Économie et civilisation: Faut-il être catastrophiste?

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Florence
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Re: Économie et civilisation: Faut-il être catastrophiste?

#26

Message par Florence » 30 avr. 2012, 14:52

uno a écrit :Je suis d'accord avec la question de la privatisation, la Suisse et les autres pays non-plus d'ailleurs, devrait cesser de privatiser, infrastructures publiques (comme l'électricité) et assurances sociales, et devine quoi c'est aussi pour ce genre de choses que je ne vote pas UDC!
Les privatisations sont un des moindres péchés de l'UDC et de ses clônes : le pire est l'encouragement à la propension à voter contre ses propres intérêts, à condition que ça signifie (en théorie) rendre la vie plus difficile aux estrangers-du-dehors. Ca a commencé avec les votations Schwartzenbach en 1974, continué avec l'opposition à adhérer, au nom d'une pseudo-neutralité, à toute organisation internationale, et maintenant à vouloir continuer à se comporter comme si la Suisse était une île, et encore sur une autre planète (vous avez dit "secret bancaire" ou "accords de Shengen" ?).
En revanche pour l'agriculture il est légitime que la Suisse la subventionne même si non-rentable aujourd'hui, mieux je pense tout pays devrait subventionner son agriculture afin d'être le plus auto-suffisant possible du point de vue alimentaire en cas notamment de crise majeure.
La Suisse n'a jamais été auto-suffisante lors de crises majeures, et ne le sera jamais. Elle va par contre payer de plus en plus cher sa politique consistant à vouloir faire partie du club (EU) sans jamais payer les cotisations.

Florence a écrit :Mais c'est tellement plus facile de faire peur en agitant l'épouvantail de l'Union Européenne et en montrant la "déchéance" de ses membres...
...... l'Union Européenne est certes une aberration économique qui est sur le point de s'effondrer mais ce n'est qu'une partie du problème, aujourd'hui c'est tout un système économique mondial qui est mise-à-mal et qui va salement se péter la gueule.
Merci de cette belle illustration de mes propos. C'est sûr que, dans la crise mondiale qui nous secoue, chaque pays européen, et la glorieuse Suisse en particulier, s'en sortira mieux tout seul face à de grands blocs tels que les USA, la Chine, le sous-continent Indien ou Sud-Est Asiatique ... démantelons donc l'EU, refermons les frontières, tout ira mieux. :roll:

J'entends chanter cette antienne dans diverses versions depuis les années 1970 au moins, et je suis toujours aussi consternée par le fait qu'elle soit ainsi avalée toute crue !

.... apparemment oser dire que l'on s'inquiète pour son avenir en raison des perspectives économiques c'est être un petit bourgeois peureux qui a peur de perdre ses privilèges, les snobinard bien-pensant ont parlé!
La snobinarde bien pensante a passé l'essentiel de sa vie en Suisse, sa famille est suisse, et elle se désole d'entendre et de lire toujours le même discours qu'a si bien résumé Le Beau Lac de Bâle dans "Petit Pays, Petits Soucis", pour la plus grande gloire des partis
"As democracy is perfected, the office of President represents, more and more closely, the inner soul of the people. On some great and glorious day, the plain folks of the land will reach their heart's desire at last and the White House will be adorned by a downright moron." - H. L. Mencken

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Brève de comptoir
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Re: Économie et civilisation: Faut-il être catastrophiste?

#27

Message par Brève de comptoir » 30 avr. 2012, 15:29

qu'ils aillent faire un stage en Somalie ça leur fera les pieds à ses bébés pleurnichards
Pas besoin d'aller si loin. Sortez de vos frontières, prenez un (ou une pour nous amis du Québec) job, si vous en trouvez, ailleurs en Europe et prenez plaisir à jeter un coup d'oeil à votre feuille d'impôt. Vous allez comprendre ce que c'est qu'un pays en crise. Il n'y a pas de mal à être Suisse et/ou riche. Mais être obligé de lire les plaintes de ces pauvres bonshommes qui ont peur de perdre tout ce qu'ils ont et de redevenir de simples hommes sur cette planète, non merci. Dans chaque crise il y a des profiteurs. Là, les profiteurs, ils sont dans la finance et dans les hauts revenus. Tout le fond de commerce de la Suisse. Soyez donc tranquille, vous n'avez aucun soucis à vous faire, les riches se portent bien – eux. Quand on dit que c'est un problème systémique, c'est bien parce que la crise est absurde. Ce sont les inégalités qui s'accentuent, les écarts entre petits revenus et très hauts revenus qui augmentent. Parce que ceux qui sont responsables de la crise de 2008 ne sont pas passés à la caisse et ont refilé la crève à ceux qui leur était venu en aide : les États. La crise s'attaque aux plus faibles. La Suisse a peur... laissez nous rire. L'Espagne est sur le point de s'échouer sur les côtes africaines, en sombrant moitié dans l'Atlantique, moitié en Méditétranée, et c'est la Suisse qui a peur. "Vite un radeau !" s'écrie la Suisse. Assez risible, surtout quand justement, tous ceux qui s'échouent viennent y planquer leur argent... Faudrait instaurer un service civile obligatoire en dehors des frontières pour les Suisses, ça leur fera sans doute le plus grand bien (et c'est pas valable que pour les Suisses d'ailleurs). La Suisse coule... "un chenal ! un chenal, mon Royaume pour un chenal !"

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uno
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Re: Économie et civilisation: Faut-il être catastrophiste?

#28

Message par uno » 30 avr. 2012, 15:37

Florence a écrit :Les privatisations sont un des moindres péchés de l'UDC et de ses clônes : le pire est l'encouragement à la propension à voter contre ses propres intérêts, à condition que ça signifie (en théorie) rendre la vie plus difficile aux estrangers-du-dehors. Ca a commencé avec les votations Schwartzenbach en 1974, continué avec l'opposition à adhérer, au nom d'une pseudo-neutralité, à toute organisation internationale, et maintenant à vouloir continuer à se comporter comme si la Suisse était une île, et encore sur une autre planète (vous avez dit "secret bancaire" ou "accords de Shengen" ?).
La Suisse n'est pas une île et ne l'a jamais été, mais encore une fois ce qui m'amuse dans ces débats politiques et que j'ai constaté plusieurs fois c'est qu'il suffit de se dire contre l'adhésion à l'UE et critiquer cette dernière pour être associé à un gros beauf réactionnaire qui vote UDC et qui n'aime pas les étrangers, ce genre d'épouvantails on me l'a fait plus d'une fois!

Quand aux votations sur les étrangers elles sont souvent tributaires de la situation économique les votations Schwartzenbach en 1974 s'explique par la crise pétrolière mais à l'inverse les Suisses ont voté oui à Schengen, ce genre de tendance vis-à-vis des étrangers en fonction du contexte économique se trouve un peu près partout dans le monde et on peut le regretter car il s'agit en effet de transfert d'une crainte sur les étrangers alors que le problème vient d'ailleurs, l'UDC étant à ce titre le parti qui au lieu de dénoncer les vrais problèmes pointe l'étranger ce qui est effectivemment déplorable et on retrouve ce genre de partis populistes un-peu-près partout à travers le monde.
Florence a écrit :La Suisse n'a jamais été auto-suffisante lors de crises majeures, et ne le sera jamais. Elle va par contre payer de plus en plus cher sa politique consistant à vouloir faire partie du club (EU) sans jamais payer les cotisations.
Je sais bien qu'elle n'est pas auto-suffisante et c'est une raison de plus pour ne pas laisser tomber nos paysans qui ne suffisent déjà pas à alimenter tout le pays!

Mais rassure-toi la Suisse va déjà payer comme le reste de l'UE, une crise pareil tout le monde ou presque va la sentir passer, mais apparemment oser s'en inquiéter sur les conséquences que cela pourrait avoir pour subvenir aux besoins de sa famille c'est honteux, amusant!
Florence a écrit :Merci de cette belle illustration de mes propos. C'est sûr que, dans la crise mondiale qui nous secoue, chaque pays européen, et la glorieuse Suisse en particulier, s'en sortira mieux tout seul face à de grands blocs tels que les USA, la Chine, le sous-continent Indien ou Sud-Est Asiatique ... démantelons donc l'EU, refermons les frontières, tout ira mieux.
Laisse-moi te renvoyer le compliment et te dire à mon tour merci à toi pour cette belle illustration de caricatures grossières attribué d'office à toute personne osant s'opposer à l'UE telle qu'elle a été construite! En effet je sous-estime encore davantage la manière dont vous caricaturez la chose car je te pose la question de simplement: Où ai-je dis que les pays européens devaient refermer leur frontières et affronter la crise seul chacun de leur côté? Où?

Le problème n'est pas une union économique, des accrods en matière d'échanges entre pays européens et avec des pays non-européens, cela doit bien évidemment avoir lieu, le problème est que la construction europeééene, via notamment son système monétaire, est vouée à s'effondrer, on le voit bien aujourd'hui les avec l'asymétrie des balances commerciales entre les pays du Nords et du Sud et maintenant c'est l'Espagne qui commence à vaciller on attend la suite. Comme l'avait souligner un économiste il faudrait par exemple dès maintenant envisager une sortie de l'Euro, non pas pour replier les pays sur eux-mêmes mais au contraire pour planifier un retour aux monnaies nationale avec des accords afin d'éviter une guerre monétaire, or comme justement en essayer à tout prix de sauver le présent système à coup de «plan de sauvetages» (note bien les guillemets) et de plan d'austérité on ne fait que repousser l'inévitable jusqu'à un effondrement monétaire avec retour forcé aux monnaies nationales et une guerre monétaires à l'appuie!
Florence a écrit :J'entends chanter cette antienne dans diverses versions depuis les années 1970 au moins, et je suis toujours aussi consternée par le fait qu'elle soit ainsi avalée toute crue!
J'ignore de quelles discours caricaturaux tu parles (ceux-ci existent c'est sûr), mais à force de réduire toute remise en cause d'une construction européenne aujourd'hui vacillantes, à des caricatures de caricatures, il est clair que l'on est condamner à avoir un discours de sourd avec autrui.
Florence a écrit :La snobinarde bien pensante a passé l'essentiel de sa vie en Suisse, sa famille est suisse, et elle se désole d'entendre et de lire toujours le même discours qu'a si bien résumé Le Beau Lac de Bâle dans "Petit Pays, Petits Soucis", pour la plus grande gloire des partis
Sûr j'aime bien d'ailleurs le mépris suintant dans l'usage de ce discours dans le contexte de la présente discussion... «Vous avez peur d'être au chômage, de ne pas pouvoir subvenir les années à venir à vos besoins et à ceux de votre famille alors que vous habitez en Suisse? Hahahahaha ce sont des petits soucis de privilégiés!» J'aime bien c'est une bonne manière de dénigrer d'office l'autre, en oubliant pas d'en faire une méchante caricature. Et après on se demande pourquoi certaines personnes avec leurs petits souvis se retournent vers les parties populistes!

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BeetleJuice
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Re: Économie et civilisation: Faut-il être catastrophiste?

#29

Message par BeetleJuice » 30 avr. 2012, 15:56

ensuite l'Union Européenne est certes une aberration économique qui est sur le point de s'effondrer
Vous êtes prêt à prendre le pari ? :mefiance:

Moi je paris que dans 10 ans, on aura encore l'union, qu'elle sera vidé de sa substance au profit d'un certains nombres d'associations de membres en interne qui auront décidé de faire sans certaines règles ou avec d'autre en plus mais qu'elle sera toujours là.

C'est dans les gènes des Européens de s'encombrer de machin, même vidé de sa substance.

Les allemands a fait tenir le saint empire 4 siècles alors qu'il était devenu quasiment sans pouvoir, la France c'est encombrée et s'encombre encore de mille-feuille administratif et rajoute des étages aux étages chaque fois qu'il faut réformer pour ne pas toucher aux avantages des existants, l'Espagne a continué pendant des siècles à maintenir une fiction d'union personnelle de la collection de royaume qui la constituait et même encore aujourd'hui, hérite d'une division territoriale venant de là, l'Ecosse a conservé un système féodal sans substance jusqu'à la fin du XXème siècle, l'Angleterre s'encombre encore de principe monarchique et d'une noblesse qui n'a plus franchement de sens et on pourrait multiplier les exemples d'organisations transnationale, nationale, régionale, d'administration en surplus, de projet au point mort qui restent encore alors qu'ils n'ont plus de contenus.

Quand à l'aberration économique, ça me fait toujours rire quand on dit ça...si on prend l'histoire du monde depuis que l'humain l'écrit, le nombre d'aberration politique, économique, sociale qui se sont maintenue, parfois des siècles, sans s'effondrer, juste par habitude et parce que les responsables de ces aberrations, plutôt que de revenir en arrière, on préféré la fuite en avant et, ironie du sort, s'en sont sorti, est énorme

En fait, quasiment tous les pays sont ou ont été des aberrations qui ont bénéficié de la pugnacité d'un dirigeant au bon moment, d'un environnement mouvant qui est soudainement devenu favorable, d'une catastrophe, d'une guerre....

Donc bon, faire des prédictions sur l'effondrement d'un ensemble humain parce qu'il ne correspond pas aux grands modèles de bonne gestion, c'est au mieux risible, au pire néfaste, parce que ça participe des prophéties auto-réalisatrices.
Florence a écrit :C'est sûr que, dans la crise mondiale qui nous secoue, chaque pays européen, et la glorieuse Suisse en particulier, s'en sortira mieux tout seul face à de grands blocs tels que les USA, la Chine, le sous-continent Indien ou Sud-Est Asiatique ... démantelons donc l'EU, refermons les frontières, tout ira mieux.
Sans même qu'il soit question de s'en sortir (un petit pays peu s'en sortir en trouvant le bon filon, il est juste plus vulnérable à la versatilité du monde), c'est surtout une question d'ambition et de positionnement.
Le tout est de savoir: est-ce qu'on veut être dépendant de la marche du monde et devoir sans arrêt s'adapter à elle faute de pouvoir l'influencer ou pouvoir l'influencer.

La suisse décide de ne pas l'influencer, ce qui est son droit, pour peu qu'elle ne se plaigne pas le jour où le monde tourne trop vite pour elle, puisqu'elle aura fait le choix de n'avoir pas d'impact ou peu d'impact sur lui.
Ce n'est pas le cas d'un certain nombre d'autres pays européens qui ont une tradition d'influence sur le monde ou la région (France, UK, Allemagne même si elle le fait de façon un peu plus complexée, Italie et dans une monde mesure Espagne, Pays-Bas et Pologne) et dans ce cas présent, une union pour conserver une influence et garantir qu'une vision des affaires mondiales selon un prisme européen se maintienne à coté des prismes des autres grandes puissances, a un sens.
This is our faith and this is what distinguishes us from those who do not share our faith.

(John Flemming, Évêque irlandais, 3ème dan de tautologie, ceinture noire de truisme, champion des lapalissades anti-avortement.)

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Re: Économie et civilisation: Faut-il être catastrophiste?

#30

Message par uno » 30 avr. 2012, 15:58

Brève de comptoir a écrit :Pas besoin d'aller si loin. Sortez de vos frontières, prenez un (ou une pour nous amis du Québec) job, si vous en trouvez, ailleurs en Europe et prenez plaisir à jeter un coup d'oeil à votre feuille d'impôt. Vous allez comprendre ce que c'est qu'un pays en crise. Il n'y a pas de mal à être Suisse et/ou riche. Mais être obligé de lire les plaintes de ces pauvres bonshommes qui ont peur de perdre tout ce qu'ils ont et de redevenir de simples hommes sur cette planète, non merci.
Quelles plaintes? Je me suis plaints en écrivant une truc du genre «c'est trop injuste ce qu'il m'arrive» ou alors ais-je dit qu'il fallait pleurer sur mon sort? Non ça c'est l'interprétation personnelle et tordue du petit snobinard bien-pensant! Ce que j'ai écrit est que les perspéctives économiques sont inquiétantes et que moi-même à mon niveau je me fais du soucis pour l'avenir de ma famille en précisant que c'est une question qui peut se poser à un peu-près tout le monde!

Mais apparemment s'inquiéter pour l'avenir au regard du contexte économique c'est se plaindre, première nouvelle! :D

Merci à toi de confirmer le caractère profondément stupide et méprisant de tes interventions!
Brève de comptoir a écrit :Dans chaque crise il y a des profiteurs. Là, les profiteurs, ils sont dans la finance et dans les hauts revenus. Tout le fond de commerce de la Suisse. Soyez donc tranquille, vous n'avez aucun soucis à vous faire, les riches se portent bien – eux.
Caricature grossière bourré de clichés, réducteur digne d'un beauf méprisant qui s'imagine réellement qu'en Suisse il suffit de se baisser pour ramasser le pognon! Non c'est vrai tu as raison d'ailleurs je propose que plus personne ne s'inquiète de son avenir économique tant qu'il n'a pas atteint la situation d'un Somalien crevant de faim!

Mais bon bref je constate que ta stupidité et ton mépris sont tellement grand qu'il va falloir un outil de plus grande dimension pour élargir l'oriffice où tu peux te les enfoncer!

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#31

Message par uno » 30 avr. 2012, 16:11

BeetleJuice a écrit :Vous êtes prêt à prendre le pari ? :mefiance:

Donc bon, faire des prédictions sur l'effondrement d'un ensemble humain parce qu'il ne correspond pas aux grands modèles de bonne gestion, c'est au mieux risible, au pire néfaste, parce que ça participe des prophéties auto-réalisatrices.
Mais dans l'histoire il y a également eu des effondrements avec les conséquences graves (y compris les guerres) qui vont avec non?

Entre nous et sans contester tes précédents propos, la question que je me pose concrètement à l'heure c'est comment l'Union monétaire en Europe pourra-t-elle se maintenir durablement sachant que nous avons un choc asymétrique non résolu avec une endettement qui continue de grossir inéxorablement et remarque la situation de l'Union européenne est à remettre en perspective avec celles du monde, le fait que les États-Unis soient eux-aussi surendettés ne facilite pas les choses. Alors bon je n'ai pas de boule de cristalle peut-être as-tu raison, peut-être non, mais dans tous les cas je ne vois pas de porte de sortie et je vois au contraire une situation qui ne cesse de s'aggraver et dont le résultat final ne peut-être qu'un éclatement de l'actuel système politique et économique mise en place par l'Union-Européenne.

Pessimisme non-justifié? Peut-être que oui peut-être que non, d'ici-là si toi et mois fréquentons toujours le même forum dans cinq ans et que je me suis tromper je sera volontiers que je le reconnaitrais ici car avoir tort ne me dérangerais pas forcément.....enfin si peut-être en partie car malgré mes craintes un aspect positif d'une crise profonde aurait pu être à mes yeux la mise en place d'un autre système économique, qui même très imparfait aurait pu être moins aberrant que celui que nous avons actuellement.

D'ici là si nous sommes toujours-là dans cinq ans et que tu te souviens du présent message n'hésite pas à me le rappeler! ;)
Dernière modification par uno le 30 avr. 2012, 16:47, modifié 1 fois.

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Re: Économie et civilisation: Faut-il être catastrophiste?

#32

Message par Florence » 30 avr. 2012, 16:17

uno a écrit :La Suisse n'est pas une île et ne l'a jamais été, mais encore une fois ce qui m'amuse dans ces débats politiques et que j'ai constaté plusieurs fois c'est qu'il suffit de se dire contre l'adhésion à l'UE et critiquer cette dernière pour être associé à un gros beauf réactionnaire qui vote UDC et qui n'aime pas les étrangers, ce genre d'épouvantails on me l'a fait plus d'une fois!
Alors cessez de relayer le discours de l'UDC ... ça vous évitera de donner l'impression que vous y adhérez. Ou, mieux, expliquez-nous sérieusement en quoi l'UE est "aberrante" et en quoi votre analyse se base sur d'autres arguments que l'UDC et les autres mouvements "isolationistes" en Suisse.
Quand aux votations sur les étrangers elles sont souvent tributaires de la situation économique les votations Schwartzenbach en 1974 s'explique par la crise pétrolière
Je crains que vous n'ayez manqué une bonne partie du scénario de l'époque. La crise pétrolière avait fort peu à voir, au contraire des intérêts idéologiques et financiers des promoteurs de la chose.
mais à l'inverse les Suisses ont voté oui à Schengen,


contraints et forcés, et dans la trouille de ne pouvoir librement passer leurs vacances ou leurs retraites en Espagne (je caricature, mais pas tant que ça, hélas).
ce genre de tendance vis-à-vis des étrangers en fonction du contexte économique se trouve un peu près partout dans le monde et on peut le regretter car il s'agit en effet de transfert d'une crainte sur les étrangers alors que le problème vient d'ailleurs, l'UDC étant à ce titre le parti qui au lieu de dénoncer les vrais problèmes pointe l'étranger ce qui est effectivemment déplorable et on retrouve ce genre de partis populistes un-peu-près partout à travers le monde.
L'UDC, comme tous les partis populistes, prospère sur la fabrication de boucs émissaires, dont l'UE, cet épouvantail bien pratique ...

Florence a écrit :Merci de cette belle illustration de mes propos. C'est sûr que, dans la crise mondiale qui nous secoue, chaque pays européen, et la glorieuse Suisse en particulier, s'en sortira mieux tout seul face à de grands blocs tels que les USA, la Chine, le sous-continent Indien ou Sud-Est Asiatique ... démantelons donc l'EU, refermons les frontières, tout ira mieux.
Laisse-moi te renvoyer le compliment et te dire à mon tour merci à toi pour cette belle illustration de caricatures grossières attribué d'office à toute personne osant s'opposer à l'UE telle qu'elle a été construite! En effet je sous-estime encore davantage la manière dont vous caricaturez la chose car je te pose la question de simplement: Où ai-je dis que les pays européens devaient refermer leur frontières et affronter la crise seul chacun de leur côté? Où?
Vous peut-être pas, mais c'est exactement le messages des partis populistes, en Suisse comme ailleurs: "on n'a pas besoins des autres, ou alors seulement s'ils font ce qui nous arrange nous, et nous seuls".
Comme l'avait souligner un économiste il faudrait par exemple dès maintenant envisager une sortie de l'Euro, non pas pour replier les pays sur eux-mêmes mais au contraire pour planifier un retour aux monnaies nationale avec des accords afin d'éviter une guerre monétaire, or comme justement en essayer à tout prix de sauver le présent système à coup de «plan de sauvetages» (note bien les guillemets) et de plan d'austérité on ne fait que repousser l'inévitable jusqu'à un effondrement monétaire avec retour forcé aux monnaies nationales et une guerre monétaires à l'appuie!
Ca s'appelle en d'autres termes mettre fin à la construction européenne, en laissant couler "les faibles" et en revenant au chacun pour soi. J'imagine aisément les flots de bave d'anticipation des traders et des cambistes de la City à cette perspective, sans compter la joie de Washington à l'idée de la disparition du concurrent économique EU. Le bonheur et l'harmonie inter-européenne qui résulteraient de cette déconstruction seraient certainement quelque chose à admirer.

Il y a des choses qu'il vaut mieux éviter de souhaiter, de peur que le voeu ne se réalise ! :roll:
Sûr j'aime bien d'ailleurs le mépris suintant dans l'usage de ce discours dans le contexte de la présente discussion... «Vous avez peur d'être au chômage, de ne pas pouvoir subvenir les années à venir à vos besoins et à ceux de votre famille alors que vous habitez en Suisse? Hahahahaha ce sont des petits soucis de privilégiés!» J'aime bien c'est une bonne manière de dénigrer d'office l'autre, en oubliant pas d'en faire une méchante caricature. Et après on se demande pourquoi certaines personnes avec leurs petits souvis se retournent vers les parties populistes!
Arrêtez les sanglots: le chômage en Suisse n'a pas grand chose à voir avec des abîmes de misère (en France non plus, n'en déplaise à certains cassandre).
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Re: Économie et civilisation: Faut-il être catastrophiste?

#33

Message par uno » 30 avr. 2012, 16:43

Florence a écrit :Alors cessez de relayer le discours de l'UDC ...
C'est une blague? Où ais-je dit qu'il fallait renvoyer les étrangers de Suisses, que les travailleurs immigrés étaient le problème ou je ne sais quoi d'autres? Ah moins qu'il suffit d'être contre l'adhésion à l'UE pour se voir accuser de relayer le discours de l'UDC auquel car il s'agit simplement d'une technique pour discréditer une opinion adverse sur ce point précis en la renvoyant d'office à l'UDC!
Florence a écrit :ça vous évitera de donner l'impression que vous y adhérez. Ou, mieux, expliquez-nous sérieusement en quoi l'UE est "aberrante" et en quoi votre analyse se base sur d'autres arguments que l'UDC et les autres mouvements "isolationistes" en Suisse.
Je l'ai déjà fait dans mon message précédents, l'UE est aberrant notamment dans sa construction monétaire et la manière dont elle tente d'imposer (avec la complicité du FMI) à présent des budget rigoristes inutiles et nuisibles à des pays qui ne pourront de toute façon pas payer leurs dettes!
Florence a écrit :Je crains que vous n'ayez manqué une bonne partie du scénario de l'époque. La crise pétrolière avait fort peu à voir, au contraire des intérêts idéologiques et financiers des promoteurs de la chose.
Je sais bien mais ils ont surfé sur la crise du moment pour convaincre la population. C'est typique des mouvements politique de cette nature profiter d'une crise économique pour imposer leurs vues idéologiques, voir même leurs intérêts économiques et en cela nous sommes parfaitement d'accord!
Florence a écrit :Contraints et forcés, et dans la trouille de ne pouvoir librement passer leurs vacances ou leurs retraites en Espagne (je caricature, mais pas tant que ça, hélas).
Il est clair que c'est hélas un aspect qui rend ce vote moins glorieux un peu-près aussi peu glorieux que les votes xénophobes où l'on fait peur au Suisse en montrant comment les étrangers sont de méchants parasites qui vont leur voler le boulots. Mais bon c'est un fait difficilement contournable la peur est souvent mobilisé pour convaincre les populations que cela soit dans un camp ou dans l'autre.
Florence a écrit :L'UDC, comme tous les partis populistes, prospère sur la fabrication de boucs émissaires, dont l'UE, cet épouvantail bien pratique ...
Le problème étant que le rejet de l'UE par l'UDC n'a certainement pas pour motivation le rejet de l'ultralibéralisme mais bel et bien des étrangers. C'est-là même que se situe ensuite l'amalgame que l'on peut faire à ceux qui s'oppose à l'actuel UE non pas par peur des étrangers mais bel et bien par rejet de sa construction politique et économique.

Et il est pénible de se voir mis dans le même sac de l'UDC ou de Marine Le Pen dès que l'on s'oppose à l'UE!
Florence a écrit :Vous peut-être pas, mais c'est exactement le messages des partis populistes, en Suisse comme ailleurs: "on n'a pas besoins des autres, ou alors seulement s'ils font ce qui nous arrange nous, et nous seuls".
J'en ai bien conscience!

Mais le pire étant que les riches représentants des partis populistes en question comme Christophe Blocher prône ce replis alors que leurs entreprises s'amuses à boursicoter sur les marchés grâce à libéralisation financière, l'hypocrisie de ces partis populistes est donc doubles et ils ne méritent aucune cridibilité de leurs tentatives de récupérations en matière de critique de l'Union Européenne et de la mondialisation, ce sont des faux-culs finit ni plus ni moins!
Florence a écrit :Ca s'appelle en d'autres termes mettre fin à la construction européenne, en laissant couler "les faibles" et en revenant au chacun pour soi. J'imagine aisément les flots de bave d'anticipation des traders et des cambistes de la City à cette perspective, sans compter la joie de Washington à l'idée de la disparition du concurrent économique EU. Le bonheur et l'harmonie inter-européenne qui résulteraient de cette déconstruction seraient certainement quelque chose à admirer.
Le problème est que l'harmonie européenne est déjà mise-à-mal et elle n'a pas finit de l'être! Sortir de l'Euro et remettre en cause certains traités européens ne doit pas être la fin de l'Union européenne au sens large. Il s'agit au contraire d'une mesure d'urgence pour se relancer car sortir les pays du Sud de la zone Euro ne signifie non plus pas les laisser tomber, mais les laisser dévaluer leur monnaie tout en continuant à les soutenir pourrait leur permettre de relancer leurs économies, notamment leurs exportations et donc leurs industries.

Rester dans l'Euro comme on le fait actuellement ne marche pas, on nous disait en 2010 que la Grèce allait rembourser on a vue ce que ça a donné et je sens que pour l'Espagne la choc va être extrêmement dur!
Florence a écrit :Il y a des choses qu'il vaut mieux éviter de souhaiter, de peur que le voeu ne se réalise!
Et c'est bien pour cela que je suis inquiet et non pas tout content de voir cette Europe en crise!
Florence a écrit :Arrêtez les sanglots: le chômage en Suisse n'a pas grand chose à voir avec des abîmes de misère (en France non plus, n'en déplaise à certains cassandre).
J'ai l'impression de parler à un mur et encore une mur au moins ne s'amuse pas à nous renvoyer une caricature des ses propos. Je n'ai jamais dit qu'en Suisse la situation était dramatique, insoutenable ou je ne sais quoi, je n'ai jamais dit qu'il fallait plaindre les chômeurs suisses ou je ne sais quoi. Ce que je dit c'est simplement qu'à l'inverse il ne faut pas dépeindre les populations concernés avec mépris comme si il n'y avait pas de malaise social. À ce titre le malaise sociale qui concerne certaines tranches de la populations Suissse est moins étendu mais globalement le même que celui que l'on trouve en France et dans les autres pays européens, notamment une précarisation de nombreux emplois, une crainte pour l'avenir et une difficulté pour certains jeunes à trouver du travail. Encore une fois ce qu'il faut n'est pas plaindre les populations concernées, en revanche il faut reonnaitre qu'il y a un problème lié au contexte et au système économique et songer à y amener des réponses. Mais c'est vrai on peut ignorer ces problèmes, continuer sur la même voie voir même les minimiser en disant qu'ils n'ont pas à ces plaindre ces privilégiers, mais seulement voilà les problèmes subsisteront et les partis populistes se frotterons les mains!

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Re: Économie et civilisation: Faut-il être catastrophiste?

#34

Message par BeetleJuice » 30 avr. 2012, 17:01

uno a écrit :Mais dans l'histoire il y a également eu des effondrements avec les conséquences graves
Ba, justement, pas tant que ça. Il y a d'avantage de fin brutale d'un système par une action extérieure ou parce que la population décide d'en changer une bonne partie en se révoltant qu'un effondrement qui conduit à la dissolution d'un système.
L'effondrement c'est pas si courant, parce que, aussi grave que soit les crises, ça ne touche jamais tout en même temps et que les frontières qu'on même autour des Etats, des organisations, des régions deviennent très théorique en période de crise et qu'il y a souvent des ajustements qui se produisent, des évolutions inattendues.
Ca ne sauve jamais la situation pour la faire revenir à ce qu'elle était avant crise, mais les sociétés humaines sont extrêmement inventives pour évoluer en prétendant revenir à un passé antérieur fantasmé.

D'une manière général, l'humain a plus tendance à stagner ou à évoluer brutalement sans effondrement qu'à s'effondrer, même si ça arrive.

Après, ça dépend de ce que vous appelez effondrement. S'il s'agit d'une rupture et une dissolution brutale du système, non, ça n'est pas si commun parce que les systèmes humaines tendent à perdurer par tous les moyens et ne sont donc dissout que sous la contrainte extérieure ou après une très longue agonie mais pas forcement en s'effondrant brutalement.
la question que je me pose concrètement à l'heure c'est comment l'Union monétaire en Europe pourra-t-elle se maintenir durablement sachant que nous avons un choc asymétrique non résolu avec une endettement qui continue de grossir inéxorablement
Sans de trop grande difficulté.
Tant que les européens continueront de croire qu'il est mieux de conserver l'Euro et le système monétaire que de l'abandonner, il y a de grande chance que l'euro perdure, malgré tout ce que diront les économistes, même s'il y aura une intense dynamique de changement en interne qu'on ne mesurera qu'après coup, parce que sur le moment, ça donnera l'impression que, justement, on n'a fait que des petites mesures pour sauvegarder la situation d'origine (toujours évoluer en prétendant reculer... ça devrait être la devise de l'humanité)

C'est exactement la même chose que pour toutes structures humaines. Tant que les gens ont globalement confiance dans la structure, à moins d'un choc exogène qui viendrait décréter sa fin (invasion, guerre, catastrophe naturelle), elle peut continuer d'exister même si elle doit totalement se transformer de l'intérieur et ne plus garder que son nom ou finir totalement vidée de sa substance.
Alors bon je n'ai pas de boule de cristalle peut-être as-tu raison, peut-être non, mais dans tous les cas je ne vois pas de porte de sortie et je vois au contraire une situation qui ne cesse de s'aggraver et dont le résultat final ne peut-être qu'un éclatement de l'actuel système politique et économique mise en place par l'Union-Européenne.
Mais l'actuel système de l'union européenne n'est déjà plus celui d'avant la crise. Il ne faut pas se laisser abuser par la forme des institutions, qui justement peuvent perdurer au delà de leur utilisation et même vidée de toute substance, et la réalité des intérêts et rapports de force au sein d'un ensemble politique, économique ou encore culturel.

L'Europe d'aujourd'hui n'a plus rien à voir avec l'Europe d'il y a 3 ans et avec le changement de président en France qui annonce un changement des rapports de force en Europe, elle ne sera probablement plus la même dans 1 ans ou 2.

Il y a clairement une dynamique actuellement de construction de quelque chose au niveau de la zone euro. Évidement, c'est informel, ça ne passe pas par des voies institutionnelles ou démocratique, c'est entièrement lié à la manière dont les responsables apprivoisent les nouveaux rapport de force, la réalité des problèmes et leur volet inter-étatique et la nouveauté de l'ensemble que devient de facto la zone euro.

Ca peut échouer et conduire à un éclatement ou une réduction de la zone, mais il se passe quelque chose et quoi qu'il sorte de la crise, on aura de toute manière tournée une page en Europe sur la manière de faire la politique et peut-être qu'on aura construit un ensemble qu'il faudra après coup doter d'une structure pour légitimer les rapports de force, jeu d'influence et méthode de gestion qui se seront mis en place.

(c'est toujours comme ça. Quasi aucun ensemble institué n'est jamais le produit de ses institutions ou de ses éléments officiels, c'est toujours un regroupement de personne d'abord qui investissent le pouvoir, et qui décide ensuite de légitimer leur façon de prendre des décisions.)
Peut-être que oui peut-être que non, d'ici-là si toi et mois fréquentons toujours le même forum dans cinq ans et que je me suis tromper je sera volontiers que je le reconnaitrais ici car avoir tort ne me dérangerais pas forcément....
Je vous prend au mot si je suis encore là.
on nous disait en 2010 que la Grèce allait rembourser on a vue ce que ça a donné
Oui, mais justement, ça devrait vous interpeler.
On a là un ensemble qui préfère organiser le défaut d'un membre (donc risquer que le défaut entraine des problèmes ailleurs dans la zone et engendre une défiance vis à vis de la monnaie commune) plutôt que de l'expulser manu-militari de l'ensemble et qui, en plus, n'a pas grand chose à gagner dans l'affaire si ce n'est l'unité de la zone.

Bien sur, c'est pour la Grèce, qui est un petit pays avec quasiment pas d'importance dans le PIB global de la zone, mais je trouve quand même le symbole marquant. On a finalement 17 dirigeants qui ont décidé qu'il n'était pas question d'abandonner un des leurs et qui préfère aller contre la démocratie en Grèce plutôt que de défaire ce qui est fait.
Il faut mesurer ce que ça veut dire et le sens politique que prend avec ce type de décision la zone euro. Quelque soit la catastrophe possible, la zone euro gagne dans cette crise un vrai sens en terme politique et bien souvent, le sens politique d'un ensemble préside bien plus à ces destinée que le sens économique.
A mon sens, c'est sur ça que les économistes se trompent. Ils voient dans la zone euro une zone purement économique mais elle n'est plus uniquement ça, elle a acquis dans la crise d'autres contours, d'autres symboliques qui sont encore floues mais qui existent et de fait, ne peuvent que faire des prévisions à coté de la plaque.
This is our faith and this is what distinguishes us from those who do not share our faith.

(John Flemming, Évêque irlandais, 3ème dan de tautologie, ceinture noire de truisme, champion des lapalissades anti-avortement.)

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Re: Économie et civilisation: Faut-il être catastrophiste?

#35

Message par Brève de comptoir » 30 avr. 2012, 19:49

uno a écrit :
BeetleJuice a écrit :Vous êtes prêt à prendre le pari ? :mefiance:

Donc bon, faire des prédictions sur l'effondrement d'un ensemble humain parce qu'il ne correspond pas aux grands modèles de bonne gestion, c'est au mieux risible, au pire néfaste, parce que ça participe des prophéties auto-réalisatrices.
Mais dans l'histoire il y a également eu des effondrements avec les conséquences graves (y compris les guerres) qui vont avec non?
Conséquences graves pour la Suisse ? Durant les guerres ? La neutralité est un positionnement particulièrement confortable qui permet de continuer à traiter avec n'importe qui et de se prémunir des critiques en brandissant le droit du secret bancaire. La Suisse a-t-elle été occupée ? Non. Oh, elle a bien dû "souffrir" de la baisse des échanges commerciaux avec les pays conquis. Heureusement que la Suisse pouvait encore faire du commerce avec l'Allemagne et l'Italie. Ouf. Neutralité oblige. Business is business. Quant aux personnes disparues pendant le guerre et qui avaient des fonds en Suisse, une guerre, c'est très pratique. Soit la culture du secret fait que quand le membre de la famille qui tient les comptes décède, les autres ne savent même pas où chercher ; soit c'est carrément des familles entières qui disparaissent. Et là, les banques ne se sont jamais plaint que de l'argent sur des comptes n'étaient jamais réclamés (et ce n'est d'ailleurs pas seulement le cas des guerres, seulement quand tout est opaque, il faut avouer que que ça profite toujours à la banque...). Alors évidemment, le misérable Suisse ne voit pas la couleur, directement de cet argent. Sauf que tous les services publics de l'Etat sont assurés par ces revenus, du coup pas besoin d'aller réclamer des sous à la population via l'impôt. C'est bien fichu comme système, pourquoi est-ce qu'on s'encombrerait de transparence, de morale, pourquoi devrait-on abandonner une neutralité qui peut être mis à toutes les sauces ?... La Suisse n'a jamais et ne voudra jamais de l'Euro, parce que justement, il y a une notion d'entre aide qui lui est étrangère. Si la Grèce a des problèmes, pourquoi ce serait aux riches de payer, voyons ? Pourquoi est-ce que les "riches" devraient aider les "pauvres" ? ah oui voilà une interrogation qui parait totalement absurde pour un Suisse. Sans l'euro, on serait probablement plus déjà dans un chaos économique où chacun chercherait pitoyablement à sauver ses billes et à défendre, uniquement et systématiquement ses intérêts, comme la Suisse. La neutralité, c'est "faites ce que vous voulez, nous, on y est pour rien, quoi qu'il arrive on sera d'accord avec le plus fort". Si par je ne sais quel miracle l'économie suisse s'effondrait tandis que ses voisins européens respiraient un peu mieux, il ne faudra pas alors s'attendre à ce qu'elle reçoive la moindre petite aide (et je suis pourtant persuadé du contraire, "on ne prête qu'aux riches" à ce qu'on dit^). La Suisse en est totalement consciente, et c'est parce que cette situation est très peu probable qu'elle accepte pour ses propres intérêts de ne pas entrer dans le jeu de la moindre coopération. Et oui c'est une caricature, à l'image de la Suisse et des Suisses qui expriment leurs craintes. Alors c'est assez savoureux de se faire traiter de gauchiste snobinard de la part d'un Suisse... "Monsieur, mais où est passé votre smoking ?! se présenter en bleu de travail plein de cambouis, mais êtes-vous donc snob !"

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Re: Économie et civilisation: Faut-il être catastrophiste?

#36

Message par switch » 30 avr. 2012, 21:15

Brève de comptoir a écrit : Et oui c'est une caricature, à l'image de la Suisse et des Suisses qui expriment leurs craintes. Alors c'est assez savoureux de se faire traiter de gauchiste snobinard de la part d'un Suisse... "Monsieur, mais où est passé votre smoking ?! se présenter en bleu de travail plein de cambouis, mais êtes-vous donc snob !"
C'est à partir de quel revenu qu'on n'a plus le droit d'avoir des craintes pour sa famille ?
« La Science est une méthode pour décider si ce que nous choisissons de croire se base ou non sur les lois de la Nature ».

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Re: Économie et civilisation: Faut-il être catastrophiste?

#37

Message par uno » 30 avr. 2012, 22:03

Brève de comptoir a écrit :Si la Grèce a des problèmes, pourquoi ce serait aux riches de payer, voyons ? Pourquoi est-ce que les "riches" devraient aider les "pauvres" ? ah oui voilà une interrogation qui parait totalement absurde pour un Suisse.
Ah oui la Grèce on l'a bien aidé terriblement aidé, il n'y a qu'à voir le résultat, au fait savais-tu qu'en Grèce on a des manifestant qui crachent sur l'Allemagne et Bruxelles accusés d'écraser le pays à coup d'austérité imposée? Une vraie réussite! Ah oui tu parlais des banques suisses, mais as-t-on avis qui cherche-t-on à sauver avec ces plans d'aides à la Grèce? La Grèce, les Grecs? Non les créanciers de la Grèce, Créanciers parmi lesquels il y a.....des banques. Ben oui on cherche en fait à sauver un système financier, ou mieux dit à le ménager, ainsi que la monnaie européenne. Mais ça ne marche pas on a du annuler une partie de la dette grecque mais bon ça n'aide pas la Grèce qui conserve une dette abyssale avec une récession qui n'en finit plus à coup d'austérité imposé et tout le monde sait que le reste de la dette ne sera non plus pas remboursée. Elle est super l'aide fournit aux pauvres grecs, on les saigne avec l'austérité pour rembourser coûte que coûte les créanciers, magnifique!

Sinon quelle est le but de ton intervention, dire que la Suisse n'est pas blanche à plein de caca dans son histoire et sa politique? Ben oui comme la France, l'Allemagne, l'Angleterre etc, etc....Ah non c'est vrai c'est pour dire que l'UE en comparaison est un modèle de solidarité, la preuve les Grecs remercient chaleureusement les Allemands. Ah oui et en Espagne tout va bien!

Image
Brève de comptoir a écrit :Sans l'euro, on serait probablement plus déjà dans un chaos économique où chacun chercherait pitoyablement à sauver ses billes et à défendre, uniquement et systématiquement ses intérêts, comme la Suisse.
Sûr alors qu'avec l'Euro tout va bien l'Europe pète la forme et il n'y aucune animosité entre les différents pays européens! Et la preuve tout les pays qui ne sont pas dans la zone Euro se bouffent les uns les autres, plongent dans le chaos et ne parviennent à aucun accord économique! :D
Brève de comptoir a écrit :gauchiste snobinard
Rectification tu es un snobinard tout court, enfin quoi qu'on peut rajouter l'adjectif nais et c'est un euphémisme cela va sans dire!
_________________________________

Alors tout cela pour quoi à part prouver que tu n'es qu'un petit niais snobinard pétris d'images caricaturales sur lesquelles tu accoles ton petit mépris? Rien! Tu n'es même pas la moitié d'une coquille vide!

Tout ça parce que les caricatures toutes faites qui font chez toi office d'opinion ne conçoivent pas que l'on puisse être inquiet pour l'avenir de sa famille en raison des dangers d'ordre économique et cela même en Suisse...Tout cela parce que tes caricatures grotesques t'ont déjà complètement pourri ta petite tête! :D
Dernière modification par uno le 30 avr. 2012, 22:10, modifié 1 fois.

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Re: Économie et civilisation: Faut-il être catastrophiste?

#38

Message par uno » 30 avr. 2012, 22:10

BeetleJuice a écrit :A mon sens, c'est sur ça que les économistes se trompent. Ils voient dans la zone euro une zone purement économique mais elle n'est plus uniquement ça, elle a acquis dans la crise d'autres contours, d'autres symboliques qui sont encore floues mais qui existent et de fait, ne peuvent que faire des prévisions à coté de la plaque.
Mais quels contours?

Économiquement la Grèce va mal, les Grecs ont peur de sortir de l'Euro mais en même temps ne supporte plus ses cures de cheval les maintenant dans le cercle vicieux d'une récession et donc d'un gonflement de la dette!

Idem pour l'Espagne, aujourd'hui en effet l'Europe tente de jouer la carte du fédéralisme si l'on peut dire mais il y a des limites politiques à cela, et ses limites sont tributaire dans l'incapacité des décisions politiques, notamment des plans d'austérité décidé, à résoudre la crise, au contraire accélère les récessions et donc la colère des populations. À ce titre en Espagne le nombre de chômeur chez les jeunes ne peut que générer un sérieux mécontentement.

Ah d'ailleurs concernant la confiance dans la zone Euro elle est déjà amenuisé et je ne suis pas sûr qu'elle résiste à ce qui va se passer en Espagne dont l'économie est moribonde! Récemment j'ai entendu parler d'un plan d'investissement de l'UE visant à relancer la croissance....mais cela suffira-t-il réellement? J'en doute!

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Re: Économie et civilisation: Faut-il être catastrophiste?

#39

Message par Brève de comptoir » 30 avr. 2012, 22:43

Sans l'euro, la Grèce serait bien plus mal aujourd'hui et surtout oui tous ses créanciers en seraient pour leurs frais. Parce que sans l'euro et sans l'Europe, pas de nouveau crédit, pas de nouveau crédit, pas de salaire. Tu veux que la Grèce puisse dévaluer son ancienne monnaie et que les Grecs sortent acheter leur pain avec des brouettes ? La solidarité, c'est ça. Je préfère encore y croire et faire en sorte que les pratiques de gruge cessent en Grèce. Pour l'instant, il y a la caution de l'Europe et du FMI. Ce sont aux Grecs de le comprendre. Après c'est sûr que s'ils veulent pas payer ce qu'ils doivent, on pourra revoir cette position. En attendant, si la zone euro se sort de cette crise, on en profitera pour améliorer les institutions. Donc on a tout intérêt à ce que ça marche. Virer la Grèce, c'est laisser entendre que l'Espagne pourrait aussi être mis de côté et c'est pas vraiment le meilleur message envoyé aux marchés qui "attaqueraient" alors l'Espagne. Le système est pourri certes, peu morale, en même temps, ce sont les règles actuelles, il faut faire avec, et avant de les changer, il faut bien prendre conscience que si on est dans la merde, c'est parce qu'on s'y est mis tout seul. Il faut voir si Hollande pourra révolutionner le monde de la finance tout en refusant d'assainir les comptes, ça risque d'être marrant. Reste à espérer qu'il ne tienne pas ses promesses de campagne ou que la conjoncture générale s'améliore et que la gauche bénéficie (comme au temps de Jospin avec la fameuse "cagnote-mon-dieu-on-a-trop-d'argent-que-va-t-on-pouvoir-en faire"). Et aux dernières nouvelles, la Suisse se porte bien, merci.

Sinon, c'est quoi le sujet initial de ce fil ? Économie, civilisation, catastrophysme... mmh. Tu pourrais essayer d'en revenir à ton idée initial en la précisant que ce serait pas plus mal. Il y a sans doute une révision des termes à faire. Je vois mal ce que "civilisation" aurait à avoir dans un sujet sur l'économie. À moins de croire évidemment... à un cataclysme. Et aussi important que puisse être l'économie, on a jamais vu une civilisation succomber à écroulement économique. Après toutes les crises majeures de l'économie, les économies concernées ont pu se reprendre. Le problème même ici c'est sans doute que la crise n'est pas assez grande pour péter réellement et relancer à partir d'un "chaos". L'économie plie mais ne rompt pas. Donc on continue de faire avec des recettes éprouvées. Parler de crise sans être dans un mouvement récessionniste généralisé, mouais... On continue de plier c'est sûr, reste à mener une politique qui aille dans le bon sens. J'ai confiance en la zone euro, un peu moins en Hollande. La crise, elle a commencé il y a trente ans. Si on est sérieux, on a trente ans à nous en remettre — ou à changer les règles du jeu.

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Re: Économie et civilisation: Faut-il être catastrophiste?

#40

Message par uno » 01 mai 2012, 00:03

Brève de comptoir a écrit :Sans l'euro, la Grèce serait bien plus mal aujourd'hui et surtout oui tous ses créanciers en seraient pour leurs frais.
Justement certains ne pensent pas cela car si la Grèce était resté en dehors de la zone Euro elle ne se serait pas autant endettés et aurait conservé une certaine marge de manœuvre grâce à une monnaie plus faible attirant touristes et facilitant les exportations.

Certes tout ne serait pas rose mais elle n'aurait pas finit sous la tutelle d'une Union Européenne ne trouvant rien de mieux que des plans d'austérité et de privatisations massives à tout va!
Brève de comptoir a écrit :Parce que sans l'euro et sans l'Europe, pas de nouveau crédit, pas de nouveau crédit, pas de salaire. Tu veux que la Grèce puisse dévaluer son ancienne monnaie et que les Grecs sortent acheter leur pain avec des brouettes ? La solidarité, c'est ça. Je préfère encore y croire et faire en sorte que les pratiques de gruge cessent en Grèce.
Le problème il est bien-là toute la croissance d'avant la crise l'était à crédit et si au final les investissement ne donnent rien (pense à la bulle immobilière espagnole) alors on se retrouve avec des montagnes de dettes! Les pays du Sud comme l'Espagne et la Grèce sont des cas d'école, l'Euro monnaie beaucoup trop forte pour leur économie à durement pénaliser leur balance commerciale, mais ils avaient compenser tout cela avec de la dette c'est d'ailleurs cela que leur a permis la zone Euro, seulement sans croissance réelle derrière tôt au tard cela ne peut que péter.

Mais donc que faire actuellement, inutile de dire que cette pseudo-solidarité ne mènera à rien, la Grèce repart pour une nouvelle années de récession, son économie piétine et l'Espagne suit le même chemin funeste. Je pense et je ne suis de loin pas le seule que le retour aux monnaie nationales est inévitable. Alors certes il y a la menace de l'inflation mais on peut éviter les brouettes à billets pour les grecques tant que ceux-ci n'en impriment pas pour rembourser la totalité de leur dette et se contente de faire défauts sur celle-ci. Mais il faudrait également qu'après la sortie de l'Euro les autres pays continuent d'aider la Grèce tout en admettant que pour les dettes c'est foutu, là nous aurions probablement une vraie solidarité pouvant mener à quelque chose. Mais si l'Espagne tombe comme l'a fait la Grèce, et je pense qu'elle le fera, là ce sera plus compliqué et la sortie de l'Euro risque de se faire alors de force. Je ne crois d'ailleurs pas que les investisseurs vont continuer à avoir confiance en la zone Euro si l'Espagne fait défaut!

Je pense que qu'en un système est trop pourri et immoral et qu'en plus il ne marche plus du tout alors il s'effondre. Je ne prétends pas avoir raison BeetleJuice a amené ces nuances mais à ce stade je crains de ne pas avoir tort!
Brève de comptoir a écrit :Et aux dernières nouvelles, la Suisse se porte bien, merci.
Je vais me répéter mais donc je n'ai pas dit le contraire, le truc étant justement que j'ai conscience que la Suisse n'est pas une île (et elle ne peut pas l'être quoiqu'en dise l'UDC), et que si elle se porte bien ce n'est pas forcément le cas de tous ses habitants (même si ils se portent mieux que des sidéens des bidonvilles du Congo hein!) et que si, comme certains le redoutent, nous avons une crise majeure, bon nombre de Suisses (ceux qui sont en bas de l'échelle en tête) et des millions/milliards de non-suisses risquent de mofler grave. C'est une crainte que je pense que tout le monde peut avoir au niveau individuel, que j'ai pour ma famille et dont je sais que d'autres la partagent y compris dans un pays qui n'a rien de riche!

J'espère que cet énième mise-au-point va permettre de revenir à la problématique initiale du présent topic et par là-même répondre à ta présente question que voici:
Brève de comptoir a écrit :Sinon, c'est quoi le sujet initial de ce fil ? Économie, civilisation, catastrophysme... mmh. Tu pourrais essayer d'en revenir à ton idée initial en la précisant que ce serait pas plus mal.
Mais bien volontiers, mon idée initiale (et qui je l'avoue sans rougir suscite chez moi comme chez d'autres certaines craintes), c'est qu'il est fort possible que nous aillons vers une crise économique suffisamment majeure pour bouleverser notre civilisation et quand je dis «civilisation» je ne parle pas que de l'occident (voir premier message du présent topic) mais de la situation global, de l'économie mondiale, bref du «monde moderne» (mais aussi très disparate) que nous connaissons. Je pense que pareille crise si elle avait lieu pourrait mener à des drames sociaux à grande échelle et même si le Tiers-Monde serait évidemment le premier touché, il n'y a pas de raison pour que les pays dit riches ne morflent pas aussi. Cela amenant à se poser sur un possible tournant civilisationelle si l'on peut, des changement majeurs d'ordre idéologiques, politiques, sociaux et bien évidemment économiques et cela peut-être pour le meilleur mais peut-être bien pour le pire.

Bien évidemment mon point de vue est contestable BeetleJuice a amené des éléments intéressants permettant de nuancer les conséquences catastrophiste que certains anticipent vis-à-vis de la crise actuelle. À l'inverse j'ai pu lire et entendre d'autres prévoyant le pire, je ne parle cependant pas de zinzins survivalistes appelant à se planquer dans un bunker avec de la nourriture et des médicaments.

Dans tous les cas une civilisation est également tributaire de son économie et il n'y a donc pas de raison qu'une crise économique majeure ne bouleverse pas profondément une civilisation!

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Re: Économie et civilisation: Faut-il être catastrophiste?

#41

Message par Brève de comptoir » 01 mai 2012, 00:35

uno a écrit : Dans tous les cas une civilisation est également tributaire de son économie et il n'y a donc pas de raison qu'une crise économique majeure ne bouleverse pas profondément une civilisation!
La différence avec par exemple un cataclysme naturelle (qui est avec les guerres, probablement la seule situation amenant au déclin d'UNE civilisation, donc LA civilisation mondiale ça devient encore moins probable), c'est que les hommes ont le contrôle sur l'économie. Si le cours d'un fleuve est changé, tu ne peux rien y faire. En revanche, tu peux changer les règles, faire des ajustement dans l'économie. C'est ce qui a toujours été fait après les crises économiques. Ce sont encore, théoriquement, les peuples qui décident. Si les dirigeants continuent de ne rien faire alors que les plus riches le sont toujours plus et que partout le monde entre en récession (ce que je pense tout de même très peu probable), ils auront droit à de révolutions et effectivement leur dette ils pourront se la mettre dans le derche. Mais avant de faire la révolution, regardons ce qui est encore possible de faire. Le monde, et en particulier l'occident en crise, est puissamment riche. L'argent est juste mal distribué ou même totalement virtuel, n'arrivant jamais dans l'économie réelle. L'une des mesures au moins qui me plait dans ce que propose Hollande, c'est le retour à la séparation des banques de détail et banques d'investissements. On me corrigera si je me trompe, mais au moins l'épargne quittera les marchés spéculatifs et retournera à l'économie réelle. En tout cas, sur le principe, c'est une mesure saine. Si les banques d'investissement font des conneries, elles le feront avec leurs fonds propres et si elles se cassent la gueule, les États n'auront pas à venir à leur rescousse.

Sinon en cas de grosses crise cataclysmique en occident (ou europe), je ne suis pas persuadé que le tiers monde, voire les pays émergeant, aient vraiment à en pâtir. On aurait sans doute une économie entre eux qui se développerait, stimulant ainsi leur croissance. Vraiment impossible à prévoir, et de toute façon peu probable qu'on en arrive là. Les richesses sont là, ça s'évapore pas comme ça.

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Re: Économie et civilisation: Faut-il être catastrophiste?

#42

Message par BeetleJuice » 01 mai 2012, 12:18

Uno a écrit :Mais quels contours?
D'autres contours que purement économique. Il se crée progressivement un sens politique à la zone euro, même si les limites de cette zone reste floue (il n'est pas exclue que certains pays en sortent).
Et quand je parle de sens politique, je ne parle pas d'institution, mais de construction des rapports de force et des intérêts. De manière très claire, on a dépassé en Europe les simples rapports entre nation.

Je vous donne un exemple que je trouve intéressant: le discours de certains courants anti-européen

Si on prend le discours des anti-européens, on a un changement assez radical qui c'est opéré dans les thématiques depuis quelques dizaines d'années (ça date d'avant la zone euro). Alors que, traditionnellement, les craintes des anti-européen ont été de voir un pays en profiter pour s'imposer, ça n'est plus le cas aujourd'hui et ont a une rhétorique des "peuples européens" contre "Bruxelle la libérale".

Ca n'a l'air de rien, mais c'est un changement que je pense assez profond. On a vu émergé, même chez les nationalistes, l'idée qu'il existe un ensemble: "les peuples européens" et l'on est pas si loin de la rhétorique des conservateurs américains qui se plaignent de Washington la fédérale finalement.

Je sais que les peuples c'est différent d'une nation, mais je pense que c'est quand même suffisamment significatif de l'avènement de nouveau rapport entre Européen. On passe progressivement de populations qui, chacune, revendiquait d'avoir sa civilisation, à des populations dont même les anti-union reconnaissent qu'elles sont voisines et que le problème est de moins en moins l'étranger européen et de plus en plus l'européen contre le non-européen.

Alors évidement, les limites de cette rhétorique dépendent du courant et de son extrémisme. Des parties comme l'extrême-droite Hollandaise fixe les limites à l'Allemagne et sont anti-europe de l'est tandis que l'extrême-droite française refusent la roumanie, la bulgarie... mais il y a quand même une évolution.

La zone euro est du même type. Bien sur, il y a des forces qui n'en veulent pas, mais l'ensemble fait néanmoins sens, pour les politiciens qui la gouverne et qui, pour le moment, semble déterminer à la défendre, mais aussi pour les populations, qui finalement, même quand c'est pour en sortir, se sentent dans le même bateaux que les autres. Mine de rien, le fait que l'aide à la Grèce fasse l'objet d'un débat et qu'elle ne soit pas unanimement refusée par les populations, que la sortie de la Grèce fasse aussi l'objet d'un débat est significative qu'il y a quand même un sens qui n'est pas uniquement économique derrière tout ça, même si c'est encore flou et que ça n'a qu'une expression restreinte.
Économiquement la Grèce va mal, les Grecs ont peur de sortir de l'Euro mais en même temps ne supporte plus ses cures de cheval les maintenant dans le cercle vicieux d'une récession et donc d'un gonflement de la dette!
Justement, la peur est un ferment bien plus solide pour bâtir faire société que l'idée surannée du destin commun. L'impression de se retrouver dans un même bateau est plus efficace que l'idée de construire un avenir, même si ça ne construit pas une nation.

Encore une fois, la crise de l'euro enseigne sur les dysfonctionnements politiques et économiques de la zone, mais aussi sur les évolutions majeures sur le plan politique.
Qu'un seul pays réussissent tant bien que mal à imposer à quasiment tout un continent une même politique c'est quand même nouveau et selon moi signe qu'il n'y a pas qu'une monnaie derrière la zone euro, mais une réelle construction politique en souterrain.

Il faut prendre la mesure des changements sur l'opinion publique. Quand Merkel décide que la zone euro doit faire de l'austérité, mine de rien, elle s'impose malgré la démocratie et la souveraineté et pourtant, malgré ça, même en Grèce, elle a des partisans, sans compter qu'elle permet un débat au sein de l'Europe qui aujourd'hui débouche sur une remise en question, non pas de la zone mais de sa politique.

Il y a un réel débat qui se crée et pas que du chaos et le prisme européen devient de plus en plus le prisme qui détermine les différences entre les partis politiques. On passe de l'indifférence chronique à un positionnement idéologique qui fait sens et qui crée de facto le débat, donc la politique, même si c'est encore restreint aux nations faute de structure de débat transnationale et à cause encore de la barrière linguistique.
Idem pour l'Espagne, aujourd'hui en effet l'Europe tente de jouer la carte du fédéralisme


En fait, le fédéralisme est déjà pas mal, là, même s'il est rampant, en sous-main et non démocratique. Les appareils dont c'est dotés l'UE et notamment la zone euro sont autant d'élément qui changent les rapports de force entre les pays européens mais aussi au sein même des pays européen entre forces politiques intérieures. Actuellement, aucun gouvernement européen ne peut gouverner sans avoir un minimum la caution d'autres membres et ils se créent des liens complexes entre politiciens qui échappe au strictent cadre national.

Par exemple, la Hongrie d'Orban (qui n'est pas dans la zone euro, certes) est en plein délire nationaliste et autoritaire mais personne ne s'en occupe parce que Orban et la Hongrie est membre du parti de droite au parlement Européen et qu'il a le soutien tacite ou du moins l'absence de réprimande des autres pays. Ca peut sembler paradoxal alors que l'Allemagne et la France n'hésite plus à écorner la souveraineté de la Grèce et que la BCE s'impose dans les choix politiques de pays comme l'Italie ou l'Espagne, que personne ne s'impose face à la Hongrie, mais c'est parce que le jeux politique n'est plus uniquement national et international, mais aussi transnational.

Aujourd'hui, par exemple, la banque centrale est un élément de gouvernance européenne capable d'influencer, qu'on le veuille ou non, la politique intérieur des pays et les politiciens nationaux deviennent malgré eux obligé de créer des alliances pour mener des politiques avec le soutien d'autres pays.

Donc le fédéralisme se construit de facto en réalité et il y a déjà quasiment tous les éléments qui permettrait qu'il existe sauf un impôt européen. Et comme toute construction de facto, elle se fait au gré des évènements, sans cohérence apparentent parce que par petite touche et sans qu'on se disent que c'est du fédéralisme.
Quand la France, par exemple, prend sur elle de réduire ses déficits (même si elle ne le fait pas vraiment), et qu'elle prétend le faire pour la bonne gestion alors que ça va à l'encontre de toute son histoire économique d'Etat providence et de relance par la consommation, c'est déjà que le fédéralisme existe d'une certaine façon et qu'ils s'imposent aux décisions des Etats.

Je ne saurais dire si ça va fonctionner, si ça va continuer et sur quoi ça va déboucher, mais c'est à prendre en compte.

En fait le problème c'est que la plupart des gens ne prennent pas la mesure de ce qui se passe pendant cette crise et se réfèrent plus volontiers à de grands modèles établis, avec une réflexion finalement téléologique sur ceux-ci (en considérant leur forme finale comme si elle allait de soi), plutôt que d'analyser les processus et les tendances en cours en se débarrassant des présupposés sur la finalité.
C'est ce que je reproche aux économistes, par exemple, qui sont bien trop tributaires des modèles politiques et économiques et qui parle de la fin de la zone euro au nom de l'image du fédéralisme qui se nourrit du fonctionnement du fédéralisme américain et du principe de zone monétaire optimale.
On peut parler de la fin de la zone, mais pas au nom de modèle parfait qu'elle n'atteint pas, c'est faire fi du fait que les constructions humaines sont des constructions perpétuellement évolutives et qui dépendent autant des bons fonctionnements que des dynamiques des populations qui les composent et qui sont capable de conserver très longtemps des fonctionnements qui paraissent bancal vu de l'extérieur mais qui en fait conviennent à une minorité suffisamment puissante pour imposer son point de vue ou à une majorité suffisamment nombreuse.

L'idée du fédéralisme par exemple, qui nourrit autant les anti que les pour est la plupart du temps celle du modèle fédéral américain, qui conduit les pour à vouloir un président élu de l'union et les anti à refuser une constitution ou une abandon de souveraineté à Bruxelle. Mais tous oublie que ce fédéralisme US c'est construit sur le long terme et à mis des décennies à prendre la forme actuelle et qu'il n'est toujours pas figés. Si les institutions le sont, les rapports de force entre institutions et les rapports de force entre Etats et Etat fédéral ont mit des années et autant de débat internes à être ce qu'ils sont.
Il est évident que la zone euro ou l'UE n'atteindra pas ce fédéralisme là, bêtement parce qu'il se nourrit des circonstances et de l'histoire des USA et que ça n'est pas celle de l'Europe. Si fédéralisme il doit y avoir en Europe, ça sera un fédéralisme européen qui dépendra aussi des circonstances et des rapports de force qui s'installent et s'installeront.

Idem pour la zone monétaire optimale, qui est un argument de certains économistes et qui selon moi (mais c'est selon moi, donc vous en faites ce que vous voulez) un argument spécieux parce que téléologique aussi. L'analyse de la fin de l'Euro repose là aussi sur le fait que l'Euro n'est pas une zone optimale et ne s'en approche pas. Mais là encore, c'est oublier que toute zone monétaire est aussi une construction dynamique dans le temps et que l'optimum est plus le bout du chemin qu'une condition nécessaire à l'existence de la zone.
si l'on peut dire mais il y a des limites politiques à cela, et ses limites sont tributaire dans l'incapacité des décisions politiques, notamment des plans d'austérité décidé, à résoudre la crise, au contraire accélère les récessions et donc la colère des populations. À ce titre en Espagne le nombre de chômeur chez les jeunes ne peut que générer un sérieux mécontentement.
Oui, mais ça c'est du très court terme à horizon un an. Pour mémoire, la crise de 29 n'a été réellement résolu qu'après la seconde guerre mondiale, soit 15 ans après son déclenchement. Il y a fort à parier que celle là ne mettra pas moins de 10 ans à être résolue, si ce n'est plus.

Ensuite vous avez une vision simpliste des mouvements d'opinion publique selon le thème trop souvent entendu: quand ça va mal, la population se révolte contre.
Non seulement c'est faux, mais c'est faire des populations des entités uniforme, homogène et avec un esprit de corps quand c'est précisément le contraire.
En fait, les révoltes générales ou les refus en bloc sont assez rares parce que les populations ne sont jamais homogènes et donc des situations dramatiques peuvent perdurer très longtemps sans qu'il n'y ait de remise en cause majeure du système parce que rien ne met le feux au poudre.

C'est l'exemple des révolution arabes par exemple. La situation qui a pris fin est une situation qui était loin d'être nouvelle et pourtant il a fallu atteindre la conjonction d'une crise mondiale grave mais surtout un élément déclencheur avec une forte symbolique pour créer un effet d'entrainement.
Donc rien n'est jamais jouer et il n'y a jamais de mécanique action-réaction aussi simple avec un élément aussi hétérogène qu'une population.

Le mécontentement en Espagne, sans effet d'entrainement qui créerait une dynamique anti-européenne restera lettre morte. Il peut y avoir des grèves, des manifestations et même des révoltes comme en Grèce, mais rien de concret ne peut en sortir sans cet effet d'entrainement de la population qui reste hypothétique et pas uniquement dû à la conjoncture économique.
A moins d'un putch évidement.
Ah d'ailleurs concernant la confiance dans la zone Euro elle est déjà amenuisé


Je ne parlais pas de confiance dans la zone euro, je disais que l'euro n'avait pas de crainte particulière sur lui tant qu'il apparait (même si c'est peut-être faux. Entre l'imaginaire politique ou économique et la réalité, il y a souvent une marge) comme à conserver, peu importe la raison.
Donc tant qu'il est un élément admis du fonctionnement des rapports de force entre intérêts en Europe, il reste. S'il perd cette symbolique pour les intérêts qui s'affrontent dans cette crise, il sera effectivement fini, mais on est assez loin de ça pour le moment.
et je ne suis pas sûr qu'elle résiste à ce qui va se passer en Espagne dont l'économie est moribonde! Récemment j'ai entendu parler d'un plan d'investissement de l'UE visant à relancer la croissance....mais cela suffira-t-il réellement? J'en doute!
J'ai bien compris que vous doutiez, mais vous basez vos réflexion sur une vision trop simpliste des rapports de force entre groupe humain. Vous sous-estimez grandement l’hétérogénéité des foules, le pouvoir structurant de la routine et les processus faisant évoluer les rapports de force.

Après, je fais ma propre analyse d'élément sans doute aussi épars que les vôtres, il est possible que je me trompe totalement, on verra bien, mais j'essaie d'inclure dans ma propre analyse plus que simplement les tendances économiques, dans la mesure où, si l'économie a une importance cruciale sur l'évolution des sociétés, elle n'est pas décideuse en dernier ressort malgré ce qu'en diront les économistes et les sociétés peuvent très bien s’accommoder d'une situation bancale au nom de considération qui ne sont pas économiques, même si l'économie les aura pousser en premier lieu à sortir de la routine
(ne jamais sous-estimer le pouvoir de la routine. Une population est capable de chose parfois terrible au nom de la défense de la routine, surtout si elle est légitimé par un passé fantasmé et malgré le manque de réalisme économique de cette routine.)

Je ne prétends pas que la zone euro va survivre de manière inéluctable ou qu'on verra les Etats-unis d'Europe à la fin de la crise, mais il est important de sortir des purs modèles économiques ou politiques pour prendre la mesure des changements profonds qui animent les sociétés en Europe et qui, de fait, détermineront bien plus ce qui va se passer que les modèles que la zone réussit à atteindre ou ne réussit pas à atteindre.
Vu les changements, à mon sens, rien n'est joué et prédire ce qui va déboucher de la crise en terme de construction européenne est assez hasardeux. Ce qui est à peu près sur, c'est qu'au niveau du monde, on s'achemine progressivement vers des grands blocs commerciaux. Maintenant, quelle forme prendra le bloc commercial européens, ça c'est plus dure à dire.
J'aurais tendance à croire que la dynamique penche plus vers une conservation de ce qui existe, même si c'est pour le vider de sa substance ou en réduire la taille, et même si ça entraine un déclin, plutôt qu'un réel effondrement, parce que c'est historiquement rare que les Européens se débarrassent même de ce qui devient un boulet.
Après, on n'est pas à l'abri d'un régime autoritaire dans un pays qui sortira unilatéralement son pays provoquant la rupture du statut quo de manière trop brutale pour que ça soit gérable, mais c'est du domaine de l'impondérable.
This is our faith and this is what distinguishes us from those who do not share our faith.

(John Flemming, Évêque irlandais, 3ème dan de tautologie, ceinture noire de truisme, champion des lapalissades anti-avortement.)

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Re: Économie et civilisation: Faut-il être catastrophiste?

#43

Message par lefauve » 02 mai 2012, 05:01

Ça dépend du point de vu!

Pour un banquier qui s'est fait lessivé s'est une catastrophe.

Mais pour l'itinérant qui vie dans une boite de cartons pour lui ça veut seulement dire qu'il va avoir de nouveau voisin.
:mrgreen:
L’erreur est humaine.
La catastrophe est informatique.
Le désastre est idéologique.

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