Pour le Danemark, avec le rétablissement de la pseudo-notion de blasphème, il y a un souci. C'est reconnaître et admettre que le spirituel supplante le temporel, que la loi de dieu est au-dessus de celle des hommes. Apporte-t-elle une réelle plus-value ? Non, aucun constat historique en ce sens, mais une multitude de faits documentés liés à l'obscurantisme religieux, quelles que soient les religions.
Respecter les croyants, oui. Respecter l'objet, le décorum et attirail, de leur croyance, non, excepté si les conduites en cas d'irrespect nuisent à la notion de vivre-ensemble, c'est à dire si elles causent des troubles de l'ordre public et provoquent l'insécurité. Pas besoin de recours au spirituel pour traiter ces questions qui concernent les attitudes citoyennes, ou non, des personnes à l'intérieur d'un territoire défini, placé en ce cas sous la juridiction d'autorités compétentes élues, aptes à légiférer.
La loi des hommes est imparfaite et le sera toujours, spécificités du caractère humain obligent. Ce n'est pas une raison suffisante pour s'en dispenser, elle est encore ce qui fonctionne le moins mal.
Toutefois, les autorités danois l'assurent : il s'agit uniquement d'interdire "le traitement inaproprié d'objets à signification religieuse importante pour une communauté religieuse". En d'autres termes, il s'agit d'empêcher la profanation matérielle, par autodafé ou encore par piétinement, par exemple, d'un Coran, d'une Bible, d'une Torah, ou encore d'un crucifix notamment... La loi prévoit ainsi des peines allant jusqu'à deux ans de prison.
Le chef de la diplomatie danoise estime que les autodafés du Coran ont été déclencheurs d'une colère internationale qui a est, selon lui, difficile à contenir. Après ces troubles, le pays avait un temps renforcé ses contrôles aux frontières, avant de revenir à la normale le 22 août.
C'est courber l'échine face à un pouvoir religieux intégriste rétrograde.
C'est ouvrir la porte à tous les cinglés extrémistes.
C'est provoquer un retour en arrière teinté d'obscurantisme qui ne concerne pas exclusivement le Danemark, mais les autres pays européens, et ce en raison des diktats imposés au nom d'une seule religion !
Pas très courageux le gouvernement danois. Comparativement, la France assume. 300 morts provoqués par le déchaînement de la folie religieuse, toujours la même.
C'est reconnaître implicitement qu'une poignée d'intégristes exaltés peut prendre en otage un ensemble de croyants, et leur attribuer une légitimité représentative, c'est à dire leur donner des droits sur les autres alors qu'ils ne peuvent en aucun cas se prétendre les représentants de telle ou telle communauté. Ces intégristes s'expriment au nom d'une pseudo-communauté imaginaire, fantasmée, qui n'existe pas dans la réalité.
Il n'existe pas "les musulmans", mais des musulmans, qui peuvent pratiquer une version de l'islam, et non "l'islam", puisqu'il n'existe aucune unification reconnue des pratiques, aucune autorité centrale.
Le gouvernement danois joue avec le feu. Compte-tenu des informations disponibles qui elles font l'objet de consensus international, du contexte actuel où plusieurs belligérants sont très agressifs, avec des intentions troubles, c'est prendre un risque fragilisant encore plus les démocraties.