Re: Études féministes
Publié : 29 oct. 2010, 16:36
VIOLENCE CONJUGALE MYTHE ET RÉALITÉ
Il y a plus grave. La survivance d'un mythe a des conséquences épistémologies et sociales. La croyance conditionne la perception de la réalité et l'action que l'on engage vis-à-vis elle. Aveuglée par un mythe, une société peut s'entêter à donner des coups d'épée dans l'eau, à mobiliser ses ressources vers de mauvaises solutions conséquences d'un problème mal compris.
L'exemple de la violence conjugale m'apparaît un bon exemple. Ceux qui vivent au Québec sauront qu'ici le problème de la violence conjugale est subsumé au ras de marée idéologie de la lutte contre la «violence faite aux femmes ».
Les recherches sérieuses (il y en a) montrent que le tableau de la violence conjugale est très différent de celui que dessinent les idéologues. Cette différence s'observe tant quantitativement que qualitativement.
Réalité de la violence
QUANTITATIF
En gros, il y a 3 sources de données sur la prévalence de la violence dans la population:
1) Études sur la criminalité
2) Enquêtes sur les conflits familiaux
3) Sondages sur la victimisation
Les enquêtes sur les conflits familiaux utilisent le CTS, un instrument qui repose sur le principe de «symétrie dans la mesure» qui augmente considérablement la validité des données recueillies. Elles sont donc les sources les plus fiables de données sur la violence conjugale. Elles mettent également en relief les biais que comportent les autres sources de données.
La mesure de la prévalence de victimisation change suivent la "sensibilité" des échelles, mais une mesure sensible comme celle de l'Enquête Sociale Générale de 1999 montre un taux de 1,8 % chez les hommes et de 2,2 % chez les femmes. On est loin de l'hécatombe évoquée par la propagande. On est également surpris par le contraste quantitatif entre cette violence et une autre forme de violence familiale beaucoup plus rependue et potentiellement beaucoup plus préjudiciable pour les victimes qu'est la violence dans la fratrie (Trudel, 1999)
On apprend aussi que quelle que soit la sensibilité des échelles, les taux respectifs de victimisation chez les hommes et les femmes sont toujours à peu près égaux. (Straus, 1999, 2001; Archer, 2000; Fiebert, 2003; Laroche, 2003).
Les enquêtes de conflit montrent également que la violence physique est initié par la femme aussi souvent que par les hommes (53 % des cas dans Stets & Straus, 1990) ce qui déboulonne l'hypothèse féministe à l'effet que la violence féminine est une violence principalement défensive.
QUALITATIF
De nombreux travaux de recherche montrent qu'il est pertinent de distinguer les différents types de violence sur une base contextuelle parce que la signification et le pronostic en deviennent fort différents (par exemple; Johnston & Cambpbelle, 1993; Johnson & Ferraro 1995; Austin 2001, Vidal, 2005).
Le sous-type de violence dénoncé dans le discours dominant correspond à ce que les chercheurs appellent le «terrorisme conjugal ». Il s'agit d'un "pattern" de comportement ou la violence est érigé en système dans le but de contrôler la victime. La violence y est chronique. Elle suit un parcours progressif, s'exprime sur plusieurs plans (physique, psychologique, social) et a tendance à s'aggraver avec le temps. C'est le sous-type qui a le plus de chance d'être associé à des blessures physiques sérieuses. L'agresseur y présente un profil clinique caractérisé par une (a) faible tolérance à la frustration, (b) une grande impulsivité, (c) une conception stéréotypée des rôles sexuels, (d) est possessif et jaloux, (e) et présente souvent un profil de consommation problématique. Son discours révèle également un système d'attributions externe de la causalité. Il considère donc que ce sont les autres ou les circonstances qui sont à la source de ses problèmes.. Les victimes aussi présentent un profil clinique antérieur à la relation (TPB, TPD). Ce sous-type, monté en épingle dans le discours dominant, est pourtant, paradoxalement, celui qui est le plus faiblement représenté dans les statistiques (4% dans l'étude de Cory & al 2002; 10% dans l'étude de Johnson & Ferraro 2000).
Le sous-type de plus courant est la «violence situationnelle». (Il s'agit d'une forme de violence symétrique entre partenaires égaux et qui est un peu plus souvent initiée par les femmes. Il s'agit d'une violence qui apparaît soudainement, à la faveur d'une crise (par exemple, une séparation) et disparaît tout aussi rapidement sans être suivi de récidive. Le contrôle de l'autre n'en est pas l'enjeu et la victime n'en témoigne pas secondairement de la crainte face à l'agresseur. Les agresseurs perçoivent eux-mêmes cette violence comme étrangère à leur personnalité et à leur comportement habituel. Cette violence est généralement sans conséquences physiques ou psychologiques graves.
Méta-analyses
Le contraste entre la réalité et le mythe que l'on entretient à son sujet et si important qu'il est lui-même devenu un objet de recherche en soi. Les chercheurs démontrent empiriquement ce contraste et s'interrogent sur la raison et les mécanismes par lesquels on construit ce mythe. Ils s'interrogent aussi sur les conséquences dans l'élaboration de politiques, la prestation de services et même l'orientation des recherches scientifiques (Par exemple: Trudel, 1999; Vidal 2005, Leduc, 2005).
POUR MOI
Même le problème du «terrorisme conjugal » soulève pour moi une importante remise en question. Ce qui est observé en clinique par les intervenants auprès de femmes victimes de violence et d'hommes chroniquement violents est que les uns comme les autres (100%) souffrent de troubles psychiatriques sévères de l'Axe I et II. Mon inquiétude est qu'en magnifiant le rôle de «l'idéologie patriarcale » comme facteur causal de la violence terroriste, on occulte un facteur beaucoup plus déterminant : le facteur psychiatrique. Il en découle que toutes les mesures sociales mises en place pour venir en aide aux victimes et aux agresseurs reposent sur la mauvaise cible.
Il y a plus grave. La survivance d'un mythe a des conséquences épistémologies et sociales. La croyance conditionne la perception de la réalité et l'action que l'on engage vis-à-vis elle. Aveuglée par un mythe, une société peut s'entêter à donner des coups d'épée dans l'eau, à mobiliser ses ressources vers de mauvaises solutions conséquences d'un problème mal compris.
L'exemple de la violence conjugale m'apparaît un bon exemple. Ceux qui vivent au Québec sauront qu'ici le problème de la violence conjugale est subsumé au ras de marée idéologie de la lutte contre la «violence faite aux femmes ».
Les recherches sérieuses (il y en a) montrent que le tableau de la violence conjugale est très différent de celui que dessinent les idéologues. Cette différence s'observe tant quantitativement que qualitativement.
Réalité de la violence
QUANTITATIF
En gros, il y a 3 sources de données sur la prévalence de la violence dans la population:
1) Études sur la criminalité
2) Enquêtes sur les conflits familiaux
3) Sondages sur la victimisation
Les enquêtes sur les conflits familiaux utilisent le CTS, un instrument qui repose sur le principe de «symétrie dans la mesure» qui augmente considérablement la validité des données recueillies. Elles sont donc les sources les plus fiables de données sur la violence conjugale. Elles mettent également en relief les biais que comportent les autres sources de données.
La mesure de la prévalence de victimisation change suivent la "sensibilité" des échelles, mais une mesure sensible comme celle de l'Enquête Sociale Générale de 1999 montre un taux de 1,8 % chez les hommes et de 2,2 % chez les femmes. On est loin de l'hécatombe évoquée par la propagande. On est également surpris par le contraste quantitatif entre cette violence et une autre forme de violence familiale beaucoup plus rependue et potentiellement beaucoup plus préjudiciable pour les victimes qu'est la violence dans la fratrie (Trudel, 1999)
On apprend aussi que quelle que soit la sensibilité des échelles, les taux respectifs de victimisation chez les hommes et les femmes sont toujours à peu près égaux. (Straus, 1999, 2001; Archer, 2000; Fiebert, 2003; Laroche, 2003).
Les enquêtes de conflit montrent également que la violence physique est initié par la femme aussi souvent que par les hommes (53 % des cas dans Stets & Straus, 1990) ce qui déboulonne l'hypothèse féministe à l'effet que la violence féminine est une violence principalement défensive.
QUALITATIF
De nombreux travaux de recherche montrent qu'il est pertinent de distinguer les différents types de violence sur une base contextuelle parce que la signification et le pronostic en deviennent fort différents (par exemple; Johnston & Cambpbelle, 1993; Johnson & Ferraro 1995; Austin 2001, Vidal, 2005).
Le sous-type de violence dénoncé dans le discours dominant correspond à ce que les chercheurs appellent le «terrorisme conjugal ». Il s'agit d'un "pattern" de comportement ou la violence est érigé en système dans le but de contrôler la victime. La violence y est chronique. Elle suit un parcours progressif, s'exprime sur plusieurs plans (physique, psychologique, social) et a tendance à s'aggraver avec le temps. C'est le sous-type qui a le plus de chance d'être associé à des blessures physiques sérieuses. L'agresseur y présente un profil clinique caractérisé par une (a) faible tolérance à la frustration, (b) une grande impulsivité, (c) une conception stéréotypée des rôles sexuels, (d) est possessif et jaloux, (e) et présente souvent un profil de consommation problématique. Son discours révèle également un système d'attributions externe de la causalité. Il considère donc que ce sont les autres ou les circonstances qui sont à la source de ses problèmes.. Les victimes aussi présentent un profil clinique antérieur à la relation (TPB, TPD). Ce sous-type, monté en épingle dans le discours dominant, est pourtant, paradoxalement, celui qui est le plus faiblement représenté dans les statistiques (4% dans l'étude de Cory & al 2002; 10% dans l'étude de Johnson & Ferraro 2000).
Le sous-type de plus courant est la «violence situationnelle». (Il s'agit d'une forme de violence symétrique entre partenaires égaux et qui est un peu plus souvent initiée par les femmes. Il s'agit d'une violence qui apparaît soudainement, à la faveur d'une crise (par exemple, une séparation) et disparaît tout aussi rapidement sans être suivi de récidive. Le contrôle de l'autre n'en est pas l'enjeu et la victime n'en témoigne pas secondairement de la crainte face à l'agresseur. Les agresseurs perçoivent eux-mêmes cette violence comme étrangère à leur personnalité et à leur comportement habituel. Cette violence est généralement sans conséquences physiques ou psychologiques graves.
Méta-analyses
Le contraste entre la réalité et le mythe que l'on entretient à son sujet et si important qu'il est lui-même devenu un objet de recherche en soi. Les chercheurs démontrent empiriquement ce contraste et s'interrogent sur la raison et les mécanismes par lesquels on construit ce mythe. Ils s'interrogent aussi sur les conséquences dans l'élaboration de politiques, la prestation de services et même l'orientation des recherches scientifiques (Par exemple: Trudel, 1999; Vidal 2005, Leduc, 2005).
POUR MOI
Même le problème du «terrorisme conjugal » soulève pour moi une importante remise en question. Ce qui est observé en clinique par les intervenants auprès de femmes victimes de violence et d'hommes chroniquement violents est que les uns comme les autres (100%) souffrent de troubles psychiatriques sévères de l'Axe I et II. Mon inquiétude est qu'en magnifiant le rôle de «l'idéologie patriarcale » comme facteur causal de la violence terroriste, on occulte un facteur beaucoup plus déterminant : le facteur psychiatrique. Il en découle que toutes les mesures sociales mises en place pour venir en aide aux victimes et aux agresseurs reposent sur la mauvaise cible.