oui, en plus de c'est le même terme qui est utilisé de façon péjorative ou de façon fière . Au moins avec le terme gauchiste ( version péjorative du terme gauche) on s'y retrouvait, mais avec le terme woke non.
Entre l'apparition de ce terme, et ses appropriations multiples, il s'est passé du temps avec des changements d'environnements, c'est à dire des cadres de réflexion, et des marqueurs sociaux, des référents.
j'utilise toujours le terme woke dans un sens péjoratif parce que l'usage non péjoratif est fourre tout , seul le terme péjoratif désigne vraiment un phénomène nouveau .
En effet la gauche a toujours contenu des gens réellement éveillé, sensibles au injustices, pour l'égalité , etc , et celà depuis qu'elle existe .
Oui pour la gauche républicaine, laïque, quoiqu'on peut être plus large, humaniste.
Sauf qu'à un moment donné, dans les société anglo saxonnes, il s'est passé quelque chose de particulier , des gens veulent se passer pour eux, prendre le devant de la scène à leur place, tout en ne s'imposant les pré requis nécessaire à cet "éveil" , leur connaissance de l'histoire, des sociétés et des rapports humains est insuffisante (où caricaturale, ou déformée), bref il ne se sentent pas de devoir particulier pour prétendre à cet éveil mais prennent quand même plus de place médiatique que la gauche éveillée qui a toujours existée mais qu'on entend plus assez.
Il existe un excellent livre qui retrace les prémices de ce mouvement:
https://www.lechappee.org/collections/p ... -consommee
Il y a un long compte-rendu quelque part, mais je ne sais plus où, ce qui m'a incité à acquérir cet ouvrage dont le contenu est éclairant parce qu'on dispose de recul et de distanciation sur plusieurs phénomènes liés à cette époque. Les individus se sont peu à peu détachés (et ont oublié...) la notion de bien commun, celle qui structure et cimente une société, avec les institutions nécessaires, et se sont dirigés vers la revendication d'un individualisme, vers une quête narcissique de plus en plus affirmée, avec les comportements et postures inhérents. D'où, schématiquement rupture et télescopage (heurts ou conflits) avec le socle de valeurs communes. C'est le bien commun qui permet aux individus d'exprimer leur individualité, parce qu'il existe un ancrage dans la réalité sociale et sociétale, pas l'inverse. Les valeurs d'entraide et de coopération sont à ce titre prépondérantes, en témoigne le secteur associatif au service des autres.
Les victimes du wokisme, c'est la gauche réellement éveillée en bon sens du terme (qui du coup, par frustation, devient anti-woke) , et c'est pour celà par exemple que plus haut j'évoquais les clashs entre Sandrine Rousseau et Elisabeth Badinter .
Autre exemple l'anti wokisme de Michel Onfray est aussi patent. D'ailleurs c'est intéressant parce que Michel Onfray déteste par ailleurs aussi Greta , or dans ses diatribes contre Greta, jamais il ne la considère woke.
Les gagnants du wokisme c'est la droite et l'extreme droite qui peuvent s'en prendre à des cibles faciles à ridiculiser.
Oui. Onfray est un cas à part, dont le discours m'a séduit un temps, mais que j'ai appris à disséquer. Ses égarements sont conséquents, notamment dans le domaine scientifique. Dans sa production abondante (trop? Il est partout à la fois!...), il y a certains secteurs où il domine plus le sujet.
Pour la droite dure, et l'extrême-droite, la machine à recycler peut fonctionner à plein. Les égéries wokes ( les personnalités médiatiques les plus en vue, à la recherche d'audience, de popularité, de pouvoir et de satisfaction de leur égo) fournissent le carburant idéal.
J'opère bien le distingo entre "wokes" exacerbés, ceux dont on entend le plus parler dans leurs dérives, paroles et actes, et les personnes dont a parlé The wild, préoccupées par des luttes sociales réfléchies. Réfléchies dans le sens où les slogans ne remplacent pas la pensée et qui savent encore mettre à l'écart le prêt à penser.
Ton post à mon égard me fait penser que tu penses que je n'apporte pas de crédit à Greta, alors qu'en fait c'est le contraire, la raison pour laquelle je ne qualifie pas Greta de woke c'est que j'utilise ce terme uniquement de façon péjorative, et je crois que seul le terme woke péjoratif à du sens puisqu'il fait vraiment référence à une mouvance et une dérive réelle d'une partie de la gauche , dérive à laquelle Greta ne prend pas part .
Quand à savoir ce qu'elle apporte vraiment. Je pense que dans le monde d'aujourd'hui, toute égérie est utile de toute façon.
Je me suis mal exprimé, et mal fait comprendre. Greta Thunberg est un épiphénomène "nécessaire", comme d'autres personnes.
Personnellement, j'accorde plus de crédit à Jean-Marc Jancovici dont le discours et les actions reposent sur des bases nettement plus conséquentes.
Thunberg a, comme tu le soulignes, son importance, je ne minimise pas le crédit que tu lui accordes.
Je n'ai jamais associé Greta Thunberg au wokisme, je n'y avais même pas songé.
Un article qui reprend un ensemble de points avec une analyse:
https://www.lalibre.be/debats/opinions/ ... %20société.
...il aurait compris que cette incohérence n’est pas le fait de l’observateur mais inhérente au fait étudié. C’est le wokisme qui est incohérent ; pas l’étude. Paradoxalement, ces théoriciens ambitionnent de déconstruire la structure de l’ordre établi – dont l’égalité en droit – afin d’assurer la reconnaissance des minorités, mais reconstruisent pour y parvenir des catégories binaires caricaturales et figent donc les gens dans des identités réductrices, inamovibles et essentialistes (le “racisé”, le privilégié, etc.). La personne n’est plus considérée dans son individualité mais comme membre d’un groupe doté d’une identité collective. Plutôt que la considérer comme un individu libre titulaire de droits universels, on l’enferme dans une catégorie en lutte contre d’autres catégories et revendiquant des droits particuliers. On renonce ainsi aux idéaux universalistes des Lumières au risque de segmenter notre société de libertés en une multitude de petites communautés identitaires et revendicatrices. Un paradoxe maintes fois souligné...
Ce qui me gêne et m'insupporte dans les propos des, nommons-les ainsi pour nous montrer généreux à leur égard, théoriciens du wokisme, ce sont les multiples raccourcis de pensée dont ils sont capables, leur recours à une rhétorique affligeante conduisant à une "binarisation" du monde infantile. Ces raisonnements binaires (dominants versus dominés, racisme systémique et d'état, privilège blanc,...) conduisent à une exacerbation des oppositions conduisant à des conflits, et en aucun cas à une construction sociale (soit une avancée, dont je parlais précédemment) positive, harmonieuse. Bien sûr que les problèmes existent, et pas des moindres, il ne s'agit pas de les nier ou de faire comme s'ils n'existaient pas, ou pire, comme si c'était une "norme" sociétale contre laquelle on ne peut rien y faire. Il faut s'y attaquer, mais avec intelligence, comme Elisabeth Badinter, ou Gisèle Halimi.
Monter les groupes humains les uns contre les autres, c'est le plus facile, et le plus rapide *. Les faire s'accorder sur un projet commun avec des valeurs partagées, où est mise à distance l'exclusion, c'est ce qui prend beaucoup plus de temps, d'énergie, et demande des ressources, il faut en vaincre des difficultés.
Complément: Caroline Fourest a commis deux ouvrages, avec un écart d'une dizaine d'années entre les deux, qui offrent une analyse de la société moderne en cours:
- Le Choc des préjugés. L’impasse des postures sécuritaires et victimaires, Paris, éditions Calmann-Lévy, 2007
- Génération offensée : De la police de la culture à la police de la pensée, Grasset, 2020,
Tout est dans l'offense subie et la victimisation...
Tout un programme...
Edit: divertissement
https://m.youtube.com/watch?v=Sn7RHdOwCZs
Ce que c'est que la culture...