Gwanelle a écrit : 11 déc. 2023, 12:51ils estiment que ça vaut le coup de sacrifier l'invariance des lois juste pour que le "plan de simultanéité ne bouge pas"
 
 Cette approche là est surtout celle des non physiciens. Les physiciens prêts à sacrifier l'invariance de Lorentz ont une autre motivation. Leur but est surtout de sauver, dans la lignée du critère de réalité d'Einstein, une interprétation objective, réaliste de la physique (notamment la physique quantique) et de ses lois.
On peut citer le point de vue réaliste (désormais minoritaire) de feu 
David Bohm, feu 
John Bell, 
Sheldon Goldstein, 
Antony Valentini, 
Valerio Scarani, 
Ian Percival, 
Nicolas Gisin, 
Jean Bricmont, 
Karl popper, 
Franc Laloë, 
Alain Aspect. On pourra noter qu'il s'agit là de physiciens dont la compétence (et pour plusieurs d'entre eux la renommée) n'est absolument pas contestée.
Ce camp des physiciens réalistes privilégie une interprétation de l'état quantique comme une description physique objective de l'état d'un système physique et une mesure quantique comme le recueil d'une information objective, une information rendant compte d'
un changement objectif d'état du système physique observé (et non un recueil d'information sur l'interaction entre 
un observateur et un système physique). 
Cette interprétation nécessite toutefois 
un référentiel quantique privilégié. Le changement d'état lors de la mesure est alors objectif, instantané et spatialement étendu (objectivement non local) en violation (à ce jour inobservable) de l'invariance de Lorentz. Dans l'interprétation réaliste de l'état quantique et de la mesure quantique, 
c'est l'invariance de Lorentz (au lieu du résultat de mesure observé) qui s'interprète comme 
une émergence statistique. 
La localité est alors violée, mais le 
principe de causalité est conservé.
Dans le camp désormais majoritaire des 
positivistes, fortement apparenté aux tenants de l'
interprétation de Copenhague (les Bohr, Born et Heisenberg), on trouve les 
Christopher Fuchs, 
Asher Peres, 
Hervé Zwirn, 
Carlo Rovelli par exemple... ...Et là aussi, il s'agit de physiciens dont la compétence est très largement reconnue par leurs pairs.
Dans le camp positiviste, la physique est considérée comme un 
outil d'inférence bayesienne (1). La physique quantique est alors interprétée comme locale (2). La 
non localité quantique (un terme forgé par Bell) est considérée comme un 
qualificatif abusif puisque l'
effet EPR ne peut pas (en tout cas à ce jour) être utilisé pour transmettre une information à vitesse supraluminique, cf. le 
no-communication theorem. 
Il est à noter toutefois que ce théorème repose, via le 
formalisme de l'opérateur densité, sur l'hypothèse implicite d'une 
impossibilité "fondamentale" de biaiser le hasard quantique. C'est difficile à avaler vu que 
les évolutions quantiques sont déterministes. On est donc obligé de reconnaître que la 
mesure quantique n'est pas une évolution quantique objective. 
L'
observateur joue alors un rôle déterminant. C'est lui le 
responsable de l'indéterminisme et de l'irréversibilité des mesures quantiques en violation de 
l'unitarité des évolutions quantiques. Pas moyen de retrouver, donc, l'
objectivité, le déterminisme et la réversibilité des lois de la 
physique classique de la fin du 19ème siècle (et notamment, mathématiquement, la commutativité de l'algèbre des observables caractérisant cette physique).
(1) L'interprétation positiviste de la physique (son interprétation comme un outil d'inférence bayesienne) rejette
 l'hypothèse métaphysique d'une possible description objective de la réalité physique (une description qui ne devrait rien à la grille de lecture thermodynamique statistique des observateurs que sont les êtres vivants).
(2) Pourquoi considérer l'effet EPR comme local malgré la 
violation des inégalités de Bell, parce que c'est ce que nous disent (à ce jour) les observations. O
n évite de nombreux paradoxes quantiques si on abandonne la croyance réaliste, une croyance incompatible par principe avec la notion même de preuve scientifique car une preuve scientifique exige, par principe, des observations reproductibles