Salut Alain,
Après avoir fait quelques recherches j'ai tenté de reconstruire le déroulement exact des événements lors de l'incident de Roswell. C'était pas facile, le rapport officiel se contentant de résumer grossièrement les faits en renvoyant à des dizaines de documents en annexe qui, eux, contiennent les informations importantes. J'ai été obligé de lire, et souvent relire, en détail, les 998 pages du rapport officiel et plusieurs autres sources.
D'abord il importe de savoir exactement ce qui a été lancé (ou non) le 4 juin depuis la base d'Alamogordo, et quelles étaient les similitudes et les différences entre ces ballons et les ballons météo classiques.
Début juin 1947, l'équipe de la NYU dirigée par
Albert P. Crary et
Charles B. Moore lance quelques ballons test depuis la base d'Alamogordo. Ces essais (vols numéros 3 et 4) ne sont pas indiqué dans les rapports officiels du projet Mogul (ce qui explique que certains ufologues contestent leur existence) mais sont renseignés par le journal de Crary et les souvenirs de Moore. Ils ont bien eu lieu, le 4 juin pour le vol 4. Il ne s'agissait pas de vrais trains de ballons Mogul, car le temps du 4 juin n'était pas favorable. C'étaient seulement des tests pour les radars, car sans radiosonde il était difficile de détecter les ballons. Les premiers essais avec une seule cible radar n'avaient pas fonctionné. Ils ont donc tenté ce jour là d'envoyer des clusters de quelques ballons avec 3 à 5 cibles radar et un sonobuoy. Les ballons ont ensuite été perdus.
Voilà un croquis de C.B. Moore montre en gros comment étaient conçus ces vols :
Et voilà à quoi ressemble un ballon météo normal :
D'après le journal de Crary, les vols du 4 juin emportaient aussi un sonobuoy, c'est à dire ceci (ça mesure dans les 65 cm). Par d'autres sources on sait que c'était un sonobuoy AN/CRT-1 :
Il est aussi possible (sans certitude) que les ballons aient été équipés d'appareils de télémétrie.
Creusons plus en détail le sujet des ballons.
Début juin, l'équipe de la NYU utilisait des ballons météorologiques standard en néoprène. D'après C.B. Moore, il y avait à cette époque principalement deux types de ballons : ceux construits par Kaysam et ceux de Dewey & Olney. Ils n'étaient pas fabriqués de la même façon, leur apparence différait ainsi que la façon dont ils réagissaient en se décolorant quand ils étaient exposés au soleil. A Alamogordo, on utilisait les ballons de Dewey & Olney. Ceux-ci, une fois exposés trop longtemps au soleil, finissaient par ressembler à un caoutchouc grisâtre.
Passons aux cibles.
Les différentes cibles radar utilisées par l'armée en 1947 : le modèle M307A et le modèle M307B. Toutes conçues en balsa, papier et aluminium. Les ballons Mogul utilisaient le modèle B. D'après Moore ce modèle B n'a jamais été utilisé au nouveau Mexique avant qu'il ne s'en serve dans ses vols Mogul (confirmé par le témoignage de
Trakowski, le chef du projet Mogul, annexe 24 du rapport officiel, p7). Toujours d'après Moore, en 1947 le modèle A n'était pas utilisé non plus, en fait les militaires des bases de l'armée de l'air au Nouveau Mexique ne se servaient pas de cibles radar, car aucune opération militaire à part le projet Mogul ne nécessitait leur utilisation (confirmé par Irving Newton pour la base de Fort Worth). Même le modèle A était sans doute inconnu de la plupart des militaires. Les cibles radar A ont été utilisées pour la première et dernière fois par l'armée au Nouveau Mexique en 1945 dans le cadre du
Trinity Shot. C'est en 1945 qu'ont été commandés, pour les bases du nouveau mexique, les radars SCR-584 qui servent à détecter les cibles radar de type M307 - et ces cibles n'ont plus servi ensuite. Pour les détails, tu peux consulter l'interview de Charles Moore, très précise sur ce sujet, page 9 et 10 de l'annexe 23 du rapport officiel.
Quelques extraits :
C.B. Moore a écrit :To my knowledge, there were no radar reflectors in New Mexico in 1947 like the ones we used when the NYU group arrived »
C.B. Moore a écrit :We were doing something that was unorthodox, using targets that, as far as i know, had not been flown before in New Mexico. There's no way that the rancher could have ever seen one. And there's no way that either Major Marcel nor General Ramey or General Ramey's people could have come up with providing a radar to substitute for the real débris. I think there's a very high likelihood that the unusual things we were doing provided this debris.
Ces cibles radar, en plus d'être inconnues au Nouveau-Mexique, avaient une autre particularité inhabituelle, le scotch rose. C'est un détail important. Moore (annexes 21 et 23 du rapport officiel) et Trakowski (annexe 22) s'en souviennent très bien :
Trakowski a écrit :Ed Itsvan, who i believe actually arranged for production for some of the reflectors, actually went to a toy manufacturer in New York city to get some. It was kind of a standing joke. I remember that some of the prototype and preproduction targets had this pink or purplish tape holding the material to the balsa beam. This tape had flowers and other design on it. The reflectors were probably made starting in late 1944 but i do not recall how long the production run was. I do not recall any other specific attributes but they were geometrically and structurally simple.
C.B. Moore a écrit :I have specific recollection of reinforcing tape applied to the seams of the reflectors that had some symbols such as arcs, flowers, circles and diamonds. These were pinkish in color.
C.B. Moore a écrit :I do remember every time i prepared one of these targets for flight, i always wondered why these figures were on the tape. There was always a question of why they were there. When this purplish-pink marking on the debris came up, i imediately remembered this sort of marking.
C.B. Moore a dessiné des croquis de ce scotch rose d'après ses souvenirs. Les voici :
Donc résumons les différences entre un ballon météo et les ballons lancés le 4 juin :
- L'aspect général est différent : trois ballons attachés ensembles avec plusieurs cibles radar, c'est inhabituel.
- Les cibles radar elles-même sont inhabituelles, dans leur forme (modèle B) comme dans leurs matériaux (le scotch rose). De plus, les ballons-sonde classiques ne comportent pas tous des cibles radar. Seuls ceux qui doivent fournir des mesures de la vitesse du vent étaient équipés pour être détectés au radar.
- Il est possible que le ballon en lui-même soit différent de ceux que connaissaient Brazel ou d'autres témoins, puisque il existait différents type de ballons.
- Les ballons lancés depuis Alamogordo étaient équipés d'un sono buoy, ce qui était anormal pour un ballon météo.
- Les ballons lancés depuis Alamogordo n'étaient pas équipés d'une radiosonde, ce qui était anormal pour un ballon météo.
Je crois que j'ai fait le tour là dessus. Les différences entre le ballon et un vrai ballon sonde étaient nombreuses et largement suffisantes pour que tant de gens ne reconnaissent pas l'objet. D'un autre côté les similitudes avec un ballon météo sont aussi suffisantes pour que certaines personnes croient reconnaître un ballon météo.
Passons à l'autre côté de l'affaire, la découverte des débris. En dehors des photographies, la seule description connue datant de 1947 est celle faite par Brazel, quelques jours après la révélation de sa découverte. Sans aucun doute la source la plus fiable. C'était le 9 juillet, dans cet article :
Comment Brazel décrit-il les débris ?
- des bandes de caoutchouc grisâtres provenant d'un ballon
- des feuilles d'aluminium
- un papier très solide
- des baguettes de balsa
- beaucoup de scotch avec des fleurs imprimées
Tout ceci, jusque au détail des fleurs imprimées, correspond exactement aux matériaux des ballons lancés le 4 juin. Par contre cela ne correspond pas du tout – mais vraiment pas – aux matériaux qui devraient constituer un vaisseau spatial.
Bon. Brazel avertit les autorités, et les militaires envoient trois hommes voir le "disque". Quand l'agent Cavitt et le major Marcel (et un certain Rickett) arrivent dans le champ, le 7 juillet, ils récupèrent le reste des débris. Le témoignage de Cavitt confirme celui de Brazel, avec un détail supplémentaire : il trouve une sorte de boite, et suppose qu'il s'agit d'une radiosonde, puisque il a immédiatement reconnu là les débris d'un ballon-sonde (il se trompait, la boite était probablement soit le sonobuoy, soit des instruments de télémétrie). Marcel est le seul à voir de mystérieux hiéroglyphes. Il rentre tout excité chez lui (emportant quelques débris), persuadé d'avoir trouve un disque volant, tandis que Cavitt de son côté, ne fait même pas de rapport, considérant qu'un ballon-sonde qui s'écrase dans un champ est un non-événement qui ne mérite pas d'être mentionné.
Autre contradiction entre Marcel et Cavitt : Marcel prétend que la zone des débris était très étendue. Cavitt dit qu'elle était très réduite.
Concernant la solidité des débris. Cavitt ne se souvient pas avoir vu Marcel essayer de casser ou de brûler les débris. Sa femme par contre (interviewée en même temps, dans le rapport officiel) se souvient qu'un soir, lors d'un barbecue, Marcel a plongé une baguette dans le feu, puis l'a retirée, et elle n'avait pas brûlé. Le professeur Moore explique cette caractéristique ainsi :
C.B. Moore a écrit :I think some of the Balsa wood was dipped in something like elmer's glue, and as a result had some sort of a glue coating on it which would make it somewhat resistant to burning.
Quant au caractère extrêmement solide des matériaux, allégué par Marcel qui aurait tapé dessus avec un marteau et affirmait que, même si ça ressemblait à du balsa et de l'aluminium, ça ne pouvait pas en être car c'était trop solide, on peut l'expliquer par deux choses :
- Le balsa peut avoir différentes densités. Certains types de balsa sont très solides.
- Marcel exagère.
La tendance de Marcel à l'exagération est mentionnée par Cavitt, qui fut l'un de ses meilleurs amis. Elle est aussi notée dans son dossier militaire (selon
cet article de Karl Korff). Toujours selon Korff, Marcel était un grand menteur qui n'a cessé de faire avaler des bobards aux ufologues. Par exemple il fait croire à Friedman qu'il a piloté lui-même l'avion qui a transporté les débris de Roswell à Fort Worth, et qu'en plus il a abattu, durant la guerre, 5 avions ennemis. En réalité, Marcel ne sait pas piloter... Il affirme aussi avoir divers diplômes obtenus dans plusieurs universités... alors qu'il n'en a aucun. Bref, dans cette histoire, Jesse Marcel est le témoin le moins crédible qu'on puisse imaginer.
Bon. Revenons aux faits. Le soir du 7 juillet, les débris sont ramenés à Roswell. Le
colonel Blanchard envoie son communiqué à la presse, révélant la découverte d'un disque volant. Le lendemain, le
général Ramey demande à ce qu'on lui fasse parvenir les débris à Fort Worth. Le major Marcel accompagne le vol.
A Fort Worth, le général DuBose observe les débris dès la descente de l'avion et constate que ce sont des saletés sans valeur. Le général Ramey observe les débris et pense qu'il s'agit d'équipement météorologique. La presse est convoquée. Voilà quelques photos bien connues prises en cet instant historique :
Je suis sûr que tout le monde peut reconnaître sur ces photos des matériaux extraterrestres indestructibles.
Alors que les photographes sont là devant les débris, le général Ramey appelle son officier météo, Irving Newton, pour qu'il donne son avis. Dès qu'il voit les débris, Newton rigole en demandant si c'est vraiment ça, leur soucoupe volante (on le comprend, oh oui). Pour lui il était clair qu'il s'agissait d'un ballon météo et de cibles radar. Il en avait très souvent vu avant... mais pas à Fort Worth (ce qui explique que les autres militaires de la base n'aient pas reconnu si facilement les débris) :
Irving Newton a écrit :We did not use them at Fort Worth. However, I was familiar with them because we used them and their products on various projects in which I was involved. These were used mostly on special projects and overseas.
Voici maintenant l'origine du mythe des « hiéroglyphes ». Pendant que Newton examinait les débris, Marcel essayait de le convaincre que certaines inscriptions sur les baguettes des cibles étaient d'origine étrangère. Pour Newton, ce n'étaient que des imprimés sans signification :
Irving Newton a écrit :While I was examining the debris, Major Marcel was picking up pieces of the target sticks and trying to convince me that some notations on the sticks were alien writings. There were figures on the sticks lavender or pink in color, appeared to be weather faded markings with no rhyme or reason. He did not convince me these were alien writings. I was convinced at the time this was a balloon with a RAWIN target and I remain convinced.
Autrement dit, encore Marcel et ses déformations. Il essaie de faire passer un scotch rose à motifs pour une écriture étrangère. Cet épisode a un autre intérêt : il tend à prouver que les débris examinés par Newton étaient bien ceux trouvés dans le champ de Brazel, si facilement identifiables grâce à ce scotch rose à motifs, typique des cibles utilisées par l'équipe du professeur Moore. C'est assez important puisque devant le ridicule de ces photos qui ne montrent évidemment rien d'extraterrestre, certains ufologues ont prétendu que pour la séance de photos, il y a eu une substitution des vrais débris avec des débris de ballon sonde.
Pour bien d'autres raisons, la théorie de la substitution des débris à Fort Worth ne tient pas une seconde. Le général DuBose, qui a vu les débris dès leur sortie d'avion, a aussi certifié qu'il n'y avait pas eu substitution. Même Jesse Marcel le confirme : sur les photos où il apparaît, ce sont les débris ramassés dans le champ de Brazel.
D'après Lagrange, l'ufologue R. Todd avance un autre argument contre la thèse de la substitution : étant donné que les débris de la photo sont ceux d'un ballon Mogul, que le projet Mogul est top secret et que les militaires de fort worth n'en ont jamais entendu parler, il est impossible qu'ils aient pu avoir sous la main des débris de ballon mogul a substituer avec les débris de la véritable soucoupe. S'il y avait eu substitution, ils auraient utilisé un ballon sonde et des cibles radar normales. Donc les débris sur la photo sont bien les débris originaux.
L'idée d'une substitution (je me base sur Lagrange et sur le rapport officiel) a été émise par des ufologues en « corrigeant » le témoignage de Marcel qui, dans l'hypothèse où les débris auraient été ceux d'une soucoupe, n'aurait pas pu affirmer sérieusement que ce qu'on voyait sur la photo étaient les débris d'une soucoupe puisque il était évident que c'étaient ceux d'un ballon-sonde !!! Je suppose que tu vois la terrible perversion logique : on part du principe que l'hypothèse la plus improbable est vraie, et on récrit les témoignages en fonction. On croit sur parole tout ce qui est cohérent avec l'hypothèse « soucoupe », y compris les témoins les moins crédibles ; on conteste tout le reste, y compris les témoins les plus crédibles. D'ailleurs, parmi les personnes interviewés par les ufologues depuis 1978, tous ceux qui ont affirmé qu'il ne s'agissait que d'un ballon (Moore, Newton, Cavitt, Gildenberg) se sont plaints de voir leurs témoignages déformés ou ignorés, ou de s'être fait traités de menteurs et de membres du complot. Voilà la méthode ufologique dans l'affaire Roswell. C'est pire que tout ce que j'imaginais. La négation de la réalité à une échelle incroyable, pour des gens qui prétendent enquêter, c'est terrible.
Maintenant, étant donné que :
a) Les débris sur la photo sont ceux du crash,
b) les débris sur les photos sont bien ceux d'un ballon (et ils n'ont visiblement rien d'extra-terrestres),
c) Trakowski comme Moore ont confirmé, en regardant la photo, qu'il s'agissait bien des débris de leurs ballons
d) Marcel affirme, devant la même photo, que ce sont bien les débris originaux et qu'il s'agit d'une soucoupe,
Il n'existe qu'une seule hypothèse valable : Marcel avait de la merde dans les yeux, il a confondu les débris d'un ballon avec ceux d'une soucoupe. Tout comme il a confondu un scotch rose à fleurs avec une bande de matériaux indestructible recouverte de hiéroglyphes étranges.
Mais passons sur cet accablant constat.
Revenons plutôt à la séance de photos à Fort Worth. Même s'il n'y a pas eu substitution, quelques témoignages (DuBose, Marcel), indiquent un détail important : tous les débris n'apparaissent pas sur les photos officielles. DuBose affirme même que la version officielle (ballon-sonde) est une couverture. Certains des débris les plus inhabituels auraient été retirés avant la conférence de presse, donc avant que Irving Newton n'ait vu les débris et donné son avis d'expert, ce qui explique sans doute que l'explication « ballon-sonde » lui ait semblé si évidente, car les débris qui étaient les moins compatibles avec cette explication ne lui ont pas été montrés. On peut imaginer (c'est mon hypothèse) une manoeuvre volontaire de la part du général Ramey : il reçoit des débris qui ressemblent à un ballon sonde accompagné de matériel bizarre. Il décide de ne montrer à la presse que les débris du ballon et des cibles radar. Il appelle alors son expert en météorologie pour qu'il confirme sincèrement, devant les journalistes, qu'il n'y a là qu'un ballon sonde. Et en douce, il envoie le reste des débris à Wright Fields pour analyse.
Il y a une zone d'ombre ici, on ne sait pas exactement ce qui s'est passé. Certains ufologues affirment qu'une partie des débris aurait été envoyé à Wright Fields, d'autres pensent que c'est à la base d'Andrews. En tout cas cela semble logique, car si parmi les débris on trouvait un sonobuoy ou d'autres appareils incompatibles avec l'hypothèse « ballon sonde », forcément Ramey a dû vouloir en savoir plus.
Une confirmation de cette hypothèse vient du
colonel Trakowski (directeur du projet Mogul), qui a reçu le 8 ou 9 juillet un coup de téléphone du
Colonel Duffy, de Wright Field. Le colonel Duffy était très compétent en électronique, en météorologie (diplômé du MIT en météorologie) et aussi très impliqué dans le projet Mogul. Il voulait juste l'avertir qu'il avait reçu des débris qui à son avis provenaient d'un des vols de ballons lancé d'Alamogordo. Il décrivit les débris à Trakowski, qui confirma qu'il s'agissait bien de son matériel.
A. Trakowski a écrit :The Roswell incident occurred after we had returned to Red Bank (Watson lab) NJ. I became aware of this only after Col Duffy called me from Wright Field from his home. This was just an intentionnal call, he just wanted to let me know that someone had come to him with some debris from New Mexico and he said, « this sure looked like some of the stuff that you launched from Alamogordo ». Duffy was very familiar with the various apparatus and materials for the project, so if he said it was debris from the project, i'm sure that's what it was. »
Par ailleurs, comme on l'a vu plus haut, le ballon lancé le 4 juin à Alamogordo emmenait aussi un sonabuoy AN/CRT-1. L'objet en lui-même n'était pas classifié, mais son association avec un ballon pouvait constituer une violation de la sécurité du projet. Selon les ufologues Randall & Schmitt, un objet décrit comme un « thermos géant » aurait été transporté de Fort Worth à Wright Field. Cette description correspond à l'apparence d'un sonobuoy AN/CRT-1, comme le prouve la photo du sonobuoy au début de ce message (souvenez vous, c'était il n'y a pas si longtemps).
Donc le général Ramey aurait bien envoyé à Wright Field une partie des débris de Roswell. Sans doute ce sonobuoy AN/CRT-1 qui paraissait totalement déplacé sur un ballon météorologique.
Selon d'autres ufologues, Ramey aurait aussi envoyé des débris à la base d'Andrews. Ce qui est parfaitement normal étant donné que la base d'Andrews était le quartier général des services météorologiques de l'armée : si quelqu'un pouvait identifier à coup sûr les débris, c'étaient eux. Cette histoire aussi est crédible puisque le
général Yates, qui commandait le service météorologique de la base d'Andrews, s'est exprimé sur le crash de Roswell dans divers journaux dès le 9 juillet.
Une tentative pour couvrir le projet Mogul semble s'être mise en marche ce 9 juillet, maintenant que plusieurs autorités étaient au courant de la nature véritable des débris. Dès le 10 juillet la base d'Alamogordo faisait parvenir à la presse, à l'insu du professeur Moore et du colonel Trakowski, des photos d'une partie de l'équipement attaché aux ballons mogul, et des photos des trains de ballons lancés par Moore, en indiquant qu'il s'agissait de ce matériel qui s'était crashé à Roswell. Bref l'affaire de Roswell était débunkée entièrement deux jours après l'annonce de la découverte de la soucoupe...
Evidemment, ni le nom du projet ni ses véritables objectifs ne furent révélés. Tout fut présenté comme de simples recherches météorologiques, ce qui avait toujours été la couverture officielle du projet mogul. Bien des employés qui travaillaient sur le projet croyaient faire seulement des recherches météorologiques. Les principaux scientifiques du projet (Moore, Spilhaus et Schneider) ont même publié une partie des résultats de leurs tests de ballons faits à Alamogordo dans le
Journal of Meteorology en 1948, dans un article intitulé
Controlled altitude free-ballons. Evidemment ils ne parlent que de la partie non-classifiée de leurs recherches.
Ici un article du 10 juillet révélant le lien entre les vols lancés d'Alamogordo et les débris trouvés au ranch Brazel (malheureusement illisible même avant que je ne l'aie transformé en jpg) :
Je suis vraiment très fatigué. Je reviendrais un autre jour pour la suite, parce que l'histoire des dummies est aussi amusante que celle du scotch rose.
Et puis il y a la tendance des ufologues à multiplier les sites de crash de la soucoupe, marrant aussi.