Jodie a écrit : 24 mars 2024, 22:43
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Pour Richard, ce n'est pas avec sa vision que j'étais en opposition, mais la tienne.
La science, les avancées scientifiques, se déroulent en dehors du langage humain, parce que le langage humain apparaît impropre à transmettre des connaissances scientifiques sans que l'objet initial du message soit détourné, pour une raison ou pour une autre, mais souvent pour des niveaux de connaissances équivalents entre émetteurs et récepteurs (celui qui fait part et transmet l'objet scientifique) et celui qui reçoit (celui qui essaie de comprendre de quel objet il s'agit).
Klein rappelle qu'il y a un problème à ce niveau puisque les connaissances scientifiques, depuis la création des conditions scientifiques qu'il date de Galilée, utilisent peu ou prou les mêmes structures langagières. Ce langage, contrairement aux connaissances scientifiques, n'a pas suivi, en quelque sorte, et n'a pu absorber et retranscrire le niveau de complexité requis.
"Vulgariser" la science, rendre accessible sans les déformer les objets scientifiques, est un exercice qui requiert de hautes qualifications tant il est difficile, risqué.
Souvent sont confondus les objets scientifiques et les applications découlant de ces objets, qui génèrent des considérations autres que celles s'inscrivant dans le champ scientifique.
La philosophie, au sens englobant et général utilise le langage humain, pas des équations sophistiquées.
Celle la plus approchante est la philosophie étudiant les sciences sous conditions que les personnes qui s'y donnent disposent d'un minimum de savoir scientifique afin de se garder des interprétations préjudiciables.
Les scientifiques dans un laboratoire échangent des idées à coups de formules, le recours aux mots, au langage commun, lambda, peut être réduit.
Gustave Flaubert avait approché cette problématique dans Bouvard et Pécuchet.
C'est pour ces raisons qu'il faut s'efforcer d'essayer de bien se situer, c'est à dire dans quel champ disciplinaire on se situe :
- objet de science?
- application(s) scientifique(s)?
- philosophie des sciences ?
- philosophie au sens large ?
Klein le rappelle: assurons-nous que nous parlons bel et bien du même objet.
"Assurons-nous bien du fait, avant que de nous inquiéter de la cause." (Bernard le Bouyer de Fontanelle) *.
L'histoire regorge de controverses éclairantes à ce sujet.
Au hasard, Bergson et Einstein,... deux très hauts niveaux de réflexion, mais des difficultés de compréhension.
Claude Lėvi-Strauss et Jacques Lacan,...
Plus proches de nous, et de nos préoccupations , Jean-Marc Jancovici (qui n'est pas, et s'en défend, un scientifique à part entière) et nombre de ses interlocuteurs.
Beaucoup de ses interlocuteurs "philosophent" sur le pourquoi du comment à loisir, Jancovici est souvent obligé de leur rappeler la cruelle trivialité des faits, reposant sur des connaissances, qu'ils n'ont pas ou qu'ils possèdent fragmentées.
Les bases de la philosophie ont été établies dans des sociétés (grecque, romaine, chinoise, ...( qui pratiquaient l'esclavage ou du moins l'asservissement de populations), ce qui laissait du temps à la réflexion puisque les "opérations" courantes, gourmandes en temps, étaient ainsi assurées.
Beaucoup ont tendance à l'oublier, et à réécrire l'histoire. Je songe à certains courants actuels (wokes, décoloniaux, indigènes de la république,...) bien ancrés dans le paysage, cautionnés par des sommités, qui sont capables d'en commettre des tonnes en occultant des faits. **
Ventre affamé n'a pas d'oreilles...
On ne philosophe pas le ventre vide...
J'ai toujours en tête ces deux maximes émises par ma professeur de philosophie, un puits de connaissances, qui m'ouvrit bien des portes et nourrit mes réflexions ultérieures.
Nous sommes et resterons des animaux sociaux qui disposons de moyens de conceptualisation, avec des possibilités qui devraient nous éclairer sur les conduites futures à tenir, sur nos responsabilités, plus encore que d'autres populations moins bien loties parce que nous sommes des occidentaux bien nourris (trop) arrogants et quelque peu irresponsables.
Ce qui motive ces derniers propos est la lecture que j'ai entreprise de l'ouvrage écrit par Pascal Picq: "De Darwin à Lévi-Strauss L'homme et la diversité en danger", publié en 2013. Il y a des pages terribles quant à la disparition, à jamais, d'espèces animales, végétales, et de populations (la Tasmanie,...). De la folie des hommes représentée par une partie de l'humanité initialement, folie qui s'est repandue sur le globe avec les conséquences que l'on connaît et subit.
Ce délire, puisqu'il s'agit bien d'un délire et qu'il apparaît diffcile de le nommer autrement, perdure, les conflits en cours l'attestent suffisamment. En 10 années, cette folie s'est encore accélérée...
De la science, de la connaissance, et de la philosophie...
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https://www.lelivrescolaire.fr/page/33748310
Ce texte n'a rien perdu de sa vigueur ni de son actualité
** La fréquentation de personnages tels Pascal Picq leur serait pourtant d'un très grand profit. Quand la connaissance est parcellaire, voire recule, la "philosophie" est d'autant plus chancelante. Pascal Picq n'a pas choisi Charles Darwin et Claude Lévi-Strauss par hasard ou pour produire un effet de manches.