Jodie a écrit : 14 févr. 2025, 00:20
Dominique18 a écrit : 13 févr. 2025, 12:26
- nous ne sommes pas ce que nous croyons être
- nous ne nous appartenons pas
- nous ne sommes que les autres
Allo Dominique,
Nous ne sommes pas que les autres, sinon nous n'aurions aucun libre-arbitre. C'est toi qui décide de supporter ou non une pensée. Pour ce qui est de ne pas être ce que nous croyons être, oui, je le découvre. Pour le ''nous ne nous appartenons pas'', qu'est-ce que cela veut dire ?
Le libre-arbitre? Il y a eu des tonnes de postes commis sur ce forum. Le libre-arbitre est une pseudo-notion tellement vague qu'elle ne recouvre rien, au même titre que la liberté.
Un fourre-tout commode, pratique, mais inepte, une idée totalement dépassée et aussi peu scientifique que possible.
C'est plus encombrant pour l'esprit qu'autre chose.
Au niveau conscient, nous disposons d'un espace décisionnel dont nous croyons avoir la maîtrise, en opérant des choix que nous pensons plus judicieux les uns que les autres

. Alors nous croyons infléchir dans un sens ou dans l'autre. Mais nous dépendons d'un inconscient cognitif auquel nous n'avons pas accès, inconscient dont font partie les mémoires comprenant nos expériences positives et négatives passées.
Henri Laborit disait que le conscient servait d'alibi aux motivations de cet inconscient.
Notre organisme est également piloté par deux circuits fondamentaux, qui existent depuis la nuit des temps: celui de la récompense et l'autre de la punition, qui régulent le comportement neurophysiologique.
Nous ne nous appartenons pas ?
Comment pourrait-il en être autrement alors que toute une machinerie interne travaille dans la plus parfaite ignorance de notre conscient?
Nous avons l'illusion de nos choix, de nos prises de décisions, de nos impulsions. Les possibilités qui nous sont offertes sont vastes, alors, pourquoi se plaindre ? La puissance du conscient existe mais elle est limitée et nous ne nous rendons pas forcément compte de nos limites, limites qui se traduisent par les biais cognitifs, par exemple. Ce sont des balises qui devraient mous alerter.
D'autant plus que nous jouissons de la faculté de nous interroger et de repousser les limites de notre ignorance et de nos incompétences. Ce qui est déjà pas mal.
Il ne faut pas en demander plus. Il faut faire avec.
Nous ne sommes que les autres , ceux que nous avons rencontrés dans notre parcours, toujours en devenir, et ils nous ont laissé des traces, multiples. A partir de ces rencontres, permanentes, puisque nous sommes des animaux sociaux et que nous vivons de relations, notre personnalité se construit et est en constante évolution. Nous procédons à des mélanges avec notre équipement intérieur qui ne cesse de s'enrichir, de se modifier aussi, nous touillons, nous agitons, nous bricolons, nous expérimentons.
Comme nous ne rencontrons pas les mêmes autres que nos semblables et que nous ne les intégrons pas de la même façon, nous exprimons ainsi toutes nos différences, avec des caractéristiques individuelles et des similitudes qui permettent des rapprochements, sinon il nous serait impossible de vivre en groupe, avec des notions de coopération, d'entraide, d'empathie, de solidarité. C'est ce qui fait nos particularités en tant qu'individus uniques, avec une base cependant commune à tous.
- nous ne sommes pas ce que nous croyons être
- nous ne nous appartenons pas
- nous ne sommes que les autres
Les trois sont liés et se recoupent sans cesse.
Ce ne sont que des mots, il faut aller au-delà de ces mots et chercher, ce qui représente une quête scientifique.
Nous sommes prisonniers de nos propres déterminismes. Il est bon de savoir lesquels, dans la mesure du possible, les plus préjudiciables pour les autres, surtout, ce qui conduit, en principe, vers la tolérance, parce que l'autre fonctionne lui aussi identiquement. Il est notre double, notre miroir, différents, certes, mais animé par les mêmes mécanismes restrictifs *.
Il est toujours aussi navrant de constater, en 2025, qu'une partie de l'humanité est toujours prête à en massacrer une autre, au nom de la "liberté", quel que soit son habillage idéologique, alors que la seule liberté qui nous soit accordée est celle de savoir que nous ne sommes pas libres et que nous ne le serons jamais. Encore faut-il essayer de faire l'effort de s'extraire de l'aveuglement, mais ça, c'est une autre histoire.
* la religion, quelle que soit sa forme, est épatante à plus d'un titre. Elle fournit les réponses à tout un tas de questions existentielles, et empêche, de ce fait, les tentatives pour s'assumer façon un peu plus responsable.
C'est à dire de s'apercevoir que nous sommes seuls, et que nous avons à affronter l'angoisse de notre propre destin, conjuguée à celle de ne pas savoir.
Dieu est partout et a réponse à tout. C'est d'un pratique époustouflant...