Alain Bauer, professeur de criminologie français, rappelle dans le document ci-dessous, quelques principes de la loi de 1905 et de la laïcité:
https://youtu.be/dVoLVpQajg0
...La laïcité n'est pas une neutralité. C'est une dynamique qui vise à protéger le fait de croire, de ne pas croire, de changer de religion, de n'en avoir aucune.
Elle ne juge pas de la qualité des religions, par contre, elle empêche tous ceux qui ont une vision expansionniste de la religion de l'imposer aux autres.
Ce n'est donc pas une neutralité.
La loi de 1905 n'est donc pas une loi de séparation, c'est une loi de libre exercice du culte sous le strict contrôle de l'Etat afin d'éviter les débordements et les actions violentes. A ce titre, il faut relire la loi de 1905, notamment le chapitre "Police des cultes"...
La loi de 1905 est une loi de sécurité publique destinée à prévenir ou à réguler les troubles de l'ordre public.
Par ailleurs, revenons sur quelques points soulevés...
...1 - En quoi c'est une nécessité d'interdire une robe longue à l'école publique ?
2 - Quelle était le si grand danger ?
3 - Pourquoi ce serait moins dangereux à l'école privée ?
4 - En quoi c'est une bonne chose d'encourager les musulmans à se scolariser dans le privé ?
5 - ...selon les législateurs de la loi de 1905, l'état n'en est pas capable, il ne saurait reconnaitre le religieux....
Il n'est pas question de considérer les options philosophiques qui entretiennent toujours le vague, et ouvrent la porte à des théories fumeuses, mais uniquement de raisonner en termes de droit.
La rhétorique avoue vite ses limites... A ce sujet, prétendre que les questions ont été "mal" formulées ne ferait qu'alimenter, une énième fois de plus, l'escroquerie intellectuelle hélas habituelle...
1 - C'est faux, c'est un pur sophisme, comme je l'ai démontré et argumenté dans plusieurs posts. L'abaya est un type de robe longue particulier. Une robe longue n'est pas une abaya. "Robe longue" est un terme générique qui recouvre un ensemble de vêtements, dont l'abaya fait partie.
C'est une confusion sémantique.
2 - Encore un sophisme. Il n'est nulle part fait mention d'un danger, mais de prosélytisme, de contraintes, de pressions, qui émanent de groupes religieux radicaux (pour les détails, se référer aux posts précédents). L'Etat a agi pour garantir la sécurité publique et empêcher les troubles de l'ordre public susceptibles d'être générés.
3 - Toujours du sophisme. Il n'est fait nulle part mention de plus de danger, ou moins de danger, mais de troubles de l'ordre public (cf. point 3) engendrés par un mouvement d'entrisme d'obédience religieuse identifié comme tel (constats et rapports correspondant à des remontées de terrain à l'appui).
4- Sophisme quand tu nous tiens... Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise chose, et d'encouragement quelconque, mais de respect des lois de la République et des principes de laïcité. Relire le long post que j'ai commis à cet effet qui traite des dispositions prévues par la loi.
5 - C'est encore faux! Lecture et compréhension trop restrictives pour être honnêtes.
L'Etat dispose de toutes les compétences à ce niveau, mais applique un strict contrôle en évitant les débordements liés à la liberté de culte. Si l'Etat reconnaît et garantit la notion de culte religieux, c'est qu'il est capable précisément d'identifier la composante religieuse liée à ce culte. L'Etat n'a pas à donner son avis sur cette question, il se borne à garantir le libre exercice du culte et la sécurité publique.
La confusion, idéologique, s'exerce sur plusieurs plans.
Si on considère qu'une jeune fille ou un jeune homme dans le cas de la kamis, s'entête dans le refus de quitter son vêtement, que le port de son vêtement est plus important que le lieu où elle/ il le porte (pas dans n'importe quel lieu, c'est dans un établissement public et laïc qui dispense des connaissances, un savoir, d'où l'importance du symbolique), c'est qu'il y a un gros souci dans la tête du jeune.
Cette radicalité, dans le comportement, s'accompagne pratiquement toujours, suivant les faits observés concrètement sur le terrain, par des conduites prosélytiques et des pressions envers d'autres usagers. On peut parler à cet effet d'une systématisation des comportements.
Est-il permis dans ce cas de figure de laisser nuire, parce qu'il s'agit bien de comportements toxiques identifiés comme tels, quelques individus, radicalisés, au détriment d'autres, nettement plus nombreux, en ayant bien à l'esprit que le processus enclenché fera tache d'huile très rapidement?
Avec l'islamisme, il n'y a plus de pincettes à prendre.
Toujours cette notion de sécurité et de troubles de l'ordre public....
Est-il nécessaire de rappeler, c'est une obligation contractuelle entre l'usager et l'institution, soit entre l'élève et l'établissement scolaire, que les points du règlement intérieur, ainsi que les textes de lois en référence sont ré-explicités à ce ou ces jeunes, ainsi qu'à leur famille, et que la décision prise ne peut en aucun cas être qualifiée d'unilatérale ou d'arbitraire. Le ou les acteurs savent à quoi s'attendre en parfaite connaissance de cause.
Ce n'est pas l'institution scolaire qui va exclure, s'il n'est pas possible de tendre vers une solution. Le choix appartient à ce ou ces jeunes, rien n'est dissimulé. La question relative au point 4 apparaît alors comme inintelligente au possible.
Gilles Kepel: "Substituer l'idéologie à la connaissance requiert moins d'efforts et de savoir!...".
L'ignorance ou la méconnaissance sont excusables, pas les conduites idéologisées qui aveuglent.
Rappel de l'historique récent:
Le 28 septembre 2022, Le Parisien révèle une note du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation mettant en garde contre un prosélytisme islamiste encourageant le port de tenues religieuses dans le cadre scolaire et les difficultés de chefs d'établissement faisant notamment face au port de l'abaya34.
Une autre note du même organisme datée du 27 août 2022 fait état d'une offensive sur Internet de comptes gravitant autour de la mouvance islamiste afin de remettre en cause la loi sur les signes religieux dans les écoles publiques françaises.
Le 16 septembre 2022, le ministre de l’Éducation nationale de l'époque, Pap Ndiaye, adresse une note aux recteurs d'académies , afin de leurs rappeler les procédures à suivre en cas d'atteintes à la laïcité dans les établissements, mais sans parler directement de l'abaya35.
Début octobre, le syndicat de chefs d'établissements scolaires Indépendance et Direction - FO appelle à donner des directives claires sur les abayas et les qamis36.
Le 12 juin 2023, le Conseil français du culte musulman (CFCM) affirme dans un communiqué que l'abaya, comme tout autre vêtement, « n’est pas un signe religieux en soi37 ».
En août 2023, le nouveau ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, demande que le port de l'abaya soit interdit dans tous les établissements scolaires publics38 et annonce le 27 août 2023, lors du journal télévisé de TF1 : « L'école de la république s'est construite autour de valeurs et de principes extrêmement forts, et notamment de la laïcité. La laïcité ce n’est pas une contrainte mais une liberté. La liberté de se forger son opinion et de s'émanciper par l'école. […] Et donc j’ai décidé qu’on ne pourrait plus porter l'abaya à l’école. »
Le CFCM, par le biais de son vice-président, redit que l'abaya n'est pas un signe religieux, ajoutant : « Je pense que le ministre aurait pu échanger, demander l'avis des responsables religieux. Pour moi, l'abaya n'est pas une tenue religieuse, mais plutôt une forme de mode39. »
Saisi d'une requête présentée par l’association Action Droits des musulmans (ADM), le juge des référés du Conseil d’État, le 7 septembre 2023, conforte le gouvernement dans sa décision d'interdire l’abaya et le qamis à l’école. Toutefois d’autres recours ont déjà été engagés par d'autres associations ou syndicats40.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Abaya
Le CFCM livre une interprétation fallacieuse. L'Etat peut consulter le CFCM mais n'a pas à demander son avis au même CFCM.
L'Etat en appelle au législateur via les institutions dédiées.
Le CFCM ne s'étend pas, et pour cause, sur la notion de vêtement porté par destination et se réfugie derrière la très vague option de "mode".
Rappelons que le CFCM est placé sous le contrôle du Ministère de l'Intérieur...
Il faudrait s'interroger avec plus de discernement sur ce que cela sous-entend concrètement au niveau du droit...
@ Dumat
J'espère que tu as compris la problématique en cours.
Pas forcément facile à suivre sur le plan du droit, de la rigueur des textes de lois. Ce qui fausse le débat et le biaise, ce sont les interprétations des uns et des autres, avec la caisse de résonance médiatique, alors qu'il est nécessaire de toujours revenir aux textes et à leur application ou leur non-application. Je le répète, c'est du droit et uniquement du droit, pas de la philosophie ou du militantisme exacerbé. L'ultra-crépidarianisme fonctionne à plein régime.
Pour info, parmi les opposants à l'interdiction de l'abaya, se sont retrouvées des figures connues, bien vitupérantes, de l'ex-collectif Cheik Yassine *, que des personnes hautement recommandables.
Samuel Paty, de son vivant, a eu droit à leur haine.
Les "idiots utiles " qui traînent à l'extrême-gauche (je parle des irresponsables garnissant des états-majors) n'ont jamais semblé gênés de les côtoyer, au grand dam de bon nombre de militants de base.
*
https://www.ouest-france.fr/faits-diver ... es-7023882
Note de service, Bulletin Officiel de l'Éducation Nationale, 31-08-2023:
https://www.education.gouv.fr/bo/2023/H ... NG2323654N