Jean-Francois a écrit : 05 juin 2024, 14:31 Se contenter de penser - c'est-à-dire sans relier la pensée à l'observation rigoureuse - n'apporte pas de connaissances véritables.
Si cela va sans le dire, cela ira encore mieux en le disant...
...voir même en le répétant (par exemple aux réinventeurs de la Relativité Restreinte ou du mouvement perpétuel).
Jean-Francois a écrit : 05 juin 2024, 14:31Toutefois, l'observation scientifique du monde a appris quelque chose: si Dieu existe, il n'est foutrement pas logique

Et, en même temps, notre logique nous conduit à un principe d'économie (la chasse aux redondances car elles coutent cher et ne rapportent rien) diablement mal adapté à un objectif de résilience.
Redondance, non linéarité, désordre, résilience et capacité d'adaptation
Si demain, un gros orage électromagnétique détruit toutes nos installations électriques sur la planète, on est pas mal en galère. A l'inverse, si je donne un coup de pied dans une fourmilière, elle reste encore en capacité de survivre. La redondance (et la diversité) c'est pas mal de ce point de vue. Un autre point est générateur d'optimisations plus efficaces : l'exploitation de la non linéarité, du hasard, du désordre. Ca permet de sortir des cuvettes locales quand on fait de l'optimisation (cf.
Optimisation et algorithmes génétiques).
Est-on sûr que les parties (majoritaires à ce que j'ai cru comprendre) de l'ADN qui ne servent à rien (semble-t-il) ne seraient pas utiles pour s'adapter à une variété de situations et d'environnements autres que celui qui nous est familier ? N'y aurait-il pas là dedans de l'expérience accumulée dans des situations où la vie aurait émergé ailleurs que sur notre minuscule petite planète (1).
Personnellement, je ne comprends pas cette organisation (l'ARN) qui semble sortie de nulle part, même si c'est, à certains égards, de façon désorganisée, (presque) parfaitement incompréhensible et totalement illogique (selon nos critères).
Les urnes d'Erhenfest
Pour illustrer mon incompréhension, je cite une image :
les urnes d'Erhenfest (2)
On a 2 urnes. Au départ, l'une 1 est remplie de 100 billes. L'autre urne, l'urne 2, est vide. On numérote les billes de 1 à 100. On procède à un tirage au hasard. Chaque fois que l'on tire un numéro, on change d'urne la bille porteuse de ce numéro. Au 1er tirage, forcément, on envoie une des billes dans l'urne vide et il en reste 99 dans l'urne initialement pleine. On recommence. Comme on a 99% de chance que le numéro soit dans l'urne pleine, 99 fois sur 100 une 2ème bille est transférée de l'urne1 dans l'urne2. Au tirage suivant, on a encore une probabilité bien plus forte que le tirage transfère une bille de l'urne 1 (remplie de 98 billes) vers l'urne 2 (qui n'en a que 2). Au bout de 147 titages en moyenne on a, simplement par les "lois du hasard", le même nombre de billes dans les 2 urnes...
Le théorème de récurence de Poincaré
...et là, de façon analogue au théorème de récurrence de Poincaré, si on continue suffisamment longtemps, il arrivera un moment où toutes les billes seront à nouveau dans l'urne1, une situation "merveilleusement organisée" (3) : toutes les billes à nouveau d'un même côté.
Toutefois, c'est combien "assez longtemps" ? Dans notre cas, au rythme d'un tirage par seconde, le calcul donne (une moyenne de) 2930 millards de fois la durée de vie présumée de l'univers...
...pour obtenir quoi comme "magnifique" organisation ? 100 billes toutes d'un même côté. Bof ! Bon, ben ça fait quand même beaucoup de temps pour une organisation que je ne trouve pas franchement très impressionnante, beaucoup moins en tout cas qu'une molécule d'ARN.
Peut-on comprendre quelque chose à l'existence même de l'ARN ?
Doit-on, au contraire, accepter que l'on se trouve face à une montagne dont le sommet nous est inaccessible ?
Bref, lois de la nature, hasard, maladresses de construction, redondances sans intérêt évident, on peut me dire ce qu'on veut, cette organisation me laisse sans voix et sans hypothèse accessible à ma compréhension (et je ne pense pas être le seul à ne pas comprendre).
S'agit-il d'un "raisonnement" ou du souhait de prouver quelque chose ? Non ! Prouver quoi ? On peut prouver quoi quand on se trouve face à quelque chose que l'on ne comprend pas du tout, quelque chose qui nous dépasse ? Il s'agit juste du sentiment qu'on éprouve face à une organisation très complexe, bourrée d'informations, dont certaines nous semblent cependant "compréhensibles" (faut le dire vite quand même) du point de vue des fonctions qui sont rendues possibles, une organisation qui semble émerger d'à peu près nulle part.
(1) Nous supposons souvent être l'
unique berceau de la vie, à mon sens parce que nous ignorons les mécanismes qui ont pu favoriser son émergence. Du coup, l'émergence de la vie nous apparait comme
hautement improbable, comme le résultat d'une incroyable accumulation de coïncidences et de hasards tous plus impropables les uns que les autres (un peu comme un commissaire, constatant une foule de coincidences bizarres dans une enquête, mais se refusant à y voir autre chose qu'une série de hasards faute de trouver une explication reliant ces coïncidences). Le respect du
principe d'Occam suffit-il à donner une forte crédibilité à cette hypothèse anthropocentrique
par défaut d'une meilleure ?
(2) Cette
métaphore de Paul et Tatiana Ehrenfest (1907) a servi à illustrer l'
irréversibilité de l'évolution d'un gaz enfermé dans l'un des 2 compartiments d'un conteneur, séparé en 2 par une cloison étanche, quand on fait tourner cette paroi étanche pour laisser au gaz la liberté de remplir l'autre compartiment...
...et à montrer, pourquoi le théorème de récurrence de Poincaré ne se manifeste jamais en pratique. Ce théorème prédit le retour spontané, aussi près que souhaité d'un état initial de déséquilibre, si on attend suffisamment longtemps, pour un système physique régi par une évolution hamiltonienne et possédant un domaine d'évolution spatialement bormé.
Le théorème de Récurrence de Poincaré est la base de
l'objection de Zermelo à l'encontre du
théorème H de Boltzmann, reposant sur
l'équation de Boltzmann, montrant que (en fait statistiquement mais avec une proba quasiment égale à 1) qu'un système isolé évolue systématiquement dans le sens de la croissance de son entropie, cad évolue vers des états macroscopiques de plus en plus probables, cad encore vers des états macroscopiques comprenant de plus en plus d'états microscopiques (peu discernables du point de vue des
grandeurs pertinentes à notre échelle macroscopique d'action et d'observation)
(3) Cela image une
situation d'entropie minimale. Dans cette métaphore, quand toutes les billes sont dans l'urne 1, l'"état macroscopique" de l'ensemble des billes "ne possède qu'un seul état microscopique". Quand le système des 2 urnes est dans cet "état macroscopique", métaphoriquement, l'observateur macroscopique "sait tout" de l'état microscopique.
Les guillements sont toutefois là pour signaler qu'il ne s'agit que d'une métaphore grossière. Il ne faut quand même pas lui en demander trop, même si elle est quand même très utile pour illustrer l'irréversibilité naturelle des évolutions (malgré la réversibilité des lois de la physique) ainsi que l'impossibilité statistique d'observer une récurrence de Poincaré dans un cas concret.