Pour se faire une idée du gros souci, c'est à dire de l'impact de l'urbanisation galopante, et quelque peu délirante sur la planète, vue de l'espace, il suffit de visionner les séries de photographies réalisées par Thomas Pesquet à bord de l'ISS.
Il a parlé de ce problème au cours de nombreuses interviews.
Concilier l'inconciliable?
Ou se moquer du monde et prendre les citoyens pour des crétins...
L'école française (mais pas que...) selon le cabinet de conseil américain Mc Kinsey...
Je cite délibérément l'article en intégralité, il n'y a aucun hors-sujet, puisque les vues néo-libérales exposées et détaillées sont en prise directe avec le contexte de ce fil, c'est à dire disposer d'informations et de connaissances pour agir.
Pour qu'un groupe de population soit conduit à produire une réflexion collective, encore faut-il qu'il puisse disposer et s'appuyer sur des structures facilitant l'exercice.
Quand la volonté gouvernementale est en contradiction flagrante avec des initiatives comme celles de Jean-Marc Jancovici, d'Aurélien Barreau,...il y a de quoi se morfondre et s'inquiéter sérieusement pour la suite, surtout après avoir pris note du montant de la facture...
Blabla et néolibéralisme à gogo : ce que contient le rapport de McKinsey sur l’école
Florilège
Par Hadrien Brachet
Publié le 12/01/2023 à 18:00
Épinglé par la commission d’enquête du Sénat en janvier 2022, le rapport de McKinsey sur l’évolution du métier d’enseignant destiné au ministère de l’Éducation nationale est désormais accessible en ligne. Un concentré de langage managérial insipide qui pousse à la libéralisation de l’école et à son adaptation au marché du travail.
Une opération facturée pas moins de 496 800 euros, pour un résultat plus que discutable… En janvier 2022, la commission d’enquête du Sénat sur l’influence des cabinets de conseil s’était étonnée d’une mission de McKinsey opérée en 2020 à destination du ministère de l’Éducation nationale et de la Direction interministérielle de la transformation publique. Le directeur associé de McKinsey France, Karim Tadjeddine, avait alors expliqué devant des sénateurs remontés qu’il s’agissait d’accompagner l'organisation d'un « séminaire » pour « réfléchir aux grandes tendances des évolutions du secteur de l'enseignement ». Celui-ci ayant été finalement annulé pour cause de Covid-19, le cabinet de conseil américain avait finalement rendu trois « livrables » sur les évolutions du métier d’enseignant, en s’appuyant sur des comparaisons internationales.
Jusque-là, ces documents n’avaient pas été rendus publics. Grâce à des démarches auprès de la Commission d'accès aux documents administratifs (CADA), David Libeau, développeur, membre de l’association OpenKnowledge France et Marc Rees, journaliste pour le site d'investigation L’Informé, viennent de les obtenir et ont pu les mettre en ligne ce mercredi 11 janvier. Parmi eux, la « version en cours d’élaboration » datée d'avril 2020 de la fameuse note intitulée « Éclairer les évolutions du métier d’enseignant au XXIe siècle ». Un rapport qui, comme le reconnaissait lui-même le ministère de l’Éducation nationale auprès de la commission d’enquête, « a pu alimenter sa réflexion sur l'accompagnement des professeurs par leurs pairs (mentorat), le besoin de repenser leur formation et la nécessité de mieux valoriser leurs compétences. » Seule interrogation pour le journaliste Marc Rees, les métadonnées du document qui signalent une modification le 4 avril 2022, près de deux ans après le rendu : « je ne sais pas si cela correspond à une modification substantielle ou juste orthographique ou graphique », pointe-t-il.
Donc @education_gouv vient aussi de me transmettre le rapport #McKinsey
1. Ma demande initiale remontait au 19/01/22
2. j'ai eu un avis CADA positif (ci dessous)
3. Et ai lancé une procédure devant le tribunal administratif avec @AFOCobhthaigh
Lien :
https://t.co/Gmr2ufkuqfpic.twitter.com/lGxjEIvcf8
— marc rees (@reesmarc) January 11, 2023
En tout cas, tout au long des 204 pages pour l'instant disponibles, à la présentation léchée, alternant textes, graphiques et images d’illustrations, la note développe une vision de l’école conforme à celle développée par Emmanuel Macron au cours de sa campagne présidentielle de 2022, promouvant autonomie des établissements, rémunérations au mérite et fonctionnement décentralisé. Partant du constat que « le métier d’enseignant évolue profondément », McKinsey estime qu’« appréhender ces évolutions est une nécessité impérieuse pour permettre aux professeurs de continuer à assurer leur mission, au service de la réussite de tous les élèves ». Désormais, les professeurs « ne sont plus uniquement des "sachants" qui transmettent un savoir théorique, assure le cabinet de conseil. Mais ils offrent un accompagnement plus global au développement et à l’épanouissement de l’élève – y compris, en l’éduquant sur des sujets comme le respect de la diversité, le développement durable, l'équité sociale ou l'égalité des sexes. »
Pour répondre aux défis de l’époque, le rapport préconise donc de faire évoluer le quotidien des enseignants et leurs méthodes pédagogiques. Et pour cela, à de multiples reprises, le cabinet de conseil incite à développer l’usage du numérique. Si l’apprentissage de la programmation ou la sensibilisation à l’usage des outils informatiques sont certes essentiels, McKinsey va bien plus loin, faisant appel au numérique jusqu’à plus soif. Le cabinet de conseil suggère d’« accélérer la diffusion des méthodes comme l’apprentissage mixte », le « blended learning » (sic) qui consiste à associer apprentissage en ligne et cours.
Quant aux professeurs, ils « pourraient accéder à des outils technologiques pour préparer les cours, automatiser partiellement la notation, ou encore les seconder dans l’analyse des progrès réalisés par les élèves ». McKinsey propose même déjà des logiciels clés en main : « Gradescope », qui « s’appuie sur des méthodes informatiques d’apprentissage machine pour permettre aux enseignants de noter les élèves plus rapidement » ou « Schoolrunner » qui « permet aux enseignants de suivre et d’analyser les données de leurs élèves ». En somme, délesté de sa position de « sachant », l’enseignant devient un simple gestionnaire, analysant courbes, graphiques et pourcentages au profit de la maximisation des résultats.
L’idéologie néolibérale, centrée sur l’adaptation permanente des individus à une économie globalisée, imprègne d’ailleurs tout le rapport. On apprend qu’on pourra, dès le primaire, sensibiliser les élèves « aux opportunités de la société numérique » par exemple « en éveillant leur esprit d’entreprise (sic) ». Il n’est jamais trop tôt. De manière générale, l'Éducation nationale est incitée à ouvrir ses portes aux entreprises (et pas n’importe lesquelles : start-up plutôt qu’artisans boulanger ou acteurs de l’industrie) : « Des partenaires externes pourraient être sollicités (associations, start-up, entreprises du secteur éducatif) pour développer et dispenser des programmes d’apprentissage numérique. »
À deux doigts d’inventer le pantouflage pour les profs, le cabinet de conseil suggère aussi de « baliser des parcours de mobilité [...] vers le privé ». McKinsey appelle à développer pour les enseignants « des parcours professionnels plus individualisés, flexibles et dynamiques » et la « rémunération au mérite ». Peut-être même pourraient-ils recevoir des « chèques cadeaux supplémentaires » s’ils sont jugés « excellents », envisage McKinsey dans l’un des trois autres documents livrés au ministère.
Et pour améliorer le bien-être au travail, on pourra leur « proposer des activités extrascolaires au sein ou hors de l’école (par exemple, sport, yoga, méditation, événements conviviaux avec des parents) ». Il ne manque plus qu’une table de ping-pong et des poufs, et c’est sûr, les profs en auront fini avec leurs revendications syndicales d’un autre temps. D’ailleurs, « McKinsey n'a jamais cherché à associer à sa réflexion la communauté enseignante ou les représentants syndicaux », précisait la commission d’enquête du Sénat. À quoi bon ?
Des enseignants devenus managers
Toujours dans un esprit parfaitement start-up, le cabinet de conseil assure que « les compétences sociocomportementales pourraient faire l’objet d’un renforcement dans les programmes scolaires, en multipliant les exercices pratiques visant à développer chez les élèves la communication, le travail en équipe, l’esprit critique, la créativité ». Bien sûr que l’esprit critique et le travail en équipe doivent être développés chez les élèves, mais dans le vocabulaire du cabinet de conseil, l’enseignant n’est pas loin de devenir un manager – voire un « chief happiness officer » – toujours là pour aider ses élèves à brainstormer. Ces managers seraient eux-mêmes de plus en plus managés par leur chef d’établissement auquel McKinsey, comme Emmanuel Macron, veut donner plus de prérogatives. On lira ainsi qu’il faut renforcer son « leadership pédagogique », notamment en lui donnant « des pouvoirs étendus dans l’allocation de ressources financières et humaines ».
Quant au modèle républicain de l’école française, il est à peine effleuré dans ce document de 204 pages. La laïcité n’est citée qu’une fois, pour rappeler que l’enseignant « incarne également des valeurs (liberté, égalité, fraternité, laïcité, neutralité) ». Si l’éducation morale et civique doit être transformée, c’est seulement pour sensibiliser les élèves aux « enjeux d’une société multiculturelle, complexe, connectée ». À l’école républicaine, fondée sur la connaissance et l’émancipation, le cabinet de conseil préfère une école-entreprise, tournée vers l’adaptation constante au monde du travail et focalisée sur le savoir-être, plutôt que le savoir-faire. Idéal pour préparer les jeunes à la « flexibilité » du monde du travail et à une société atomisée. Ferdinand Buisson voulait « faire des républicains », McKinsey rêve de faire des startupers.
Les documents cités (le rapport Mc Kinsey), pour les curieux, sont disponibles en téléchargement libre jusqu'au 25 janvier 2023 à cette adresse:
https://filesender.renater.fr/?s=downlo ... 73668d9bb8
Le service public prend encore une belle claque. De l'art de recourir au management accéléré pour continuer d'entretenir une population de consommateurs. Quant aux principaux intéressés, les acteurs de terrain, ceux qui qui sont quotidiennement au charbon dans les classes, face aux élèves, ceux qui croient encore en leur mission, on se dispensera de ce qu'ils pourraient avoir à exprimer, même s'ils ont une connaissance approfondie de ce qui peut bien se passer dans la "vraie" réalité.
Ce ne sont pas les multiples consultations sur le métier d'enseignant qui ont manqué au cours des quinquennats précédents.
Comme aurait pu dire feu Pierre Desproges, dans le mot consommateur, il y a le terme sommateur...
On peut relier la dernière enquête de l'Ifop au sujet de la désaffection pour les jeunes des matières scientifiques et de la baisse de l'esprit critique.
Sans esprit critique, sans connaissances approfondies, sans disposer de ce qu'on appelait autrefois "faire ses humanités", c'est à dire une culture solide et large, il paraît difficile d'envisager de penser construire d'autres types de rapports humains avec l'émergence d'autres types de sociétés.
Ce qui a déjà été développé dans plusieurs posts.
Pour se faire un peu plus mal...
Le rapport n°601 du Sénat, en date du 19 juin 2012...
https://www.senat.fr/rap/r11-601/r11-601.html
Sommaire... (à considérer comme un rappel...)
INTRODUCTION
I. UN CONSTAT : LA SOUFFRANCE ORDINAIRE DES ENSEIGNANTS
A. LES MANIFESTATIONS DE LA CRISE DU MÉTIER
1. Un travail empêché et grevé de dilemmes
a) La nécessité de dépasser l'individualisation des difficultés des enseignants
b) La réalité ordinaire de la souffrance au travail : sentiment d'impuissance, pression évaluative et solitude
c) Le durcissement des dilemmes du travail
d) Des inquiétudes sur la santé des enseignants
e) Le défaut de soutien extérieur
2. Des enseignants démunis face à la difficulté scolaire
a) Une démocratisation de l'école largement inachevée
b) La nécessité d'analyser les malentendus sociocognitifs et les obstacles aux apprentissages
B. L'EXACERBATION DES CONFLITS DE TRAVAIL
1. L'établissement scolaire, un lieu d'interactions complexes
a) L'évolution des rapports des enseignants avec les élèves et les chefs d'établissement
b) La prise de décision au sein des établissements scolaires
2. Des tensions plus aiguës avec la hiérarchie et les parents d'élèves
a) L'inflation des conflits avec la hiérarchie
b) Les incompréhensions mutuelles entre les enseignants et les parents d'élèves
II. UN DIAGNOSTIC : UN SYSTÈME ÉDUCATIF DÉBOUSSOLÉ PAR UNE SUCCESSION DE RÉFORMES BRUTALES
A. DES VAGUES DE RÉFORMES DÉSTABILISANT L'EXERCICE DU MÉTIER
1. Des coupes budgétaires insoutenables
a) Une gestion des ressources humaines dépourvue d'objectif pédagogique
b) L'analyse des leviers de suppressions d'emploi
c) Un recours démesuré aux heures supplémentaires
2. Une succession rapide de réformes brouillant les missions de l'éducation nationale
a) La prolifération des missions imparties à l'école et le déplacement du coeur de métier
b) L'invisibilité du travail réel des enseignants et des conditions concrètes de mise en oeuvre des réformes
c) L'exemple de la réforme de la voie professionnelle
(1) Une généralisation brutale après des expérimentations peu concluantes
(2) Une augmentation prévisible des inégalités sociales et territoriales
(3) Une accumulation de points de crispation pénalisant la conduite de la formation en lycée professionnel
(4) Une hétérogénéité croissante des publics d'élèves pesant sur les pratiques des professeurs de lycée professionnel
B. UNE FORMATION EN DESHÉRENCE
1. Une division intenable entre l'éducation nationale et les universités
a) L'articulation déficiente du master et du concours
b) Le statut incertain des IUFM et l'insuffisance de la préparation au métier en master
c) Des difficultés accentuées dans la voie professionnelle
2. Un accompagnement insuffisant des enseignants-stagiaires
a) Une professionnalisation mise à mal
b) Un exemple de terrain : l'accueil des stagiaires du 1er degré dans le Val-d'Oise
(1) Les modalités d'accueil des stagiaires retenues par l'inspection académique
(2) Les difficultés rencontrées par les enseignants-stagiaires
(3) Le rôle central des maîtres formateurs et des conseillers pédagogiques
(4) L'accompagnement des jeunes enseignants après leur titularisation
III. LES VOIES DU REDRESSEMENT
A. REDONNER SENS À L'ÉCOLE
1. Refonder les missions du service public d'éducation
a) Recentrer l'école sur l'objectif de démocratisation
b) Lutter contre les biais sociaux et sexués
2. Critiquer l'idéologie élitiste de la méritocratie et affirmer le principe du « tous capables »
B. RESTAURER LA CONFIANCE POUR REFONDER LE MÉTIER D'ENSEIGNANT
1. Répondre à l'urgence en prononçant l'arrêt de la RGPP
2. Remettre à plat la formation
a) Préparer une refonte partagée de la mastérisation
b) Mettre la prévention des difficultés d'apprentissage et de l'échec scolaire au coeur de la formation
c) Maintenir des structures de formation des enseignants spécifiques et autonomes
d) Mettre en place des dispositifs de prérecrutement pour reconstituer le vivier et sécuriser les parcours des étudiants
e) Redéfinir l'articulation du master et du concours
f) Dynamiser la formation continue tout au long de la carrière
3. Favoriser l'émergence de collectifs enseignants hors des logiques hiérarchiques
4. Préparer les futures réformes dans la concertation avec les enseignants reconnus comme experts de leur métier
EXAMEN EN COMMISSION
CONTRIBUTIONS DES GROUPES POLITIQUES
Contribution de Mme Françoise Laborde, sénateur de Haute-Garonne,
au nom du Groupe RDSE
Contribution du groupe Socialiste et Apparentés du Sénat
Contribution du groupe UMP du Sénat
LISTE DES PERSONNES AUDITIONNÉES
Il suffit de lire et de comparer les situations: celle de 2012, le constat établi, les propositions et celle de 2023.
Y-a-t-il eu des réponses aux nombreuses questions essentielles? Non.
C'est encore plus mal barré...
The show must go on...
Business is business...
Les enseignants selon Mc Kinsey... que du bonheur (à la sauce néo-libérale)...
20200415_Approfondissement Modèle de gestion_vf.pdf
20200415_Approfondissement Valorisation du Mérite_vf.pdf
Petit aperçu...
Ce qui permet d'établir qu'en plus d'une décennie (rapport du Sénat de 2012), il ne s'est pratiquement rien passé si ce n'est une dégradation avec les conséquences que l'on connaît au niveau de l'enseignement
Le secteur de la santé publique a été coulé durablement avec ce genre de "préconisations", et le même type de "recettes" miraculeuses.
Tant que ce genre d'idéologie néo-libérale dominera,avec la production de rapports sociaux conflictuels exacerbés, il y a peu de chances que les choses changent, il y a peu de chances que la question du dérèglement climatique soit correctement traitée.
Épinglé par la commission d’enquête du Sénat en janvier 2022, le rapport de McKinsey sur l’évolution du métier d’enseignant destiné au ministère de l’Éducation nationale est désormais accessible en ligne. Un concentré de langage managérial insipide qui pousse à la libéralisation de l’école et à son adaptation au marché du travail.
Une opération facturée pas moins de 496 800 euros, pour un résultat plus que discutable…
500 000 euros... ça en fait des réalisations concrètes et réalistes...