Denis a écrit :Si ce ne sont pas des découvertes, ce sont des quoi? Des créations?
Wooden Ali ne dit pas que ce ne sont pas des découvertes, il sépare conceptuellement le fait observé de sa description en mot humain. Par exemple, le théorème de Pythagore est une description en mathématique humaine d'un rapport au sein du triangle rectangle qui existe bien évidement sans lui, mais le théorème n'est pas la découverte, c'est le rapport qui est découvert et qui couché sur papier.
Pareil pour les lois physiques. L'interaction que les lois décrivent est le fait, mais pas la loi elle même, qui est la transcription en terme humain de l'observation du phénomène. On le voit avec la gravitation, par exemple, dont les équations peine a décrire parfaitement le phénomène à toutes les échelles et de manière unifiée, parce que ces équations sont une transcription humaine, donc limitée par notre connaissance du moment et notre capacité à adapter les mathématiques comme système de représentation et langage.
Mirielle a écrit :
Sur ce même paragraphe, en regard avec ce qui apparaissait comme une direction tu as parlé du risque de faire une lecture téléologique, malgré que j'ai cherché la définition dans le dictionnaire, je n'ai pas compris ce que tu voulais dire.
Une lecture téléologique des choses, c'est une lecture qui part de la fin et non du début et réinterprète donc tout ce qu'il y a entre les deux à partir de cette fin, comme si cette dernière était une issue obligatoire, une sorte de prédestination.
Pour le cas qui nous occupe, à savoir l'évolution du vivant, ça revient à considérer que la vie présente était l'aboutissement de la vie passée et donc que la fin, c'est à dire le présent, était destiné à apparaître.
Le problème d'un tel raisonnement, qui est pourtant celui qui nous vient le plus souvent à l'esprit, c'est que ça nous amène à voir les causes d'un évènement, non pas pour ce qu'elles sont, mais pour ce que vous savez qu'elles vont produire, et donc ça augmente la mauvaise interprétation qu'on peut avoir d'un évènement.
Pour être plus parlant, c'est comme si vous analysiez l'histoire de Blanche Neige (celle du film, histoire de Disney, histoire que vous visualisiez facilement) au travers de la lecture de sa fin heureuse. Vous en viendriez à penser que les épreuves que subit la jeune princesse ne sont pas des dangers, mais des étapes vers cette fin heureuse qui ne pouvait qu'arriver, grâce à ces étapes. Alors que si l'on part du début, on se rend compte que c'est un concours de circonstances si elle rencontre le prince et qu'il aurait pu y avoir mille dénouements moins heureux possibles (si les nains n'avaient, par exemple, pas construit le cercueil sur une colline, mais chez eux ou dans leur mine ou si le prince avait fait un détour de quelques km pour une raison quelconque.)
C'est un biais particulièrement pernicieux, parce que ça fait voir le déroulement des évènements comme un déroulement non seulement linéaire, mais aussi prédestiné et ça fait interpréter la passé à l'aune du présent alors qu'il faut au contraire comprendre le présent à l'aune du passé.
Pour le cas de l'évolution, c'est ce que vous avez fait: vous avez interprété le passé, non pas comme une série de causes et d'effet, mais comme une origine d'un présent qui ne pouvait que ce produire, dès lors, vous avez vu dans l'histoire évolutive, non plus une suite d'effets, mais une stratégie menant à un présent que vous ne remettez pas en question, justifiant votre idée d'une ligne directrice qui n'existe en fait que parce que vous savez, vous, observateur du passé, ce qui va se passer. Alors que les acteurs de cette évolution, eux, n'en savaient rien et n'ont dont pas agit en fonction de ce qui, pour eux, relevait d'un futur inconnu.
C'est comme si vos descendants, dans une centaine d'année, analysait votre vie uniquement à l'aune de la perspective qu'ils sont issues de vous, et voyait votre vie uniquement comme ayant pour but de les engendrer. De votre point de vue, ça serait ridicule, vu que vous ne savez rien de leur existence qui reste de l'ordre du potentiel et donc vos choix présents ne sont en aucune manière conditionnés par ce futur possible.
C'est pareil pour l'évolution. Le mode de vie des proto-cellule n'est pas conditionnée pour produire l'étape suivante qui est la cellule, c'est juste un concours de circonstance, de la même façon que vos futurs descendants n'existeront que si un concours de circonstance vous amène à envisager d'avoir des enfants, qui auront eux même des enfants et ainsi de suite jusqu'à eux (à noter que vous en avez peut-être déjà, c'est un exercice de pensée).
L'étude des causes et des effets demande, quoi qu'il arrive, quelque soit le domaine, de ne pas considérer le présent comme immuable, mais de toujours garder à l'esprit que le présent est un futur potentiel réalisé parmi d'autre,un concours de circonstances, circonstances qu'il convient d'étudier en partant de ces dernières pour essayer de comprendre le présent (et si ça n'est pas possible, de retenter le cheminement à partir de circonstance plus lointaines)