Tout cela est passionnant à lire. Le lien entre la médecine; les pratiques sexuelles, la corrélation statistique,,, je suis ébloui. Vraiment. Cela repose tant des discussions entre spécialistes d'un seul sujet. Ce forum est une récréation pour moi,
Un point sur lequel je peux revenir rapidement, le "volet santé" du post initial.
Le médecin spécialiste ou non doit avant tout savoir que poser un diagnostic comporte toujours un risque d'erreur, que choisir une thérapeutique comporte toujours une part de risque.
Un bon médecin doit être sûr à 99% mais pas plus. Il existe toujours une possibilité de se tromper, même s'll est évident que dans une vaste partie des cas tout coule de source. Sur le reste, il faut essayer de tendre vers le bon diagnostic mais sans jamais atteindre la certitude absolue. D'ailleurs, sur certains cas complexes à la question "qu'est-ce que j'ai docteur" le bon médecin répond "je ne sais pas mais on va chercher" et le mauvais médecin répond par une pathologie XYZ.
Le doute est le premier instrument du médecin, l'intention de ne pas nuire sa première obligation.
Mireille écrivait
Comment pouvons-nous appliquer une pensée critique avec un spécialiste ? Difficile de lui dire : « Monsieur X, vous me proposez ce traitement ! Je vais vérifier et vous revenir...», je ne suis pas certaine que le médecin ou spécialiste va apprécier que j'use de mon esprit critique, surtout si d'évidence je n'y connais rien
Le bon médecin n'appréciera pas forcément car il est humain, mais il comprendra.
Que le patient n'y connaisse rien ou pas ne change rien au risque d'erreur. Par conséquent le patient est légitime à chercher à minimiser ce risque d'erreur. Bref si vous n'avez pas envie d'entamer le processus thérapeutique proposé, il est de votre devoir face à vous-même d'aller chercher confirmation ailleurs.
Mais cela doit se faire avec la même approche rigoureuse. Lorsqu'une personne refuse une chimiothérapie et choisit un traitement alternatif, elle augmente généralement le risque plutôt que de le diminuer. Parfois dans des proportions très graves. Le cas de Josée Blanchette est un peu particulier, mais elle a le mérite d'illustrer les dérives entre les groupes pharma et la médecine, ainsi que la nécessité d'une hygiène de vie, c'est toujours bon à rappeler.
En revanche si l'on est sur des pathologies qui ne mettent pas de fonctions vitales en danger, alors on peut essayer les médecines alternatives. L'homéopathie ne possède pas de base scientifique mais certaines personnes disent que sur elles cela fonctionne. Cela fonctionne-t-il ou ont-elle simplement un sentiment de mieux -être? Et si cela fonctionne effectivement, pourquoi? Dans tous les cas c'est le mieux-être qui compte, donc si vous tenez à prendre de l'homéopathie je vous encourage à le faire : cela ne peut pas vous faire de mal. Sauf si vous négligez de prendre des molécules dont l'effet est scientifiquement avéré et adapté à votre propre cas et donc que vous prenez un risque quelconque, qui dépasse l'inconfort. Même chose pour l'acupuncture.
Autrement dit pour le médecin du moment que ça marche c'est très bien. Comme le dit un de mes amis, "s'il faut se peindre le visage en rouge et faire une danse sacrée pour que le patient aille mieux, je fais".
Attention cependant à certaines médecines dites "alternatives" qui peuvent nuire. Par exemple les herbes. Quelqu'un a évoqué dans le thread le traitement par les plantes. Mais certaines plantes sont extrêmement toxiques. On voit ainsi passer en service d'hépato des personnes qui souffre d'une hépatite aiguë de cause inexpliquée, et on finit par se rendre compte qu'ils consomment une tisane artisanale achetée chez un herboriste chinois. Lorsque certaines doses sont dépassées le produit devient hautement toxique.
Pour ce qui est de la naturopathie, cela dépend des pays. Aux USA la naturopathie est enseignée dans des collèges de médecine véritables, c'est une voie un peu à part mais les études sont plus longues que les études médicales classiques. Mais vous avez de bon naturopathes et de mauvais. Un bon naturopathe n'hésitera pas une seconde à vous prescrire un antibiotique, un anxiolytique ou un tout autre médicament "non naturel" si la situation le nécessite. Un mauvais ne vous donnera que des remèdes naturels.
Comme l'a souligné quelqu'un, le gros problème c'est l'autodiagnostic avec des patients qui lisent tout et son contraire sur internet et viennent contester le diagnostic médical. Ce n'est pas la même chose de dire "Merci docteur, je vais toutefois prendre un second avis avant de faire procéder au traitement proposé" et de dire "Docteur, je ne comprends pas, êtes-vous sûr que je souffre de (pathologie banale), j'ai vu sur le net que mes symptômes correspondent tout à fait à (pathologie rarissime, exotique et très grave)". On trouve généralement derrière cette attitude, non pas une tendance à l'hypercritique mais un désir de reconnaissance et de valorisation. "je ne suis pas un malade comme les autres, moi j'ai quelque chose d'unique car je suis unique". Je caricature mais c'est l'idée.
Donc au final le premier devoir du sceptique c'est de s'appliquer la rigueur à lui-même. "Ce que je pense est-il pertinent? Est-ce que je dispose d'un raisonnement solide appuyé sur des arguments complets?". Je ne crois pas que ce soit une question d'honnêteté, mais tout simplement une attitude de rigueur, qu'il ne faut pas confondre avec le perfectionnisme.