ABC a écrit : 18 juin 2024, 16:14I wasn't worried about climate change. Now I am."The problem is not that we miss a technological solution. The problem is that we can't agree the solutions we have."
On a le choix, humainement impossible, de continuer dans la voie actuelle et laisser la nature et les conflits très violents qui en résulteront gérer le problème ou le choix, humainement impossible lui aussi, de tenter de réduire un peu, moyennement (ou beaucoup) toutes les conséquences des modes de production et de consommation actuels de notre société mondiale.Inso a écrit : 19 juin 2024, 20:07Le problème est que les solutions existent mais sont bien trop radicales pour être consensuelles. Arrêter les émissions de CO2 ? Techniquement possible, politiquement et humainement impossible.
Ca rappelle que, dans les pays dont les gouvernants sont élus, le pouvoir de décision n'est que très partiellement entre les mains des gouvernants. Qui plus est, les gouvernants eux-mêmes sont (souvent) préférés s'ils proposent les mesures simples à comprendre, d'apparence bénéfiques, donc d'effet visible à court terme, quitte à engendrer des nuisances ultérieures difficiles à prévoir si l'on a pas la vision globale et les connaissances nécessaires ou si de très fortes convictions (ou une propagande habile, nous poussant dans le sens dans lequel nous avons envie de tomber) en favorisent le déni.Inso a écrit : 19 juin 2024, 20:07Autre gros problème, aucun régime politique n'acceptera de se suicider pour mettre ne place des règles drastiques (qui ne seront évidemment pas suivies par les gouvernements les remplaçant).
Exemple : le plafonnement des prix des énergies et la réduction des taxes sur les produits pétroliers (proposée par au moins un parti politique en France) est, n'est-ce pas, une excellente idée. Ce serait dommage de ne pas favoriser la mise en place de cette proposition bénéfique tant à la réduction des émissions de CO2 qu'aux finances publiques (17 Mds d'euros). C'est courageux politiquement, mais risqué, de se positionner ainsi à contre-courant des attentes des électeurs.
Thierry Brugvin a écrit :Quote=ABCTous ces changements n’ont aucun sens si les attitudes, les motivations profondes des êtres humains ne changent pas.
Oui, bien sûr. Je me suis contenté de citer ce paragraphe de Thierry Brugvin sans l'amputer de ce point (que je ne partage pas du tout)Inso a écrit : 19 juin 2024, 20:07Et historiquement, les humains n'ont jamais changé leurs motivations profondes (nous sommes un espèce avec ses qualités et ses défauts, nous ne sommes pas encore arrivés à pouvoir modifier nos fonctionnements de bases).
Un autre exemple est l'interdiction des CFC, laquelle interdiction a permis de réduire en partie le trou de la couche d'Ozone dont nous sommes à l'origine. Ce n'était pas du tout du tout du même niveau que les efforts à faire pour relever crise climatique et crise écologique...Inso a écrit : 19 juin 2024, 20:07Tout au plus nous avons réussi à mettre en place des règles plus ou moins acceptées minimisant nos facettes barbares (ex de l'Europe depuis la WWII, mais règles qui craquent de partout).
...et pourtant, même ce tout petit changement a été difficile (à ce qui m'a été dit par un collègue de travail) pour les entreprises qui ont été plus particulièrement concernées par cette mesure.
CPas gagné mais, eu égard aux conséquences, je trouve que prendre ce pari là, à l'issue incertaine, est plus utile que de jouer au loto (un gain dont la probabilité est faible et dont, en plus, le "gain" réel, celui d'une vie plus heureuse, s'est s'avéré fort incertain pour nombre de gagnants).Inso a écrit : 19 juin 2024, 20:07SI par miracle, un certain nombre de pays arrivent à se mettre en phase sur des solutions (même partielles), ce sera démoli par d'autres pays qui y verront l'occasion d'en profiter. Vu l'ambiance géopolitique actuelle, c'est pas gagné.
Après une grosse catastrophe naturelle, ça ne me semble pas exclus. Par contre, une fois que nous nous serons entretués pour acquérir une position dominante sur les zones de la planète restées viables, quelles possibilités y aura-t-il de nous réconcilier ? Les haines et rancunes qui s'installent suite à un conflit large et violent sont tenaces. Elles durent parfois à souvent des siècles.Jean-Francois a écrit : 19 juin 2024, 14:58Mais suite à une (grosse) catastrophe, l'humain sera sans doute capable de se remettre en cause, mais à quel prix ?
En fait, je me demande si une 3e guerre mondiale ne serait pas le moyen le plus efficace de revenir à une population plus supportable... en attendant que tout recommence (parce que la reconstruction après guerre, c'est bon pour l'économie
Dans un contexte où nous aurons perdu tout le confort de vie que nous trouvons si normal (et considérons assez facilement insuffisant) et les ressources physiques pour reconstruire ce que nous aurons détruit ou consommé (énergie, ressources minières et même ressources encore renouvelables à ce jour et aptitude des sols à nous nourrir) je crains que ce soit très incertain.
Une réconciliation, un peu comme celle avec l'Allemagne après guerre de 39-45, est-elle envisageable aussi facilement, dans la situation que nous aurons créée (en dépensant plus d'énergie à trouver et punir des coupables qu'à chercher et trouver des compromis, des arbitrages et des solutions) et avec des conflits qui, vraisemblablement, se poursuivront par des guerres civiles ? Pas sûr. La probabilité de corriger nos choix erronés de façon préventive me semble à la fois largement préférable et nettement plus probable.
A cela s'ajoute le fait qu'en matière d'armes de destruction massive (les vraies par contre) nous avons fait d'énormes progrès.
Pour ma part, je ne crois pas du tout que le problème de fond soit du à des comportements quasi-instinctifs. Je ne le pense pas, contrairement à ce qu'écrit Brugvin (j'aurais du préciser mon désaccord très important sur ce point).Jean-Francois a écrit : 19 juin 2024, 14:58Et, le problème de fond est que ces comportements sont quasi-instinctifs. Pour lutter contre, il faut presque lutter contre ce qui caractérise l'humain.
Je crois au contraire que nos comportements consuméristes actuels (dans presque toutes les sociétés ayant atteint un certain PIB par habitant) reposent sur des bases cuturelles très proches de la notion de mode, notamment "un fonctionnent à l'accélération de la "productivité" aveugle et du consumérisme" (1)
Pour éviter que nos attentes continuent à nous pousser vers l'achat de biens et services nuisibles à notre avenir, ce qu'il faut, c'est parvenir à donner une image négative à ces biens et services. Ce n'est pas insurmontable. Ce qui est problématique, c'est le peu de temps dont nous disposons pour nous y mettre et les freins (en apparence rationnels, en réalité liés à une tendance à croire que le futur est un prolongement linéaire du passé sans possible rupture) nous poussant à ne pas croire en cette possibilité (ce qui réduit considérablement les chances de prendre à temps le virage approprié. Le temps pour convaincre est un temps perdu dans une course contre la montre).
C'est un obstacle, mais pas intrinsèquement. Une partie de la solution est de nature classique. Parvenir à donner aux produits nuisibles à la préservation de notre avenir une image négative et donner aux produits bénéfiques à notre avenir une image positive. C'est un travail de marketing. Facile et rapide ? Non. Impossible dans le délai imparti ? Oui si on cherche à atteindre des objectifs inatteignables. Non si on vise simplement à réduire la catastrophe qui nous pend au nez.Jean-Francois a écrit : 19 juin 2024, 14:58démocratie demande de maintenir le choix des consommateurs et les droits de ceux qui poussent à la consommation.
Nos diverses sociétés humaines ont connu des évolutions considérables (pas toutes nuisibles) et pourtant, je ne crois pas que notre ADN ait changé le moins du monde. Interpréter nos comportements consuméristes comme biologiquement déterminés, notamment par le mécanisme de la récompense est une erreur selon moi. Le mécanisme de la récompense, récompense aussi (par libération de dopamine par exemple) la poursuite et l'atteinte d'objectifs perçus comme valorisants ou bénéfiques. Il faut oublier un mode de raisonnement trop exclusivement rationnel, prendre en compte les aspects émotionnels et culturels de nos motivations et leur maléabilité, une maléabilité bien supérieure à ce que nous avons parfois tendance à croire (les vendeurs de rêve, pères-Noël de compétition et lanceurs de modes l'ont d'ailleurs fort bien compris, eux, et s'en servent habilement).
Enfin, il ne faut pas oublier les aspects géopolitiques (2). Faire évoluer les choses dans les sociétés démocratiques, c'est très difficile. Ca l'est moins dans les sociétés dont l'organisation est plus autoritaire. Mon sentiment (pour un certain nombre de raisons que je ne développe pas) c'est que, si aucun conflit d'ampleur mondiale n'éclate dans les 2 décenies qui viennent, la Chine devrait probablement prendre un leadership mondial (avec des dirigeants comme Biden et Trump aucune chance que l'Amérique ne garde sa position dominante. Quand à l'Europe, à ce jour ça ne va pas fort et, avec les évolutions politiques en cours, je ne vois pas les choses s'améliorer, bien au contraire).
- Si Xi JinPing, un président dont la biographie mérite d'être lue, puis son successeur, décidaient de considérer le relèvement des crises écologique et climatique comme vital (ce qui est le cas)
, - si, en plus, ils y voyaient un moyen d'accroître l'hégémonie Chinoise en emmenant avec elle une bonne partie des opinions publiques des autres pays et en s'emparant à bras le corps d'un sujet qui, qu'on le veuille ou non, va rapidement devenir majueur à tous points de vue et, pourquoi pas, y verraient une occasion de laisser leur marque dans l'histoire de la planète,
. - s'ils parvenanient à se convaincre de la possibilité d'obtenir bien plus sûrement un leadership mondial en abandonnant progressivement l'exploitation du charbon en mettant l'accent (comme ils ont commencé à le faire) sur les énergies décarbonnées (nucléraire, panneaux photovoltaïques, éoliennes, énergie hydraulique)
il ne me semble pas exlus que l'on puisse se sortir du mauvais pas à l'issue, à ce jour, très incertaine.
(1) La recherche de productivité, cad produire plus de valeur ajoutée avec moins de moyens et en moins de temps, n'est pas en soi une erreur. Ce qui est une erreur, c'est ce qui est considéré comme devant être sacrifié (car d'une valeur largement sous-estimée) sur l'hôtel d'une productivité reposant sur des critères de valeur inappropriés. La recherche de productivité (qui, en soi, est une bonne démarche) conduirait à des résultats bien meilleurs pour tous, notamment humainement, si ce qui a de la valeur et ce qui en a moins était évalué plus correctement. On retrouve le besoin d'un changement culturel. C'est notre culture collective qui définit ce à quoi nous attribuons de la valeur et ce à quoi nous n'en attribuons pas ou moins.
(2)cf. L'alliance la plus influente du monde | Partie 1
L'alliance la plus influente du monde | Partie 2