
Julien vient de poster un nouveau pamphlet sur le site de l'ASCQ. Il reprend certaines des remarques qu'il a faites ici. Ce truc s'intitule "Si tous les scientifiques sont évolutionnistes, l’évolution n’est-elle pas une théorie confirmée ?". Ce texte ressemble autant a une réflexion sérieuse et mesurée qu'une crise de nerf puérile ressemble au tractatus logico-Philosophicus.
Julien commence par remarquer que des scientifiques sont créationnistes. Il le prouve en disant qu'une liste est disponible… mais oublie de préciser qu'il est impossible de quantifier les "évolutionnistes" parce que leur nombre est trop important, qu'il existe des créationnistes lucides (qui ne considèrent pas le créationnisme comme scientifique), etc. Julien joue aussi sur la fausse présentation de l'évolution en tant que "religion". Présentation qu'il ne peut soutenir de manière argumentée, donc il n'essaiera pas.
Il ressort ensuite son histoire de "paradigme". Julien est obsédé par cette notion en partie parce qu'il ne la comprend pas (il n'a certainement pas lu Kuhn ni aucune des critiques de ses travaux), et en partie parce que la superficialité d'une affirmation en augmente la valeur démagogique (quand on ne sait pas, difficile de voir qu'on a tort). Je n'ai certainement pas l'intention de démontrer en quoi l'utilisation de la notion de paradigme par Julien est un mensonge. Je me contenterai de signaler qu'il définit un paradigme comme "une théorie largement acceptée sans vérification et qui sert à dicter la direction des recherches scientifiques". Il n'a visiblement toujours pas compris qu'aucune théorie scientifique n'est "acceptée sans vérification" (c'est justement la vérification qui fait qu'une théorie scientifique devient acceptée par la communauté scientifique). Julien, parce qu'il n'a aucune idée du fonctionnement réel de la science mélange à une bonne dose de son habituelle mauvaise foi deux acceptions distinctes du terme "paradigme" (on parle parfois de "paradigme expérimental" pour désigner les conditions dans lesquelles se sont déroulées une expérience; c'est très différent de la notion épistémologique de "paradigme").
J'ajouterai qu'on ne remplace pas un "paradigme" scientifique par du vide métaphysique. Car, évidemment, Julien ne propose rien d'autre: une critique particulièrement inepte de problèmes qu'il voit dans le "paradigme évolutionniste" (essentiellement la "discontinuité" et "l'irréductibilité génétique"), suivi d'une allusion rapide à une supposée "théorie créationniste" qui prédirait "mieux" les faits. Rien de nouveau: critiquer l'évolution pour laisser croire que le créationnisme est la plusse-meilleure-solution. Créationnisme qu'on ne défendra évidemment pas puisque c'est la solution par défaut. Un énoncé clair des postulats du créationnisme n'est offert nulle part (on sait pourquoi), ce qui donne à ses "prédictions" un caractère simplement allusif. Julien finit par quelques citations hors contexte, dont le seul but est de laisser croire que le "paradigme évolutionniste" n'est "que" ça, un "paradigme".
A défaut d'argument rationnel, autant faire de la rhétorique.
Jean-François