Le mimétisme pose une problématique pour l'identité, parce que si notre désir vient d'autrui, alors est-il vraiment le nôtre ? En fin de compte, tout vient de l'extérieur de nous-mêmes, que ce soit la matière, les idées et les désirs. Dans ce changement permanent, ce qui change peu, ce sont nos habitudes. Mais même les habitudes peuvent changer.
Nous ne nous appartenons pas. Nous ne sommes et ne serons jamais que les autres. C'est le mélange, le cocktail, qui peut présenter un caractère d'originalité et déterminer la construction, la constitution, internes *, d'un individu.
Nous sommes en interactions continuelles avec l'environnement auquel nous appartenons. Cet environnement n'est pas figé mais constamment dynamique, parce qu'il fait lui-même partie d'un autre niveau d'organisation. lui même en mouvement, même si nous avons l'impression que les changements sont infimes, voire inexistants, les habitudes sont modifiées en conséquence.
La vie agit, constamment, et elle se passe très bien de notre conscience. Plus prosaïquement, la conscience, facteurs évolutifs obligent, ne semble pas prévue pour se poser des questions à ce niveau et surtout pour avoir accès aux mécanismes inconscients qui constituent les rouages les plus essentiels de la machinerie et qui gouvernent notre destinée.
L'apparition du langage organisé, c'est à dire permettant l'accès à l'abstraction et à la conceptualisation demandant une résolution de plus en plus de haut niveau a certainement favorisé Sapiens au détriment de Néandertal, Denissova, et autre groupes humains, parce que Sapiens a pu organiser et agir plus efficacement sur son environnement en communiquant, en sachant communiquer, en fédérant les individus autour d'une idée. En établissant, pour que le système fonctionne, les échelles hiérarchiques de dominance.
La nature en a pris progressivement un bon coup, avec la disparition progressive d'espèces animales, la modification des paysages (émergence de l'agriculture, de l'élevage moderne avec la domestication et la sélection,...).
Les formes de spiritualité animistes des débuts, avec les premières représentations picturales ont laissé peu à peu place, quelques millénaires plus tard, aux grandes religions à objectifs utilitaristes: dominer son environnement, dominer la nature, se donner de bonnes raisons de le faire, se dédouaner de ses actions.
L'homme est-il intrinsèquement bon? On n'en sait rien, bien malin qui peut répondre à cette question. Depuis que l'écriture existe, ce ne sont pas les productions qui font défaut sur cette question essentielle. Il n'y a pas de raisons fondamentales qui s'opposent à ce qu'il continue d'entretenir cette aspiration. Il vaudrait mieux, d'ailleurs, car le futur devient diablement incertain, sans guère de visibilité.
* par internes, j'associe les modifications de caractères génétiques qui interviennent d'une génération à l'autre, les processus évolutifs sont continus. Ce qui ne signifie pas pour autant que ces modifications seront effectives et opérationnelles, en quelque sorte, dans les générations suivantes, et quelles auront un impact. Le déterminisme génétique est une chose (le programme génétique de l'individu), la part du hasard conjuguée à l'aléatoire en est une autre pour la "distribution". Si on persiste à raisonner en termes de logique, on risque de se faire mal, et de passer à côté de l'essentiel.