à une actrice noire (alors qu'elle était grecque), ça ne va pas améliorer les zozoteries.
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Re: Gims rêve du Wacanda.

#9

Message par Florence » 14 avr. 2023, 23:16

Cléopatre noire, c'est moins stupéfiant que "Kuréôpâtora" japonaise comme je l'ai vue dans un "documentaire" TV sur l'Egypte ancienne à Tokyo il y a une vingtaine d'années … Il y avait un historien japonais comme vague caution, j'ai cru qu'il allait faire une apoplexie tellement il avait du mal à se retenir de rire face au présentateur, moustachu mais portant une robe parfaitement d'époque, (moulante, en lamé avec une fermeture éclair dans le dos) et une sorte de tiare en forme de serpent façon péplum …

… et ne parlons pas des représentations du Christ en blondinet à l'air parfaitement cucul-la-praline qu'affectionnent les fondamentalistes évangéliques …
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Re: Gims rêve du Wacanda.

#10

Message par uno » 21 avr. 2023, 21:35

J'ai trouvé une vidéo contenant un condensé des immondices racistes qui ont inspiré Gims, tout y est:
  • Le latin est une langue d'origine africaine
  • Les Noirs-Africains avaient bâti une civilisation en Europe.
  • Les méchants blancs ont débarqué tués les gentils africains et volé l'Europe à ces derniers.
  • Les Blancs n'ont jamais bâti de civilisation mais ont simplement volé celles des autres.
  • La véritable histoire est falsifié par les Blancs
C'est du Alfred Rosenberg version afrocentriste et je pèse mes mots.

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Re: Gims rêve du Wacanda.

#11

Message par Florence » 21 avr. 2023, 22:06

uno a écrit : 21 avr. 2023, 21:35 J'ai trouvé une vidéo contenant un condensé des immondices racistes …
Un seule ? ;)

Le même type d' "immondices racistes" à base de "on est les meilleurs et les premiers mais les vils Occidentaux l'ont caché" a cours en Chine et Inde*, inspirés en bonne partie** par le roman tricoté par les Européens au bon vieux temps de la colonisation et/ou des "traités inégaux" (en résumé, "il n'y a jamais eu de véritable civilisation hors Europe, ni d'art, ni de sciences, il nous revenait de droit divin d'apporter la lumière à ces pauvres peuplades, de les guider sur le droit chemin et au passage de s'approprier leurs ressources dont ils ne sauraient pas comment en faire bon usage").
Et ne parlons pas des "immondices racistes" qui continuent à circuler dans les milieux suprémacistes de droite en Europe, en Russie et aux USA.
Gims et consorts sont grotesques et malfaisants (parce que, entre autres, ils participent à la propagande anti-occident encouragée par les russes et les chinois qui comptent dessus pour pouvoir piller l'Afrique à leur guise), mais des petits joueurs.

* et à plus bas bruit au Japon, en Corée du Sud et du Nord, en Russie, …
** l'autre partie étant que, comme la Russie, ces deux pays se sont toujours imaginé être au centre du monde et à l'origine de la création :roll:
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Re: Gims rêve du Wacanda.

#12

Message par nikola » 22 avr. 2023, 09:23

On a le même genre d’absurdités quand des musulmans écrivent que les arabo-musulmans ont tout inventé en mathématiques (notamment les chiffres dits arabes) et qu’on trouve tout dans le coran ou à l’inverse, quand des Français refusent l’appellation « théorème d’al-Kashi » juste par racisme, parce que, selon eux, les mathématiciens arabo-musulmans n’ont rien fait du tout (tout juste accordent-ils une transmission des savoirs, et encore).
L’homme descend du singe, or l’homme est fait à l’image de Dieu. Donc Dieu est King Kong.

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Re: Gims rêve du Wacanda.

#13

Message par Lambert85 » 22 avr. 2023, 09:43

L'important n'est pas qui on est mais ce que l'on devient ! ;)
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Re: Gims rêve du Wacanda.

#14

Message par Florence » 24 avr. 2023, 12:03

nikola a écrit : 22 avr. 2023, 09:23 On a le même genre d’absurdités quand des musulmans écrivent que les arabo-musulmans ont tout inventé en mathématiques (notamment les chiffres dits arabes) et qu’on trouve tout dans le coran ou à l’inverse, quand des Français refusent l’appellation « théorème d’al-Kashi » juste par racisme, parce que, selon eux, les mathématiciens arabo-musulmans n’ont rien fait du tout (tout juste accordent-ils une transmission des savoirs, et encore).
Et toujours dans le registre des absurdités et autres immondices, l'Inde, engagée à tombeau ouvert* sur l'autoroute de la dictature, révise l'enseignement des sciences et de l'histoire

India’s right-wing government removes significant historical and scientific facts from textbooks as it pursues a Hindu supremacist agenda.

Le gouvernement de droite de l'Inde, dans sa poursuite de son agenda suprémaciste Hindou, retire des faits historiques et scientifiques significatifs des livres scolaires




* littéralement, vu les conséquences des choix politiques de ces dernières années, qu'il s'agisse du traitement de ses minorités non hindoues (les musulmans représentent environ 14% de la population, soit 200 million d'individus, plus de la moitié de la population de l'Europe) ou de l'aggravation des tensions et des conflits potentiels avec le Pakistan.
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Re: Gims rêve du Wacanda.

#15

Message par spin-up » 28 avr. 2023, 15:14

uno a écrit : 21 avr. 2023, 21:35 J'ai trouvé une vidéo contenant un condensé des immondices racistes qui ont inspiré Gims, tout y est:
  • Le latin est une langue d'origine africaine
  • Les Noirs-Africains avaient bâti une civilisation en Europe.
  • Les méchants blancs ont débarqué tués les gentils africains et volé l'Europe à ces derniers.
  • Les Blancs n'ont jamais bâti de civilisation mais ont simplement volé celles des autres.
  • La véritable histoire est falsifié par les Blancs
C'est du Alfred Rosenberg version afrocentriste et je pèse mes mots.
Interessant.

Le principal intervenant est NK Omotunde, de son vrai nom Jean-Phillipe Corvo., un Francais Guadeloupéen décédé très récemment.

Ce monsieur était présenté comme un universitaire, parfois "professeur", expert en sciences et mathématiques africaines (allez savoir ce que c'est....), en égyptologie (évidemment), chercheur en histoire... pourtant sa seule formation est celle de l'Ecole de Publicité de Paris.

Un magnifique exemple d'imposture académique, a l'image d'Aberkane ou des Bogdanoff.

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Re: Gims rêve du Wacanda.

#16

Message par nikola » 28 avr. 2023, 15:18

Sciences et mathématiques africaines, pour les mathématiques africaines, ça peut être une sous-branche africaine de l’ethnomathématique comme nawak, selon si le gus est sérieux ou charlot.
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Re: Gims rêve du Wacanda.

#17

Message par PhD Smith » 29 avr. 2023, 23:35

Un article de "The conversation" sur l'afrocentrisme: https://theconversation.com/debat-legyp ... ure-199439
Débat : L’Égypte noire est-elle une imposture ?
[...]
Aujourd’hui, grâce aux progrès de l’archéologie, et notamment aux prélèvements ADN réalisés sur des momies, l’hypothèse d’une Égypte noire semble écartée par les égyptologues. Pourtant, depuis le XIXe siècle, les défenseurs de l’afrocentrisme, adeptes d’une conscience historique noire, ne cessent de s’opposer à cette affirmation et défendent ardemment la théorie d’une Égypte noire.

À l’inverse du panafricanisme (doctrine et idéologie politiques souhaitant l’indépendance africaine), l’afrocentrisme peut être défini comme une réécriture et une vision sélective de l’histoire mettant l’accent sur l’Afrique, les valeurs culturelles africaines et la vision propre des Africains dans l’élan que des mouvements nationalistes noirs.

Il s’agit essentiellement d’un mythe moderne né en réaction aux visions européocentristes liées aux siècles de traites négrières et de domination coloniale. Né aux États-Unis au XIXe siècle au sein des communautés Afro-Américaines, le mouvement s’est amplifié et a connu son apogée au XXe siècle à travers les travaux de l’historien sénégalais Cheikh Anta Diop qui proclame : « Le Noir ignore que ses ancêtres, qui se sont adaptés aux conditions matérielles de la vallée du Nil, sont les plus anciens guides de l’humanité dans la voie de la civilisation ». (Alerte sous les tropiques, articles 1946-1960).
Les afrocentristes revendiquent l’appartenance de l’Égypte pharaonique au monde des cultures africaines.

Convertis au christianisme, les Afro-Américains ont été éduqués selon des préceptes bibliques centrés sur une Égypte oppressive et sur l’émancipation des enfants d’Israël portée par Moïse. Se référant à la Bible et aux ouvrages d’érudits blancs prônant l’africanité des anciens Égyptiens, ils construisent peu à peu leurs propres revendications basées sur la gloire d’une Égypte antique prétendument noire.

Martin R. Delany (1812-1885) est l’un des principaux auteurs Afro-Américains afrocentriste du XIXe siècle. Né d’un père esclave et d’une mère libre, ses ouvrages, comme Principia of Ethnology (1879), défendent, sur fond biblique, une origine noire égyptienne. Le fils de Noé, Cham (qui selon la « table des nations » est l’ancêtre des populations d’Afrique), puis un de ses fils, Koush, seraient allés s’installer l’un en Égypte, l’autre en Éthiopie (en fait en Nubie). Ils auraient régné tous deux sur la vallée du Nil et auraient été les inventeurs des hiéroglyphes et les bâtisseurs des pyramides. Dans la continuité de ces études basées sur la Bible, l’écrivain noir Edward Wilmot Blyden (1832-1912) publie en 1866, dans la revue savante The Methodist Quartely Review un essai intitulé « The Negro in Ancient History ».
[...]
Icône de l’afrocentrisme, l’écrivain George G.M. James diffuse en 1954 le concept d’« héritage volé ». Outre son affirmation d’une civilisation égyptienne noire, le titre de son ouvrage offre un condensé de sa théorie : Stolen Legacy : The Greeks were not the Authors of Greek Philosophy, but the Peoples of North Africa commonly called the Egyptians (Héritage volé : Les Grecs ne sont pas les auteurs de la philosophie grecque, mais ce sont les peuples d’Afrique du Nord, communément appelés les Egyptiens).

Les thèses de James seront reprises par Cheikh Anta Diop, surnommé « Le Pharaon » par les afrocentristes américains. Ses livres : Nations nègres et culture (1955), puis Civilisations ou Barbarie (1981), affirment la primauté civilisationnelle africaine. Les noirs seraient la « race originelle » à l’origine de la genèse de la civilisation égyptienne durant la préhistoire. L’Égypte, berceau de la science et de la philosophie, aurait même colonisé la Grèce ! L’Égypte ne serait pas la « terre noire », en référence au limon fertile des bords du Nil, mais la terre des noirs.

Ces théories ont été réfutées par l’ensemble des égyptologues que Diop, pour se défendre, accuse de mauvaise foi. Toutefois, ses écrits présentent comme des faits historiques des affirmations qui ne sont que ses opinions, fondées sur ses interprétations personnelles.

De l’uchronie historique au déni

Les études afrocentristes pullulent à partir des années 1980, surtout depuis l’onde de choc provoquée par les écrits de l’universitaire britannique Martin Bernal, Professeur émérite à l’université de Cornell. Entre 1987 et 1991, il publie les trois volumes de son Athéna Noire.

Selon lui, la Grèce a été colonisée par un peuple égyptien pouvant être « utilement qualifié de noir » et affirme que 40 % des mots grecs proviennent de l’égyptien ancien. Divers chercheurs afrocentristes lui emboîtent le pas, comme Leonard Jeffries, Abdul Nanji, Yosef A.A. Ben-Jochannan, John Henrik Clark ou encore Molefi Asante qui affirme que Cléopâtre était noire et que les Grecs ont volé l’héritage de l’Égypte.

« La philosophie grecque pourrait-elle s’enraciner dans la pensée égyptienne ? Est-il possible que la théorie pythagoricienne ait été conçue sur les rives du Nil et de l’Euphrate plutôt que dans la Grèce antique ? La civilisation occidentale serait-elle née sur ce que l’on appelle le continent noir ? » (Martin Bernal, Description de l’Athéna Noire, 1987-1991).

Une grande partie des études afrocentristes relèvent d’un imaginaire où l’esprit ne voit que ce qu’il a envie de voir ! Dans ce processus de dénégation de la réalité, si les preuves archéologiques ne concordent pas, elles sont réinterprétées, voire inventées. On peut citer comme exemple le journaliste Van Sertima qui soutient dans son livre They Came Before Colombus (1976) que les Égyptiens ont voyagé dans l’Amérique précolombienne et rencontré la civilisation olmèque.

Les ouvrages uchroniques concernant l’Égypte antique sont nombreux et donnent lieu à diverses théories fantaisistes. Ainsi certains auteurs (W.E.B. Dubois, George G.M. James – soutiennent qu’Aristote (384-322 av. J.-C.) aurait plagié les écrits de la bibliothèque d’Alexandrie dont la date de construction est pourtant postérieure, ou encore qu’Alexandrie aurait été fondée avant Alexandre le Grand et que ce dernier était noir de peau.

Plus récemment, l’ouvrage de Robin Walker, When We Ruled : The Ancient and Medieval History of Black Civilizations (2006) s’appuyant sur les travaux de Diop, réaffirme une colonisation moyenne orientale et des régions égéennes par l’Égypte. De manière plus surprenante encore, Walker rallonge de 1 000 ans l’histoire égyptienne qu’il fait débuter au 5e millénaire av. J.-C., sans preuve archéologique.

L’afrocentrisme, un mythe thérapeutique ?

Pour les afrocentristes, l’Égypte est une source indéniable de fierté et d’ethnocentrisme. En témoigne le succès, pour les Afro-Américains, de la campagne publicitaire menée par la Budweiser Brewing Company (1975-2000) qui, sur le thème « The Great Kings and Queens of Africa », a édité une trentaine d’affiches de souverains africains qui régnèrent entre 1500 av. J.-C. et nos jours. On y trouve d’improbables images de Néfertari et Cléopâtre noires.

L’afrocentrisme n’en demeure pas moins une mythologie qui ne repose sur aucune preuve tangible ni scientifique. La majorité de ces « travaux » ont été rejetées par l’ensemble des égyptologues lors de la conférence sur le peuplement de l’Égypte ancienne au sommet de l’Unesco en 1974.. Il y est écrit notamment que « Les arguments invoqués pour l’appartenance négroïde des [peuples d’Égypte, NDLR] relèvent plus souvent du domaine culturel et linguistique, voire littéraire, que de l’anthropologie scientifique ».

Le manque d’autocritique et les attaques constantes contre ceux qu’ils jugent imprégnés de « racisme blanc » voulant « désafricaniser l’Égypte » font des études afrocentristes un fantasme égyptologique simpliste, raciste et réactionnaire, d’après l’historien Afro-Américain Clarence Walker. Les études de Mary Lefkowitz (Not Out of Africa, 1996) soulignent les erreurs afrocentristes, accusant même certains auteurs comme Bernal de générer des tensions raciales.

D’une manière générale, chercheurs africains et Afro-Américains rejettent les auteurs afrocentristes. L’afrocentrisme est davantage un phénomène culturel, source thérapeutique de fierté et d’estime de soi, qu’une démarche scientifique.

« Chaque période de l’histoire a eu une Égypte qui lui était propre, sur laquelle elle a projeté ses peurs et ses espoirs, jusqu’aux Égyptiens noirs des Afro-Américains contemporains », écrit ainsi Eric Hornung (The Secret Lore of Egypt : Its Impact on the West, 2001)

Un débat séculaire source de tensions

À l’opposé de la recherche historique, la quête des afrocentristes brasse de nombreux anachronismes, quand il ne s’agit pas de falsifications. C’est une forme de réécriture nationaliste de l’Histoire qui prétend dénoncer une « conspiration blanche » à l’encontre du passé noir africain.

Cette opposition séculaire entre ces deux courants de pensée est toujours d’actualité. Dans une Amérique ou les tensions raciales sont omniprésentes, l’afrocentrisme a de beaux jours devant lui et le débat entre historiens et afrocentristes est loin d’être clos. En 2009, le président Obama a été qualifié par certains Afro-Américains de « réincarnation d’Akhénaton » !

Plus récemment, le lancement par l’école publique de Chicago, en 2014, d’un programme entièrement consacré aux thèses afrocentristes laisse perplexes de nombreux historiens. Faut-il vraiment sacrifier toute vérité historique au nom de l’estime de soi ?
Je ne suis pas tout à fait d'accord: le panafricanisme va avec l'afrocentrisme. Il s'agit d'anti-colonialisme et de réflexions contre la pensée occidentale avant les indépendances africaines et après.
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Lambert85
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Re: Gims rêve du Wacanda.

#18

Message par Lambert85 » 30 avr. 2023, 08:07

PhD Smith a écrit : 29 avr. 2023, 23:35 Je ne suis pas tout à fait d'accord: le panafricanisme va avec l'afrocentrisme. Il s'agit d'anti-colonialisme et de réflexions contre la pensée occidentale avant les indépendances africaines et après.
C'est tout simplement ridicule, ce n'est pas avec ce genre de falsifications historiques qu'ils vont progresser un jour.
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Re: Gims rêve du Wacanda.

#19

Message par nikola » 30 avr. 2023, 10:15

Drôle de phrase, Lambert85. :a5:
L’homme descend du singe, or l’homme est fait à l’image de Dieu. Donc Dieu est King Kong.

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PhD Smith
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Re: Gims rêve du Wacanda.

#20

Message par PhD Smith » 20 mai 2023, 19:13

"Netflix" a sorti une série documentaire sur "Cléopâtre" dans laquelle la reine d'Egypte est noire alors que logiquement elle est d'origine macédonienne. "Nota Bene" fait le point: https://youtu.be/4iLlAjKdUeo
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Re: Gims rêve du Wacanda.

#21

Message par PhD Smith » 19 juil. 2023, 19:03

J'ai regardé le premier épisode de "Cléopâtre" sur Netflix et c'est :crasne:
Un article de "The Conversation": https://theconversation.com/une-cleopat ... ire-203983
Si la série documentaire proposée par Netflix dénote par rapport à ces interprétations fictionnelles, c’est parce qu’elle diffuse un message pour le moins discutable dans un format qui se veut pourtant éducatif.

Dans la bande-annonce, une première intervenante rappelle très justement que Cléopâtre était « une souveraine ptolémaïque » et que « le tout premier Ptolémée était un général d’Alexandre le Grand ». On en déduit que Cléopâtre était, en partie au moins, d’origine gréco-macédonienne et européenne. C’est d’ailleurs la seule certitude que nous ayons sur ses origines.

Puis, une autre intervenante affirme : « Il est possible qu’elle ait été égyptienne ». Il est vrai que sa mère et ses grand-mères auraient pu être des concubines égyptiennes des derniers Ptolémée. Mais Cléopâtre elle-même n’en dit rien dans les textes officiels. Elle n’évoque que son père, le roi Ptolémée XII Néos Dionysos, et se définit elle-même comme théa philopator, c’est-à-dire « déesse qui aime son père ».

Une troisième intervenante [professeur d'études classiques] raconte enfin : « Ma grand-mère me disait : Je me fiche de ce qu’ils t’ont dit à l’école, Cléopâtre était noire. ».

C’est là que le documentaire prend une tournure particulièrement douteuse d’un point de vue scientifique, et charrie des accusations qui ne semblent pas fondées. Quel est l’intérêt de cette intervention, sinon de suggérer que, non seulement Cléopâtre aurait été réellement noire, mais aussi que sa couleur de peau aurait été délibérément blanchie par les mensonges répétés de générations d’enseignantes et enseignants ?

Cléopâtre prise au piège

En réalité, la figure de la reine est prise au piège depuis longtemps dans des débats entre « eurocentristes » et « afrocentristes ». La chercheuse Ella Shohat fait état en 2003 de controverses aussi virulentes que vaines sur la couleur de la peau de la reine et sur son type « racial ».

Cléopâtre était-elle blanche, noire ou métisse ? De telles questions renvoient moins à l’époque de Cléopâtre, multiculturelle et syncrétique, qu’aux fantasmes racistes des XIXe et XXe siècles. Est-il pertinent d’essayer de qualifier d’Européen ou d’Africain la forme du nez ou les lèvres de la reine à partir de ses représentations ? Ce type de questionnement paraît extrêmement douteux. L’eurocentrisme et l’afrocentrisme ont en commun une même logique ségrégationniste, ignorant la diversité ethnique propre à l’époque et à la région où vécut la Cléopâtre historique.
Edit: je n'ai regardé que 3 mn, mais je vais faire un effort pour Nota Bene (*) !

* Je doute qu'il sache notre fil sur ce forum.
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Re: Gims rêve du Wacanda.

#22

Message par PhD Smith » 19 juil. 2023, 23:46

Coïncidence, il y a une série d'émission de France Inter sur Cléopâtre: https://www.radiofrance.fr/franceinter/ ... -politique
Qui était réellement Cléopâtre ? Cinq épisodes pour redonner vie à la plus grande reine de notre histoire, dont la mémoire a longtemps été dévoyée par les fausses représentations et les approximations stéréotypées.

L'histoire de Cléopâtre débute au XXᵉ siècle, 2000 ans après sa mort, et très loin de l'Egypte, mais avant tout héritière d'une propagande issue de la Rome antique, époque durant laquelle dénigrer Cléopâtre fut la règle d'or dès après sa mort. Une propagande romaine masculine qui n'a cessé de calomnier cette reine réputée étrangère et nymphomane : la Cléopâtre, catin orientale, nuisible à la virilité des hommes. Nous ne connaissons la vie de Cléopâtre qu'à travers les relations qu'elle a entretenues avec les hommes politiques romains. Il n'existe aucune biographie de Cléopâtre écrite sous l'Antiquité. C'est pourquoi dans les textes anciens, elle n'apparaît que dans une version réduite : Maîtresse de César, puis d'Antoine, stéréotype de la femme manipulatrice. Or, des études récentes nous montrent combien la reine d'Égypte fut une véritable souveraine. Les sources littéraires latines n'ont pas du tout parlé de la femme gestionnaire qui a réussi à administrer son royaume et garantir la paix sociale.
Aujourd'hui encore, nous sommes victimes de ces stéréotypes antiques, au point que la réalité historique est ensevelie sous les clichés et le mythe.
Prenons le temps de voir les choses différemment. Ajustons notre regard sur le passé. Faisons de l'histoire. Cléopâtre, reine d'Egypte, alliée puis ennemie de Rome, maîtresse de César et de Marc Antoine, n'a laissé aucune archive personnelle. Rien. Par ailleurs dans les textes historiques de l'époque, elle n'existe qu'à travers la vie des hommes illustres de son temps. Aucun des historiens de l'Antiquité n'a jugé utile d'écrire une biographie de Cléopâtre, alors qu'ils l'ont fait pour tous les hommes de pouvoir. Et pourtant, il y avait matière. Cléopâtre fut une souveraine exceptionnelle, femme de caractère, une négociatrice dotée d'une grande érudition et d'un sens politique inouï.
Née en 69 av. J.-C. et morte en 30 av. J.-C, Cléopâtre fut reine en son royaume, une reine déesse qui opta pour la mort comme l'ultime liberté de choisir jusqu'au bout son propre destin.
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#23

Message par PhD Smith » 14 mai 2024, 19:09

Emission de France Culture "Carbone 14" qui aborde l'égyptomanie avec l'idéologie : https://www.radiofrance.fr/francecultur ... de-3759550
France Culture a écrit :L’Égyptomanie, une passion dévorante, irrésistible pour le lointain passé de l’Égypte.

Avec
Jean-Loïc Le Quellec Anthropologue et préhistorien, mythologue, directeur de recherche émérite au CNRS, spécialiste des images rupestres.
Entre réalités historiques et mensonges, l'histoire de l'Égypte continue de s'écrire pour le meilleur et pour le pire tant elle fascine.

Jean-Loïc Le Quellec : "C'est un évolutionnisme à l'envers, un mythe du progrès inversé. [...] Les cultures qui ont succédé à l'Egypte lui empruntent tout. D'aucuns diront même lui "volent" tout. Peu à peu, la grandeur égyptienne elle-même est quelque peu oubliée, mais elle ne sera jamais remplacée par d'autres grandeurs équivalentes. Ça, c'est la théorie évolutionniste, défendue par tous les auteurs qui ont défendu cette idée d'une origine égyptienne de la civilisation."

Depuis quand l’Égypte fascine-t-elle ? Dès l’Empire romain avec Cléopâtre et le culte d’Isis, ou depuis le Moyen Âge qui collectait des momies, la Renaissance, les temps modernes, puis contemporains, avec l’expédition de Bonaparte ? Qu’en est-il d’ailleurs, aujourd’hui, puisque la grande civilisation pharaonique est chantée par IAM, Akhenaton, Rihanna ou encore Beyoncé ?

Pourquoi cet engouement, tout à la fois millénaire et planétaire : parce qu’il s’agirait, tout à la fois, d’une civilisation sortie de nulle part, insurpassée, donc modèle et matrice de toutes les autres ? Parce que les Égyptiens auraient découvert l’Amérique et auraient pleinement contribué à la construction des pyramides Maya ? Parce que les pyramides de l’Empire de Kush étaient des centrales électriques, rien de moins ?

Jean-Loïc Le Quellec : "Des tas de gens, notamment le père Athanase Kircher, ont fait d'énormes livres pour déchiffrer les secrets de l'Égypte ancienne. Quand on les lit maintenant, on s'aperçoit que c'est simplement une projection de leurs propres fantasmes, de leurs propres idées sur ces images. [...] Il reste encore des gens qui sont persuadés qu'il existerait des mystères de l'Égypte ancienne, des arcanes à déchiffrer. Ces gens là ne savent pas lire les hiéroglyphes, très généralement, et donc, croient déchiffrer des mystères qui, en réalité, n'existent pas."

Si l’Égypte pharaonique s’avérait être un insurmontable âge d’or, celui-ci témoignerait, par là même, du déclin des civilisations comme de celui de l’humanité !

On s’en souvient, en mars 2023, Gims (ex "Maître Gims"), célèbre rappeur s’exprimant sur l’Afrique, déclarait : "Les pyramides que l’on voit là, au sommet, il y a de l’or. L’or, c’est le meilleur conducteur pour l’électricité. C'étaient des foutues antennes. Les gens avaient l’électricité !". De tels propos ont suscité "buzz" et commentaires viraux, mais aussi le "rire de l’ethnologue", somme toute inapproprié, mais qui s’est répandu dans la communauté des chercheurs et des "sachants". Pourtant, cette thèse avait déjà été maintes fois évoquée, dans divers ouvrages parus au dix-neuvième siècle, puis sur internet et dans des vidéos.

Jean-Loïc Le Quellec : "Le discours des archéologues romantiques, ce n'est pas un discours d'archéologue, en réalité, c'est un discours qui éclaire le monde, qui donne du sens au monde, en utilisant par-ci par-là des éléments empruntés aux archéologues qui font état de certaines découvertes uniquement dans la mesure où elles vont permettre d'illustrer le grand récit tenu par ces archéologues romantiques, et ce grand récit n'est rien d'autre qu'un mythe contemporain."

L’Égyptomanie, idéologies et propagande

L’archéologie est une discipline longue et fastidieuse qui collecte et catalogue des faits matériels. L’archéologie fantastique, celle des mondes cachés, est donc en rupture totale avec la première et pourrait être dénommée "archéologique romantique". Celle-ci, asseyant sa légitimité sur des données archéologiques, est toutefois un véritable discours politique.

Il convient donc d’analyser les ressorts de ce mythe égyptien (l’égyptomanie), comme de ses idéologies sous-jacentes. Au-delà du simple quidam qu’une relecture de l’histoire de l’humanité peut fasciner, cette mythologie est mobilisée par des courants que tout oppose, allant des Afro-Américains abolitionnistes aux suprémacistes blancs d’Amérique du Nord en passant par les afrocentristes noirs luttant contre le néocolonialisme.

Jean-Loïc Le Quellec : "Les kémitistes, ce sont des gens qui ont pensé renouer avec l'ancienne civilisation égyptienne. C'est une allusion à un mot égyptien antique, le mot Kemet, qui désigne l'Égypte, qui veut dire littéralement, "noir", qui connote la noirceur. Cette idée a été mobilisée par tous les tenants de ce discours qui consiste à dire que les anciens Égyptiens étaient des noirs, alors que Kemet, ça connote bien la noirceur, mais ce n'est pas la noirceur de la peau des gens, ça désigne la terre noire au sens de la terre fertile."

Jean-Loïc Le Quellec : "Avec les boomerangs, évidemment, il y a cette idée répandue qui synonymise boomerang et Australie. Un boomerang ne peut être qu'australien. Alors, si on trouve des boomerangs en Egypte, c'est bien la preuve que les Egyptiens anciens les ont rapportés d'Australie. Ils n'ont pas pu inventer quelque chose qui est typiquement australien ! Ça, c'est un argument qui a eu son heure de gloire et qui continue d'être propagé par tout un tas d'auteurs, qui ignorent, malheureusement, que le plus ancien boomerang a été trouvé en Pologne, qu'il a 23 000 ans et qu'il est en ivoire !"
Anta Diop qui a voulu contrer le discours missionnaire chrétien en Afrique oublie de dire que ces idées en France ont été diffusées et enseignées par des ethnologues missionnaires français tout à fait respectés à leur époque: l'Egypte étant la mère des langues africaines.
Le père Henri Trille : https://dacb.org/fr/stories/gabon/trilles-henri/
Lilias Homburger : https://fr.wikipedia.org/wiki/Lilias_Homburger
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