
Qui est Alan Feduccia?

Alan Feduccia
Alan Feduccia est un ornithologue connu, comme l'indique la présente page wikipédia mise en lien, pour son opposition à l'origine dinosaurienne des oiseaux. D'aussi longtemps qu'il s'est intéressé à la question, il n'a jamais été convaincu par cette théorie. Dès les années 1980, il préféra l'hypothèse Thécodonte, c'est-à-dire celle voulant que les oiseaux descendent d'une mystérieuse lignée d'Archosaures arboricoles du Trias. Refusant l'idée que les oiseaux fassent parti du clade des dinosaures théropodes. Ainsi Alan Feduccia et une autre poignée de chercheurs, finirent par se voir attribué le sobriquet de BAND, pour «Birds Are Not Dinosaurs» ou encore de BANDits.
Contre vents et marées
Alan Feduccia a fait de son refus de l'origine dinosaurienne des oiseaux, un cheval de bataille qu'il n'a jamais lâché alors que l'hypothèse, puis la théorie, dinosaurienne, ne cessait d'accumuler des points en sa faveur. Si la découverte d'Archaeoptéryx n'avait pas suffi à imposer l'origine dinosaurienne des oiseaux. Un paléontologue nommé John Ostrom, avait dès les années 1970 réhabilité l'origine dinosaurienne des oiseaux via la découverte et la description du dinosaure nommé Deinonychus. Un Théropode de la famille des Dromaeosauridés (les fameux Raptors dont fait également partie Vélociraptor) dont le squelette, notamment la structure des avant-bras, étaient remarquablement similaires à ceux d'Archaeoptéryx.

John Ostrom le paléontologue qui réhabilita la parenté dinosaures-oiseaux et qui popularisa l’idée que les dinosaures étaient des animaux actifs à sang chaud.
Mais Alan Feduccia ne voyait là que de la convergence évolutive. Et il affirma qu'Archaeoptéryx était fort différent de Deinonychus. Pour lui les similarités entre Deinonychus et Archaeoptéryx, n'étaient que des convergences évolutive. Il soutenait notamment que les dents de Deinonychus et des autres Dromaeosauridés étaient trop différentes de celles d'Archaeoptérx et que donc ce dernier n'était absolument pas un dinosaure.
Des contradictions clownesques
Tout se compliqua dès les années 2’000 lorsque plusieurs fossiles de Dromaeosauridés à plumes furent découverts. Microraptor gui, Sinornithosaurus ainsi que la découverte d’attaches de plumes chez Vélociraptor, finirent par confirmer sans l’ombre d’un doute que les Dromaeosauridés étaient étroitement apparentés aux oiseaux, comme l’avait très justement deviné John Ostrom des décennies plus tôt. Comment Alan Feduccia allait-il réagir face à ces découvertes ? Allait-il reconnaitre ses erreurs et admettre s’être trompé ?
Bien sûr que non ! Après avoir passé des années à prétendre que les Dromaeosauridés étaient des dinosaures théropodes sans lien apparent avec les oiseaux, il retourna sa veste et fit un salto arrière digne des plus grands acrobates, pour affirmer, sans rougir, l’exacte opposé, à savoir que les Dromaeosauridés étaient des oiseaux sans lien avec les dinosaures.

Dès les années 2'000 Alan Feduccia est parti en mode clown et cela ne s’est pas amélioré depuis.
Plus exactement Alan Feduccia affirmait que les Dromaeosauridés descendaient d’oiseaux primitifs (type Archaeoptéryx), ayant perdu la capacité à voler. Il reprenait là la thèse d’un certain Gregory Scott Paul, qui affirmait qu’effectivement certaines dinosaures à plumes du Crétacés pouvaient descendre de petits dinosaures arboricoles maîtrisant déjà dans une certaine mesure le vol. La différence étant que Gregory Scott Paul, ne niait pas le statut de dinosaures théropodes aux Dromaeosauridés, car clairement leur morphologie est pleinement dinosaurienne. À ce jour la thèse de Gregory Scott Paul demeure elle-même peu accepté car souffrant également d’un manque d’appui par les analyses phylogénétiques et morphologiques des Maniraptoriens.
Mais Alan Feduccia rejette catégoriquement toute analyse phylogénétique basée sur la morphologie. Il n’était intéressé que par une seule chose, ne pas admettre que les oiseaux sont des dinosaures. Et si pour cela il devait nier l’apport de la cladistique et contredire ses propres arguments initiaux, il le ferait sans la moindre once d’embarras. Le truc c’est qu’il devait faire face à un autre problème, à savoir la découverte d’autres dinosaures théropodes à plumes, dont il ne pouvait pas nier le statut de dinosaures.
Les filaments de Sinosauropteryx
En effet si Alan Feduccia niait à présent le statut de Dinosaures pour l’ensemble des théropodes du de la familles Dromaeosauridés et même pour l’ensemble des Maniraptoriens. Cette position devenait encore moins tenable lorsque l’on découvrit des filaments de plumes chez des théropodes encore davantage éloignés des oiseaux que ne le sont les dits Maniraptoriens, comme c’est le cas du désormais très célèbre Sinosauropteryx.

Sinosauropteryx avait clairement des filaments apparentés aux plumes, ou des protoplumes sur l’ensemble de son corps. Non seulement une analyse détaillée ne laisse aucun doute sur la nature de ces filaments mais de plus les filaments en question on préservé les mélanomes qui ont permis de reconstitué les couleurs véritables de ce dinosaures. Couleurs véritables que représente l’illustration ci-dessus.
Bon là clairement on a un dinosaure phylogénétiquement plus éloignés des oiseaux que le sont les Maniraptoriens, et possédant des filaments de plumes plus primitives que les plumes véritables des dits Maniraptoriens. Alan Feduccia sorti alors un autre joker de sa manche via une publication affirmant que les filaments observés sur le fossile de Sinosauropteryx, n’étaient pas des plumes, mais des fibres de collagène dégradés. Assertion qui fut battu en brêche quelques années après, avec la découverte de Mélanosomes au sein des dits filaments. Mélanosomes qui permirent de reconstituer les couleurs du plumage de Sinosauropteryx, et qui réfutent totalement l’idée de fibres de collagènes, ces derniers ne possédant pas ces pigments. Mieux encore une analyse encore davantage détaillée des filaments de Sinosauropteryx, confirmèrent qu’il s’agissait bien de véritables téguments et nullement de fibres de collagènes. Alan Feduccia refusa cependant gratuitement et sans autres arguments, ces diverses démonstrations. Tout comme il ignora les autres découvertes de proto-plumes chez des dinosaures théropodes aussi éloignés que les oiseaux que sont les Tyrannosauridés.
Le chouchou des créationnistes
Sans surprise le caractère borné, et l’attitude franchement anti-scientifique d’Alan Feduccia, en fit un chouchou des créationnistes. Ces derniers toujours à l’affut de la moindre faille pour affirmer que les chercheurs mentent, ne peuvent qu’apprécier qu’un chercheur «officiel» s’oppose ainsi à un consensus solide dans le domaine de la biologie de l’évolution et plus exactement en paléontologie. Les créationnistes peuvent ainsi reprendre les «arguments» et la mauvaise foi crasse d’Alan Feduccia à leur propre compte en les présentant ainsi comme des objections valables car venant d’un «évolutionniste», c’est-à-dire d’une autorité scientifique présenté comme sérieuse.
Une triste fin en perspective
Il y a quelque chose de triste et d’assez incompréhensible dans l’attitude d’Alan Feduccia. Pourquoi ne pas simplement avoir admis avoir eu tort, et tenir compte des diverses découvertes démontrant que les oiseaux sont des dinosaures théropodes? Pourquoi s’entêter dans une position intenable en accumulant les contractions clownesques et en ignorant gratuitement diverses données fossiles et cladistiques? Bref pourquoi passer ainsi pour un énorme abruti? Alan Feduccia est l’un des derniers, et peut-être le dernier, des BANDits. Et bizarrement il a décidé de laisser un souvenir pour le moins déplorable de sa personne pour la postérité. Espère-t-il vraiment qu’un jour une découverte viendra réfuter l’origine dinosaurienne des oiseaux, le hissant ainsi dans le panthéon des visionnaires dans le domaine de l’ornithologie? Si c’est le cas son égo a vraiment finit de détruire toute sa capacité de jugement. C’est triste s’il avait reconnu ses torts il aurait laissé un souvenir honorable, espérons qu’il vive suffisamment longtemps et saisisse l’opportunité de se corriger, c’est le mieux qu’on puisse lui souhaiter.
Longue critique d'Alan Feduccia par le paléontologue Darren Naish
Long article de Martin Neukamm et Andreas Beyer réfutant les assertions d'Alan Feduccia