Salut Wooden,
au moins en ce qui concerne le plaignant.
La justice est aveugle, elle doit considérer à priori tout le monde de la même façon et suivant la même logique, un expert est compétent jusqu'à preuve ou doute du contraire, un témoin ou plaignant est de bonne foi jusqu'à preuve ou doute du contraire, un accusé est innocent jusqu'à preuve du contraire lui, est censé bénéficier du doute, il a déjà, à juste titre, un traitement de faveur.
Savoir s'il a dit la vérité est déterminé par l'enquête et statué par une décision du tribunal, pas avant.
Non, l'enquête tente de révéler les mensonges éventuels et les incohérences internes aux récits pour faire douter des versions des témoins, a aucun moment quelqu'un peut faire preuve de sa bonne foi. C'est se leurrer de penser que la justice fait éclater la vérité, au mieux elle démasque les menteurs. Un témoin affirmant avoir vu X à telle heure, à tel endroit, ne peut pas prouver qu'il dit la vérité, c'est donc à la partie adversaire de soit mettre en doute ce témoignage sur des bases circonstanciées, mauvaise visibilité, incohérence interne au récit, etc. ou en discréditant le témoin, alcoolique, drogué, mauvaise vie, dettes, etc (ce qui est un sophisme dans un débat d'idée) soit elle produit un autre témoin affirmant qu'à la même heure X était ailleurs et elle installe ainsi un doute favorable à l'accusé, plus rarement elle parvient à prouver que le témoin ment car elle a par exemple des éléments établissant qu'il n'était pas là où il prétendait être à ce moment. (ex : l'alibi de Tapis pris en photo a des centaines de kms du lieu où il prétendait être).
Un plaignant, un témoin, ou un expert est forcément à priori honnête aux yeux de la loi lorsqu'il rentre dans le tribunal, car si personne ne prouve qu'il ment, il ressort honnête, toujours aux yeux de la loi, sans avoir eu à le prouver.
(un enquêteur) doit, au contraire de ce que tu affirmes, être suspicieux a priori envers les témoignages, d'où qu'ils viennent et si plausibles fussent-ils.
Je n'ai jamais dit le contraire, un enquêteur ce n'est pas la justice, et ce que je dis justement c'est que si il y a procès c'est que les enquêteurs, le procureur et le juge aussi estiment qu'il y a matière à procès, ils ont donc de fait accorder du crédit à la victime présumée, et le jury lui tranchera après. Si là maintenant tu va porter plainte contre viol en désignant Sarco comme agresseur, il n'y aura pas de procès, à part peut-être le tien. Il y a donc bien un filtrage de crédibilité qui est effectué.
Si tu doutes de la probité de la plaignante avant le procès sans t'appuyer sur des éléments, tu pourras toujours douter de la probité de la plaignante après le procès sans t'appuyer sur des éléments. Dans l'hypothèse où les seuls faits remettants en cause la version de la femme de ménage soient la version de DSK, tu restes avec un parole contre parole, tu peux naturellement accorder le bénéfice du doute à DSK et considérer qu'il n'y a pas assez pour le condamner mais comment tu deal avec la femme de ménage, victime ou prostipute ?
Remettre en cause la parole d'une victime présumée c'est partial, c'est le job de la défense, les jurés eux doivent s'appuyer sur les éléments pas supposer quoi que ce soit, c'est d'ailleurs je pense une mission du juge que de leur rappeler, si la défense ne
crée pas le doute sur la version de la plaignante, il n'y a pas de doute. Sinon on ne condamne jamais personne, un complot est toujours possible, un doute théorique existe dans tous les procès. On ne demande pas au juré de donner
sa certitude du vrai, mais
son intime conviction.
Avant procès si tu appliques l'égalité de traitement, la femme de ménage est présumée victime et DSK présumé innocent.
Ce sont les preuves qui doivent faire évoluer le jugement.
Je ne préjuge pas.
Quand mon voisin m'apprend qu'il a reçu un pv pour excès de vitesse constaté par un radar automatique, j'évalue la possibilité d'erreur à priori aux alentours de 20%, j'évalue la thèse de complot à 0.01%, s'il m'assure, factures à l'appui, que ce jour là sa voiture était au garage j'évalue la possibilité d'erreur à 99.99%, mais la thèse du complot reste à 0.01%. Ma perplexité sur la thèse du quiproquo et celle plus grande encore sur celle du complot ne sont pas des supposées connaissances de la réalité, ce sont des positions par défaut impartiales ou presque* en attente d'éléments nouveaux.
Avoir supposé connaitre la vérité avant d'avoir enquêté est une des causes d'une erreur judiciaire marquante que fut l'affaire d'Outreau, par exemple. Il y avait des coupables tout désignés, dégénérés et sans morale d'un côté et l'innocence de l'enfance de l'autre. Difficile, je l'admets, à ne pas se rendre à "l'évidence" et à les traiter sur un pied d'égalité. Pourtant ...
Je parlais des limites de ce principe plus tôt, que faire de la parole de l'enfant en est un bon exemple. Mais dans ce cas précis la présomption d'innocence des accusés a été très vite balayée, le juge n'a pas été, je croie, un exemple d'impartialité, c'est donc pas le meilleur cas pour pointer les faiblesses du principe que je défends.
*la théorie du complot est plus séduisante pour DSK que pour mon VRP, cela a un effet pervers le regard est plus suspicieux sur cette femme de ménage que sur n'importe quelle présumée victime d'une tentative de viol.