Invité a écrit :J'attends toujours un exemple de valeur exclusivement judéo-chrétienne
Exclusivement, ça n'est pas possible, les phénomènes d'acculturation et de diffusion culturelle font qu'il y a très peu de valeur qui sont unique à une civilisation.
Malgré tout, Samuel a parfaitement raison quand il dit que l'occident a un fond judéo-chrétien dans ses mécanismes culturels qui persiste malgré la sécularisation.
Par exemple:
-La valeur de l'individu par rapport au collectif.
L'affirmation de l'individu est une notion héritée des conceptions chrétiennes qui place Dieu face à l'homme quand beaucoup de religion ancienne était plus communautaire. Le protestantisme a notamment fait évolué ce type de conception sur la valeur individuelle ( et à probablement eu des répercussions sur l’essor du libéralisme économique et du capitalisme. Le protestantisme dépénalisant partiellement le fait de gagner de l'argent, quand la pauvreté était un idéal catholique.)
Les conceptions civiques de l'antiquité, par exemple, était en totale contradiction avec cet état de fait, puisque chacun avait une place dans la cité à respecter.
-La manière d’appréhender le genre dans la sexualité.
Le fait qu'aujourd'hui la sexualité soit vu comme une action entre deux partenaire égaux est en grande partie du à l'évolution de la religion chrétienne sur ce sujet.
Par exemple, pour les romains, le genre comptait autant que le statut social dans l'acte sexuel. La relation entre les partenaire était du type dominant/dominé, avec une condamnation collective du fait que la femme puisse être dominé.
La chrétienté a plus défendu l'union entre deux être avec moins de distinction lié au statut social (même si par ailleurs dans la société, elle défendait l'infériorité de la femme.)
La condamnation formelle de la pédophilie est aussi hérité de la conception chrétienne sur le mariage qui a finit par en faire le seul cadre légal de relation sexuelle à partir du bas moyen-âge.
-La vision romantique du mariage qui donne aujourd'hui une réprobation contre le mariage arrangé est aussi influencée par la vision sacré du mariage au sein de la chrétienté et la place de l'individu et de sa responsabilité. Avant que l'Eglise ne s'empare du mariage pour en faire un sacrement et justifier cette prise de contrôle par une vision sacré du mariage, immuable et union de deux êtres par un lien spirituel, le mariage était surtout une union entre deux familles, bénis par la divinité, mais moins pour garantir un lien spirituel durable entre époux que pour "bénir" l'union quand elle se fait.
-Les notions de fautes, de repentance, de pardon qui baigne encore notre conception de la justice sont hérité aussi des valeurs chrétiennes.
Notre conception de la justice est d'ailleurs très influencée par ce passé chrétien.
Aussi horrible que soit l'inquisition qui était une forme de censure de l'opinion complètement condamnable et barbare, il s'agissait aussi d'une des premières formes de justices ne cherchant plus la réparation entre deux plaignants, mais l'établissement de la vérité (même si dans ce cas, la vérité était une vérité religieuse) avec tout un arsenal d'enquête que n'avait pas la justice civile qui cherchait moins à établir la vérité qu'à être arbitre des conflits.
On a des traces d'inquisiteurs par exemple, qui décrivent leur méthode. Au delà du coté barbare de la torture et de l'exécution par le feu, le processus d'enquête est parfois assez poussé, bien plus qu'au civil, avec écoute de témoin, interrogatoire...
Les traces du procès de Jeanne d'Arc par exemple, décrivent un processus d'enquête assez long, avec beaucoup de témoin pour démeler le vrai du faux.
Après, se sont juste des exemples, je ne dis pas que la justice est entièrement héritière de ce type de mesure, mais l'Eglise a joué un rôle dans l'évolution d'une justice arbitre héritée de l'antiquité à une justice moderne établissant une vérité pour chercher un coupable, une victime...
-notre conception de la transcendance et du sacré à largement été influencé par la vision chrétienne de la transcendance et du sacré.
Sans parler de Dieu directement, notre version de l'arrière-monde, pour ceux qui y croit d'une façon ou d'une autre (et c'est quand même beaucoup de monde) est directement lié à la façon qu'avait le christianisme de l'interprété. L'arrière-monde asiatique, dans le bouddhisme ou l'hindouïsme est très différent, avec des notions de divinité, des valeurs sprituelles différente.
-notre dualisme bien/mal très tranché.
Ce dualisme est typiquement judéo-chrétien à l'origine, même s'il s'est ensuite diffusé à l'Islam (encore que ça ne soit pas tout à fait le même dualisme. Le mal est une tentation chez les chrétien, pas tout à fait chez les musulmans qui sont plus déterministe et moins adepte du libre arbitre)
On ne retrouve pas la même conception du bien et du mal chez les autres aires culturelles.
-notre rapport à l'argent, au pouvoir est très influencé par le christianisme. Ainsi, dans l'aire orthodoxe et catholique, l'argent est encore suspect et le pouvoir corrupteur. On juge plus facilement quelqu'un de très riche comme potentiellement cupide ou malhonnête et il y a toujours cette notion de fortune indécente qui voudrait qu'obtenir de l'argent au delà de ce dont on a besoin pour vivre immédiatement est malsain.
A l'inverse, les pays plus protestant accepte d'avantage la notion de travail pour gagner du patrimoine tant qu'il est admis que ce patrimoine sert à la société, à protéger la famille de celui qui l'accumule.
Ce n'est pas un hasard complet si les pays plus protestant ont moins développé d'idée affiliée au socialisme ou à l'anarchisme et si les pays plus proche du catholicisme ont conservé ce type de tendance.
-notre conception du libre-arbitre et du destin et ce qui relève de l'un et de l'autre, qui sous-tend une bonne partie de notre façon d'envisager la responsabilité collective ou individuelle, dans tous les domaines.
Les grecs, par exemple, mettait l'emphase sur la notion de destin bien plus que nous aujourd'hui, au point que leurs propres divinités y étaient soumise et ne le dictait pas.
Ca n'a l'air de rien, mais ce type de conception a de forte répercutions sur la façon d'envisager le risque, les choix, la responsabilité...
Et on pourrait multiplier les exemples de conceptions liés à ce passé chrétien.
En fait, le malentendu sur ce que disait Samuel en parlant de valeur chrétienne vient de la séparation qui s'est faite dans les esprit entre religion et culture et donc, adhérer à des valeurs religieuses est aujourd'hui un acte purement religieux. Mais jusqu'à très récemment à l'échelle de l'histoire, religion et culture était quasiment une même chose et il n'y avait pas de séparation stricte dans l'esprit des gens (cela dit, malgré la classification différente, encore aujourd'hui il y a une interpénétration forte entre l'un et l'autre, comme c'est le cas de toute idéologie d'ailleurs.)
Donc les valeurs chrétiennes d'aujourd'hui sont lié à cet héritage culturel chrétien qui s'est progressivement détaché de la tutelle religieuse (mais pas complètement, le poids des chrétiens dans les pays occidentaux est encore très importants) si bien qu'il y a d'un coté les valeurs religieuses chrétiennes prônée par l'Eglise et de l'autre, la culture chrétienne, héritée et encore partiellement influencé par la religion, mais qui poursuit son petit bonhomme de chemin de manière laïc aussi.