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par Gabriel C » 01 déc. 2012, 20:38
Introduction à la psychologie leibnizienne: la physique leibnizienne VS la physique newtonienne
La psychologie leibnizienne est parfois nommée perspectivisme différentiel, car elle est reliée de très près à la démarche particulière de son calcul différentiel et intégral. Je voulais aujourd'hui parler plus en détails de cette psychologie mais, ce qui m’embête un peu ici, c’est que je crois que pour bien comprendre à quels points la psychologie leibnizienne est logique et rationnelle, mais différente de ce que l’on conçoit aujourd’hui, il faut absolument comprendre comment Leibniz concevait les mathématiques, la physique et même le réel. Je n’ai donc, selon moi, pas vraiment d’autres chois que de vous expliquer sa vision bien particulière de la physique qui contrasse assez fortement avec celle de Newton, qui vous est plus familière. Je vais tenter de faire le plus cours possibles pour que ce ne soit pas trop pesant.
Leibniz a dépassé la métrique euclidienne, grâce à la notion de monade qui est la base de sa physique. C'est à partir d'elle et de sa duale la co-monade que seront définis l'espace, le temps et le mouvement. Je ne veux pas rentrer dans le trop technique (je ne suis vraiment pas spécialiste du domaine), mais je vais tenter tout de même de vous résumer en gros l’idée.
La vision de Leibniz de la réalité est centrée sur le concept de la monade ou l'atome formel par opposition à l'atome matériel. Plus précisément, l'atome formel ou monade est immatériel au sens newtonien du terme puisqu'il contient de la variété alors qu'il est matériel dans le langage aristotélicien, car composé d'activité et de puissance.
La monade, qui est la marque caractéristique de la substance prise au sens aristotélicien et non newtonien, c’est un rapport d'énergie introduit selon le rapport entre une variable et une constante caractéristique (M=E / Ec ou M= Ec / E) formant ainsi un paramètre sans dimension pouvant être associé aussi bien à la statique qu'à la dynamique, aux rotations ainsi qu'aux translations. La monade est ainsi le paramètre de base sur lequel la théorie repose, c'est le premier paramètre en ce sens qu'il est observable et aperceptible.
Par exemple, on peut dire en première approximation qu'il s'agit de la fatigue ressentie lorsque l'on entreprend une activité quelconque. C'est en quelque sorte la mesure de l'activité. Le mouvement selon Leibniz, n'est que la conséquence de cette activité. Ainsi, au lieu d'introduire des paramètres d'espace-temps à travers lesquels le mouvement est défini, comme le font les Newtonniens, on se passe de cette procédure extrinsèque et on introduit le mouvement comme fonction de l'énergie qui le crée.
Les concepts de vitesse ainsi que de distance d'ailleurs seront directement liés à l'énergie ou la monade si l'on utilise le langage leibnizien et l'écriture adimensionnelle.
En termes mathématiques, la situation se présente comme suit :
Mouvement = H (Énergie) 4» V = H(E) au lieu de la démarche classique où l'on a d'abord la cinématique Espace-Temps => Mouvement = Espace / Temps ensuite la dynamique Énergie = F (Mouvement) & E = F(v)
Rappelons ici tout de même que cette démarche que Leibniz voulait introduire en physique, a été extrêmement critiquée par les physiciens, historiens des sciences et philosophes.
Le point faible selon eux de la dynamique leibnizienne est qu’en éliminant la considération du temps ont s'égare ainsi dans des sentiers impraticables et or du sens commun.
Toutes ces critiques sont justifiées et fondées sur les théories physiques existantes, mais, selon un physicien très qualifié que je connais et que j'ai précisément consulté sur la question, rien ne dit qu'une physique leibnizienne est impossible.
Ce qu’il faut comprendre à mon avis, c’est que la tendance générale de la philosophie leibnizienne est de présenter la science, non pas comme l'explication directe des phénomènes variés perçus en termes de quelque chose d'aussi uniforme que possible, mais plutôt de reconnaître un certain ordre et une certaine unité à travers la diversité. C'est extrêmement relié à ça métaphysique.
C’est précisément en cela que Leibniz était l’adversaire absolue du grand Newton. Mais ce n’était pas vraiment une question de science, mais plus de philosophie d’approche. C’est que Leibniz est toujours resté très attaché à certaines subtilités de la philosophie classique où l'on distingue entre le partiellement vrai et le partiellement faux ce que Newton et tous philosophes mécanistes ont toujours rejeté en bloc.
Donc l'une des raisons principales pour laquelle Leibniz ne pouvait admettre la vision newtonienne est son caractère dogmatique et arbitraire. Ceci devient plus compréhensible lorsque l'on sait que Leibniz cherche à nous dire pourquoi une certaine pluralité peut être vue comme une véritable unité et non une unité par agrégation.
Leibniz insiste donc sur le fait que les choses qui sont uniformes et qui ne contiennent aucune variété sont des abstractions comme le temps et l'espace ainsi que toutes les entités de mathématiques pures. Évidemment, cela est très difficile à concevoir pour un empiriste.
Aussi, il est utile de rappeler ici, que l'approche occidentale de l'univers hérité du moyen âgé chrétien et dominée par l'idée d'un Dieu extérieur qui crée l'univers selon des lois fixe que l'homme doit découvrir est précisément le contexte dans lequel la théorie newtonienne a pris naissance. Cela explique peut être pourquoi Newton a été véritablement considéré comme un prophète par l’église positiviste qui considérait que la gravité était Dieu et qui un levé un véritable culte religieux a ce grand homme de science.
Leibniz, lui a toujours refusé cette idée de Dieu extérieur, à cause de sa vaste connaissance des métaphysiques orientales, où l'univers est plutôt perçu comme une structure ordonnée dont les éléments obéissent aux exigences internes de leur propre nature.
Pour Leibniz, l'idée qu'on se fait de la création de l'univers par une autorité suprême doit pouvoir expliquer pourquoi Dieu a créé l'univers à un moment donné et non à un autre. Et puisque c’est impossible à expliquer, il y préféra de loin l’approche orientale, mais restera extrêmement discret sur cela. (N’oublions pas que Leibniz réfuta l’épistémologie métaphysique de Descarte donc pour lui le Dieu du moyen âgé Chrétien est une aberration pour la raison. (la réfutation que j'ai montré de la métaphysique de Descarte dans mon premier post est en faite celle de Leibniz et non celle de Kant comme le pense peut-être certain)
Selon Leibniz le seul vrai problème métaphysique est celui de l'existence même de l'univers. Comme l’a dit Shakespeare : "être ou ne pas être, tel est la question". Ainsi la grande interrogation qui l’a poursuivi toute sa vie est "Pourquoi y a t'il y a quelque chose plutôt que rien". Il a presque fait une obsession.
En bref on peut dire qu'une physique newtonienne prétend découvrir des lois que Dieu a imposées et présente donc un caractère de vérité absolue. Par contre une physique de type leibnizien est beaucoup moins prétentieuse et précise, mais est évolutive. Elle ne cherche pas à donner une image figée de la réalité, mais elle cherche un langage adéquat et universel permettant d'avoir un discours cohérent sur les phénomènes harmoniques. Leibniz voyais l'univers comme une courbe différentielle.
Aussi, pour Leibniz, contrairement à Newton, en physique on ne doit pas se concentrer sur uniquement le "comment" mais sur le principe de raison suffisante associé à la combinatoire nous conduisent à connaître le "pourquoi", et la raison d'être profonde d'une structure parmi une infinité d'autres possibilités.
Il est donc clair que pour Leibniz, en science, on ne doit absolument pas évacuer l'ontologie et la philosophie.
Par exemple, au lieu de privilégier une structure ou une courbe dans la description de la réalité comme le fait Newton, Leibniz part de toutes les structures et courbes traçables dans un plan et restant fidèles aux principes qualitatifs mentionnés auparavant, seules quelques structures et courbes harmonieuses conservent leur compatibilité avec ces principes. Une telle démarche, explique la raison d'être des structures résultantes dans la mesure où l'on est en présence d'un procédé déductif qui explique les différentes éliminations. D’une manière, c'est là que réside l'essence de la philosophie leibnizienne de l'harmonie préétablie où l'on parvient à extraire les structures harmonieuses enfouies dans un chaos primordial.
Cette procédure à multiple points de vue permet de dépasser l'approche dogmatique spatio-temporelle en éclairant certains paradoxes qui lui sont associés. Du point de vue de l'histoire, et de la philosophie des sciences, cette approche rend justice à Leibniz et fait de lui un véritable précurseur du
relativisme. Les contributions réel de Leibniz à la physique sont, selon moi, et beaucoup d’autres, extrêmement sous-estimée.
Si sa démarche révolutionnaire a été éclipsée par la physique de l'espace et temps absolu introduite par Newton c’est que Leibniz n'a pas écrit une œuvre physique aussi comparable que le "principia" de Newton. Leibniz était simplement trop éparpillé sur diverses disciplines. Ou peut-être simplement il ne trouvais pas la physique pure assez "noble"?
Il est à noter également que le rapport de Leibniz avec la réalité est d'une nature absolument différente de celle de Newton. Leibniz pense que l’accumulation de connaissance fixe ce fait toujours au péril d’une certaine perte d’autonomie, de créativité et de liberté. C'est pourquoi il faut sans cesse, selon lui, réveiller “l’enfant” endormi en nous; autoébranler nos certitudes.
C'est pourquoi Leibniz a toujours accordé une grande importance à l'histoire de l'humanité ainsi qu'à la pensée non occidentale qui, selon lui, est non seulement complémentaire à la première, mais peut être aussi plus intéressante de par son caractère intrinsèque et l’ébranlement de certitude qu’il crée pour un occidentale.
En résumé, pour Leibniz c'est le changement et l'activité qui sont l'essence des choses.
Vous devez légitimement vous demander pourquoi je vous raconte tout ça aujourd’hui.
C’est que je crois que tout cela est absolument fondamental à comprendre pour bien saisir les subtilités de la psychologie leibnizienne et même l’ensemble de sa métaphysique.
C’est ce que plusieurs nomment l’approche par totalité infinie des différentielles. Chez Leibniz, il y a un rapport entre la conscience et l'inconscient assez original; c’est un rapport de différence à différences évanouissante (exactement comme dans son calcule différentielle et sa physique ) c’est le contraire même de Freud où il y a un rapport d'opposition de forces entre la conscience et l’inconscient.
Je poursuivrai donc demain (ou ce soir si j'ai le temps) en plongent au cœur de la psychologie leibnizienne en la comparant avec l’approche de l'école de Schopenhauer ou l'inconscient est vu dans le sens d'un conflit de volonté, contrairement à Leibniz qui la considère comme le différentiel de la perception.
À suivre....
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Gabriel C le 02 déc. 2012, 03:27, modifié 5 fois.