Pardalis a écrit :Brève de comptoir a écrit :C'est bien gentil de prendre Dieudonné pour un antisémite
Vous n'êtes toujours pas convaincu?
Si votre petit plaisir, c'est d'attribuer aux être humains des caractéristiques qui deviennent leur nature en les enfermant dans des boîtes, ce n'est pas mon cas. Si on peut dire de cette chose qu'elle est une table par exemple, on ne peut pas le faire avec des personnes en utilisant des adjectifs aussi imprécis et indéfinissable comme "antisémite" que ces adjectifs aient une fonction d'attribut (Dieudonné est antisémite) ou de substantif (Dieudonné est un antisémite). On peut même changer le verbe, ça n'y changera pas grand chose. Les personnes ne sont pas des boîtes (ni des tables). Ce serait plus facile si le terme "antisémite" était celui choisi par un groupe défini : "j'ai ma carte, je suis enfin un antisémite". Ou un nationalité. Or, comme ça ne vous a pas échappé, il n'y a pas de groupe qui se définit lui-même comme "les antisémites". Le plus souvent (voire presque toujours, mais on le fait plus par facilité que par souci de précision) on ne nomme quelqu'un ainsi que pour le discréditer. C'est une insulte. Quand le terme est employé comme adjectif à un substantif pour le qualifié, c'est un peu moins casse gueule, mais on peut tout autant imaginer, même si cela ne s'adresse pas à une personne en particulier, que ce n'est pas pour autre chose que l'insulter : "vos propos sont antisémites". À part troller en disant que l'autre dit de la merde et que par conséquent sa parole ne vaut rien, je ne vois pas beaucoup d'intérêt de le faire remarquer. Sauf dans des cas très précis où cette remarque s'appliquerait à des propos sans aucun doute possible où il serait question des Juifs, de massacre, d'extermination, etc. Dans tous les autres cas, on ne ferait qu'utiliser un qualificatif dans le seul but d'agresser l'autre, rendre moins légitime sa parole.
Donc non, je n'ai pas à être convaincu que Dieudonné soit, ait été ou puisse être "antisémite", puisque comme j'éviterai soigneusement de vous qualifier de con (le "con" étant un autre de ces épouvantails qu'on brandit pour "disqualifier" l'autre, un peu comme quand on fout des moustaches à un candidat sur ses affiches), je m'interdirais de penser, croire, prétendre que Dieudonné
est antisémite. À part me glorifier d'avoir reconnu un loup et de l'avoir signalé à tous, j'en vois pas beaucoup l'intérêt. Certains aiment à juger, qualifier, définir ce qui est inqualifiable (noter le double sens) un peu comme montrer à tous qu'on en est pas (de la terrible secte des Antisémites) puisqu'on en voit partout et qu'on veut les brûler.
Les antisémites, c'est comme les cons, il y en a partout et nulle part. Et le terme est tellement indéfinissable et employé dans un seul but de nuire que comme son petit copain "raciste", je préfère mettre tout ça dans une autre petite boîte qui a peut-être le mérite d'être un peu plus clair, celle de la xénophobie (et pour être sûr d'avoir la bonne boîte, il y en a toujours un autre plus grosse : le mépris, la haine ordinaire). On définit les choses, ou les personnes, pour les identifier. Seulement, les antisémites ne sont pas identifiables... à coup sûr. Et ça marche même pour Dieudonné. Si vous vouliez être juste (mais je doute que cela ait jamais été dans votre démarche) vous n'utiliseriez pas de tels termes, ou de manière un peu plus précise et documentée.
Vous voulez vous payer sa tête. D'accord. Mais on est toujours le con d'un autre. Et là, la quenelle, vous la sentirez passer.
"Dans ton cul".
Qu'est-ce qu'on gagne à traiter les autres de cons, de racistes, d'antisémites, de pourris ? Ou vous a déjà traité de con ? ça vous a fait plaisir ? vous avez trouvé ça légitime ? Là, j'en doute. En réponse à cette insulte, avez-vous réussi à convaincre l'autre que vous ne l'étiez pas ? l'avez-vous insulté à votre tour ? Ou l'avez-vous simplement ignoré ?
On dit bien "mettre de l'huile sur le feu".
D'ailleurs, à une plus grande échelle, quand il y a des tensions, ce sont toujours les petits coups qui entretiennent le feu. C'est même arrivé à une époque entre les Israéliens et les Palestiniens. On fait la paix avec quelqu'un quand on a cessé de se donner des petits coups, quand on le respecte et qu'on le reconnaît tel qu'il veut qu'on le reconnaisse. Que Dieudonné soit un antisémite, ça n'a pas seulement aucune valeur sémantique, c'est surtout stérile. Sûr, vous vous serez fait remarqué en identifiant le loup, on vous aura décerné une médaille, celui des lanceurs d'alerte et on vous aura remis le badge "Pierre Prokofiev". Bravo. Mais vous n'aurez rien résolu, et vous aurez une belle conscience de merde ne valant probablement pas mieux que celle de l'autre. Sauf que si Dieudonné est pathétique, c'est parce qu'il cherche à être drôle ou subversif, et parce qu'en chien blessé il n'attaque que par désespoir, et ne se lie aux loups que parce que rejeté partout ailleurs ; et que si les Juifs peuvent se sentir agressés parce que ça les touche ; vous, vous n'auriez aucune excuse à être aussi agressif et formel. Un louveteau qui s'amuse à ronger un bout de bois, qui grogne contre les petits lézards. Mais les loups ça grandit, et je ne doute pas qu'avec encore un peu d'entraînement, vous seriez capable de demander la tête de tous ces sales antisémites qui se cachent parmi nous. "Que la chasse commence ! Ouaf ouaf ! Il y aura de la quenelle pour tout le monde !"
Et ne m'en voulez pas. Je ne suis qu'un âne qui passe et qui s'amuse à compter les poings. Si la fête de la quenelle se mettaient tout à coup à cesser, mon maître reprendrait aussitôt la marche. Et je n'aime rien de moins que de pouvoir bouffer mon pop corn tranquille devant le spectacle de la bêtise humaine.
Le monde se divise toujours en deux catégories : les culottes blanches et les culottes noires. Choisis ton camp, y a du foin à gagner. Si tu ne participes pas, regarde.
Tu veux la culotte blanche ? J'avais deviné.