lefauve a écrit :Le premier problème au quelle je pense son ses guerres civiles. Entre différente "église" de l'islam. Au départ c'était principalement Sunnites versus Chiite. Mais j'ai comme l'impression que ses deux grand groupes sont en train de se subdiviser à cause de schisme interne sur comment abordé la modernité et géré la très grande influence occidental dans les cercles de gouvernances.
Les deux branches principales de l'Islam ne sont pas "en train", de se subdiviser, elles le sont déjà et depuis longtemps. Toute l'histoire de l'Islam est une histoire de conflit entre sectes diverses (comme la plupart des autres religions).
-Le Sunnisme se subdivise en 4 grandes écoles d'interprétation qui ont une vision un peu différente de la tradition et de la jurisprudence musulmane (Malékite, Chafiite, Hanbalite, Hanafite). S'y ajoutent quelques courants mineurs ou quelques dérivations des grandes écoles, comme le Wahhabisme, par exemple, qui est un courant mineur dérivé du Hanbalisme dont la théologie est issue de la prédication de Mohammed ben Abdelwahhab, qui a pu prospérer grâce à son alliance avec la famille des Saoud, bien qu'à la base, les autorités religieuses Ottomanes (les plus influentes à l'époque dans l'islam sunnite occidental) l'ai vu quasiment comme une hérésie.
-Le Chiisme, qui est à la base un courant dissident pour des raisons politique*. Leur défaite politique en a fait un courant plus mystique que le sunnisme et a tendance millénariste. Ce courant est également divisé en secte qui s'entendent encore moins que les courants du sunnisme entre eux et qui divergent soit sur l'interprétation de la tradition, soit sur la personnalité du dernier Imam**, ce dernier étant "occulté", c'est à dire caché jusqu'à son retour à la fin des temps***. Les Duodécimains, par exemple, considère qu'il y a eu 12 Imam depuis Muhammad et que le dernier est le madhi, caché à la vue des vivants, dont le retour annonce la fin des temps et le sauvetage de l'humanité (enfin de l'humanité musulmane surtout).
Le Chiisme se divise entre différent groupe que sont principalement les Duodécimains, les Ismaéliens, les Druzes, les Zaydites, Les Alevis et les Alaouites.
S'y ajoute le courant mineur des Kharidjites, qui sont aussi un courant politique à la base (et social) mais bien plus radical que le chiisme, puisqu'il protestait non pas juste contre la personnalité du calife ou l'interprétation de la succession de Muhammad, mais avait une vision plus égalitaire de l'Islam et notamment professait l'idée que le califat pouvait s'attribuer au mérite et que peu importait la provenance du calife. En fait, le qualifier de courant est un peu réducteur, vu que c'est plus un conglomérat de sectes mineures misent sous la dénomination de Kharidjites surtout par les sunnites. L'histoire en a connu professant des idées très égalitaristes, proche de certaines idées du communisme, et souvent violente, comme les Qarmates, ou des plus souples, comme le courant Ibadite, encore existant aujourd'hui, et majoritaire à Oman.
Bref, tout ça pour dire que les divisions, c'est toute l'histoire de l'Islam. C'est même tellement l'histoire de l'Islam qu'une bonne partie de cette histoire s'articule autour de deux tendances.
-celle d'apparition périodique de courants religieux rigoristes prétendant restaurer une pureté de l'Islam originel et unir tous les musulmans, par la violence s'il le faut, et dont les islamistes actuels pourrait être vu comme un avatar de plus. En général, ce type de mouvement se heurte à la dure réalité de l'impossibilité de conquérir la totalité du monde musulman et finissent par faire des concessions, même sans l'avouer ouvertement.
-celle, bien plus présente, consistant à donner des justification théologique aux divisions, parfois très alambiqués, pour préserver le mythe d'une oumma musulmanes unique, tout en acceptant le fait accompli de la division.
Et là encore, rien de révolutionnaire, le christianisme connait aussi ce type de tendance entre universalisme conquérant et acceptation tacite des schismes.
Evidement, tout ça est très résumé. Comme il n'existe aucune réelle autorité centrale de l'Islam, tous les courants que je cite possède aussi leurs variantes locales, leurs petites hérésies internes plus ou moins acceptés, leurs accommodements raisonnables entre le dogme et la réalité de la vie des croyants, leurs traditions apocryphes...
*les chiites sont, à l'origine, les partisans d'une transmission héréditaire du califat dans la famille de Muhammad, par le biais de sa fille, Fatima et de son beau-fils, Ali. D'où le nom chiite, qui à la base vient de Shi'a Ali, c'est à dire les partisans d'Ali.
**un Imam chiite étant un descendant de Muhammad (réel ou revendiqué) ayant un rôle similaire à celui du calife sunnite.
***avec une petite divergence pour les ismaëliens, mais je rentre pas dans les détails
25 décembre a écrit :
Les pays ayant l'Islam pour religion sont conflits perpétuels entre eux et avec les pays non Islamiques.
C'est faux. Il n'y a pas d'élément démontrant que les pays où l'Islam est majoritaire ou bien détient un rôle politique important sont plus en guerre que les autres et cela sur toute l'histoire de l'Islam. C'est ce genre de point de vue essentialiste et largement basé sur des préjugés que je dénonçais plus haut comme participant de cette vision bien trop englobante qu'on a de l'Islam.
Sans aller dans l'excès inverse comme Ternamus qui nie totalement tout impact de la religion (à tort) , il ne faut pas s'imaginer que les pays où un l'Islam est majoritaire (ou détient du pouvoir) serait des cas à part, qu'on ne pourrait interpréter qu'au travers du prisme de l'Islam. Déjà parce que l'Islam, avec un grand I, ça n'existe que sur le plan théorique (aucun pays où se trouve des musulmans, même minoritaire, n'a une communauté unique de musulman suivant une seule école de pensée). Ensuite parce que l'Islam, malgré ses particularité, n'est pas une religion si différente et donc est soumis aussi aux aléas décrit par la sociologie des religions. Enfin, parce que les musulmans, tout musulmans qu'ils soient, sont surtout des humains, pas naturellement différent de leurs semblables chrétiens, athée ou raélien, et ont donc aussi tendance à accommoder leur croyance à la réalité des phénomènes sociologique, économique et politique de leurs environnement.
Catégoriser les pays dont l'Islam est ancien, important en nombre et à contribué largement à façonner la culture, comme "pays musulman" est un élément pratique de science humaine, mais on ne doit pas se faire aveugler par ces catégories.