Elucubration a écrit :À qui voudra bien répondre : Quel intérêt voyez-vous à emprisonner à perpétuité un individu ayant commis des crimes graves, plutôt que de le condamner à la peine capitale?
La question est moins de savoir s'il y a un intérêt que de déterminer où s'arrête le pouvoir de la collectivité.
On aura beau tergiverser indéfiniment sur le fait que ça coute cher de maintenir en prison, qu'il peut y avoir des erreurs en cas de peine de mort et autres arguments techniques, la vraie question est: le pouvoir de la collectivité va-t-il jusqu'à pouvoir tout enlever à un individu, y compris la vie?
En refusant de prendre cette responsabilité, les pays abolitionnistes ont envoyé un signal fort à leur société en leur garantissant que, quelque soit la nuisance qu'il représente pour la société, leur vie leur appartiendra et est un droit inaliénable.
A l'inverse, ce n'est pas un hasard si les pays qui ont maintenu cette peine sont en majorité des pays autoritaires. Ils signifient pas cet acte que la vie de l'individu est moins importantes que la lois et l'Etat et que l'Etat peut leur prendre celle-ci s'il juge que la personne est une menace pour lui ou pour la collectivité dont il s'occupe.
C'est deux façons de voir les choses et le reste n'est finalement que détail technique ou considération comptable, singulièrement moins importante que cet essentiel là: la vie est-elle un droit inaliénable individuel ou pas?
Je n'ai pas la réponse, même si j'aurais tendance à penser qu'un droit inaliénable à la vie est facteur de moins de dérive possible que la possibilité pour l'Etat de me l'ôter au nom de la sécurité des autres (parce que la définition d'inaliénable ne varie pas, quelque soit l'idéologie alors que la notion de sécurité des autres, varie en fonction du régime et de l'idéologie)
On peut quand même noter que d'après les droits de l'homme, que beaucoup de pays abolitionnistes entendent respecté, la vie est effectivement un droit.
l'article 3 disant: Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.
Après, évidement, on peut se poser la question de savoir si, un criminel, en ne respectant pas ça (puisqu'il porte atteinte à la sureté, voir à la vie de quelqu'un d'autre) peut être protéger par cet article.
J'aurais tendance à répondre que oui, car le droit ne s'arrête pas quand quelqu'un l'enfrein et continue de le protéger, donc il n'y a pas de raison que ça soit différent pour la déclaration.
Ce qui est sur, c'est que l'abolition a mis en conformité les Etats qui l'on décidé avec leurs ambitions de défense des droits de l'homme et de promotion de ceux-ci dans leur société et à l'extérieur.
This is our faith and this is what distinguishes us from those who do not share our faith.
(John Flemming, Évêque irlandais, 3ème dan de tautologie, ceinture noire de truisme, champion des lapalissades anti-avortement.)