manu971 a écrit :Philippe Rolland avance (arguments solides à l'appui mais les vérifierez-vous ?) que les écrits de Luc (évengile de Luc + Actes) précèdent la destruction de Jérusalem en 70. Sur quel(s) critère(s) est-il moins sérieux que vos auteurs ?
Le premier "argument" est celui-ci:
Rolland a écrit :ils n'ont pu être terminés qu'à partir
de 63, à la fin des deux ans de captivité de Paul dont parle Ac 28,30-31
Peut-être que Paul est mort en prison, ou qu'il a été relâché sans histoire, donc qu'il ne restait plus rien à dire.
J'ajoute aussi que l'existence de Paul n'est etayée que par les épîtres paulines et on ne possède pas de confirmation pour tous les actes rapportés. Il est peut-être indéniable qu'un homme qui s'appelait Paul ait écrit les épîtres qu'on lui connaît au 1er siècle, mais de là à croire les actes rapportés dans le livre de Luc, il y a un saut à faire.
Rolland a écrit :Un autre fait milite en faveur d'une date précoce des Actes. Jusqu'en 62, Néron a été conseillé
par le philosophe Sénèque, et son administration a été considérée par les chrétiens comme
équitable. On en trouve un témoignage en Rm 13,1-7, ainsi qu'en 1 Tm 2,1-2, Tite 3,1-2 et 1 P
2,13-17. On ne s'étonne donc pas que, tout au long de son récit, Luc présente souvent les
autorités romaines sous un jour favorable. Même Pilate est presque disculpé : il proclame
honnêtement l'innocence de Jésus, et ne semble le livrer que pour éviter une émeute (Lc
23,23). Ni Sergius Paulus à Chypre, ni le proconsul Gallion à Corinthe ne s'opposent à la
prédication de l'Évangile. Même le procurateur Félix, pourtant cupide et débauché (Ac 24,25-
26), n'accepte pas d'abandonner Paul aux mains du Sanhédrin. Quant à Festus, il est présenté
comme un homme honnête, un peu dépassé par les événements, mais faisant
consciencieusement son métier (Ac 25,25-27). Luc souligne aussi « l'humanité » du centurion
Julius (Ac 27,3). Or, à partir de 62, Néron a disgracié Sénèque eta commencé à se comporter
comme un tyran. Ayant fait incendier un quartier insalubre de Rome en 64, il a accusé les
chrétiens de ce crime et les a fait périr dans des souffrances atroces. Comment Luc, écrivant
après ces événements, aurait-il pu éviter d'en rendre compte, et surtout d'exprimer une
certaine réserve par rapport aux autorités romaines, devenues franchement hostiles aux
chrétiens ? Imagine-t-on un historien français, écrivant vers 1950, et faisant l'éloge du pouvoir
nazi avant 1940 ? Ses livres seraient jetés au feu.
Il y a une différence marquée entre les nazis en 1950 et les Romains en l'an 100 quelque. Entre autres, les nazis avaient perdu en 1950..
S'il savaient gagné toutefois, ils auraient un peu imposé leur vision du monde. Donc rédiger une oeuvre qui leur soit favorable, même en France, ne provoquerait pas d'autodafé (s'ils avaient gagné et continué de regner).
Peut-être que Luc voulait gagner des romains et des grecs à sa religion, donc il ne voulait pas trop vilipender contre le pouvoir romain. D'ailleurs, son évangile fut redigé en grec. Il était destiné soit aux grecs, soit à la diaspora hellénique.
Ces conjectures de ton auteur ne sont pas des PREUVES indéniables de rédaction antique, ni des arguments solides. Ce sont des éléments de débat et de remise en contexte très secondaires.
Je ne me prononce pas sur la crédibilité de Rolland, mais je trouve ses arguments peu solides.