Je fais suivre un extrait d'un
commentaire de Jancovici sur linkedin relatif à l'article
Comprendre le nouveau clivage écologique : données inédites
41% des françaises et des Français sont tout à fait d'accord avec la proposition "
La crise climatique est un prétexte utilisé par les gouvernements mondiaux pour limiter les libertés des individus", selon un sondage réalisé par la société Cluster17 et relayé/analysé dans la revue Grand Continent (Merci à
Jean-Marc Vittori qui l'a
signalé dans Les Echos (0) ).
Ce même sondage indique que 76% de nos compatriotes pensent que "La sobriété énergétique est imposée seulement au peuple, mais pas aux élites", et 68% que "la voiture électrique est une arnaque". Seul un tiers est d'accord pour limiter la vitesse à 110 sur autoroute, et un petit quart d'accord pour renoncer à se loger dans une maison individuelle.
Certains points ci-dessus sont des obstacles extrêmement difficiles à sumonter car ils relèvent de la croyance (juste ou fausse, cad une conviction sans preuve) et on sait bien toute la difficulté de contrer des croyances avec la seule arme des arguments rationnels...
...Ce qui n'empêche pas la nécessité de chercher, et si possible de trouver, des solutions :
- d'une part en apportant notre soutien à des règlementations et des lois (impactant tout le monde) permettant de faire en sorte que ces croyances soient bien des croyances fausses (et non des croyances justes)
.
- d'autre part en trouvant le moyen d'apporter des preuves très très très convaincantes que les mesures mises en places sont justes malgré, en plus, toute la difficulté induite par le caractère subjectif de cette notion de justice (elle est impactée par un très fort biais d'appartenance ou plutôt, à mon sens, par un très fort biais de non appartenance).
D'autres points, comme les
110 km/h (en France sur autoroute) me surprennent, car si on impose le 110, ce sera à tout le monde. Ca ne devrait donc pas entrer en conflit avec le désir de preuve que tout le monde soit logé à la même enseigne.
L'acceptation des
4 vols par vie par
55% des français (dans le même sondage) indique, selon moi, que 55% sont d'accord parce que ça ne leur demande aucun ou peu d'effort et, par contre, en demande aux 45% auxquels ils veulent en imposer.
Pour ce qui est de la difficulté de renoncer à la
maison individuelle, honnêtement, je comprends totalement. Suis-je prêt à le faire ? Il faudra vraiment que je sois absolument et totalement convaincu que c'est indispensable pour l'accepter, et encore, pour ma part, je risque d'avoir bien du mal (il me faudra trouver un moyen de m'y motiver. Pas simple).
Voilà ce que nous en dit Jancovici
La transition écologique est surtout comprise et acceptée par la population "protégée" : par ses revenus, par son statut (fonction publique), ou par son lieu de résidence (les habitants des grandes villes qui ont une alternative à la voiture par exemple).
Inversement, elle suscite du rejet pour la fraction "symétrique" de la population, pour qui elle représente probablement une source d'efforts supplémentaires sans contrepartie.
En plus du travail (largement insuffisant pour l'instant) de formation et information de l'opinion publique, dirigeants inclus, la partie la plus difficile,
favoriser la motivation pour avancer vers les solutions, doit être cherchée et trouvée.
A ce titre, je recite l'exemple de l'
atelier participatif "
Materre en 180". Il a déjà été largement exploité avec une réelle réduction d'empreinte carbone dans le monde académique et de la recherche. Cf l'article de
Nicolas Gratiot (1) & al. publié en avril 2023, Revue PLOS Sustainability and Transformation :
A transition support system to build decarbonization scenarios in the academic community
Une entreprise de ma connaissance va d'ailleurs lancer un chantier de décarbonation de ses activités en employant cet atelier participatif comme rampe de lancement dans le cadre de sa
Responsabilité Sociétale et Environnementale.
Si ça marche bien, il ne me semble pas exclus que ce type d'initiatives puisse
faire tâche d'huile et compléter ainsi les avancées dues à
La fresque du climat (2) et à
Carbone 4 (3). Il ne faut pas oublier que nombre de dirigeants d'entreprises et nombre de salariés ont des enfants et qu'ils ont envie de leur offrir un avenir vivable. Je pense qu'il ne faut pas sous-estimer cette motivation en se laissant piéger par l'aquabonisme. C'est un peu comme dans les sables mouvants. Il ne faut pas bouger trop vite, mais il faut bouger quand même.
(0)
Gare au « backlash » écologique. Les échos, chronique de Jean Marc Vitori
Dormagen évoque la perspective d'une « alliance électorale de la petite droite conservatrice et d'une large fraction des milieux populaires antisystèmes. En s'appuyant sur de grosses enquêtes d'opinion, le chercheur montre la puissance d'un populisme anti-élites et anti-écologie. Deux Français sur cinq estiment par exemple que « les élites ont pour projet d'instaurer une dictature climatique » et trois sur quatre que « la sobriété énergétique est imposée seulement au peuple, mais pas aux élites ».
Des forces politiques puissantes se constituent contre la transition écologique, aux confins du populisme. Il serait périlleux de l'ignorer. Pour avancer dans la transition énergétique, il faudra alors forger un consensus sur le partage de l'effort. L'écologie sera politique ou ne sera pas.
Le caractère fatalement subjectif de la notion de justice dans le partage de l'effort et la situation déjà très difficile dans laquelle nous nous trouvons déjà (
6 limites planétaires franchies sur 9 dont 2 en 2022 et 2 supplémentaires en passe de l'être par exemple) rend l'atteinte de ce consensus particulièrement difficile et périlleuse.
(1)
Nicolas Gratiot, Directeur de Recherche à l'Institut de Recherche et Développement, l'institut
géoscience de l'environnement
(2)
La fresque du climat, 1.2 million de participants, 60.000 bénévoles, 156 pays, 45 langues. La Fresque du Climat est un outil se fondant sur les données issues des rapports scientifiques du GIEC.
(3)
Carbone4 assists the transformation of organisations in their decarbonization and adaptation to climate change. 3000 Projets en France et à l'étranger