Nicolas78 a écrit :Les résultats de la MQ ne sont pas subjectifs.
Effectivement, les résultats de mesure quantique ne sont pas subjectifs. Ils sont intersubjectifs.
L'appareil de mesure n'enregistrerait toutefois pas d'information sans la "grille de lecture" des observateurs macroscopiques. Cette grille de lecture, c'est l'entropie dite pertinente (pour cette classe d'observateurs). Cette grille de lecture permet
d'attribuer un caractère d'information à l'enregistrement de l'appareil de mesure. Cette information n'existerait pas sans cette grille de lecture propre à une classe d'observateurs. Le réalisme naïf est mort.
Selon les positivistes la fonction d'onde, par contre, n'est pas intersubjective. La fonction d'onde d'un système physique n'est pas,
selon eux, la représentation objective de l'état de ce système physique. Elle est interprétée, par les positivistes, non comme représentant un état physique objectif, mais au contraire comme l'état de la
connaissance d'un observateur de ce système. C'est typiquement la position d'un Asher Peres ou d'un Antony Legett.
cf. Quantum Information and Relativity Theory, Asher Peres, Daniel R. Terno, Jul 2003
http://arxiv.org/abs/quant-ph/0212023v2
Many physicists, perhaps a majority, have an intuitive realistic worldview and consider a quantum state as a physical entity. Its value may not be known, but in principle the quantum state of a physical system would be well defined. However, there is no experimental evidence whatsoever to support this naive belief. On the contrary, if this view is taken seriously, it may lead to bizarre consequences, called “quantum paradoxes.”
It is only the misuse of quantum concepts, guided by a pseudorealistic philosophy, that leads to paradoxical results.
In this review we shall adhere to the view that ρ is only a mathematical expression which encodes information about the potential results of our experimental interventions. The latter are commonly called “measurements” — an unfortunate terminology, which gives the impression that there exists in the real world some unknown property that we are measuring. Even the very existence of particles depends on the context of our experiments.
Un point de vue complètement opposé est celui de Aharonov et Vaidman (j'aurais plutôt tendance à être de leur avis). Pour Vaidman, dans le formalisme time symmetric de la mécanique quantique à deux vecteurs d'états (un état évoluant du passé vers le futur et un état évoluant à rebrousse-temps du futur vers le passé, The Two-State Vector Formalism of Qauntum Mechanics: an Updated Review, Yakir Aharonov, Lev Vaidman, Jun 2007,
http://arxiv.org/abs/quant-ph/0105101) les résultats de mesure faible sur un système donné, résultats complètement déterminés par le bi-vecteur d'état de ce système, sont des "élément de réalité" même quand on ne les mesure pas (Weak-Measurement Elements of Reality, L. Vaidman, Jan 1996
http://arxiv.org/abs/quant-ph/9601005).
Ça n'empêche d'ailleurs pas ces scientifiques de se respecter malgré leurs différences d'interprétation et parfois même de collaborer à l'écriture d'un article scientifique.
Pour Vaidman, les résultats de mesure faible préexistent à la mesure. Le bi-vecteur d'état est donc vu (lui aussi, puisqu'il est équivalent à la donnée de l'ensemble de tous les résultats de mesure faible possibles) comme représentant intersubjectivement l'état d'un objet physique réel et non comme un simple outil statistique de prédiction représentant la
connaissance subjective d'un observateur comme le clament Peres et Legett.
Mathématiquement, la formulation de la mécanique quantique à deux vecteurs d'état ne s'écarte pourtant pas d'un iota de la formulation standard. Elle fait simplement apparaître,
explicitement, la symétrie T au lieu de projeter l'écoulement irréversible du temps et le principe de causalité (émergeant à notre échelle) sur la fonction d'onde et sur son évolution (qui "vivent", elles, "sous la frontière classique quantique").
Je pense que la projection indue de notre flèche du temps macroscopique sous la frontière classique quantique (une erreur à caractère anthropocentrique à mon avis) découle d'une difficulté à imaginer que le monde quantique puisse être un monde qui nous échappe, un monde ne prenant pas sa place dans la simplification à caractère thermodynamique statistique (simplification sur laquelle repose toute notre science actuelle puisqu'elle est basée sur la reproductibilité) que constitue notre espace-temps classique à seulement 4 dimensions et un temps qui s'écoule irréversiblement du passé vers le futur avec des causes précédant systématiquement les effets.
Cet espace-temps 4D classique et sa structure causale, nous les percevons comme objectifs. A nos yeux d'observateurs macroscopiques atteints de "myentropie", les objets physiques, et la fonction d'onde qui les représentent, y prennent place objectivement. Il nous est difficile d'imaginer un "monde quantique", échappant à nos possibilités d'observation (en tout cas à ce jour) obéissant à d'autre règles et prenant place dans un espace de Hilbert à une infinité de dimensions.