Cadre:...Etienne Klein : "D'habitude, j’évite ce genre de débats - Dieu et la Science – car tout a été dit. On laisse croire qu’il y aurait du neuf : il n’y a pas de neuf. La Science est née d’une émancipation par rapport aux textes" sacrés. Pour lui, il est inutile de rechercher ce "sparadrap syncretique qui permettrait de rendre compatible les deux discours".
Les Grands débats organisés par Sciences et Avenir et La Recherche se sont déroulés les 10 et 11 avril 2015 au Collège des Bernardins à Paris.
https://www.sciencesetavenir.fr/grandsd ... rry_101631
https://www.sciencesetavenir.fr/grandsd ... nir_101634
Lire à cet effet l'ouvrage de Pascal Boyer: "Et l'homme créa les dieux" (2001), démarche scientifique et rigueur méthodologique.Et l'idée que la morale religieuse conduit forcément à faire le bien est une croyance non-soutenue par les faits (c'est surtout soutenu par la rhétorique fallacieuse voulant que si on fait ce que dieu veut*, on fait le bien).
Boyer a poursuivi ses travaux et a publié en 2022: "La fabrique de l'humanité ".
Les religions, précédées par les créations de mythes, sont toutes d'origine humaine. Il n'existe aucun groupe humain sur la planète évoluant sans pensées d'essence mystico-religieuse. Cependant, croyance n'est pas savoir, et la foi ne relève aucunement de la connaissance.
La science permet de poser des questions, d'entretenir des interrogations. Elle ne donne pas des réponses mais des indications, via des modèles prédictifs.
Avoir la foi, croire, est parfaitement honorable, à condition que cette foi ne vienne pas se mêler de connaissance. De même, la science n'intervient pas dans ces questions de foi et de croyance, excepté sous un angle scientifique d'étude, dans des domaines particuliers : ethnographie, anthropologie,... et ce, avec les précautions d'usage afférentes.
Un excellent dialogue entre Richard Monvoisin et Guillaume Lecointre:
https://www.monvoisin.xyz/nomas-land-le ... peces-n46/
Chacun y puisera (sa) matière à réflexion, mais ramener la question religieuse sur le tapis est particulièrement gonflant avec toujours la crainte en arrière-plan de voir se rappliquer le retour d'un obscurantisme dont on peut se passer, et ce, plus que jamais.
...Si on ramollit les règles, plus d’arbitrage possible, en sport comme en science. Et c’est dans l’intérêt des populismes, qu’ils soient politiques ou religieux, de diluer les savoirs comme on met de l’eau dans l’anisette. Comprenons-nous bien : la science propose. Elle n’est pas censée imposer, d’autant que ses propositions sont dynamiques : ce qui est tenu pour fiable aujourd’hui peut s’avérer faux demain, mais, aujourd’hui comme demain, sur la base de démonstrations. En revanche, les Églises sont par définition des institutions conservatrices qui entendent imposer leurs vues dans la vie de chacun, y compris la vie publique.
— En gros, les monothéismes ne laisseront jamais les sciences tranquilles ?
— Non, jamais ! Parce qu’ils fondent leur pouvoir sur des affirmations qui dictent ce qu’est le monde, y compris le monde sensible dont s’occupent les scientifiques. Les théologiens de la Sorbonne ont intimidé le naturaliste Buffon concernant ses écrits sur l’âge de la Terre. On pourrait penser que tout va bien désormais, que l’Inquisition a définitivement disparu mais dans les bûchers couvent encore quelques braises ! À l’échelle des siècles nous vivons ici et maintenant une parenthèse un peu peinarde, mais ailleurs concordistes et créationnistes de tous poils continuent de prospérer, et même en France on voit des livres sur de prétendues preuves scientifiques de l’existence de Dieu se vendre comme des petits pains...
Frans de Waal, éminent primatologue et éthologue, raconte également beaucoup de choses au sujet de comportements animaliers:...Depuis Darwin on a pris conscience d’une origine naturelle de la “morale” qui ‒ ultime scandale ‒ s’affranchissait alors de toute transcendance. On peut développer de l’altruisme rationnellement, sans attendre une fessée de Dieu. Parce que le groupe de singes auquel l’humain appartient est constitué d’animaux sociaux, des morales se sont mises en place au cours de l’histoire humaine sans les religions (au sens institutionnel du terme) ; les monothéismes imprègnent tellement notre culture que ce fait est très difficile à imaginer pour la plupart. Pour beaucoup d’Américains, par exemple, être athée revient forcément à être malhonnête, “sans foi ni loi”… Nicolas Sarkozy écrivait en 2004 que sans religion dans la vie publique, point d’espérance (NdRichard : j’ai fait un livret d’analyse de ce livre : Le Sarkozy sans peine, en libre accès). Un comble, dans notre pays ! Moi j’ai envie de dire que sans religion dans la vie publique, plein d’espérance !
— J’ai peur qu’il faille être patient, car comme le dit la loi de Douglas Hofstadter, « Il faut toujours plus de temps que prévu, même en tenant compte de la Loi de Hofstadter. »...
https://fr.wikipedia.org/wiki/Frans_de_Waal...Ses recherches sur la capacité innée d'empathie chez les primates ont amené De Waal à conclure que les grands singes non humains et les humains sont simplement des types de singes différents et que des tendances empathiques et coopératives sont continues entre ces espèces. Sa conviction est illustrée dans la citation suivante de The Age of Empathy: « Nous commençons par postuler des frontières nettes, telles qu'entre les humains et les grands singes, ou entre les grands singes et les singes, mais avons en fait affaire à des châteaux de sable qui perdent beaucoup de leur structure lorsque la mer de la connaissance les recouvre. Ils se transforment en collines, nivelés de plus en plus, jusqu’à ce que nous revenions là où la théorie de l'évolution nous mène toujours : une plage en pente douce. »...
Et Dieu, dans cette affaire?
Laissons-le tranquille, qu'il vaque à ses ocupations, sans se préoccuper des notres.
Les primates chers à de Waal arrivent parfaitement à se passer de lui, et ils ne semblent pas s'en plaindre.