Réchauffement climatique

Tout sur les sciences, que ce soit la chimie, la biologie, l'astronomie etc.
thewild
Messages : 3301
Inscription : 09 août 2016, 16:43

Re: Réchauffement climatique

#676

Message par thewild » 08 janv. 2024, 17:30

Inso a écrit : 08 janv. 2024, 15:41 Le nucléaire, une partie de l'hydraulique et le thermique renouvelable sont pilotables : suffisamment pour gérer presque toutes les situations avec l'aide des stockages existants (hydraulique principalement).
Intuitivement, j'aurais dit que c'était loin de suffire au contraire. Est-ce que tu as une source qui donnerait quelques calculs ?
L'hydraulique est déjà exploité à près de 100% de capacité il me semble. Le nucléaire est pilotable mais 5% par minute dans le meilleur des cas donc uniquement pour les variations horaires.
Pour le thermique renouvelable, si on parle de la biomasse on est probablement comme pour le charbon vers 5%/min.
Il ne reste donc que l'hydraulique pour faire le pilotage "rapide".
"Assurons nous bien du fait, avant de nous inquiéter de la cause." Bernard Le Bouyer de Fontenelle

"Plus un fait est extraordinaire, plus il a besoin d'être appuyé de fortes preuves." Pierre Simon Laplace

Avatar de l’utilisateur
Inso
Messages : 4227
Inscription : 11 mai 2013, 22:00

Re: Réchauffement climatique

#677

Message par Inso » 08 janv. 2024, 18:20

thewild a écrit : 08 janv. 2024, 17:30 Intuitivement, j'aurais dit que c'était loin de suffire au contraire. Est-ce que tu as une source qui donnerait quelques calculs ?
L'hydraulique est déjà exploité à près de 100% de capacité il me semble. Le nucléaire est pilotable mais 5% par minute dans le meilleur des cas donc uniquement pour les variations horaires.
Pour le thermique renouvelable, si on parle de la biomasse on est probablement comme pour le charbon vers 5%/min.
Il ne reste donc que l'hydraulique pour faire le pilotage "rapide".
Je n'ai pas de détail pour les changements rapides (de l'ordre de la minute). Le nucléaire est davantage "pilotable" à l'ordre de l'heure.
Suivant cet article (de 2018), la manœuvrabilité du parc nucléaire permet de faire face à 99,9% des situations (je n'ai pas d'autres liens pour le confirmer).
Les EnR étant relativement prévisibles à la journée, je pensais que ça suffisait et que le besoin en pilotage rapide pouvait être assez réduit. Mais je me trompe peut-être, je n'ai pas assez d'éléments.
Pour les cas particuliers où la manœuvrabilité du nucléaire et des autres sources pilotables ne suffiraient pas, il faudrait plutôt tabler sur des imports, puis des limitations de puissance temporaire (cf mon dernier post), puis des interruptions (sur des entreprises volontaires sous contrat).

J'ai trouvé ça sur le site de RTE : Équilibrer l'offre et la demande. Mais ce n'est pas très détaillé.
Cet article est pas mal : Comprendre le dispositif d’équilibrage et insiste sur les méthodes de distribution plutôt que sur la production.
Thunderbolt and lightning very, very frightening me (Galileo)

thewild
Messages : 3301
Inscription : 09 août 2016, 16:43

Re: Réchauffement climatique

#678

Message par thewild » 08 janv. 2024, 19:48

OK merci, je savais que les centrales nucléaires faisaient du suivi de charge mais je pensais que c'était c'était en réglages secondaire alors qu'il semblerait que ce soit en réglage primaire.

L'article est très intéressant, mais attention que les 21GW dont il parle c'est dans la situation actuelle. Il a beau dire que c'est stable dans le temps, je pense qu'il faudra une beaucoup plus grande capacité de régulation quand on aura une part conséquente d'éolien et de solaire.
"Assurons nous bien du fait, avant de nous inquiéter de la cause." Bernard Le Bouyer de Fontenelle

"Plus un fait est extraordinaire, plus il a besoin d'être appuyé de fortes preuves." Pierre Simon Laplace

Avatar de l’utilisateur
Inso
Messages : 4227
Inscription : 11 mai 2013, 22:00

Re: Réchauffement climatique

#679

Message par Inso » 08 janv. 2024, 21:20

thewild a écrit : 08 janv. 2024, 19:48 je pense qu'il faudra une beaucoup plus grande capacité de régulation quand on aura une part conséquente d'éolien et de solaire.
Tout va dépendre des évolutions de consommation et des mixtes de production et je ne suis pas devin.
Si on garde à peu près le mixte actuel (60% nucléaire, 11% hydro, 5% thermique Ren 12% EnR et 12% fossiles) et qu'on remplace le fossile par les EnR (donc à 25%), je ne pense pas que ça pose de gros problèmes, quitte à garder 1 à 3% en gaz pour les pilotages rapides.

D'autre part, pas mal de pays comme le Portugal, l’Uruguay, l’Écosse, l'Australie du Sud, arrivent à des % d'EnR supérieurs sans problèmes notables.

Il faut noter aussi que les réseaux électriques européens sont tous interconnectés, ce qui facilite leur stabilité. Mais la baisse prévue des énergies pilotables en Europe (charbon, fuel et nucléaire principalement) va diminuer les réserves de puissance non intermittente et donc augmenter les risques de dépassement. Pour cela, les interconnections se multiplient (exemple) pour mieux partager les excédents régionaux (comme l'éolien : pas de vent en France mais du vent en Mer du Nord par exemple).
Thunderbolt and lightning very, very frightening me (Galileo)

Avatar de l’utilisateur
Lambert85
Messages : 8201
Inscription : 23 nov. 2007, 07:48

Re: Réchauffement climatique

#680

Message par Lambert85 » 11 janv. 2024, 11:50

Faites quelques efforts, d'autres s'en foutent :
Au Groenland, cette start-up envoie des tonnes de glace à Dubaï pour faire des glaçons à cocktails

https://www.huffingtonpost.fr/environne ... 28149.html
Русский военный корабль, иди нахуй ! 🇺🇦 :sniper:

Avatar de l’utilisateur
ABC
Messages : 3849
Inscription : 11 mai 2014, 20:37

Re: Réchauffement climatique

#681

Message par ABC » 11 janv. 2024, 14:06

Parmi les difficultés pour relever les défis écologiques et climatiques (et donc obtenir l'adhésion aux contraintes règlementaires et quotas requis pour protéger notre avenir) convaincre que la croissance n'est pas compatible avec les limites de la planète est clairement dans le A du pareto car ce sujet est en partie mal compris, en partie objet de déni.

A titre d'exemple, prenons les républicains français (le sujet est encore plus critique concernant les républicains américains) je cite Christian Jacob, président des Républicains en 2020, dans un article du monde de novembre 2020 (donc pas vraiment récent)
A rebours d’une idéologie écologiste « ne produisant que des slogans et de la peur », le président des Républicains estime, dans une tribune au « Monde », que la lutte contre le réchauffement climatique passe par un développement durable fondé sur la protection de l’environnement, la viabilité économique et le progrès social.
La position des républicains (en France) vis à vis du relèvement des défis écologiques et climatiques a-t-elle évolué vers plus de réalisme ? L'intervention de Ciotti le 1er Octobre 2023, actuel président des républicains en France (1), dans "La nuit de l'écologie" montre que l'inévitabilité de la décroissance n'est toujours pas comprise de ce parti politique.

Bref, l'illusion du développement durable (en un sens consumériste) n'est pas facile à débunker. Concernant les républicains et le RN cette illusion d'une croisssance durable, reposant sur le seul progrès technique et scientifique, privilégiant l'objectif de protection du pouvoir d'acheter tout et n'importe quoi et sa croissance devant la préservation de notre avenir, me semble assez répandue.

Concernant d'autres partis, je ne suis pas sûr qu'ils soient bien plus lucides. De plus, je crains que la place accordée à la réflexion sur les causes et les coupables ne soit nettement supérieure à la place accordée à la recherche de solutions socio-technologiquement-physiquement réalistes.

La sortie de cette illusion d'une poursuite de la croissance malgré la raréfaction des ressources (énergie, métaux, accès à l'eau potable, eau d'irrigation et ressources alimentaires, si nous ne modifions pas nos modes d'élevage, d'agriculture et de pêche (2)) et la violation de 6 limites planétaires sur 9 ne pourra vraisemblablement venir que de l'électrorat, un électorat qui, à ce jour, n'est pas toujours au courant de cette problématique et des contraintes très fortes sur l'exploitation des ressources (et donc sur le pouvoir d'achat qui en découle) requises pour y faire face. Les responsables politiques suivront.

Peut-être que certains partis oseront affronter le risque électoral de diffuser des informations utiles mais électoralement pénalisantes sur ce sujet, mais ce n'est pas gagné. S'ils le font, à moins qu'ils ne disposent dans leurs rangs de porte-parole compétents, motivés par le sujet et charismatiques, ils auront du mal à conserver une bonne capacité à se faire élire.

(1) Disant en 25 minutes ce que Janco aurait dit en 4 (avec une vision plus systémique et plus chiffrée) et montrant son incompréhension du besoin de contraintes réglementaires pour protéger notre avenir.
(2) Plus d’1 milliard de personnes dépendent des ressources halieutiques comme source principale de protéines animales. En 75 ans, on a multiplié la production par 9 pour une population humaine qui est passée de 5 à 8 milliards

Avatar de l’utilisateur
richard
Messages : 10954
Inscription : 30 juil. 2008, 14:20

Re: Réchauffement climatique

#682

Message par richard » 12 janv. 2024, 13:06

Frank Fenner a écrit :Nous allons disparaître. Quoique nous fassions maintenant, il est trop tard.
notre-planete.info

C’est d’ailleurs, peut-être, le seul espoir pour sauver la planète.
:hello: A+

Avatar de l’utilisateur
nikola
Messages : 4873
Inscription : 19 mars 2015, 08:13

Re: Réchauffement climatique

#683

Message par nikola » 12 janv. 2024, 17:49

Sauver la planète ? Eh ben, le jour où elle explosera n’est pas arrivé.
En revanche, le jour où elle sera invivable pour nous…
L’homme descend du singe, or l’homme est fait à l’image de Dieu. Donc Dieu est King Kong.

-+- Cavanna, François -+-

Akine
Messages : 242
Inscription : 25 janv. 2017, 19:48

Re: Réchauffement climatique

#684

Message par Akine » 13 janv. 2024, 10:21

Inso a écrit : 08 janv. 2024, 18:20 Je n'ai pas de détail pour les changements rapides (de l'ordre de la minute). Le nucléaire est davantage "pilotable" à l'ordre de l'heure.
Suivant cet article (de 2018), la manœuvrabilité du parc nucléaire permet de faire face à 99,9% des situations (je n'ai pas d'autres liens pour le confirmer).
Les EnR étant relativement prévisibles à la journée, je pensais que ça suffisait et que le besoin en pilotage rapide pouvait être assez réduit. Mais je me trompe peut-être, je n'ai pas assez d'éléments.
Si je comprends bien, ce serait vrai dans une situation où le nucléaire produit encore la majorité de l'électricité (remplacement des centrales à combustibles fossiles par des EnR).

En complément de ta critique de l'estimation de Janco sur les coûts du nucléaire et des EnR, voici celle d'un chercheur en économie de l'environnement. Le lien vers un pdf de l'article (https://www.sciencedirect.com/science/a ... 8320303443) qu'il utilise pour supporter ses propos est disponible dans l'interview. Y sont étudiés la faisabilité économique et l'optimalité de diverses répartitions des modes de production de l'électricité, avec une conclusion favorisant une solution à 25% de nucléaire et 75% d'EnR, en faisant usage d'outils et de méthodes plus rigoureux et complets que ceux de Jancovici (dont les affirmations aux justifications parfois discutables* me font penser qu'il reste, sur ces questions et avant tout, un communiquant et non un chercheur).

*Notamment en ce qui concerne l'attribution de la crise de 2008 au "peak oil" conventionnel et le prétendu lien de causalité (inamovible) entre approvisionnement en pétrole et PIB.

Avatar de l’utilisateur
ABC
Messages : 3849
Inscription : 11 mai 2014, 20:37

Re: Réchauffement climatique

#685

Message par ABC » 13 janv. 2024, 11:49

Akine a écrit : 13 janv. 2024, 10:21En complément de ta [inso] critique de l'estimation de Janco sur les coûts du nucléaire et des EnR, voici celle d'un chercheur en économie de l'environnement. Le lien vers un pdf de l'article (https://www.sciencedirect.com/science/a ... 8320303443) qu'il utilise pour supporter ses propos est disponible dans l'interview.
Merci pour ces documents très intéressants (et constructifs). Par ailleurs attention, selon le mode de présentation de ces informations et le type de public visé, à ne pas involontairement inciter une partie de l'opinion à jeter le bébé avec l'eau du bain. Nous avons besoin d'être entrainés dans la bonne direction, une expression qui contient 2 volets :
  • dans la bonne direction
  • être entrainés (et ce avec une vision systémique)
Il faut les deux.

Par ailleurs l'idéal, pour corriger le type de défaut évoqué, me semble être un renforcement des échanges et de la collaboration entre carbone 4 et les chercheurs compétents dans le domaine où il s'exprime (et travaille). Quelles sont les solutions qui permettraient de favoriser ce renforcement (1) ?

Je pose la question car je la crois importante (et je n'ai pas la réponse).

(1) En ne négligeant pas d'éventuelles considérations d'égo et de susceptibilité. Si, dans une approche trop exclusivement "rationnelle", elles sont oubliées ou insuffisamment prises en compte, ces aspects humains peuvent, de part et d'autres, constituer un frein.

Avatar de l’utilisateur
Inso
Messages : 4227
Inscription : 11 mai 2013, 22:00

Re: Réchauffement climatique

#686

Message par Inso » 13 janv. 2024, 12:42

ABC a écrit : 11 janv. 2024, 14:06 L'intervention de Ciotti le 1er Octobre 2023, actuel président des républicains en France (1), dans "La nuit de l'écologie" montre que l'inévitabilité de la décroissance n'est toujours pas comprise de ce parti politique
Comprise ou pas, je n'en sais rien. Les politiques s'activent principalement pour se faire élire et être dans "la ligne" de leur parti. Je pense de plus en plus que la compréhension des problèmes qu'ils traitent n'entre que peu en considération. Les exemples de politiques qui changent (parfois brutalement) d'avis sont assez nombreux pour le démontrer.
ABC a écrit : 11 janv. 2024, 14:06Les responsables politiques suivront.
Comme pour les retraites ? (un exemple parmi tant d'autres)

ABC a écrit : 11 janv. 2024, 14:06Peut-être que certains partis oseront affronter le risque électoral de diffuser des informations utiles mais électoralement pénalisantes sur ce sujet, mais ce n'est pas gagné. S'ils le font, à moins qu'ils ne disposent dans leurs rangs de porte-parole compétents, motivés par le sujet et charismatiques, ils auront du mal à conserver une bonne capacité à se faire élire.
Voilà. Donc ils ne le feront pas.

Je ne vois rien qui puisse faire accepter à la majorité de la population et des politiques une démarche de décroissance. Elle arrivera donc contrainte.
Dans ce sens, le "développement durable", tout critiquable qu'il soit, reste un des seuls moyens acceptés de faire baisser nos impacts sur la planète. Toujours bon à prendre.
ABC a écrit : 13 janv. 2024, 11:49 Par ailleurs attention, selon le mode de présentation de ces informations et le type de public visé, à ne pas involontairement inciter une partie de l'opinion à jeter le bébé avec l'eau du bain.
Comme tu restes très très général, je ne suis pas sûr de ce que tu appelles le bain ou le bébé. Merci de préciser.
Thunderbolt and lightning very, very frightening me (Galileo)

Avatar de l’utilisateur
Inso
Messages : 4227
Inscription : 11 mai 2013, 22:00

Re: Réchauffement climatique

#687

Message par Inso » 13 janv. 2024, 13:08

Akine a écrit : 13 janv. 2024, 10:21 En complément de ta critique de l'estimation de Janco sur les coûts du nucléaire et des EnR, voici celle d'un chercheur en économie de l'environnement. Le lien vers un pdf de l'article (https://www.sciencedirect.com/science/a ... 8320303443) qu'il utilise pour supporter ses propos est disponible dans l'interview.
Merci des liens :a4:
Par contre, le lien vers l'étude est juste le résumé :?

Ça me semble tenir la route.
Pour la conclusion : 25% nucléaire et 75% EnR, hydro et thermique renouvelable me parait plutôt raisonnable.
Personnellement (c'est donc une opinion), je pense que la France devrait garder une proportion importante (40 à 70 %) de nucléaire, pour plusieurs raisons (technologiques en particulier).
À l'échelle du monde, ce ne sera bien évidemment pas possible. Le nucléaire représente moins de 5% de la génération électrique. Doubler ce chiffre d'ici 2050 ne sera déjà pas simple et tripler très improbable.

Alors que les EnR ont progressé de plus de 50% rien qu'en 2023 (source IEA : Renewables 2023 - Analysis and forecasts to 2028 ). Progression principalement due au solaire en Chine. Cette progression nettement supérieure aux prévisions est très encourageante pour les évolutions futures. (résumé du rapport IEA sur ce fil twitter)
Thunderbolt and lightning very, very frightening me (Galileo)

Avatar de l’utilisateur
shisha
Messages : 1987
Inscription : 25 sept. 2011, 15:21

Re: Réchauffement climatique

#688

Message par shisha » 13 janv. 2024, 13:34

Inso dit :
À l'échelle du monde, ce ne sera bien évidemment pas possible. Le nucléaire représente moins de 5% de la génération électrique. Doubler ce chiffre d'ici 2050 ne sera déjà pas simple et tripler très improbable.
Toute les sources que je trouve sur internet affirment plutôt qu'elle (énergie nucléaire) représente 10% (ET l'éolien 8% et le solaire 4%).

Avatar de l’utilisateur
Inso
Messages : 4227
Inscription : 11 mai 2013, 22:00

Re: Réchauffement climatique

#689

Message par Inso » 13 janv. 2024, 13:43

shisha a écrit : 13 janv. 2024, 13:34 Toute les sources que je trouve sur internet affirment plutôt qu'elle (énergie nucléaire) représente 10% (ET l'éolien 8% et le solaire 4%).
Tu as raison, 10 % de la production électrique, 4 à 5% du mix énergétique total (j'ai confondu).
Thunderbolt and lightning very, very frightening me (Galileo)

Avatar de l’utilisateur
shisha
Messages : 1987
Inscription : 25 sept. 2011, 15:21

Re: Réchauffement climatique

#690

Message par shisha » 13 janv. 2024, 15:22

Progression principalement due au solaire en Chine. Cette progression nettement supérieure aux prévisions est très encourageante pour les évolutions futures. (résumé du rapport IEA sur ce fil twitter)
Mais entre 2020 et 2022 la même Chine augmente sa production de charbon de 5%.
Donc tant que les EnR ne remplacent pas les énergies fossiles mais s'additionnent, c'est peanut.

Avatar de l’utilisateur
ABC
Messages : 3849
Inscription : 11 mai 2014, 20:37

Re: Réchauffement climatique

#691

Message par ABC » 13 janv. 2024, 19:21

Inso a écrit : 13 janv. 2024, 12:42Je ne vois rien qui puisse faire accepter à la majorité de la population et des politiques une démarche de décroissance. Elle arrivera donc contrainte.
La contrainte nous l'avons, mais nous n'avons pas encore la volonté de le reconnaître, puis d'accepter de considérer sa prise en compte comme un objectif prioritaire. D'autres objectifs sont considérés comme ne devant pas en souffrir. Or, physiquement, eu égard à la limite des ressources disponibles d'une planète finie et les dégâts que nous y causons déjà, il faut recourir à des arbitrages et c'est là que ça coince. Pour ce qui est du fond, ça ne contredit d'ailleurs pas ce que tu dis là.
Inso a écrit : 13 janv. 2024, 12:42Dans ce sens, le "développement durable", tout critiquable qu'il soit, reste un des seuls moyens acceptés de faire baisser nos impacts sur la planète. Toujours bon à prendre.
Tout à fait d'accord. Accepter de se fixer l'objectif d'une croissance (supposée) durable et mettre en place les règles et moyens supposés le permettre c'est (se serait) un 1er (très grand) pas...
...et il n'est pas possible de faire un 2ème pas avant d'avoir fait le 1er.
ABC a écrit : 13 janv. 2024, 11:49Par ailleurs attention, selon le mode de présentation de ces informations et le type de public visé, à ne pas involontairement inciter une partie de l'opinion à jeter le bébé avec l'eau du bain.
Inso a écrit : 13 janv. 2024, 12:42Comme tu restes très très général, je ne suis pas sûr de ce que tu appelles le bain ou le bébé. Merci de préciser.
  • Ce que je vois comme le bébé, c'est l'aide/entraînement de l'opinion publique :
    • pour prendre conscience du problème et de la nécessité d'agir
    • pour nous faire prendre du recul grâce à une approche systémique
    • pour nous faire toucher du doigt l'inévitabilité du besoin de sobriété (valable à la fois pour le relèvement du défi climatique et pour éviter une aggravation de la violation des limites planétaires).
    Cette partie là est très très difficle puisqu'il y a 2 étapes : la 1ère, connaître et reconnaitre le problème et la 2ème, accepter de prendre les décisions requises pour le résoudre (ou plutôt en limiter les dégâts puisqu'on s'y prend déjà trop tard).
    .
  • L'eau du bain, ce serait de possibles erreurs dans certaines de ces propositions s'il s'avère que des personnes/instituts scientifiquement plus compétents ont des options différentes, écologiquement plus performantes (ou plus réalistes) sans que ce soit plus pénalisant en terme de décroissance (meilleur ratio gain écologique/perte de pouvoir d'achat) à proposer, par exemple en termes de mix énergétique.

Avatar de l’utilisateur
richard
Messages : 10954
Inscription : 30 juil. 2008, 14:20

Re: Réchauffement climatique

#692

Message par richard » 14 janv. 2024, 12:10

Isabelle Stengers a écrit :dénoncer n'est pas suffisant. Il s'agit d'apprendre à briser le sentiment d'impuissance qui nous menace, à expérimenter ce que demande la capacité de résister aux expropriations et aux destructions du capitalisme.
Au temps des catastrophes
:hello: A+

Avatar de l’utilisateur
Numéro 6
Messages : 38
Inscription : 19 déc. 2023, 22:07

Re: Réchauffement climatique

#693

Message par Numéro 6 » 14 janv. 2024, 21:45

shisha a écrit : 13 janv. 2024, 15:22Mais entre 2020 et 2022 la même Chine augmente sa production de charbon de 5%.
Donc tant que les EnR ne remplacent pas les énergies fossiles mais s'additionnent, c'est peanut.
Et tant qu'on achètera leurs produits, ça ne changera pas.
Cela dit, ce n'est pas simple, j’essaie de faire le tri, mais je n'arrive pas à 100%.
Image

Akine
Messages : 242
Inscription : 25 janv. 2017, 19:48

Re: Réchauffement climatique

#694

Message par Akine » 15 janv. 2024, 13:20

Inso a écrit : 13 janv. 2024, 13:08 Par contre, le lien vers l'étude est juste le résumé :?
Lien vers le pdf de l'étude : https://faere.fr/pub/PolicyPapers/Shiri ... 020.01.pdf

Avatar de l’utilisateur
Inso
Messages : 4227
Inscription : 11 mai 2013, 22:00

Re: Réchauffement climatique

#695

Message par Inso » 15 janv. 2024, 16:45

Akine a écrit : 15 janv. 2024, 13:20 Lien vers le pdf de l'étude : https://faere.fr/pub/PolicyPapers/Shiri ... 020.01.pdf
Merci :a4:
Je regarde ça.
Inso a écrit : 13 janv. 2024, 13:08 Personnellement (c'est donc une opinion), je pense que la France devrait garder une proportion importante (40 à 70 %) de nucléaire, pour plusieurs raisons (technologiques en particulier).
Je reviens sur ce point.
Sur les scénarii énergétiques pour 2050, il est prévu une baisse significative des besoins en énergie totale et une augmentation des besoins en énergie électrique. Ceci lié en bonne partie à l’électrification des usages (voitures, chauffage...) et une meilleure efficacité énergétique (mais pas de décroissance)
Sur le scénario RTE, les besoins en énergie totale passent de 1600 TWh (dont élec 25%) aujourd'hui à 930 TWh (dont élec 55%) en 2050. Les besoins en énergie électrique passant de 400 à 512 TWh.
D'ici 2050 il est prévu d'installer 14 EPR mais aussi de fermer la plupart des centrales existantes (même si leur durée de vie est rallongée). ce qui correspond à l'hypothèse N2 (page 17 du rapport cité plus haut) soit 35% du mix énergétique.
Donc arriver à 70% comme je le signalais me semble illusoire et une proportion de 25 - 50% me semble plus réaliste.
Thunderbolt and lightning very, very frightening me (Galileo)

Avatar de l’utilisateur
ABC
Messages : 3849
Inscription : 11 mai 2014, 20:37

Re: Réchauffement climatique

#696

Message par ABC » 15 janv. 2024, 23:38

Akine a écrit : 13 janv. 2024, 10:21En complément de ta [inso] critique de l'estimation de Janco sur les coûts du nucléaire et des EnR, voici celle d'un chercheur en économie de l'environnement [présenté comme une interview de Philippe Quirion (CNRS, CIRED)]. Le lien vers un pdf de l'article (https://www.sciencedirect.com/science/a ... 8320303443) qu'il utilise pour supporter ses propos est disponible dans l'interview.
Je reviens sur cet article que j'ai trouvé suffisamment intéressant et important pour le lire en détail, puis chercher l'avis du Responsable d'un Groupe Local de shifters motivé par la question du mix énergétique (noté RGL ci-dessous). Sa connaissance du sujet a donné lieu à des réponses qu'il m'a semblé intéressant de vous soumettre (plus particulièrement vous et inso en raison de votre connaissance du sujet).
RGL a écrit :Quelques éléments (bien qu’il n’y ait pas grand chose à tirer de ce type de débats…)
Quirion a écrit :Il est absurde de séparer l’éolien et le solaire dans les calculs comme Jean-Marc Jancovici le fait.
RGL a écrit :Le cas hivernal critique n'a ni vent ni ensoleillement sur une période de plusieurs jours ou plus: pas moyen de jouer sur la complémentarité. Bien entendu, faire une étude séparée n’est pas optimal, ça s’appelle un calcul au premier ordre, revendiqué.
Quirion a écrit :JMJ suppose qu’il faut stocker toute l’électricité produite par les renouvelables.
RGL a écrit :C'est une caricature d'un raisonnement un peu plus subtil (bien que déjà considéré comme caricatural par JMJ) que voici :
JMJ a écrit :Il faut donc stocker. Les études disponibles montrent que ce qui dimensionne la puissance de stockage (en GW) est essentiellement la puissance de production (la puissance de stockage est donc un pourcentage de la capacité installée en moyens de production, qu’ils soient éoliens ou solaires). Par contre, la capacité de stockage (en GWh, ou en TWh) est elle fonction de la longueur des épisodes de faible vent et/ou soleil.

Pour information, la puissance actuelle de la totalité de stockage en France – via des barrages réversibles qui s’appellent des STEP – est de 5 GW (donc 5% du parc installé), et la capacité de stockage – qui vient de tous les lacs de barrage réunis – est de 3,5 TWh (donc environ 2 jours de consommation).

Nous allons faire l’hypothèse (à nouveau caricaturale, mais cela permet de sentir les ordres de grandeur) que nous souhaitons récupérer tout kWh produit par une éolienne quand il y a du vent, ou tout panneau solaire quand il y a du soleil, et calculer en ordre de grandeur la puissance de stockage et la fraction de l’électricité qui doit faire l’objet d’un stockage.

La puissance appelée au point bas de la nuit par le réseau français peut descendre à 50 GW en hiver, et 30 en été. Si on récupère tout ce qui est produit par le parc au-dessus de ce qui est consommé, cela signifie qu’il faut prévoir une puissance de stockage qui soit capable d’absorber la différence maximale possible entre consommation et production. Avec de l’éolien, la puissance maximale du parc installé est statistiquement de 70% de la puissance installée, soit, dans notre calcul, 70% de 240 GW = environ 200 GW [heu... Ya un bug là. 200 GW, ça ferait plutôt un gros 80%]. Si l’on veut récupérer tout ce que le parc produit quand le vent souffle fort une douce nuit d’hiver, il faut donc installer 200-50 ≈ 150 GW de puissance de stockage en ordre de grandeur.

Le même raisonnement, effectué avec un parc 100% solaire, conduirait à dimensionner un stockage pouvant accueillir tout ce qui est produit à midi un Dimanche d’été (puissance 340 GW) moins ce qui est consommé à ce moment là (puissance d'environ 30 GW), soit 300 GW en ordre de grandeur.
Quirion a écrit :Dans un de mes récents articles de recherche, qui construit un modèle avec des hypothèses plus raisonnables, nous trouvons ainsi qu’à l’horizon 2050, le mix électrique optimal pour la France est en majorité renouvelable (Shirizadeh, et al. 2020).
RGL a écrit :Une simulation basée sur des projections de prix en 2050… alors que l’on voit déjà le secteur éolien souffrir très fortement de problématiques de prix imprévues.
Quirion a écrit :L’article de Jean-Marc Jancovici ne mentionne que les stations de transfert d’énergie par pompage (STEP) pour stocker de l’énergie. Il existe d’autres technologies, et il est justement intéressant de les combiner. Certaines ont un coût par unité d’énergie faible comme le power-to-gas.
RGL a écrit :Une autre possibilité mais qui soulève pas mal d’interrogations.
Methanation / Power-to-gaz : Est-ce que ça peut marcher à grande échelle?.
A l’heure actuelle, aucune solution de stockage n’a été développée à l’échelle. Raisonner sur des coûts actuels ou des tendances projetées alors que le système énergétique « à la bonne l’échelle », et ces conséquences économiques, seront très différents est limité.
RGL a écrit :Plus généralement et malheureusement, le domaine de la prospective touche à la limite de l’approche scientifique : une simulation n’est pas la réalité et il n’y a pas à l’heure actuelle de moyen de vérifier automatiquement leurs biais et limitations. Même en passant des semaines à temps plein sur chaque simulation, il n’est pas possible d’arbitrer objectivement.
RGL a écrit :Le fait que les pays gros producteurs EnR n’aient pas mis en place de moyens de stockage qui leur permettraient de gérer leurs problématiques de surproduction déjà existantes suggère que ce n’est pas complètement trivial. A l’inverse, le nucléaire a fonctionné à l’échelle pendant des décennies. Ce sont nos points de données à partir desquels nous ne pouvons que faire des hypothèses pour extrapoler.
RGL a écrit :@ABC sinon il me semble que ce point de vue sur l’optimalité financière d’un systeme tout EnR diffère de celui de RTE (paru un peu plus tard je pense, mais je n’ai pas la date du blog).

Avatar de l’utilisateur
Inso
Messages : 4227
Inscription : 11 mai 2013, 22:00

Re: Réchauffement climatique

#697

Message par Inso » 16 janv. 2024, 08:53

RGL a écrit :Quelques éléments (bien qu’il n’y ait pas grand chose à tirer de ce type de débats…)
Ça commence bien. :a5:
Il est absurde de séparer l’éolien et le solaire dans les calculs comme Jean-Marc Jancovici le fait.
Le cas hivernal critique n'a ni vent ni ensoleillement sur une période de plusieurs jours ou plus: pas moyen de jouer sur la complémentarité. Bien entendu, faire une étude séparée n’est pas optimal, ça s’appelle un calcul au premier ordre, revendiqué.
1- Les cas de plusieurs jours sans solaire ni éolien sont assez rares (et quasi inexistants à l'échelle régionale européenne). C'est dommage (et erroné) d'en faire une généralité dans une étude ne faisant que du "1er ordre".
2 - Faire des scénarii avec une seul énergie fausse complètement l'architecture énergétique et donc les coûts et impacts. Mais si c'est revendiqué :hausse:
3 - Ne pas prendre en compte l'existant (hydro, th. ren., flexibilité des consommations...) même sommairement rend les résultats plutôt irréalistes.

JMJ suppose qu’il faut stocker toute l’électricité produite par les renouvelables.
C'est une caricature d'un raisonnement un peu plus subtil (bien que déjà considéré comme caricatural par JMJ) que voici :
Je n'ai rien vu de plus subtil dans l'explication, mais bon, je ne suis pas une référence dans ce domaine.
JMJ fait ici une erreur conceptuelle importante : il considère que les capacités de stockage doivent correspondre aux capacités (max) de production, alors que dans la réalité elles correspondent à la gestion des pics de consommation par rapport à la production disponible à ces moments.
De ce fait, il faudrait les appliquer à l'ensemble de la production et non pas à une source particulière (même si il faut moduler en fonction du mix car certaines sources en induisent davantage).
- Les STEP existaient bien avant l'apparition des EnR (Eolien et PV). Pourquoi ?
- Pendant l'hiver 2022/23, le nucléaire a été pas mal intermittent (maintenance, toussa...), il aurait bien eu besoin de capacité de stockage, non ?
- Dans le cas d'habitat isolé (fermes en montagne), la batterie est dimensionnée par rapport aux consommations prévues et les panneaux solaires sont dimensionnés pour pouvoir charger les batteries. Jamais le contraire.
- C'est la seule étude (à ma connaissance) qui propose de tout stocker. Dans la plupart des études, pour un mix sans fossiles et sans nucléaire (ex Australie) les capacités de stockage nécessaires sont estimées à 15-20% de la production moyenne. Sacrée différence.

Pour mémoire : Si les hypothèses sont caricaturales, en général les résultats le sont aussi.

Note : Pour les énergies consommant de la matière (fossiles, nucléaire) il est bien évidemment important de ne pas gâcher la production. Pour les EnR ne consommant pas de matière (PV, Eolien), débrancher une production n'a aucun impact (sinon de ne pouvoir vendre le surplus, mais il ne coute pas cher en cas de surproduction). Et il revient bien moins cher de débrancher quelques panneaux ou éoliennes que d'installer du stockage en plus.
Accessoirement, tout stocker implique que pas mal de stockages ne seront que rarement déchargés. Très mauvaise utilisation de moyens couteux.

L’article de Jean-Marc Jancovici ne mentionne que les stations de transfert d’énergie par pompage (STEP) pour stocker de l’énergie. Il existe d’autres technologies, et il est justement intéressant de les combiner. Certaines ont un coût par unité d’énergie faible comme le power-to-gas.
Une autre possibilité mais qui soulève pas mal d’interrogations.
Methanation / Power-to-gaz : Est-ce que ça peut marcher à grande échelle?.
A l’heure actuelle, aucune solution de stockage n’a été développée à l’échelle. Raisonner sur des coûts actuels ou des tendances projetées alors que le système énergétique « à la bonne l’échelle », et ces conséquences économiques, seront très différents est limité.
Mais ça ne gène pas à l'étude de proposer un 100% stockage par STEP alors qu'il sait bien que ce sera physiquement impossible (on ne va pas inonder chaque vallon en France, non ?).
Il oublie que des systèmes de batteries sont déjà en place à bonne échelle (Australie) et que c'est bien moins cher que les STEP et avec de meilleurs rendements (90% vs 75%) (et bien plus souple géographiquement et donc avec moins de lignes à adapter)
RGL a écrit :Plus généralement et malheureusement, le domaine de la prospective touche à la limite de l’approche scientifique : une simulation n’est pas la réalité et il n’y a pas à l’heure actuelle de moyen de vérifier automatiquement leurs biais et limitations. Même en passant des semaines à temps plein sur chaque simulation, il n’est pas possible d’arbitrer objectivement.
Bottage en touche. Je peux le comprendre, il n'a peut-être pas le temps de détailler pour quelques pinpins sur un forum lambda.


Le fait de faire des hypothèses à une seule source d'énergie a comme travers (voulu ?) d'affecter tous les coûts de stockage à cette seule source.
Le fait de stocker toute la production augmente considérablement les coûts (qu'il suffit alors de "subtilement" affecter à la source choisie).

--> Ce sont donc deux hypothèses artificielles et erronées qui permettent à cette étude de dire que les EnR sont 10x plus chère que le nucléaire. Toutes les autres études (RTE, IEA, Shirizadeh-Quirion, Osmond-Autralia...) donnent des coûts EnR proches de ceux du nucléaires ou plus bas (PV surtout) entre 40 et 70 €/KWh (avec l'éolien offshore et l'hydro qui sont souvent plus chers, sans parler des smr).

En outre, d'autres "approximations" vont toutes dans le sens de défavoriser les EnR et/ou de donner les chiffres incohérents :
Le fait de ne pas prendre en compte les autres sources décarbonées (hydro, thermique) existantes élimine des capacités de pilotage et l'équilibrage liés au mix énergétique et fausse les besoins en puissance installée.
Le fait de ne pas prendre en compte les capacités de répartition / effacement / flexibilité de consommation existantes (cf ce post) fausse encore davantage les résultats.
Le fait de ne pas prendre en compte les échanges internationaux (source importante d'équilibrage contrairement à ce que dit l'étude) fausse encore plus les choses.

Je comprend bien qu'il s'agit de calcul "de premiers ordres", mais mettre de coté autant d'éléments importants du système de production électrique impactant autant l'architecture et les coûts dudit système dénote soit de l'incompétence soit de la malhonnêteté un parti pris très fort.
Et je ne pense pas du tout que les auteurs de l'étude soient incompétents.

Pour le dire autrement, une étude d'ingénieur (car s'en est une) simplifie un certain nombre d'hypothèses. c'est normal. Mais à ce moment, elle doit appliquer des coefficients d'incertitude raisonnables et vérifier, même approximativement, qu'ils tiennent la route. Si ils ne tiennent pas la route et que les augmenter devient déraisonnable, il faut trouver d'autre systèmes compensateurs qui prennent en charge les cas dépassant les coefficients. Et là, cette étude applique un coefficient déraisonnable de 100% (le stockage) et ne prend en compte aucun des systèmes (flexibilité, sources pilotables...) compensateurs qui sont de plus existants et facilement chiffrables !
Thunderbolt and lightning very, very frightening me (Galileo)

thewild
Messages : 3301
Inscription : 09 août 2016, 16:43

Re: Réchauffement climatique

#698

Message par thewild » 16 janv. 2024, 10:05

Inso a écrit : 16 janv. 2024, 08:53 JMJ fait ici une erreur conceptuelle importante : il considère que les capacités de stockage doivent correspondre aux capacités (max) de production, alors que dans la réalité elles correspondent à la gestion des pics de consommation par rapport à la production disponible à ces moments.
Ce n'est pas ce qu'il dit.
Il dit que la puissance de stockage (en W donc) est une fraction de la puissance de production.
Et il dit que la capacité de stockage (l'énergie, en Wh donc) est fonction de la durée pendant laquelle ce stockage est utilisé.
Je ne vois pas de problème ici.

L'idée de faire un calcul au premier ordre pour avoir des ordres de grandeur a du sens.
Ca a ses limites évidemment, et donc il ne faut pas en tirer de conclusions qui seraient hors cadre.

- Les STEP existaient bien avant l'apparition des EnR (Eolien et PV). Pourquoi ?
Pour stocker la surproduction ou compenser la sous-production ponctuelles des centrales nucléaires qui, même si elles sont utilisées en réglage primaire, ont des vitesses de montée ou descente de charge limitées.
Une centrale nucléaire se pilote, on ne peut pas faire n'importe quoi. Faire trop de variations de charge fatigue le réacteur, c'est donc très intéressant techniquement et financièrement de lisser ces variations.
La problématique n'est pas la même avec un mix important d'énergie intermittente où il s'agit de stocker de l'énergie qu'on ne pourra pas produire plus tard.

Tu parles du stockage par batterie, mais il a aussi ses problèmes, notamment l'occupation des sols. Ils en parlent dans cette étude.
Evidemment, en Australie c'est plus facile d'installer des champs de containers à perte de vue que n'importe où en Europe.
Ils estiment que pour stocker 1TWh il faudrait 1 million de containers, ce n'est pas rien...
Dernière modification par thewild le 16 janv. 2024, 13:33, modifié 1 fois.
"Assurons nous bien du fait, avant de nous inquiéter de la cause." Bernard Le Bouyer de Fontenelle

"Plus un fait est extraordinaire, plus il a besoin d'être appuyé de fortes preuves." Pierre Simon Laplace

Akine
Messages : 242
Inscription : 25 janv. 2017, 19:48

Re: Réchauffement climatique

#699

Message par Akine » 16 janv. 2024, 10:23

Inso a écrit : 16 janv. 2024, 08:53 Le fait de ne pas prendre en compte les autres sources décarbonées (hydro, thermique) existantes élimine des capacités de pilotage et l'équilibrage liés au mix énergétique et fausse les besoins en puissance installée.
Le fait de ne pas prendre en compte les capacités de répartition / effacement / flexibilité de consommation existantes (cf ce post) fausse encore davantage les résultats.
Le fait de ne pas prendre en compte les échanges internationaux (source importante d'équilibrage contrairement à ce que dit l'étude) fausse encore plus les choses.
Merci pour l'analyse critique, j'apprécie tes efforts de recherche.
J'ajouterais simplement que les coûts évalués par JMJ le sont dans un cadre 100% renouvelable, et qu'il se sert ensuite de ses conclusions pour défendre un scénario 100% nucléaire (en suggérant donc que les coûts calculés dans ces situations extrêmes pour chaque énergie correspondent aux coûts marginaux d'équipement dans la situation actuelle, ce qui n'est pas une évidence).
Pour le reste (en particulier le stockage à 100%), je suis d'accord avec ce que tu écris et j'en fais la même interprétation.

Flypat1
Messages : 146
Inscription : 04 août 2020, 11:28

Re: Réchauffement climatique

#700

Message par Flypat1 » 16 janv. 2024, 12:50

Akine a écrit : 16 janv. 2024, 10:23
Inso a écrit : 16 janv. 2024, 08:53 Le fait de ne pas prendre en compte les autres sources décarbonées (hydro, thermique) existantes élimine des capacités de pilotage et l'équilibrage liés au mix énergétique et fausse les besoins en puissance installée.
Le fait de ne pas prendre en compte les capacités de répartition / effacement / flexibilité de consommation existantes (cf ce post) fausse encore davantage les résultats.
Le fait de ne pas prendre en compte les échanges internationaux (source importante d'équilibrage contrairement à ce que dit l'étude) fausse encore plus les choses.
Merci pour l'analyse critique, j'apprécie tes efforts de recherche.
J'ajouterais simplement que les coûts évalués par JMJ le sont dans un cadre 100% renouvelable, et qu'il se sert ensuite de ses conclusions pour défendre un scénario 100% nucléaire (en suggérant donc que les coûts calculés dans ces situations extrêmes pour chaque énergie correspondent aux coûts marginaux d'équipement dans la situation actuelle, ce qui n'est pas une évidence).
Pour le reste (en particulier le stockage à 100%), je suis d'accord avec ce que tu écris et j'en fais la même interprétation.
J'ai suivi toutes les conférences de JMJ sur Youtube (plus les interviews et interventions diverses) et je ne l'ai jamais entendu défendre un scénario 100% nucléaire. Il dit que le nucléaire doit principalement servir de parachute pour amortir la chute.

Répondre

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit