La Politique De «Starship Troopers»

[uno]

Bonjour à tous.

Après avoir été plusieurs fois étiqueté de «facho» je me suis dis qu'il était temps d'aborder la question de l'idéologie fasciste de manière instructive mais aussi légère et ludique. Et pour ce faire une magnifique opportunité s'est présenté à ma petit personne, une controverse et divers débats et mèmes rigolos sur le film «Starship Trooper» de 1997, un film que je recommande à tout le monde.

Mais quelle est la polémique sur ce film et quel rapport avec le fascisme me direz-vous? Je vais essayer de faire court. Ce film se base sur le livre du même nom de l'auteur Robert A. Heinlein. Ce livre, comme le film, nous décrit un futur où l'humanité a été uni sous un seul gouvernement nommé «La Fédération Terrienne». Cette Fédération divise sa population en deux catégories.

• Les civils qui sont libre de voyager, y compris dans l'espace, de commercer, de s'enrichir, et son protégés par le gouvernement. Ils n'ont cependant pas le droit de vote et n'ont aucune influence sur la politique du gouvernement.
• Les citoyens, ceux-ci jouissent des mêmes droits que les civils, mais eux ont le droit de vote et peuvent occupé des postes à responsabilité dans le gouvernement y compris à son armé. Les citoyens sont eux-mêmes d'anciens civils, qui ont choisit de faire leur service, généralement le service militaire, pour justement jouir du statut de citoyen.

Dans le livre comme dans le film la Fédération Terrienne se retrouve en guerre contre une espèce alien nommé les «Arachnides», des insectoïdes géants fonctionnant avec un esprit de ruche. L'auteur du livre ayant dépeint ces extraterrestres, comme étant l'exemple d'une espèce adapté au collectivisme communiste, bref vous l'avez compris Robert A. Heinlein était un fervent anticommuniste et ces aliens une représentation du communisme.

Or si le film de 1997 est bien tiré du livre de Robert A. Heinlein, le réalisateur du film Paul Verhoeven, n'avait pas lu lui-même le livre pour la réalisation du dit film, mais avait laissé cette tâche à ses collègues et/ou subalternes. Cependant pour Paul Verhoeven, le propos du livre était clair, Robert A. Heinlein faisait la promotion d'un régime fasciste devant combattre la menace communiste. Ainsi Paul Verhoeven a réalisé le film «Starship Trooper» comme une satire, comme un film à visionner au second degré, le degré de lecture du film est clair, si celui-ci nous livre le point-de-vue des humains et de la Fédération Terrienne, tout n'est que propagande de celle-ci. En fait la Fédération Terrienne est un régime fasciste et militariste cherchant un prétexte pour étendre son influence dans la galaxie. Et les arachnides sont en fait la population injustement attaqué par la Fédération Terrienne. À ce titre Paul Verhoeven laisse plusieurs indices à ce sujet, notamment les magnifiques uniformes des hauts gradés de La Fédération Terrienne.



Problème autant Paul Verhoeven a voulu dépeindre la Fédération Terrienne comme étant un régime fasciste, autant il fut très honnête avec le matériel source à savoir le livre de Robert A. Heinlein. Quoi le problème est que le réalisateur a été honnête? Ben oui c'est un problème, enfin pas pour les spectateurs, mais pour l'objectif de Paul Verhoeven voulant que son film devrait être une satire du fascisme. Pourquoi? Parce que le film «Starship Trooper» échoue à nous montrer une société fasciste, pire il nous montre une société incroyablement attrayante et fonctionnelle, exactement ce que dépeignait Robert A. Heinlein dans son livre.

En effet dans le film comme dans le livre, La Fédération Terrienne n'a rien d'un régime fasciste. La liberté individuelle est garantie, le service n'a rien d'obligatoire et ceux qui demeurent civils ne sont pas persécuté par la Fédération mais libres de s'enrichir de voyager et de s'exprimer. De plus un civil engagé dans le service, peut faire marche arrière quand il veut. Lorsqu'un haut gradé commet une faute stratégique dans le conflit militaire, il doit assumer ses responsabilité et démissionner. Enfin pas de racisme ou de sexisme, hommes, femmes, Blancs, Noirs, Basanés et j'en passe, tous peuvent être citoyens et accéder aux plus hautes fonctions. Le chef des forces armés, un Homme Blanc est même démis de ses fonctions et remplacé publiquement par une Femme Noire durant le film. Et pire la propagande ne cache rien, elle filme les soldats au front sans tabou et rapporte les échecs les plus désastreux et humiliants de la Fédération Terrienne au grand public, une transparence pas exactement compatible avec un régime fasciste.

Et c'est normal Robert A. Heinlein ne s'est jamais considéré comme fasciste et son livre n'est pas la promotion d'un régime fasciste, mais celui d'un régime libertarien avec un gouvernement certes militaristes mais qui serait minimaliste dans les affaires civiles et qui serait basé sur l'engagement et la responsabilité individuelle. Certes une vision politique et fortement utopiste, mais donc nullement fasciste.

Pourtant Paul Verhoeven n'a pas entièrement échoué à faire passé l'idée que l'univers de «Starship Trooper» serait celui d'une humanité dominé par un régime fasciste. Car certains sont restés fidèle à la lecture du film de 1997 voulu par Paul Verhoeven. Cependant beaucoup ont également souligné que cette lecture ne tient pas et que non le film de Paul Verhoeven ne dépeint pas une société fasciste, mais bien une société fonctionnelle et libre valorisant la responsabilité et l'engagement individuel. Mais pour le comprendre je recommande la vidéo suivante critiquant de manière exhaustive le film et se référant directement au livre.

The Politics Of Starship Troopers

En tout cas rappelez-vous la Fédération Terrienne a besoin de vous et le service garanti la citoyenneté.

[PhD Smith]

J’ai lu "Etoiles garde-à-vous !" quand j'étais plus jeune. Heinlein avait la réputation d'être un auteur fasciste pour la jeune génération d'écrivains SF des années 60, car il supportait la guerre du Vietnam, comme John Wayne et était conservateur. Ça ne l'a pas empêché paraît-il d'aider des collègues comme Asimov à leur faciliter la vie de bidasse durant la Seconde guerre mondiale. La société du livre est militariste car elle copie les institutions de la Rome antique où faire son service militaire durant 20 ans donnait le droit de citoyenneté romaine. Le citoyen soldat a été une source d'inspiration à les régimes fascistes (Italie) comme pour la Révolution française (le mobilisation générale pour défendre le pays). Dans le livre, les profs du collège en éducation civique étaient des vétérans militaires mutilés de guerre expliquant le pourquoi du système électoral. Sans intérêt quand on est jeune, mais plus politique si on s'intéresse à la vie du bonhomme. S'il n'avait pas été réformé pour cause de tuberculose, il n'aurait pas fait peut-être sa carrière d'écrivain.

[uno]

J’ai lu "Etoiles garde-à-vous !" quand j'étais plus jeune. Heinlein avait la réputation d'être un auteur fasciste pour la jeune génération d'écrivains SF des années 60, car il supportait la guerre du Vietnam, comme John Wayne et était conservateur. Ça ne l'a pas empêché paraît-il d'aider des collègues comme Asimov à leur faciliter la vie de bidasse durant la Seconde guerre mondiale. La société du livre est militariste car elle copie les institutions de la Rome antique où faire son service militaire durant 20 ans donnait le droit de citoyenneté romaine. Le citoyen soldat a été une source d'inspiration à les régimes fascistes (Italie) comme pour la Révolution française (le mobilisation générale pour défendre le pays). Dans le livre, les profs du collège en éducation civique étaient des vétérans militaires mutilés de guerre expliquant le pourquoi du système électoral. Sans intérêt quand on est jeune, mais plus politique si on s'intéresse à la vie du bonhomme. S'il n'avait pas été réformé pour cause de tuberculose, il n'aurait pas fait peut-être sa carrière d'écrivain.

Le livre contient plein de réflexions intéressantes, notamment sur la notion de «moralité». Tu le sais déjà mais je me permet de le souligner, la grande différence de l'idéologie, ou ici de l'utopie, de Robert A. Heinlein, avec le fascisme, c'est que le service donne accès à la citoyenneté, mais ce service est un choix. Tout est basé sur la notion de liberté individuelle et de responsabilité pour acquérir ses droits politiques. D'ailleurs Paul Verhoeven le réalisateur du film, a également repris l'interprétation voulant que Robert A. Heinlein avait écrit ici un livre de propagande fasciste (ou simili-fasciste). Or cette confusion vient du fait que Robert A. Heinlein, imagine une société qui aurait la même «énergie» et donc la même «esthétique» que le fascisme, sans en être pour autant. Robert A. Heinlein, n'avait bien évidemment également aucune pensée racialiste ou ethniciste, puisque sa société utopique, de part sa structure basé sur l'engagement personnelle et la responsabilité, devait transcender les barrière ethniques et culturelles. Bref une utopie irréaliste bien évidemment, mais contenant plein de réflexions intéressantes faisant écho à nos problématiques actuelles. Et le fait même que Robert A. Heinlein ait été ainsi qualifié de fasciste, révèle bien plus de choses de la part gens et de la société qui l'accusent que de l'auteur lui-même.

[PhD Smith]

En regardant la page Wikipédia anglais sur "Starship Troopers", j'ai constaté que le livre partage les critiques anglophones : certains et certaines le qualifient de livre fasciste, sexiste, raciste (envers les insectes), d'autres et d'autresses disent que c'est un modèle du genre des romans politiques avec ses réflexions.
En regardant la date de parution, 1959, je me suis aperçu qu'on était quelques années après la guerre de Corée et vraisemblablement l'une des inspirations évidentes du roman. Dans sa biographie wiki, Heinlein aurait décidé d'écrire le roman parce qu'il trouvait scandaleux le fait qu'Eisenhower avait renoncé aux essais nucléaires atmosphériques, ce qui était un marque de faiblesse par rapport au bloc soviétique. Heinlein avait fondé un mouvement pour encourager l'arme nucléaire.
Lors de la guerre de Corée, Mac Arthur avait voulu atomiser la Corée du Nord, mais fut viré par Eisenhower. Eisenhower étant un président républicain (il avait Nixon comme vice-président) et faut-il le rappeler le général en chef des troupes alliées lors du débarquement en Normandie. D'ailleurs, certains critiques trouvent évident le côté raciste par le contexte de la guerre de Corée dans le roman en dépeignant métaphoriquement les coréens du nord comme de méchants insectes.
Les généraux incapables du roman face aux victoires des insectes sont-elles une allusion au manque de volonté militariste d'Eisenhower, lequel avait prévenu les américains à la fin du mandat de se méfier du "complexe militaro-industriel" ? Pour moi c'est évident.
La traduction du roman s'est faite en France en 1974, par Michel Demuth, grand monsieur de la SF, puisqu'on lui doit la traduction de "Dune", de "2001, l'odyssée de l'espace", etc. 1974, c'est plutôt le souvenir de la guerre du Vietnam.
Enfin, c'est tout le paradoxe d'Heinlein, "Etoiles garde-à-vous" est son roman le plus vendu, destiné à un public adolescent, et il l'avait rédigé en abandonnant l'écriture de son roman "Etranger en terre étrangère", qui deviendra un roman culte chez les hippies ! Bref, la lecture longue de sa page wiki en anglais est de plus surprenante sur ses prises de positions politiques.

[PhD Smith]

Un autre auteur est à évoquer sur ce thème : il s'agit de "La Stratégie Ender" d'Orson Scott Card. Le thème est presque le même que celui d'Heinlein, mais avec une position plus morale pour le génocide d'un peuple extra-terrestre avec lequel l'humanité est en guerre. C'est normal, Card est mormon.

Dans un avenir indéterminé, l'espèce humaine est en proie à la surpopulation et le nombre d'enfants a été limité à deux par famille. La planète est plus ou moins bien unifiée sous l'autorité de l'« Hegemon ».

Soixante-dix ans auparavant, une guerre spatiale avait eu lieu entre les Humains et la seule espèce extraterrestre connue : les Doryphores, êtres intelligents ayant une forme et un mode de vie semblables à ceux des fourmis. Les deux espèces disposent de la technologie du voyage interstellaire. Les Doryphores détiennent une supériorité numérique écrasante, compte tenu de leur mode de reproduction, de leur puissance industrielle et de leur implantation dans plus de 80 systèmes de la galaxie. À l'issue de la confrontation, l'action soudaine et inattendue d'un militaire terrien, Mazer Rackham, avait changé le cours de la guerre, transformant un désastre annoncé en une victoire totale. Depuis ce jour, on n'a plus vu de Doryphores, mais les Humains craignent une nouvelle guerre totale lors de laquelle ils risqueraient d'être en infériorité.

Pour tenter de recouvrer l'avantage, sous l'impulsion du Grand Quartier général (appelé le « Stratégos »), une école de guerre spatiale forme des enfants soigneusement sélectionnés sur le plan génétique à devenir des officiers émérites. Le Stratégos, ayant déjà rejeté deux enfants supérieurement intelligents de la famille Wiggin (Peter et Valentine), ont exigé la naissance exceptionnelle d'un troisième enfant : Andrew, surnommé « Ender » (en anglais : « le dernier », « celui qui termine les choses ») par sa sœur Valentine. À quatre ans, Ender est déjà un garçon exceptionnel, doté d'une intelligence et d'une maturité hors du commun. À six ans, il est sélectionné pour devenir élève à l'École de guerre. Cela lui permet d'échapper à l'emprise néfaste de son grand frère Peter, qui se révèle être envieux et cruel à son égard.

[Mirages]

Un autre auteur est à évoquer sur ce thème : il s'agit de "La Stratégie Ender"

Je l'ai lu (pas mal), la fin n'est pas vindicative...
Je suis pas sûr que l'auteur à voulu faire passer un message. Par inadvertance sur son univers imaginaire ? difficile de juger.

[uno]

Lors de la guerre de Corée, Mac Arthur avait voulu atomiser la Corée du Nord, mais fut viré par Eisenhower. Eisenhower étant un président républicain (il avait Nixon comme vice-président) et faut-il le rappeler le général en chef des troupes alliées lors du débarquement en Normandie. D'ailleurs, certains critiques trouvent évident le côté raciste par le contexte de la guerre de Corée dans le roman en dépeignant métaphoriquement les coréens du nord comme de méchants insectes.

En fait les insectes n'est pas une métaphore raciste, mais c'est une métaphore politique, les insectes représentent les communistes. C'est même le thème du roman, les insectes ont un esprit de ruche, l'individu n'existe pas, ils fonctionnent comme une collectivité géante, c'est une pure métaphore de l'idéologie communiste. D'ailleurs Robert A. Heinlein ne fut pas le seul avec cette comparaison puisque le biologiste Edward Osborne Wilson a lui-même eu la comparaison suivante.

«Karl Marx was right. Socialism works. It is just that he had the wrong species in mind.» Edward Osborne Wilson

Edward Osborne Wilson parlait ici bel et bien des insectes eusociaux.

[uno]

Un autre auteur est à évoquer sur ce thème : il s'agit de "La Stratégie Ender" d'Orson Scott Card. Le thème est presque le même que celui d'Heinlein, mais avec une position plus morale pour le génocide d'un peuple extra-terrestre avec lequel l'humanité est en guerre. C'est normal, Card est mormon.

Je te remercie pour la référence, une nouvelle lecture pour cette été.